Avec son récit mettant en scène un personnage hésitant entre deux modes de vie opposés, cet Art Ops #10 résume finalement assez bien une série réjouissante mais qui hésite souvent entre aller complètement dans son propre délire et suivre à la lettre le chemin tracé par ses influences majeures. Un aspect réjouissant tout de même que l’on retrouve d’abord dans la partie artistique. Même si le trait de Matt Brundage manque parfois de maîtrise, l’artiste est capable de livrer des planches pleines d’idées visuelles et le numéro bénéficie, en plus, du travail remarquable de Laura Allred aux couleurs pour livrer une oeuvre pleine de personnalité visuellement. Si la série ne manque d’ailleurs pas de personnalité, les influences dont s’inspirent Shaun Simon sont parfois trop présentes. La Doom Patrol de Grant Morrison apparaît, encore une fois dans ce numéro, comme une source d’inspiration majeure et même si ce n’est pas un mal en soi, les références ont tendance à rester en surface pour servir un propos légèrement basique. Cela se ressent notamment dans la résolution facile d’un un arc narratif en plein milieu de ce chapitre ou encore dans le traitement assez cliché d’un des personnages principaux ici. Malgré tout, il est bien difficile d’être sévère avec un titre comme Art Ops qui fait encore une fois, preuve d’assez de folie et de générosité pour s’imposer comme une lecture sacrément fun dans ses meilleurs moments. On pardonnera alors les quelques errances narratives de Simon, en espérant tout de même que la série puisse s’affranchir de ses influences pour briller d’elle-même par la suite.

Malgré son intrigue passionnante qui verse volontiers dans le thriller politique, c’est quand elle s’attache à rester au plus près des personnages, offrant des moments intimes et qui sonnent toujours juste que la série The Sheriff of Babylon fait mouche le plus souvent. Seulement voilà, cette semaine, c’est bien un numéro qui se recentre totalement sur son enjeu de départ que nous offre Tom King. Toujours habile dans son écriture ou dans les thèmes qu’il aborde, l’auteur parvient, néanmoins, à créer un chapitre ultra efficace. Même s’il joue, cette fois, avec les codes du thriller de façon frontale, King impose toujours ce réalisme glaçant pour mettre en scène un univers pourtant étouffant et qui permet à la série de se démarquer du reste des comics sur le marché. Comme d’habitude, Mitch Gerads se met au diapason et continue de jouer un rôle majeur dans le bon déroulement narratif de la série. Son trait précis, qui s’attache aux détails, donne réellement vie aux personnages alors qu’il crée sans mal une montée en crescendo dans la tension du numéro avec son découpage. Si ce Sheriff of Babylon #9 est un peu plus direct et certainement moins poétique ou subtil que la plupart des autres chapitres de la série, il n’en reste pas moins un passage nécessaire pour faire basculer les enjeux de l’avant et s’impose sans trop de problèmes comme une réussite aussi bien sur le fond que sur la forme.

Le décompte des survivants diminue de plus en plus (Rubinstein est un sacré monstre de comicbook) alors que la situation dégénère pour les membres des « 140 » aux quatre coins du monde, entre attaques de forces armées, hallucinations et combat par la prose. Le rapport à l’argent entre les hommes est ici salement dénoncé, tout comme le comportement humain de façon plus générale, et Rob Williams livre un récit qui sombre de plus en plus dans la noirceur, avec certaines cases absolument géniales qui viennent apporter une certaine dose de fantastique et de fascination morbide à ce thriller au rythme, il faut l’avouer, haletant et convaincant pour ce format de sortie. Aux dessins, Ryan Kelly remplace Michael Dowling mais on ne voit pas trop la différence, le style est assez semblable et le tout est propre comme jamais. Un titre Vertigo récent à suivre, encore et toujours.

Suite de ce crossover improbable, qui se poursuit dans cette ambiance sixties franchement réussie. L’intrigue se déploie petit à petit et l’on a droit à quelques petites révélations qui apportent un renouveau dans l’intérêt que l’on porte à ce comic-book. Comme toujours, la caractérisation des personnages est au centre de l’épisode et l’on apprécier la complémentarité entre le dynamic duo et les deux “Avengers” télévisuels que sont John Steed et Emma Peel. Tout ce petit monde est franchement bien écrit et cela plaira à ceux qui, comme moi, sont de grands amateurs de séries vintage. Evidemment, les autres n’y trouveront absolument pas leur compte et je ne peux que déconseiller la chose à ceux qui ne jurent que par un Batman dark et dessiné par David Finch. Graphiquement, si l’on s’habitue au style, on lui trouvera un charme certain, et il faut avouer qu’il a l’avantage de donner une véritable identité au titre.

Et bien, un chapitre bourré d’astuce pour éviter de faire des pages entière de colorisations ou de dessins. L’astuce encore et toujours d’utiliser l’ombre ou la nuit ou encore un paysage qui prend la moitié de la page. Dure d’assister à ça. On peut avoir de belles choses, comme le visage de Shazam ou Flash. Mais après Diana perd ses yeux et Flash se retrouve avec deux ronds pour voir. Je ne parle même pas de Superman, tout simplement dégueulasse avec son « S » sur la poitrine mal proportionné. Pour en revenir à l’histoire. On avance mais … On passe tout de même plusieurs pages inutiles où tout le monde sait et se dit que Cyborg renferme un secret. Oulala. Suspense ! Ça tire sur la corde. On ne le voit pas car on lit très vite les pages, mais le contenu en lui-même est pauvre. Beaucoup plus d’effort sur la couverture qui est magnifique. Au final, ces 2 minutes de lecture sont tout de même agréable pour la tête mais pas pour les yeux.

Après des débuts un peu laborieux et très réminiscents de ceux de la version New 52, Aquaman commence à devenir un titre franchement intéressant, mêlant aventures de super-héros classiques et dimension politique. On retrouve ici un Aquaman qui s’est constitué prisonnier afin de s’expliquer avec les autorités, dans un dialogue franchement bien foutu (okay, ça rappelle un peu Man of Steel, mais en bien écrit). On sent Dan Abnett maîtriser son sujet et l’intrigue semble se développer de façon intéressante. Du côté des méchants, on comprend leurs motivations et l’on sent la menace que peut représenter leur plan. On a aussi droit à quelques passages qui contribuent à donner un peu plus de vie au royaume d’Atlantis, ce qui contribue à la création d’une ambiance réussie. En ce qui concerne les dessins, j’ai l’impression qu’ils sont plus réussis, et les défauts que je soulignais dans mes reviews précédentes semblent s’estomper peu à peu. Aquaman est un titre à suivre, et l’on tient peut-être là un run qui atteindra le niveau de celui de Geoff Johns, à défaut d’être aussi bon que celui de Peter David.

Au bout d’un moment, on finira par comprendre que les « Monster Men » arrivent… Cette impression d’un arc qui n’est fait que pour teaser le premier crossover sous l’ère Rebirth est vraiment gênante, et les évènements ici se déroulent de façon un peu précipitée. On se doutait bien un jour que Gotham et Gotham Girl ne réussiraient pas à s’en tenir à leur rôle, et la façon dont Batman intervient pour reprendre le contrôle de la situation rappelle à ce Batman toujours sur ses gardes. Reste que la narration se retrouve un brin confuse (et répétitive dans ses dialogues) mais les dessins restent largement appréciables. Au bout de quatre numéros, je me serais malgré tout attendu à mieux de la part de Tom King. Continuons d’espérer.

Bon, on sent clairement que Dan Jurgens doit conclure son intrigue avant de pouvoir relancer le titre avec Rebirth (on se demande juste pourquoi il n’a pas pu le faire plus tôt), et le twist étant déjà révélé depuis le mois dernier – avec une explication sur une case, ici super foireuse, vraiment – on se perd en combat entre Tim Drake et le faux Rewire, toujours manipulé par un Spellbinder dont la caractérisation laisse à désirer (il est méchant pour être méchant). Les ressorts sont ennuyeux et attendus (l’implication de Matt) et on espère surtout que Rebirth amènera un vrai retour à ce que Batman Beyond est censé être après cette parenthèse post-Futures End qui n’a pas réussi à extirper son cul de l’entre deux chaises. Toujours aux dessins, Bernard Chang réussit à attirer l’oeil avec un trait personnalisé et une composition enrichie par les couleurs vives de Marcelo Maiolo. Mais de la même façon que l’habit ne fait pas le moine, les dessins ici ne font pas oublier l’ennui du scénario.

On continue de se demander pourquoi DC Comics s’est lancé dans la publication de cette mini-série. Passée la découverte, et des dessins malgré tout attirants pour qui aime les années ’90, l’ennui s’est installé. Les poncifs liés à chaque personnage sont bien présents, l’intrigue vire vers un final très facile, et les dialogues ne sont pas vraiment travaillés. T.J. Krul ne part pas forcément du bon pied en devant ré-imaginer un concept qui déjà à l’époque avait donné quelque chose d’affreux, mais si on commence en plus à y associer de la fainéantise… J’étais quand même assez curieux, voire même enthousiaste au début, mais hélas l’originalité ou la force dans l’écriture n’auront pas trouvé leur chemin jusque dans les pages de Bloodlines. Reste donc une série B assez ennuyeuse, mais plutôt jolie à regarder.

Maintenant que l’agréable effet de surprise est passé, la série Green Arrow continue sur sa lancée sous l’ère de Ben Percy avec des qualités toujours évidentes (bordel ces dessins !) mais aussi des défauts bien présents. Commençons d’ailleurs par ce qui fâche avec ce Green Arrow #4 qui abuse de quelques facilités d’écriture gênantes. Des facilités dans le développement de certains personnages, en particuliers les retrouvailles entre le héros et Diggle durant lesquelles l’auteur ne fait clairement pas dans la finesse, ou encore en ce qui concerne le sort que connaît Black Canary. Globalement, il s’agit d’ailleurs d’un numéro qui donne l’impression de décompresser son intrigue pour servir le cliffhanger voulu, dans le sens où ce que l’on a ici, n’est autre que ce qui nous a été promis lors du numéro précédent, et rien de plus. On repassera alors pour les surprises. Cependant, Percy assume toujours ses enjeux et sert un récit à l’atmosphère maîtrisée qui doit donc beaucoup à sa partie artistique. Juan Ferreyra est toujours aux dessins cette semaine et même s’il ne balance peut-être pas des compositions de planches aussi folles qu’il y a 15 jours, l’artiste nous met quand même de belles claques à (quasiment) chaque page en réalisant un travail parfait dans l’utilisation des couleurs. Au final, que ce soit durant les séquences d’action ou pendant les moments de dialogues, Ferreyra se montre inspiré et apporte une classe dingue à ce numéro. A tel point d’ailleurs qu’on peut lui pardonner un ou deux passages avec des personnages illustrés avec moins de précision. Si Green Arrow n’est pas un monument d’écriture complexe sous la plume de Ben Percy, le titre offre toujours un divertissement efficace mais qui doit quand même beaucoup à son artiste.

Petit moment de pause dans l’arc, l’action se concentre réellement sur Jessica Cruz (qui a pété son cable) et Simon Baz, qui essaye de s’en sortir face à sa partenaire déchaînée. Il y a de l’idée à vouloir se concentrer sur les personnages plutôt que d’avoir un enchaîné d’action, et les craintes et peurs de chacun sont mises en avant, alors que l’utilité d’avoir ce doublon de Green Lanterns commence à se faire ressentir. Ce n’est pas toujours écrit avec la plus grande finesse possible (et la scène avec le Gardien est assez risible dans le genre « j’explique tout en parlant à moitié tout seul ») mais on se plaît encore à suivre cette histoire – bien qu’entre la Hell Tower et ce qu’il se passe dans Justice League #2, on ne donne plus cher du noyau de la Terre. Par contre, le manque d’unité artistique se fait clairement ressentir, et surtout parce que certaines cases sont vraiment rushées par rapport à d’autres. C’est bien dommage.

Suite de cette mini-série peu originale, qui nous montre le nouveau gang de notre amie Harley, qui se lance à sa recherche, suite à son enlèvement par une nouvelle super-vilaine, qui se fait appeler Harley Sinn. On explore un peu plus la caractérisation de notre héroïne dans cette épisode, et l’on commence à comprendre les motivations de son ennemie. Cependant, le gang mentionné dans le titre peine toujours à convaincre. Aucun de ses membres ne semble avoir un réel intérêt et l’on ne se prend jamais de sympathie pour eux. On tombe rapidement dans les poncifs installés par la série mère et la formule ne prend plus auprès de certains lecteurs, dont je fais partie. Et ce n’est pas le rôle du personnage de Sy Borgman qui me fera changer d’avis… Reste un graphisme franchement réussi, totalement cartoony et dans l’esprit de l’humour du titre. A réserver à ceux qui ne sont pas encore blasés par la surabondance de comics dédiés à la belle sociopathe.

Qu’on se le dise d’emblée : c’est beau. J’apprécie vraiment le trait de Tony S. Daniel et il n’y a que très peu de choses à redire à ses planches – même pour les visages l’ensemble est très satisfaisant. C’est plus au niveau de l’écriture de Bryan Hitch qu’il y aurait à redire, et en premier lieu : bah, on s’ennuie un peu. Malgré la menace présente, la situation n’évolue pas des masses du côté de la Justice League, on ne sait pas trop ce que veut faire l’auteur avec son aparté sur Aquaman (mais, hé : au moins il est présent), sinon de montrer la réelle globalité de la menace… et les pensées de Batman à la fin sont assez surprenantes, tant je ne me rappelle pas que ce Batman là était aussi proche du Superman New 52 qu’on essaie de nous le faire croire. Reste qu’au moins sa paranoïa est exploitée ici, mais ça vient aussi perturber quelques interactions que j’avais lues il n’y a pas si longtemps. Il serait peut-être temps d’accorder les violons sur si oui ou non, on fait confiance à ce nouveau Superman dans le DC Universe…

Plutôt satisfaisant. Le dernier numéro de Nightwing ressemblait un peu trop aux débuts de la série sous l’ère New 52. Ici, l’influence semble avoir digéré les dialogues d’exposition et l’aspect international de Grayson pour une sorte d’entre deux : moitié espion, moitié super-héros, avec un partenaire intriguant entre Tony et le Midnighter (avec un look là encore moitié-moitié, soit Deathstroke, soit Iron Fist). C’est un inconvénient de ne pas réussir à proposer quelque chose d’entièrement nouveau, mais ici l’ensemble fonctionne bien. Quelques accents d’espionnage ou d’horreur entre les éternels leitmotivs du personnage : être l’héritier de Batman, l’amoureux longue durée de Barbara et un justicier de plus à Gotham qui pourrait faire mieux. Finalement, une série qui ressemble pas mal à son personnage, en quête d’identité mais attachante, avec de bons dialogues et un certain esthétisme (c’est joli, et les couleurs de Sotomayor n’y sont pas pour rien). A lire, vraiment.

Superman dérape et refait exactement les mêmes erreurs que avant Rebirth malgré le fait d’avoir un Superman différent dans les bottes rouges. L’Eradicator souhaite tuer Jon car il n’est pas de sang pur (mi-kryptonien mi-humain). D’accord… Mais son projet est de faire renaître Krypton ou Kandor plus simplement. Un projet que beaucoup avaient déjà eu (H’el). Je ne vois pas en quoi Jon est un obstacle plus que sa mère pour recréer Krypton. Si l’ADN de Jon ne peut être utilisé alors autant le laisser. Le tuer est inutile. De plus, porter l’étendard de la famille El semble facile. Lex Luthor, L’Eradicator et d’autres par le passé ont osé porter cet insigne. Je trouve que ça désacralise ce symbole. Allons encore plus loin. L’Eradicator s’en prend à la famille de Superman. Nous en sommes que au chapitre 4 et déjà la famille est en danger. Déjà nous voyons que Superman est presque dépassé. Il avait décidé de reprendre la cape malgré les risques. Il le savait certes. Mais tout ceci arrive trop vite. Tomasi ne sait pas réellement où il va. Un coup Jon peut enfin sortir des jupes de sa maman puis finalement non il n’a plus le droit. Papa intervient et il retourne vite la queue entre les jambes. Juste le temps d’un coup de poing. Graphiquement, nous avons de belles pages, un beau travail que je respecte. Mais je ne suis pas fan, ça me fait beaucoup penser au style de « Emperor Joker ». Des planches qui se dégradent au fur et à mesure que l’on avance tout de même. La référence à Ghostbusters était inutile. Combien la production a payé pour cette citation ? Et puis les fantômes… Non ça ne convient pas ! Censé être des habitants de Krypton mais je n’y crois pas. Puis au final, cette fin, pourquoi emmener encore sa famille avec lui ? Non, la série ne fait pas mieux qu’avant Rebirth. Toujours des méchants qui ne marqueront pas et servent à rien dans une aventure plus what the fuck que cohérente ou intéressante. Il faut aussi savoir prendre son temps. Poser les choses et pas tout de suite du badaboum !