« Come on, septics ! Join in ! » – Boomerang
- Scénario : Rob Williams – Dessins : Philip Tan –Encrage : Jonathan Glapion, Scott Hanna, Sandu Florea Couleurs : Alex Sinclair
- DC Comics – Suicide Squad : Rebirth #1 – 3 août 2016 – 32 pages – 2.99$
Les intérêts des adaptations et des comics se recoupent, dans la célèbre logique de marketing croisé. Les comics doivent ressembler aux films (et, parfois, inversement), et avec sa sortie toute récente dans les salles, il serait naïf de penser que la Suicide Squad n’a pas été impactée par les enjeux associés. Alors, pris tel quel, le numéro fait le choix de ne pas forcément se cacher, ni de voir le procédé comme un problème en soi – il arrive même à éviter quelques pièges évidents, et à livrer une introduction classique, mais qui rappelle les bonnes heures de l’équipe dans cette nouvelle itération.
Amanda Waller, l’originale (avant la retcon « cours de fitness ») est mandatée par le président Obama pour faire cesser les activités du groupe. Par le blabla paranoïaque habituel, un terrain d’entente s’établit : replacer Rick Flag, leader original de l’équipe dans les publications et absent de la période New 52, dans le canon de DC. Ici, pas tout à fait un inconnu, puisqu’il semble en effet que ce Flag là soit le petit-fils de l’original (Golden Age) et le fils de celui d’Ostrander, plus ou moins – mettons que c’est un nouveau personnage dans cette nouvelle continuité, mais que le lien est fait en passant le quatrième mur, comme d’hab’ dans ce genre de cas.
Flag va donc intervenir sur le terrain avec l’équipe au cours d’une mission somme toute anecdotique, et c’est un peu le problème. On devine ici l’enjeu de présenter l’équipe aux nouveaux entrants potentiels, aussi le moindre dialogue est introductif à deux niveaux : pour faire avaler l’idée moralement indéfendable de la Skwad, et pour expliquer ce que c’est à celui qui ne lirait que du Batman (où l’équipe est aussi en cours d’être introduite, comme quoi l’insistance s’additionne comme les bénéfices). Le scénario a pour lui de présenter l’équipe dans un ensemble, au lieu de mettre l’accent sur un des fan-favorite en particulier – le personnage central reste Waller, avec Flag. Du reste, pour un lecteur aguerri, le jeu de ce numéro sera surtout de jauger la nouvelle équipe créative, les nouveaux designs, et les éventuelles corrections apportées par l’ingérence des intérêts économiques supérieurs.
Dans la série de changements, Boomerang et Harley se stabilisent dans un entre deux qui prend un peu au cinéma, mais pas tout (l’Australien reste roux, la gymnaste dans le costume « Conner« ). Deadshot est pour sa part grandement redesigné, quoi que l’équipe n’en ait pas faire un afro-Américain en référence à son interprète (les théoriciens du whiteshaming seront ravis) et Flag n’a toujours pas retrouvé son t-shirt jaune. Graphiquement la série fait un plutôt bon boulot, exception faite de l’encrage à six mains qui peine à trouver un équilibre (on sent que certaines cases terminent des dessins peut-être achevés à la hâte – ?), et la colorisation reste dans les canons modernes, industrielle, classique, mainstream, mais pas déplaisante. J’aime assez ce mélange entre une Harley d’apparence plus jeune, aux cheveux Arkham/Margot Robbie mieux assortis au costume que le noir et rouge d’avant.
Exception faite d’une réplique, l’écriture a surtout l’air de chercher à replacer un esprit de Skwad classique dans le barouf éditorial de ces dernières années. Retrouver le politisé à la Ostrander, peut-être plus actualisé et moins permissif que l’esprit Bronze Age, avec une équipe dictée par la popularité du roster contemporain sans oublier – on l’espère – que l’intérêt sera aussi dans sa capacité à en tuer certains et continuer les roulements. Sans mettre un focus trop insistant sur Harley, un début de placement géo-politique louable et une mort (ok, pas super marquante) dès le premier numéro, la direction semble bonne et les numéros suivants donneront le ton. Tel quel, une intro’ plus que correcte, qui décevra surtout les allergiques aux rapprochements comics/cinéma, ici vraiment évident.
Une bonne review qui voit bien le potentiel du titre et a raison de rappeler la réalité éditoriale. J’aurai même aimé lire une analyse un peu plus longue :)
Un numéro qui m’a agréablement surpris. Je trouve que c’est une bonne introduction et le fait qu’il n’y ait pas tous les personnages de la Skwad dans ce premier numéro est une bonne idée également.
Je viens de finir le numéro 1 et ça s’annonce pas mal du tout, j’adore le design de Deadshot et Harley est vraiment mimi avec sa grosse berta entre les pognes.