Showcase #123 – New Suicide Squad : Futures End #1

Dans la catégorie « qu’est ce qui leur est passé par la tête ? », l’initiative du mois Five Years Later a posé ses standards. Suffisamment mauvais et inintéressant pour tuer l’envie des mois spéciaux pendant la période New 52 (ce qui n’aura pas empêché Didio de se gaver avec Convergence pas si longtemps après), cette thématique est au départ née de la série Futures End, un bond de cinq ans en avant et l’occasion pour les auteurs de « s’amuser » avec des concepts inédits qui ont, assez irrégulièrement, donné du bon comme du mauvais.

Du côté de Sean Ryan et de sa Suicide Squad, il en est sorti un single qui représente assez bien l’esprit de l’équipe dans le post-Ostrander : du fouillis, de la série B assumée et un esprit over the top qui ne s’embarrasse pas de nuances. Puisque l’équipe est au coeur de quelques attentions cette semaine, retour sur un numéro que vous avez peut-être loupé en tant que lecteurs VF, ou oublié (je vous le souhaite) en tant que lecteurs VO : New Suicide Squad : Futures End #1.

Au coeur de la prison de Belle Reve, Floyd Lawton contemple les murs d’une cellule à baie vitrée. « Que ma vie est triste, depuis que je ne la risque plus pour le compte d’une bureaucrate sadique avec mes potes qui meurent un coup sur deux », sanglote-t-il – en effet, le Deadshot reclus a semble-t-il perdu un bras au cours d’une de ses périlleuses missions. Désormais inutile, il a passé les cinq dernières années comme un détenu normal, à faire les cent pas dans sa cellule et à regarder la télé en caressant son moignon. Coup de tonnerre dans ce quotidien au demeurant sans histoires, lorsqu’une explosion brise le toit du pénitencier. Oh ! C’est Amanda Waller, qui a apparemment fait pas mal de muscu’ avec une nouvelle coupe de cheveux. Elle vient sauver Lawton, et reformer l’équipe.

Tous deux parcourent les couloirs avant de tomber sur Black Mantha. Waller explique au tireur d’élite manchot que « le gouvernement » (disons ça comme ça) a tenté d’améliorer le Skwad depuis quelques années. Pour améliorer l’efficacité de Mantha au combat rapproché, ceux-ci lui ont téléchargé dans le cerveau les connaissances martiales de Deathstroke, ce qui l’a rendu catatonique et muet. Waller l’appâte avec un bâtonnet de poisson surgelé (no joke), et la petite famille continue son chemin jusqu’à la cellule d’Harley.

Là, évidemment, si vous trouvez le costume de Margot Robbie dégradant pour l’image des femmes, ce morceau de bande-dessinée va remettre deux trois choses au clair : dans la même idée d’amélioration, les officiels de Belle Reve ont droguée Harley au venin Titan (celui de Bane), qui a modifié l’apparence gracile et féminine de l’ancienne gymnaste en sosie de Dave Bautista avec des couettes – je vais laisser cette image mentale s’imprégner en vous quelques instants – et paralysé son intellect en en faisant une simple bête féroce. Waller contourne le problème en faisant un câlin à Harley, qui la reconnaît comme une mère et rejoint à son tour cette Suicide Squad légèrement diminuée.

Une fois sortis de la prison, la chef de groupe explique à Lawton (c’est à dire le seul capable de comprendre un langage civilisé) que Belle Reve est une ruine. En comprenant qu’il était plus intéressant de créer des soldats ex nihilo que d’améliorer les anciens, le gouvernement a construit une usine où sont fabriqués, clonés, les super-vilains de ce monde sous formes de bébés. Accueillis par une nurserie de bébés Deadshot, bébé Harley et bébé Mantha, le groupe cherche le moyen de détruire la base (ce qui correspond à un génocide de nourrissons, oui, exactement), mais sont retardés par deux clones du Joker d’une dizaine d’années. Le comics prend alors une tournure d’étrange capharnaüm, quand une Harley de deux mètres et trois cent kilos commence à agresser un duo d’enfants psychopathes, avant de se faire exploser pour permettre à Lawton et Waller de continuer.

Sur le chemin, nouvel obstacle : Deathstroke a lui aussi été dupliqué. Une version adolescente du célèbre tueur, prête à en découdre avec Deadshot pendant que le Wall continue son chemin vers le centre de contrôles. Evidemment, après avoir cogné sur des enfants, la conclusion logique sera de voir un ado’ borgne tabasser un type avec un seul bras, qui Dieu merci réussira tout de même à lui mettre une balle dans la tête – sinon, ce serait dégueulasse – avant de mourir et que le dénouement global de l’intrigue reste méconnu. Heureusement, tout va bien : Deadshot a pu tuer Deathstroke avant de partir, il part le sourire aux lèvres et le moignon en sang.

Bref, dans la cosmogonie des histoires récentes du Skwad, un immanquable instantanée si vous ne vous considérez pas comme quelqu’un de particulièrement sain d’esprit. Evidemment, la réponse à donner à tout ça est que le second degré domine et que la posture est choisie pour volontairement grossir le trait et rendre l’ensemble plus grotesque que sale – sauf que, en définitive, c’est quand même un peu sale. En attendant, gardez à l’esprit ceci : les films peuvent diviser, mais ça ne veut pas dire que tout ce qui se fait en comics est bon.