Pour son nouvel arc, Kurt Busiek continue d’étendre l’univers qu’il a créé en revenant sur le rôle important de la musique et sur l’apport des autres cultures dans la fondation d’Astro City. Surtout avec ce procédé, il nous donne une petite leçon d’histoire sur les Etats-Unis et ses problème raciaux dans un numéro qui a une résonance toute particulière à la vue des événements se déroulant actuellement dans le pays de l’Oncle Sam. Forcément, c’est le genre d’histoire dans laquelle les maladresses ne sont jamais très loin. Seulement en utilisant les codes du conte dans sa narration, l’auteur peut se permettre d’incorporer de la fantaisie dans tout ça et la pilule passe alors bien mieux. Malgré les horreurs que Busiek ne cache pas ici, il se dégage de cet Astro City #37 un petit parfum d’espoir qui fait du bien. Le numéro est, en plus et encore une fois, porté par un Brent Anderson en forme qui parvient à faire cohabiter le réalisme et l’imaginaire au sein des pages avec un réel savoir faire et une totale maîtrise. Même si du côté de la narration, l’auteur reste dans un schéma qui est maintenant légèrement éculé, il y a toujours assez d’idées et de talent dans Astro City pour en faire une série à lire absolument.

On va commencer par ce qui est évident : c’est très bien dessiné (vraiment, très), les couleurs sont réussies, l’hommage au genre, au cinéma d’horreur et à l’écriture de Cronenberg et Milligan fonctionne presque systématiquement, mais : ça fait dix numéros que l’on attend de savoir où Gail Simone veut en venir avec sa Clean Room (en français, ce sera traduit par “chambre propre” ou “pièce propre”, Urban est partagé). Non pas que le scénario n’avance pas : les personnages restent d’étonnantes figures aux facettes inattaquables, auxquelles l’idée seule de créer de l’affect paraît superflu tant on a l’impression de ne pas connaître ces figures qui éclairent les pages d’un faciès depuis une dizaine de mois. L’ensemble tient debout, et sans doute que racontée autrement, cette histoire aurait du percutant (ou au mieux un semblant de progression) mais mine de rien cela fait facilement trois numéros que le build up de suspens est passé et que l’intrigue n’a pas l’air d’avoir dépassé ce stade. Une histoire qui reste jusqu’ici relativement déshumanisée.

Le numéro confirme que la série est enfin sur la bonne voie, et l’on retrouve ici un petit chapitre qui développe la dimension mythologique du titre. On explore un peu plus les enfers et on apprend de nombreuses choses sur les anges déchus. On a une fois de plus droit à des dialogues assez fins, qui montrent bien le fonctionnement quasi-politique de la structure des enfers. Parallèlement, les personnages humains gagnent un peu d’épaisseur, mais on se demande encore quelle sera leur utilité, ce qui est un peu dommage (les joies de la décompression…). Graphiquement, c’est totalement irréprochable, très propre et efficace. On se plaît à découvrir les planches de ce comic-book, même si l’on pourrait tout de même regretter de voir un style si “conventionnel” chez Vertigo, mais je pinaille. Lucifer est assurément une bonne pioche, et il serait dommage de bouder les comics Vertigo de nos jours…

On a enfin découvert qui était derrière le plan machiavélique qui donne du fil à retordre à nos héros. Il s’agit de Mamaduke Ffog, qu’ils devront affronter. L’ambiance totalement décalée du titre est franchement plaisante et ce numéro est, comme les précédents, un véritable réussite pour ceux qui aiment les ambiances rétro. Les personnages sont franchement bien caractérisés et l’on reconnaît tout de suite leurs personnalités iconiques, qu’il s’agisse de ceux tirés de Batman ‘66 ou des “Avengers” britanniques (si, si, c’est le titre de la série). En ce qui concerne les dessins, c’est toujours très beau, mais le style fait penser aux comics indépendants façon image, alors qu’il s’agit ici d’une série très second degré. Mais on s’y habitue très vite, et ce choix se défend, puisque l’artiste restitue parfaitement les expressions faciales des acteurs (mention spéciale à John Steed).

Marguerite Bennett nous offre ici une sorte de remake de l’épisode de Moïse est la mer rouge de l’ancien testament, sauf que ça se passe sur les côtes de Normandie et qu’il y a plein de super-héroïnes pour affronter Joker’s Daughter. Mais l’inspiration se ressent, on a une longue scène d’action dans laquelle les anciennes « esclaves » de JD se libèrent, pour apporter une pré-conclusion à cet arc. On retiendra surtout quelques planches de Mirka Andolfo qui devrait pouvoir faire les couvertures des numéros aussi, alors que le script de Marguerite, ici, n’est pas des plus inspirés. On attendra la conclusion la semaine prochaine pour juger tout ça, mais… Je ne sais pas, à force, ça commence à faire long toutes ces histoires, non ?

Bien maîtrisé ce chapitre #31 de Injustice. On commence doucement avec un Hal bien dessiné. Ça ne lui était pas arrivé depuis très longtemps. Un questionnement de sa part très intéressant et on apprécie que la dialogue soit entre Hal et Barry. Deux bons amis de longue date. De son côté, Batman continue son opération commando. Son but étant Cyborg, on le comprend. Cyborg permet au Régime d’avoir des informations et il est le lien entre tous ses membres. Mais Batman a sûrement d’autre projets en tête le concernant. Brian Buccellato fait un bon travail avec ce chapitre, on fait suite au dernier sans pour autant bâcler la promesse qui est faite. Graphiquement, toujours quelques petites facilités mais le travail est très honnête et très beau. La suite promet, et comme toujours, on espère que tout ne retombera pas encore.

J’adore le regard et le faciès de Shaggy. Les regards en biais, un peu mystérieux. On est loin du Shaggy présenté dans le dessin animé. Celui-ci est très intelligent, très posé et courageux. C’est une bonne chose que ce personnage puisse prouver réellement sa valeur de façon concrète. Ce chapitre est encore une réussite. Ça parle beaucoup, mais l’enchaînement se fait bien. Chacun des personnages respecte réellement sa caractérisation de base. On reconnaît nos héros. Pour l’histoire, nos héros arrivent justement à sortir du complexe scientifique et découvre le monde tel qui est après la propagation des nanites. Ce qui est amusant, c’est que l’on pourrait presque projeter tout ça au dessin animé. Leur monde, dans le dessin animé, est certes différent. Mais des gens se baladent dans des costumes pour faire peur, des choses étranges arrivent. Concrètement, on pourrait presque penser que cette série est le préquel du dessin animé. Peu à peu, la vie s’est reconstruite mais on continue à vouloir faire peur avec de vieux souvenirs. C’est un peu poussé mais ça peut passer. En soi, c’est toujours excellent. Ça bouge un peu et ça parle beaucoup. Un peu moins de blabla pour la prochaine fois mais que ça reste de ce niveau parce que piouf !

Après un numéro très (trop ?) classique, Aquaman revient avec un épisode bien plus intéressant, qui reprend la dimension politique que l’on avait pu découvrir dans le #1. On retrouve alors notre héros confronté aux problèmes causés par les atlantes et par Black Manta, que le gouvernement considère comme un “terroriste”. C’est plutôt bien écrit et le tout résonne particulièrement bien avec le climat sécuritaire qui règne de nos jours. On apprécie aussi la caractérisation d’Arthur Curry et de Mera,tant le couple fonctionne efficacement dans les pages de ce comic-book. Tous les éléments sont présents pour faire de ce nouveau run un classique à la manière de celui de Geoff Johns au début des New 52. Le cliffhanger, bien qu’il ne soit pas forcément très original, donne envie de découvrir la suite et l’on nous promet différent problèmes de taille, qui constitueront à coup sûr d’importants défis à relever pour notre héros. Le dessin n’est clairement pas le point fort de la chose, tant il rappelle les années 90 et ses designs un peu foireux, mais ça reste regardable, si on ne s’attend pas à grand chose (rassurez-vous, c’est moins mauvais que je ne le laisse entendre). Aquaman est donc un titre à suivre, ce qui nous prouve que Rebirth a du bon.

Tom King se joue un peu de nous en nous montrant au départ de ce numéro une scène que l’on croit très bien connaître, avant qu’un simple détail vienne nous prendre à revers. De la même façon, on s’attarde sur les origines de Gotham et Gotham Girl, et nos convictions en deviennent bousculées. Dans l’ensemble, l’auteur nous propose un double discours sur la ville de Gotham, au coeur de cet arc puisqu’elle lui donne son titre, et la façon dont chacun des protagonistes a de l’aborder. Rien d’hyper neuf mais on comprend mieux la motivation d’un certain vilain, qui risque d’offrir du fil à retordre aux deux nouveaux héros en ville. Avec une scène d’action plutôt réussie (David Finch est franchement bon sur ce numéro), je trouve juste dommage d’avoir cette impression plus que grandissante que toute cette histoire ne sert que d’intro-teasing au prochain crossover Night of the Monster Men – dont Tom King n’est même pas l’instigateur ! Reste un numéro assez plaisant à lire, avec une partie artistique très solide, pour peu que vous ne soyez pas allergiques au style de Finch (n’est-ce pas Corentin ?).

Bonne nouvelle ! Après trois numéros, Green Arrow est toujours une bonne série. Après avoir privé son personnage de tout il y a 15 jours, Ben Percy sert ici un chapitre bourré d’action. Le numéro trouve sa force dans un rythme élevé mais qui ne tombe jamais dans l’excès. Si son message, bien que très actuel, manque clairement de finesse, cela n’empêche pas le titre de jouer son rôle de pur divertissement efficace et, surtout, qui n’oublie pas ce que représente son personnage principal. Même si l’auteur a tendance à balancer quelques éléments explicatifs un peu aléatoirement en ce qui concerne les motivations des héros et vilains, le tout reste fluide en terme de narration. Si l’écriture n’est pas désagréable, c’est  quand même bien pour sa partie artistique que ce Green Arrow #3 marque les esprits. Déjà très jolie sous le crayon d’Otto Schmidt, la série est définitivement gâtée en matière d’artiste puisque Juan Ferreyra en met ici plein la vue. Le trait dynamique, le découpage toujours bien senti et les couleurs qui claquent, l’artiste nous sort toute sa panoplie pour livrer une petite merveille visuelle qui reste, en plus, toujours au service de l’histoire. Avec un script plutôt simple mais pas idiot, des dessins au top et quelques moments iconiques, ce Green Arrow #3 continue de hisser la série dans le haut du panier des titres Rebirth.

Qu’on se comprenne bien, tout n’est pas parfait, mais la lecture de ce numéro laisse sur une très bonne impression. Seule au début l’arrivée des Red Lanterns sur Terre fait très discours de méchant bas de gamme, mais le récit prend des tournures inattendues, et je ne peux m’empêcher de voir un certain discours sur notre société dans le choix des Red Lanterns de cibler la Terre (du moins, dans la façon dont Humphries le raconte). Simon Baz prend un peu d’épaisseur, même si on aborde souvent les même thématiques avec lui, mais on arrive à les comprendre, là aussi avec un contexte d’actualité on ne peut plus actuel, et la dynamique avec Jessica Cruz fonctionne vraiment bien – comme on pouvait s’y attendre, mais ça fonctionne, vous dis-je. Seule ombre au tableau, c’est l’abandon d’un artiste unique qui laisse place à quelques collègues venus porter secours, et ça se ressent à plusieurs endroits. Et sans vouloir donner de noms, il y a quelques planches vraiment atroce (itus, OHLOLOL) ! Ce problème mis à part, on se plaît de plus en plus à suivre les Green Lanterns du secteur 2814 !

Y a-t-il encore quelque chose à sauver de Legends of Tomorrow ? C’est qu’on s’ennuie vraiment pas mal au long de ces quatre-vingt pages, et ça fait vraiment beaucoup. Metal Men contre Metal Men, Firestorm contre Multiplex, une fausse traîtrise chez Metamorpho et même du côté de Sugar & Spike, Keith Giffen n’arrive pas à nous enthousiasmer comme il avait pu le faire avant. Les dessins sont relativement bons dans l’ensemble mais servent des histoires en manque total d’inspiration pour trois d’entre-elles (sur quatre), à croire que les auteurs sont plutôt restés du côté de « hier » plus que « demain » lorsqu’ils ont produit leur scénario. Sincèrement, même si les singles ont une jolie allure, ne perdez pas votre temps, ni votre argent dans ce titre. Conseil d’ami.

En théorie, dans les affaires de ce genre, un éditeur à deux choix. Sortir un numéro spécial, laisser l’arc se boucler et relancer la série le mois suivant, ou bien faire du hors-série gratos pour combler les blancs. DC Comics a manifestement opté pour la troisième (et moins intéressante) option -mettez vous à leur place, le film sort bientôt, mais pas suffisamment tôt pour dégainer le relaunch de l’équipe (ce mois-ci, ça les arrange pas. Peut-être qu’ils ont piscine), ni suffisamment tard pour boucler l’arc de Tim Seely qui s’est déjà achevé le mois précédent. En gros, un numéro #22 du registre de l’inutile pour l’équipe, qui ne sert pas à boucler une intrigue ni à rebondir sur les profits du film, du remplissage qui tâche et qui en met partout. Que faire dans ces conditions ? Vous l’avez sur le bout de la langue, laissez moi l’écrire pour vous : un hors-série sur Harley Quinn, parce qu’après tout la vie et courte et la série de zéros sur le compte en suisse du brave Didio aussi (c’est pire d’années en années, pauvre pépère). Bref, à savoir si le numéro est bien ou mal écrit, il m’en ressort surtout un étrange effet de déjà lu, soutenu par la prose psychologique et introspective de l’héroïne – qui nous rappelle le fond du fond d’Adam Glass quand celui-ci essayait d’en refaire un personnage terre à terre – qu’on aimerait bien si le sentiment d’avoir fait le tour n’était pas à ce point palpable que la lecture s’en ressent. Quoi que j’ai personnellement assez hâte de lire la future équipe scénarisée par Williams, que le volume de Seeley et Ferreyra était de l’ordre du très cool et qu’au fond tout ça n’a pas une importance majeure au milieu de sorties plus importantes, c’est encore du Harley, ça ne sert à rien et ça me soûle (hips) – bref, non, en vrai, passez à côté. Vous n’en avez peut-être pas conscience mais certains boulangers proposent bien mieux pour moins de trois dollars, et l’arrière-goût est meilleur (rendez vous le mois prochain).

Nous continuons cette semaine avec Superman #3. L’Eradicator s’est infiltré dans la forteresse de solitude. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne menace pas tant que ça la famille de Superman. Il la sauve même. Lors de ce chapitre, on en apprend plus sur l’Eradicator, personnage que je ne connaissais pas personnellement, mais qui me fait beaucoup penser au Super cyborg. Ainsi l’Eradicator est une création du général Zod. Ce qui était à la base une sorte de police pour Krypton, se transforme maintenant en une machine qui essaye de faire renaître Krypton. Mais à un certain prix. Comme depuis le départ, Tomasi et Gleason font un travail énorme sur cette série. Superman ne se sera jamais autant bien porté que depuis le Rebirth. Merci à eux pour ce travail. Jorge Jimenez quant à lui fait un travail qui certes, n’est pas aussi profond et beau que celui de Patrick Gleason, mais il fait tout de même du bon travail. Voire même excellent. On assiste à des planches très belles et j’aime surtout le fait d’avoir changé les yeux de Jon. Attention, Jon s’énerve la semaine prochaine !