Review VF – Batman Black & White Tome 2

Les points positifs : Seconde bible de styles à Gotham City Quelques légendes sur la tracklist Batman, toujours Batman Belle édition Les points négatifs : Ecrire les crédits d’artistes pour la Review Quelques faiblesses Dépendra de vos goûts (surtout au dessin)

« Je vois ses couleurs. Brillantes, étincelantes. C’est une nuit magnifique. » –  Batman

•  Scénario : Alan Brennert, Robert Kanigher, Dave Gibbons, Harlan Ellison, Paul Dini, Tom Peyer, Alan Grant, Joe Kelley, Mick McMahon, Mark Schultz, Julius Schwartz, Dan Raspler, Mike Carlin, Michael Golden, Paul Grist, Todd Dezago, Mike W. Barr, Cyrus Voris, Dwayne McDuffie, Don McGregor, Paul Kupperberg, Doug Alexander, Scott Peterson, Mark Askwith, Darwyn Cooke, Danielle Dwyer, Brian Azzarello, Mike Carey, Ann Nocenti, Alex Garland, Robert Rodi, Ed Brubaker, Dean Motter, John Ostrander, Jill Thompson, Kimo Temperance, Will Pfeifer – Dessins : Jose Luis Garcia-Lopez, Kyle Baker, Dave Gibbons, Gene Ha, Ronnie Del Carmen, Gene Colan, Enrique Breccia, Aron Wiesenfeld, Mick McMahon, Claudio Castellini, Christian Alamy, Dan DeCarlo, Terry Austin, Jason Pearson, Darwyn Cooke, Mike Wieringo, Karl Story, Alan Davis, Mike Farmer, Chris Bachalo, Denys Cowan, Dick Giordano, John Watkiss, Rob Haynes, Danijel Zezelj, Michael William Kaluta, Bill Wray, Scott Morse, Jim Mahfood, Steve Mannion, Hilary Barta, John Bolton, Sean Phillips, Jon Proctor, John Floyd, Ryan Sook, Willie Schubert, Philip Bond, Jill Thompson, Nathan Fox, Bren Anderson

• Urban Comics – DC Deluxe – Batman Black & White Tome 2 – 08 Juillet 2016 – 368 pages – 28 €

Adossée à l’Atlantique, entre deux dirigeables et une rase-campagne où se terrent quelques manoirs de familles fortunées, on trouve Gotham City, personnification fictive de cités Américaines traditionnelles (Chicago, New-York, Detroit récemment) et métaphore de l’urbanisme inquiétant. Soixante-seize années passées sous son ciel ont offert au premier citoyen de la ville l’occasion de s’épanouir à travers différents styles, auteurs et dessinateurs, si bien que pas mal de gens développent une idée individuelle de ce qu’est Batman et sa croisade chevaleresque. Il y a des BD qui tentent de faire le pont (comme le run de Grant Morrison), et il y a les séries Black & White. Au milieu de tous les hardcovers qui pourraient vous faire de l’œil, c’est là que vous trouverez la synthèse d’à peu près tout ce qu’il est possible de faire du justicier, dépossédé de couleurs et d’intrigues de long-terme, exercice de style sur exercice de style, la pureté du noir sur du blanc et de jeux d’ombres où s’épanouissent les nuances de son combat.

Pour présenter furtivement le concept à ceux qui auraient loupé le premier (vous avez le droit, c’est anthologique, donc pleinement pénétrable voire préférable au premier volume si les artistes présents vous séduisent davantage), il s’agit d’une série de one-shots confiés à différents (grands ?) noms de la BD, ou autre – on trouve ici l’écrivain Harlan Ellison ou le scénariste de Danny Boyle, Alex Garland – en hommage aux titres Eery & Creepy de Warren Publishing. C’est la mention historique, et il y a des tonnes de choses à dire sur le fond.

Étalées sur 370 pages, cette impressionnante liste de one-shots décrit avec justesse ce qu’est Batman, en passant encore une fois par différents styles. Horreur, psychologique, historique, quelques clins d’oeils aux cartoons, un numéro en prose de Jill Thompson, plusieurs passages par le muet, et au dessin un enchevêtré d’appropriations de la cité maudite en noir et en blanc, assez génial si vous aimez le trait à l’Américaine du dessin de BD. Comme il est impossible de tout évoquer, restons sur les grands principes : l’ensemble est plus que satisfaisant. Quelques moments sont extraordinaires, d’autres (vu la quantité, c’est une obligation statistique) collent moins à l’esprit, mais l’ensemble est là et les amoureux de Batman à qui le volume s’adresse n’ont pas besoin que je leur explique pourquoi. Vous l’avez surement déjà acheté, donc mettons que je parle tout seul depuis la première phrase d’intro’ (je vous avoue, ça fait du bien).

Cela étant, quelques moments choisis pour refléter la qualité générale : le volume rend plusieurs hommages au passé de Gotham, avec de merveilleux moments passés dans le Silver Age (sous Dave Gibbons, qui emploie avec adresse l’idée du noir et blanc), au Golden Age (Will Pfeifer, presque surprenant dans la qualité de ce travail), le T.A.S.-verse (Paul Dini – logique). Plusieurs numéros s’amusent à déconstruire le symbole et les convictions du Chevalier, d’autres vont donner corps à la ville par le portrait de quartiers, de bars ou d’individus qui croisent son chemin. Certains passages posent des questions sur le sens du héros, l’idée de rester caché ou de se montrer au grand jour, sa relation à d’autres surhommes, à l’enfance ou à sa psyché, et à sa ville ombrageuse préférée.

Peu importe quel Batman vous préférez dans tous les masques du héros, ce volume vous fera du bien. A plus forte raison dans une période moderne où les repaires de normes se perdent un peu dès qu’on aperçoit un dirigeable où un gratte-ciel à pointes : à sa façon, Black & White témoigne d’une tradition fondamentale chez Batman, tout en laissant à ses auteurs une folie qu’on retrouve rarement dans les parutions en continuité.

Après tout ce blabla, vous avez le droit de vous demander si Urban a une rancune personnelle contre votre proprio’. Mais, hé, chaque année a sa trêve hivernale et je vous suggère donc de faire une liste en attendant le début du froid pour pouvoir écouler votre budget comics sans vous inquiéter de payer votre loyer (ou autre petits tracas quotidiens, qui vous empêchent de lire de bons comics parce que « c’est pas un besoin vital », et gnagnagna). Entre autres parutions récentes, Black & White tome 2 est un autre classique de bibliothèque, pour celui qui aime Batman, c’est à dire à peu près n’importe qui. L’avantage étant que vous pouvez prendre ce volume sans avoir lu le premier, et que l’intemporalité de ses planches noir sur blanc conviendront aussi à un jeune lecteur allergique à la ligne claire et aux couleurs pleines de l’époque. On espère que DC relancera la série outre-atlantique, parce que l’initiative est géniale, et on remercie Marc Chiarello de lui avoir donné vie.