Review VO – Green Arrow : Rebirth #1

Les points positifs : Intéressant visuellement Des thèmes chers à la mythologie du personnage… Green Arrow / Black Canary Les points négatifs : Green Arrow / Black Canary …mais traités uniquement en surface pour l’instant Parfois maladroit dans son aspect « new reader friendly »

« …Finally. » – Black Canary

• Scénario : Ben Percy – Dessins, Couleurs : Otto Schmidt – Couverture : Juan Ferreyra

• DC Comics – Green Arrow : Rebirth #1 – 01 Juin 2016 – 32 pages – 2.99$

Cette fois, ça y est, nous y sommes. Après un DC Universe Rebirth #1 la semaine dernière, on entre dans le vif du sujet avec la première vague de titres qui débarquent. Parmi eux, ce Green Arrow est un des titres qui sonne le moins comme une renaissance puisque DC a choisi de continuer de faire confiance à Ben Percy, déjà scénariste de la série depuis un an. Sur le papier, il n’y a alors peut-être pas trop de changements mais dans les faits, avec un nouvel artiste et le duo Green Arrow / Black Canary réuni pour la première fois depuis cinq ans dans les pages d’un comics, il y a bien des signes forts d’une nouvelle direction qui accompagnent la sortie de ce numéro.

Oui, Black Canary est de retour, le bouc est de retour et l’aspect social et politique aussi (même si on pouvait déjà le voir dans les précédent numéros de Percy). Néanmoins il ne faut pas s’attendre à lire du Green Arrow old school « à la Mike Grell » pour autant. Percy se rapproche bien de ce qui fait la force du personnage depuis les années 70 mais n’efface pas non plus son histoire récente. C’est ainsi un travail dans la continuité que réalise l’auteur. On retrouve d’ailleurs ici un aspect horrifique déjà fortement présent dans les numéros précédents écrits par le scénariste. Seulement voilà, avec ses vilains faisant dans le trafic d’êtres humains et son héros en Social Justice Warrior auto-proclamé, cet épisode fait néanmoins de l’oeil aux thèmes propres à l’univers de l’archer. Dès les premières pages, l’aspect politique se fait donc sentir et même si ce point est attaqué de façon frontal dans l’intégralité de ce premier numéro, tout reste pour l’instant en surface. Il faut alors espérer que pour la suite, l’auteur puisse apporter un peu de profondeur à son message et qu’il échappe surtout au diktat d’idées.

Malgré ces thèmes importants, ce Green Arrow : Rebirth #1 est avant tout un comics d’aventure et il est bien construit comme tel. Si l’intégralité du numéro se déroule à Seattle, l’auteur fait l’effort de faire évoluer ses personnages dans des environnements différents et peut alors proposer une évolution dramatique qui se remarque naturellement  puisque plus le récit avance et plus les héros sont projetés dans des ambiances sombres et lugubres, jusqu’à la présentation des vilains. Le numéro bénéficie donc d’une structure simple mais efficace. Cependant, il s’agit d’une introduction vraiment classique et qui ne révèle finalement pas grand chose sur l’intrigue à venir. L’auteur montre tout de même un vrai sens du rythme qui permet de faire passer plus facilement la pilule en ce qui concerne les défauts de l’oeuvre. On ne s’ennuie alors pas à la lecture et il y a d’ailleurs un réel aspect immersif qui se dégage de l’atmosphère du comics.

Les défauts sont cependant bien réels. Percy a, par exemple, tendance à tomber dans la facilité dans la présentation de ses personnages principaux. Certes c’est un numéro un et, en plus de ça, un numéro un au sein d’une initiative visant à remettre les choses à plat dans l’univers DC. Malgré tout, les quelques pages servant à poser les bases sur la double identité de Oliver Queen sont peut-être de trop et surtout trop peu originales en terme d’écriture. A ce sujet, les dialogues entre Ollie et Dinah servant à détailler le background des deux personnages sont, eux aussi, légèrement hors de propos et manquent surtout clairement de finesse. Les deux déballant leurs histoires respectives en cours de mission alors qu’ils se connaissent à peine.  Il s’agit bien de petits détails mais mis bout à bout ces détails sont révélateurs de la position de l’auteur  qui semble, pour l’instant, trop concerné par le fait de ne perdre personne en route aux dépens, hélas, du déroulement logique de son récit.

Alors qu’il prend bien soin d’y aller doucement dans la mise en place de son univers et la caractérisation de ses héros, Percy semble faire tout le contraire en ce qui concerne leur relation. Même s’il faut bien reconnaitre que revoir le duo iconique Black Canary / Green Arrow à l’action fait vraiment plaisir, le traitement de la dynamique entre les deux n’est pas ce qu’il y a de plus réussi dans ce numéro. Il faut peut-être rattraper rapidement cinq années sans aucune interaction (ou presque) entre les deux personnages mais les choses semblent aller bien trop vite dans l’évolution de leur relation. L’auteur ne parvenant pas vraiment à installer une alchimie qui paraisse naturelle à cause de dialogues, encore une fois, trop mécaniques entre les deux et d’une dernière page, qui malgré le sentiment feel good qu’elle instaure chez le lecteur, arrive certainement un peu trop tôt pour fonctionner pleinement.

Je parlais d’un nouvel artiste sur la série et l’arrivée de Otto Schmidt fait du bien. Son travail n’est pas ce que vous trouverez de plus détaillé et précis mais il se dégage une urgence et un dynamisme des pages qui apportent un plus non négligeable à l’histoire de Percy. Le découpage de Schmidt est d’ailleurs plutôt brillant dans les séquences d’action qui semblent s’animer à l’intérieur des pages tant l’artiste se montre capable d’apporter du rythme à l’ensemble. Si la plupart des planches sont vraiment à la hauteur, Schmidt a du mal à maintenir ce niveau d’efficacité en terme de narration visuelle sur l’intégralité du numéro. Il faut alors composer avec des pages à l’apparence plus banales et qui ne transcendent pas les dialogues de du scénariste dès que l’ensemble se calme justement. Malgré cela, ce Green Arrow : Rebirth #1 est plein de personnalités visuellement et ne ressemble à aucun autre comics publié par DC. L’excellent travail de Otto Schmidt ne s’arrête pas à cela puisqu’il réalise lui-même ses couleurs et là aussi il fait preuve de beaucoup de talent. Si les dessins ont parfois un aspect « sketchy », c’est dans l’utilisation des couleurs que l’artiste apporte la clarté nécessaire à l’ensemble. Il parvient ainsi à poser des atmosphères intéressantes, notamment dans les ambiances nocturnes ou dans sa façon de mettre en page le fameux Canary Cry de l’héroïne. Bref, ce Rebirth a, graphiquement, beaucoup d’allure et il n’y a plus qu’à espérer que la série ne souffrira pas du roulement entre Schmidt et Juan Ferreyra sur la partie artistique.

En définitive, ce Rebirth semble prendre la bonne direction et faire les efforts nécessaires pour retrouver l’essence de ce qui fait une bonne histoire autour du personnage de Green Arrow. Avec une Black Canary qui fait plus que de la figuration et un artiste inspiré, il n’y a plus qu’à espérer que Ben Percy soit capable de tenir la distance et que l’ambition de la série ne soit pas plombée par son rythme de parution. En attendant, ce numéro fait le job suffisamment bien pour faire de l’oeil à la fois aux fans ainsi qu’aux nouveaux lecteurs potentiels. Avec de l’action, de la romance, de l’aventure et la présence d’un aspect politique intéressant, même si tout ça n’est pas forcément traité avec finesse, la mythologie Green Arrow se reconstruit doucement mais surement ici. C’est, finalement, tout ce qu’on demandait à un numéro de la sorte.