The Script of #3 : William Moulton Marston, Féminisme et Bondage

1. Ladies, Women and Girls

2. Girls Get Busy

3. Plea For Peace Take Action


Girls Get Busy

I’m in the Band

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Comics speak, without qualm or sophistication, to the innermost ears of the wishful self. The response is like that of a thirsty traveler who suddenly finds water in the desert – he drinks to satiation.

En 1941, Wonder Woman voit le jour dans les pages d’All-Star Comics #8. L’histoire remonte en réalité quelques années plus haut dans la chronologie du comic book américain : en 1933, un certain Marxwell Ginzberg préfigure déjà d’une génération d’auteurs en devenir, en proposant la première composition en couleurs de ce qui sera plus tard baptisé comics aux Etats-Unis. Choisissant Max Gaines au fil de sa carrière en tant qu’éditeur, cette figure paternelle de la BD outre-atlantique (qui fondera plus tard EC Comics) se lance dans la publication de matériel original avec Jack Liebowitz en 1938, en marge de l’apparition du premier super-héros dans Action Comics #1 par Jerry Siegel et Joe Shuster. La série qu’il édite pour National, All-Star Comics, verra les premiers pas de Green Lantern, Flash, Atom ou encore Hawkman.

De l’autre côté des Etats-Unis, la famille Marston organise, dans le cadre du contrat d’Olive chez Family Circle, une interview de William dans les colonnes jeunesse. Enthousiaste à l’égard des comic books (qui font l’objet de vives critiques à l’époque – Superman est jugé suprématiste, Batman violent, ou, plus grave, « homosexuel »), le psychologue décrit dans un article baptisé Don’t Laugh At The Comics les vertus éducatives de la bande-dessinée, super-héros compris. L’interview attire l’attention de Gaines, qui propose au docteur Marston d’écrire sa propre série au sein des publications National. A l’époque, plusieurs éditeurs ont recours à ce type de figures d’autorité, en paravent du flot de lettres et d’articles en défaveur des comics publiés périodiquement.

Considérant l’idée de porter ses idées sur l’amour et le pacifisme, Marston commence à échafauder le profil d’un super-héros qui, a contrario des violents combattants du crime, serait un véritable agent de paix dont l’arme serait la compréhension et la tolérance. Plusieurs sources indiquent qu’Elizabeth Holloway aurait demandé à son époux de faire de ce personnage brouillon une femme, dont le modèle physique aurait quant à lui été calqué sur celui d’Olive et des pin-ups Varga Girls, une collection de beautés athlétiques et cosmopolites plus typées que le modèle Américain classique. Elle hérite aussi des bracelets de Marston, qui servent ici à arrêter les balles.

L’auteur prend le pseudonyme de Charles Marston au scénario, illustré par l’artiste H.G. Peter, qui ne sera pas crédité sur les premiers numéros. Diana obtient sa première couverture le mois suivant, dans Sensation Comics #1, avant de rejoindre la Justice Society quelques années plus tard.

Are You a Lady ?

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Frankly, Wonder Woman is psychological propaganda for the new type of woman who should, I believe, rule the world.

C’est en ces mots que Marston présente son personnage, un temps baptisée Superma The Wonder Woman, pseudonyme raccourci par l’éditeur Sheldon Mayer, un autre très grand nom du golden age de National. A l’inverse des héros hyper-masculins de l’époque, il décrit Wonder Woman comme le besoin de féminité d’un genre en pleine formation – une oeuvre engagée contre les standards et l’adoration de l’Ubermensch, là où il est important selon lui de réhabiliter l’importance de l’essence féminine.

Ce que Marston décrit comme les valeurs de la femme sont évidemment une appréciation personnelle, qu’il résume à la paix, l’amour et la soumission. Sur ce dernier point, l’auteur considère une méprise communément admise : la soumission est essentielle, ne serait ce qu’à l’échelle de l’état ou des lois. Mais, parce que le pouvoir dominé par les hommes rend cette soumission destructrice, et détériore l’attribut féminin essentiel qu’est la capacité à aimer et à être douce envers le monde qui l’entoure. Pour illustrer ce propos, il dote son Amazone d’une faiblesse (comme chaque héros de l’époque) : celle-ci perd ses pouvoirs lorsqu’elle se retrouve enchaînée.

Utilisant l’iconographie des suffragettes (qui avaient pour habitude de s’enchaîner aux lieux symboliques du pouvoir), Wonder Woman se retrouve régulièrement entourée de chaînes, qu’elle doit briser afin de retrouver ses pouvoirs. Marston utilise cette métaphore à double emploi : les femmes devaient briser leurs chaînes et prendre leur pouvoir, et également accepter d’entrer dans sa conception de la soumission essentielle, dont lui même ne cache pas le sous-texte érotique assez explicite sur la plupart des numéros. Il la dote également d’un avion invisible, symbole de la non-représentativité des femmes dans le corps social de l’époque.

L’enchaînement sert aussi à l’auteur à dénoncer le patriarcat : critiqué et mis entre les mains d’hommes dominateurs, il illustre la pression sociale de mâles refusant de reconnaître l’équité de droits, ou de laisser aux femmes la possibilité de s’exprimer. Cette ambiguïté des liens entre l’altruisme de la soumission et la critique des dominants fut l’une des raisons du succès de la série, qui s’attira d’ailleurs les faveurs d’un lectorat aux préférences sexuelles affirmées (une lettre d’un lecteur membre de l’armée est restée célèbre donna lieu à une réponse de Marston plus qu’explicite sur la réelle intention pacifiste et utopique de son goût pour le ligotage, loin du simple fantasme suggéré).

L’image de l’immigré propre à Superman s’applique pareillement à Wonder Woman, ambassadrice d’une peuplade étrangère venue aider l’Amérique en portant ses couleurs contre la menace nazie. La mythologie grecque et le mythe de Prométhée servent à Marston, qui utilise la légende des Amazones pour créer l’utopie d’un monde sans hommes – une île paradisiaque où règne l’harmonie. Le scénariste va retourner le code en vigueur dans les histoires de super-héros, la « damsel in distress », avec le personnage de Steve Trevor. Fréquemment en danger à l’image d’une Loïs Lane, ce héros devient l’archétype du « gentleman in jeopardy », que Wonder Woman vient régulièrement sauver du danger.

Les premières aventures de Diana se centrent principalement sur son combat contre les forces de l’Axe, sur la vague des héroïnes destinées aux femmes fournissant l’effort de guerre tandis que leurs maris sont partis combattre. Armée de son lasso de vérité, un clin d’oeil au polygraphe dont Marston est l’un des inventeurs, lui sert également dans sa lutte contre une galerie de super-vilains au quotidien. Ce combat des rues amène régulièrement le scénario vers une quête de justice sociale, avec la même verve féministe qui l’a accompagné dans sa carrière de psychologue. Il fait de Wonder Woman une candidate à la Présidence, et utilise le comics pour inciter les femmes à s’émanciper, chercher un emploi et porter vers une société meilleure, plus égalitaire. Un combat qui l’amena plus loin que l’Allemagne à d’autres pays, zones de non-droit féminin.

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Corentin

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DarkChap
DarkChap
7 années il y a

Un très bon article, particulièrement d’actualité vu la sortie mercredi dernier du Earth One de Morrison, qui emprunte énormément d’éléments aux comics de WMM pour les dépoussiérer (et vu la Xena que devient parfois Diana sous la plume de certains auteurs, c’était bienvenu), ce qui ne manquera pas de surprendre les lecteurs n’étant pas familier des comics du Golden et des idées assez iconoclastes de leur auteur.
Un petit doute sur le post-WMM; j’ai pas lu énormément de Golden Age post-Marston mais j’ai plutôt l’impression que les auteurs l’ayant succédé n’ont pas attendu le Comics Code pour rentrer dans le rang. De même, à ma connaissance, c’est surtout la tentative ratée de Dennis O’Neil pour réinventer Wonder Woman en espionne sans pouvoir à l’image d’une Emma Peel à partir de 1968 qui a été très critiquée, en particulier par Gloria Steinem, icône féministe.
Enfin, pour ce qui est de la conclusion, vu ses Amazones, je crois surtout qu’Azzarello n’a jamais ouvert un comic book écrit par WMM (et en règle générale, qu’il s’en fout un peu de la continuité, le seul contre-exemple qui me vient à l’esprit, c’est son excellent Dr.13)…^^

Winterwing
7 années il y a

Excellent dossier ! J’ai vraiment appris beaucoup de choses. Je salue le gigantesque travail de recherche qu’il doit y avoir derrière des articles pareils (j’avoue que je me rends pas bien compte).

Billy Batson
7 années il y a

Excellent travail, Corentin ! D’autant plus que comme le dit DarkChap, il sort à point nommer compte tenu de l’arrivée du Wonder Woman Earth One.

Brutal Destr0y333r
Brutal Destr0y333r
7 années il y a

Sympa ce dossier. Bien foutu.

Mocassin
Éditeur
7 années il y a

Très bon travail, j’ai appris pas mal de choses, et ça me donne d’autant plus envie de découvrir plus en profondeur le personnage !

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