DC (Trash) Talk #10 – Quand Alan Moore préface Frank Miller

A quelques jours de la sortie du film Batman V Superman de Zack Snyder, d’aucun s’en retournent vers le passé glorieux des années ’80, une époque fertile qui aura vu nombre de chefs d’oeuvre voir le jour, dont certains gardent une influence marquée encore aujourd’hui. Entre le pivot de Crisis on Infinite Earths, les immenses Wolfman, Pérez, Ostrander et consorts, l’apparition des reliés et la prise de pouvoir des romans graphiques, la décennie aura connu certains des meilleurs moments de la BD Américaine (même chez Marvel ! Oui !).

Dans le fatras de la promo’ chaotique d’un film qui n’a cessé de se réinventer – de l’héritage des Nolan à une posture de divertissement explosif assumée – et avant le verdict final qui n’aura lieu que mercredi prochain, une constante s’est toujours imposée au spectateur averti (l’ennemi naturel du quidam lambda) : Zack Snyder est un fan convaincu du boulot de Frank Miller, le légendaire sale gosse des années ’80. Du postulat même du film jusqu’à ses codes esthétiques et l’emploi d’une armure connue des lecteurs et des fans de jeu vidéo – ces pauvres hères – en n’oubliant pas le travail du réal’ sur 300 il y a bientôt dix ans, la famille Snyder tire une influence considérable du scénariste au chapeau, en annonçant d’ailleurs le projet par une citation tirée du quatrième numéro de Dark Knight Returns, il y a deux ans.

Or, dans ce Countdown personnel et les derniers jours d’une longue attente imposée par l’agenda de Time Warner, quelques papiers vous seront proposés ici-même histoire de célébrer la sortie du film, et au passage, les trente ans de DKR dont la publication commença justement il y a trente-ans de cela, en février 1986. Ici, la préface intégrale de l’ouvrage édité la même année en softcover.

Quelques mois après un succès considérable et quelques semaines de retard sur sa conclusion, cette publication en trade dans la foulée compta à l’époque pour l’édition à l’Américaine, encore plus dépendante du marché des singles que du relié. En parallèle de l’avènement de Miller sur Daredevil et Batman, un autre nom s’ajouta à l’ébullition artistique des années ’80, connu pour avoir scénarisé Swamp Thing, Watchmen et V Pour Vendetta, un certain Alan Moore qui signe ici l’introduction du bouquin.

Longtemps avant leurs désaccords sur la justice sociale et le féminisme, Moore & Miller partageaient au pic de leur carrière un certain respect mutuel (ils travailleront d’ailleurs tous deux sur le one-short historique AARGH, Artists Against Rampant Government Homophobia avec d’autres grands noms de la BD), et si leurs évolutions mutuelles semblent aujourd’hui diamétralement opposées – quoi que ? – l’époque qui voyait deux de ses plus grands auteurs s’élever à quelques mois d’intervalle et former d’une seule voix le règne du Dark Age a laissé en souvenir de ce nouvel âge d’or un témoignage écrit de cet amour commun des super-héros et des prises de partie politique d’auteurs représentant plus que jamais une décennie de génies et de profond renouvellement.

Voici (dans le style du scénariste) la version de cette préface signée par le grand barbu, toujours généreux des mots et de la théorisation tant artistique que philosophique. Un souvenir plein de sagesse d’une époque où les deux auteurs écrivaient encore, loin de l’aile Républicaine ou des conciles magie noire, un très beau papier dont on peut retirer deux trois enseignements encore valables aujourd’hui.

alanmoore_josevillarubia

Comme n’importe qui investi dans la création d’oeuvres de fiction depuis une quinzaine d’années serait ravi de vous le dire, les héros commencent à poser problème. Ils ne sont plus ce qu’ils ont été… Ou plutôt ils le sont toujours, et c’est là que réside la difficulté.

Le monde autour de nous a changé, et change continuellement à un rythme effréné. Nous avons changé nous aussi. Avec la montée des médias et des technologies de l’information, nous voyons plus de ce monde, comprenons ses mécanismes plus clairement, et en conséquence notre perception de nous même et de la société qui nous entoure s’est vue modifiée. Suite à cela, nous commençons à demander différentes choses à l’art et à la culture, sensée refléter le paysage perpétuellement en mouvement dans lequel nous évoluons. Nous demandons de nouveaux thèmes, de nouveaux angles, de nouvelles situations dramatiques.

Nous demandons de nouveaux héros.

Les héros de fiction du passé, s’ils gardent tout leur charme et leur pouvoir et leur magie, ont vu leur crédibilité disparaître à jamais devant cette sophistication nouvelle de leur public. Avec l’avantage du regard passé et une très grande compréhension des schémas de comportement anthropoïdes, l’auteur de science-fiction Philip Jose Farmer a pu démontrer avec suffisamment de crédibilité que le jeune Tarzan se serait certainement adonné à l’expérimentation sexuelle au contact des chimpanzés, et n’aurait eu aucune aversion envers le fait de se nourrir de chair humaine que l’écrivain Edgar Rice Burroughs lui a attribué. Alors que notre conscience politique et sociale continue d’évoluer, Alan Quatermain se révèle n’être qu’un impérialiste blanc de plus parti exploiter des tribus de natifs, et nous commençons à voir le facteur primordial derrière l’habillage psychologique des James Bond comme sa haine totale et son désir envers les femmes. Que la plupart d’entre nous préfèrent apprécier les aventures du gentleman sus-mentionné sans tout gâcher en prenant en compte les implications sociales n’est pas la question. Le fait demeure que nous avons changé, au même titre que notre société, et que si de tels personnages étaient créés aujourd’hui ils feraient l’objet de vives critiques et d’une suspicion extrême. 

Donc, à moins que d’une manière ou d’une autre nous devions faire sans les héros, comment les auteurs de fictions doivent ils s’y prendre pour redéfinir leurs légendes en correspondant au climat contemporain ? 

Les champs du cinéma et de la littérature ont été capables à un certain point d’attaquer le problème de façon mature et intelligente, peut-être par la valeur d’avoir un public tout aussi mature et intelligent capable d’apprécier et d’encourager une telle réponse. Le champ des comic books, depuis sa prise de parti en tant que medium juvénile dans laquelle toute injection de thèmes adultes ou matières à débat sont généralement accueillis par des cris d’indignation et la menace ou la réalité de la censure, n’a pas eu une telle chance. Là ou dans les romans ou les films, nous avons été présentés à des concepts tels que l’anti-héros ou le héros classique réinterprété sous forme contemporaine, les comics ont du largement cheminer avec les mêmes balourds musculeux affronter les mêmes platitudes musculeuses en tentant régulièrement de se démembrer l’un et l’autre. Alors que la naïveté et l’absurdité de leur situation deviennent de plus en plus embarrassantes et anachroniques sous le regard moderne, le problème en devient plus dense et intraitable. Occupés à patauger à l’ombre d’autres médias, comment les comic books peuvent ils réinterpréter leurs héros traditionnels et intéresser à nouveau un public qui s’éloigne progressivement d’eux de plus en plus loin ? De toutes évidences, le problème ne peut être traité que par des gens qui comprennent ce dilemme, et qui plus est, ont une égale compréhension de ces héros et de ce qui les fait fonctionner.

Ce qui m’amène à Frank Miller et à Dark Knight.

En décidant d’appliquer son style et sa sensibilité au Batman, Frank Miller est parvenu à une solution aux problèmes soulignés plus haut qui s’avère aussi impressionnante qu’élégante. Plus frappant encore, il est parvenu à le faire avec entre les mains un personnage qui, au regard d’un public plus large par delà l’audience relativement confinée des lecteurs de comics, résume plus qu’un autre les idioties essentielles du héros de comic books. Quelles que soient les changements opérés dans les comics eux mêmes, l’image de Batman la plus durablement imprimée dans l’esprit de la populace générale est celle d’un Adam West livrant d’un visage monolithique un dialogue outrageusement grotesque, en grimpant sur un mur par le biais de prodigieux effets spéciaux et d’une caméra posée à l’horizontale. Prêter une quelconque crédibilité à pareil sujet dans le regard d’un public pas nécessairement enthousiaste envers les super-héros et de leur apparat n’est pas un exploit à négliger, et il serait peut-être approprié de regarder de plus près à ce que Miller a fait ici (j’espère que Frank me pardonnera de l’appeler « Miller ». Cela semble un peu brusque et formel, et je ne l’appellerai certainement jamais ainsi en face, mais c’est le genre de choses que l’on fait quand on écrit pour quelqu’un qu’on connait bien une introduction à l’un de ses ouvrages).

Il a pris un personnage dont le plus petit et trivial détail est gravé dans un marbre des esprits et du coeur des fans de comics qui forment son audience, et est parvenu à le redéfinir dramatiquement sans contredire d’un iota la mythologie de ce héros. Oui, Bat-Man est toujours Bruce Wayne, Alfred est toujours son majordome et le Commissaire Gordon est toujours le chef de la police, quoi que, seulement en apparence. Il y a toujours un jeune acolyte nommé Robin, avec une Batmobile, une Batcave et une ceinture de gadgets. Le Joker, Double Face et la Catwoman sont toujours en évidence dans le catalogue de vilains. Tout est similaire, en dehors du fait que tout est complètement différent. 

Gotham City, une ville où durant le comique des années ’40 et ’50 ressemblait à une extension urbaine d’une cour d’école peuplée de machines à écrire géantes et d’autres accessoires gargantuesques, devient plus sinistre (ndr : « grimmer ») entre les mains de Miller. Une cité déliquescente noire et inhospitalière, peuplée de gangs des rues sociopathiques et violents, elle en vient à ressembler plus réellement aux masses urbaines qui pourraient tout aussi bien survenir dans notre avenir proche et inconfortable. Le Bat-Man lui même, prenant en considération notre perception actuelle des justiciers en tant que force sociale à l’aube de Bernie Goetz, est vu comme un presque-fasciste et un dangereux fanatique par les médias tandis que des psychanalystes bienveillants plaident pour la libération d’un Joker meurtrier sur la base d’arguments humanistes. Les valeurs du monde qui nous est présenté ne sont plus définies par les couleurs primaires, claires et brillantes du comic book conventionnel, mais dans les tons subtils et ambigus amenées par la palette superbe de Lynn Varley en de sublimes sensibilités.

La plus immédiate et renversante des différences est évidemment la représentation de Batman et de Bruce Wayne, l’homme derrière le masque. Dépeint au fil des années comme, alternativement, à la fois un homme plein de bonnes intentions et un psychopathe mu par la vengeance, le personnage tel qu’il est présenté ici parvient à faire le pont entre ces deux interprétations avec aisance tout en les intégrant à une personnalité plus large et crédible dans sa réalisation. Chaque subtilité de ses expressions, chaque nuance de langage corporel, sert à démontrer que ce Batman est finalement devenu ce qu’il aurait toujours du être : c’est une légende.

L’importance du mythe et de la légende dans le sous-texte de Dark Knight ne peut être suffisamment soulignée, éclatant comme elle le fait à chacune des pages. La séquence familière des origines de Batman avec la petite chauve-souris pénétrant par une fenêtre pour inspirer un Bruce Wayne en quête d’inspiration devient tout à coup plus religieuse et apocalyptique sous la plume de Miller; la chauve-souris elle même transformée en gigantesque chimère de mauvaise augure tout droit sortie de sombres légendes Européennes. Les scènes finale du Batman à dos de cheval, évoquant tout de la chevalerie de la Table Ronde à l’arrivée en ville de Clint Eastwood, servent à appuyer cette qualité mythique, tout comme le portrait surprenant fait par Miller de Superman : celui que nous voyons ici est un dieu terrestre dont la présence est seule annoncée par le vent qu’il laisse à chaque passage ou la destruction qui approche à son éveil. Dans le même temps, sa position ambiguë comme agent du gouvernement des Etats-Unis permet de traiter une situation invraisemblable sous un angle réaliste, et permet de mêler sans encombres le matériau de la légende à celui des réalités du XXème siècle.

Par delà l’imagerie, le thème et la romance essentielle de Dark Knight, Miller est aussi parvenu à sculpter le Batman en une vraie légende en introduisant cet élément sans lequel toutes les légendes seraient incomplètes, et qui pour une raison ou une autre semble à peine existant dans le monde dépeint par le comic book moyen, et cet élément est le temps

Toutes nos légendes, les meilleures et les plus anciennes, reconnaissent le temps qui passent et ceux qui vieillissent et meurent. La légende de Robin des Bois n’aurait pas été complète sans la dernière flèche tirée à l’aveugle indiquant l’endroit de sa tombe. Les légendes nordiques perdraient bien de leur pouvoir sans la conscience du Ragnarok définitif, tout comme l’histoire de Davy Crockett sans l’existence de son Alamo. Dans les comics, cependant, compte tenu du fait commercial qui dicte que tel héros devra toujours continuer à se vendre dans les dix prochaines années, ces éléments ont tendance à manquer. Les personnages demeurent dans les limbes perpétuelles du milieu ou de la fin de vingtaine, et la présence de la mort dans leur monde est au mieux un phénomène temporaire tout à fait réversible.

Avec Dark Knight, le temps est venu au Batman et l’échafaudage qui fait des légendes ce qu’elles sont est enfin mis en place. Dans cette captivante histoire du combat final d’un grand homme, Miller est parvenu à créer quelque chose d’extraordinaire qui devrait, espérons le, illuminer le reste du champ des comic books, éclairant d’une lueur nouvelle les problèmes qu’affrontent ceux qui oeuvrent dans cette industrie, et peut-être même nous guider vers de nouvelles solutions. Pour ceux d’entre vous qui ont déjà avidement consommé Dark Knight dans sa version softcover, soyez assurés que vous tenez entre vos mains l’un des seuls points de repères authentiques du monde des comic books digne d’une présentation somptueuse et durable. Pour le reste d’entre vous, qui vous apprêtez à entrer en ce territoire inédit, je ne peux que vous exprimer une envie extrême. Vous êtes sur le point de découvrir un tout autre niveau d’écriture dans les histoires de comic books. Un nouveau monde fait de nouveaux plaisirs et de nouvelles douleurs.

Un nouveau héros.

Alan Moore

Northampton, 1986

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8 Commentaires
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ArnoKikoo
8 années il y a

Merci de nous faire découvrir ceci <3

Vibe
Vibe
8 années il y a

Merci beaucoup excellent article .

skalls
skalls
8 années il y a

damm le bon pavé x) très agréable à lire en tous cas

Mocassin
Éditeur
8 années il y a

Whao, c’est beau. Merci beaucoup pour le partage !

Brutal Destr0y333r
Brutal Destr0y333r
8 années il y a

Superbe préface.

Winterwing
8 années il y a

Excellent !

crazy-el
crazy-el
8 années il y a

 »Occupés à patauger à l’ombre d’autres médias, comment les comic books peuvent ils réinterpréter leurs héros traditionnels et intéresser à nouveau un public qui s’éloigne progressivement d’eux de plus en plus loin ? De toutes évidences, le problème ne peut être traité que par des gens qui comprennent ce dilemme, et qui plus est, ont une égale compréhension de ces héros et de ce qui les fait fonctionner. »

Ça me fait penser à ce que Nolan disait à Snyder, qu’il était trop tôt d’avoir réalisé le film  »The Watchmen », qui fallait avoir une bonne dose de connaissance de la culture du comic book. Snyder l’a tout récemment répété concernant  »Man of Steel » et il a raison. Man of Steel est plus complexe que l’on peut penser, BvS sera du même acabit.

Il a un point que je reproche à Alan Moore, ce n’est pas ses idées, mais qu’il ne semble pas réalisé qu’il ne s’adresse pas globalement à la culture américaine, qu’il ne tient pas compte du contexte dans lequel l’industrie du comic book a pris racine. Le contexte a débuté au cours de la grande Dépression, le point d’ancrage définitif pendant la 2e Guerre, cette industrie a été favorable aux juifs de se trouver une place dans la société américaine et de faire vivre leurs familles; c’était pour les juifs un psychodrame afin d’exorciser le Mal qui les poursuivaient partout dans le monde, le Super-Héros devenait leur Golem appartenant à leur mythologie. Cette nouvelle mythologie avec le Super-Héros avait le même mode opératoire que le Golem pour les juifs, cette fois l’Amérique pouvait compter aussi sur une Mythologie.

La pensée de Moore, sa vision, rencontre des résistances pour celui qui attend un Super-Héros rassurant. Ce que Moore propose est très inconfortable pour celui qui n’a pas acquis une pensée autonome, une auto-critique par rapport à soi et au monde. D’autre part, il s’adresse à une sous-culture, qui accepte de se marginaliser par rapport à la société(possiblement dans ce sens là qu’il avait dit  »détester les fans »). Perso, je suis autant capable de lire un comic des années 40 et d’en parler avec intelligence, sans m’en moqué, que de lire un comic book Underground en Noir et Blanc. En tout cas, aujourd’hui, je comprend mieux sa trajectoire. C’est aussi pour ça, que je ne suis pas  »choqué » des différentes façons que l’on représente Superman, par exemple(comme Moore le dit pour le Batman de Miller qui a gardé son mythe et sa légende intacte); possiblement pour ça que le New 52 n’a pas fonctionné, ce fut une tentative, mais les gens n’étaient pas prêts, il avait en tout cas une belle ouverture et une intention sincère en dessous de ça. Heureusement WB a une ouverture à ça, nous devrons attendre un recul significatif pour saisir l’apport de Nolan, d’un premier temps, de Snyder poursuivant cette nouvelle façon de parler du Super-Héros, qu’il n’est pas si indifférent à notre monde dans lequel on vit, il est appelé à évoluer comme nous.

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