Showcase #102 – World’s Finest Comics #151

Batman ! Superman ! DC Comics ! Cinéma ! Si vous avez suivi les dernières publications de la chronique Showcase, vous aurez sans doute remarqué un pattern dans le choix des numéros abordés. La transparence journalistique me pousse à vous raconter comment, lors du dernier conclave rédactionnel, l’équipe de DCP s’était interrogée sur les retombées éditoriales à donner au film Batman V Superman, à quelques jours de sa sortie. Dans une assemblée en désaccord, une partie d’entre nous envisageaient quelques papiers consensuels, d’autres refusaient catégoriquement de prendre part au phénomène. Au centre de l’hémicycle, les Suisses refusaient de se prononcer. Mettant fin au débat d’un geste solennel, Arno prit la parole, époussetant au passage sa superbe toge de cardinal rouge vif.

« Nos lecteurs méritent de célébrer en liesse cette sortie autant que nous-mêmes. Serons-nous les bergers de ce modeste troupeau ? » déclama-t-il, avant d’ouvrir une Coreff encore fraîche brassée par des moines trappistes aveugles. Devant l’éloquence de notre souverain pontife, l’équipe trancha pour un programme allégé, qui laisserait au lecteur toute licence pour découvrir le film dans un bon état d’esprit. Après un vote à main levée, la rédaction sacrifia une chèvre et se rendit à la chapelle assister aux chœurs de notre paroisse, qui entonna dans les larmes le générique de Batman ’66 sous nos applaudissements. Suite à quoi une autre chèvre fut sacrifiée, et Zep commanda des pizzas pour l’après-midi.

En somme, les Showcases de ce mois-ci reviennent sur les grands moments de Batman et Superman en duo. Un long palmarès, les deux personnages étant de proches amis depuis les premiers temps de DC, et c’est ici à un numéro du silver age (hé, non, attendez, partez pas si vite) que celui-ci est consacré, puisqu’il s’agit de World’s Finest Comics #151.


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Pour les deux du fond qui auraient des lacunes en philologie séquentielle, la série World’s Finest ne date pas d’hier et trouve son origine dans les premiers temps du Golden Age. Déjà à l’époque, il était question de réunir les deux plus importants personnages de DC dans une série dédiée. Les deux héros auront vécu bien des aventures en commun, souvent alliés mais déjà à l’époque – le croiriez-vous ? – les scénaristes en mal d’inspiration avaient aussi tendance à opposer les deux amis, ce qui a sans doute entretenu des décennies de débat de cour d’école. Comme pour certaines chroniques précédentes, le récit de ce numéro s’explique par une époque permissive dans l’écriture absurde, et rien dans ce Showcase n’est inventé ou halluciné, la trame s’explique simplement par une ample souplesse scénaristique (cela dit, merci aux messages de soutien que j’ai reçus suite à la dernière chronique. Ce centre de désintox’ que m’a proposé un lecteur a l’air vraiment pas mal).

Tout commence donc par une belle matinée d’automne, lorsque Superman détecte une météorite en approche vers la Terre. Afin de l’étudier, le héros envoie un de ses robots l’approcher de près, pour découvrir horrifié que celle-ci est faite de kryptonite verte, le minerais potentiellement mortel qui constitue sa plus grande faiblesse. Désarmé, l’homme d’acier se tourne vers son ami de toujours, Bruce Wayne, qui a comme chacun sait l’habitude d’arrêter les météorites à mains nues et s’avère donc d’une cruciale utilité. « Regarde Batman, j’ai installé ce filet de sécurité pour amortir la chute du météore », lui annonce Clark, pointant du doigt un genre de trampoline ultra technologique cousu à la main. « Quelle idée astucieuse ! » lui répond Bruce, impressionné (pendant ce temps, Robin pleure dans un coin en pensant à ses parents morts). L’objet atterrit en plein milieu du filet, et Superman prend de la distance tandis que Batman étudie la mystérieuse comète.

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Après une analyse approfondie (ils ont lu le manuel), les deux héros comprennent que cet engin issu de Krypton est en fait une machine de grande technologie ! Celle-ci, chargée avec le bon carburant, possède la capacité de faire évoluer ou désévoluer toute créature vivante. « Une machine pour tricher à Pokémon !! » hurle Clark, impressionné par la sagesse de son peuple qui avait longtemps avant les Terriens imaginé le premier Action Replay. Séduit par la puissance de l’appareil, Bruce se propose d’en être le premier cobaye, et active le rayon évoluant en se mettant dans l’angle de son canon. L’impensable se produit alors, quand le héros évolue en un instant vers l’homme de demain, tels que nous serons tous d’ici 800 000 ans, c’est à dire chauves, avec une très grosse tête surplombée d’un genre de nerf phallique au milieu.

Corrompu par l’intelligence et la calvitie, Batman devient alors possédé par une intention malveillante. Proposant à Superman de l’évoluer à son tour, le personnage actionne l’effet inverse de l’arme et transforme l’homme d’acier en homme des cavernes d’acier (« en mineur, tu veux dire ? », arrêtez de déconner deux secondes), le Kryptonien retourne à l’âge de pierre – ça se voit à sa barbe – et à une intelligence primitive, tandis que Bruce contemple le projet de prendre possession du monde grâce à son nouveau savoir. De son côté, Superman rentre à Metropolis creuser une caverne pour l’hiver et frotter deux silex histoire de griller des saucisses. Il est surpris par Loïs, qu’il attrape par les cheveux en proclamant « femme faire à manger pour moi dans caverne » (oui) et l’emmène avec lui dans les montagnes. Là, Batman le retrouve et, pour s’en débarrasser, lui explique qu’il n’a plus aucun ami en cette époque et devrait retourner à l’âge de pierre, avec les autres violeurs barbus.

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Franchissant le continuum espace temps, le héros en bleu se retrouve donc à l’époque des premiers hommes. Mettant une race au chef des primitifs locaux, Superman retrouve au contact de sa nouvelle tribu la mémoire sur son intelligence d’antan. Batman, dégoûté de ce monde où personne n’a encore inventé la Playstation, décide lui aussi de faire un bond dans le temps, et se rendre en l’an 800 000, pour communier avec d’autres chauves à grosses têtes phalliques sur l’ignorance de ces pitoyables êtres humains du XXème siècle, comme par exemple ceux qui faisaient des blagues sur les symboles homo-érotiques de leur crâne tout le temps, alors que franchement, c’était même pas drôle d’abord. Après deux publicités pour des marques de céréales, l’affrontement ultime survient, lorsque Clark retrouve Bruce dans le futur et le ramène avec lui au temps des mammouths comme punition ultime. Paroxysme du suspens. Pouvait-on imaginer aller aussi loin ?

Après quelques jours en terre hostile, Batman réalise que ses chances de survie sont minces s’il ne rentre pas vite à son époque. Il propose une trêve à Clark et de l’aider à recréer la machine kryptonienne (avec des cailloux et des feuilles de palmier) pour lui rendre son intelligence d’antan. « Houpa houpa » répond Superman, qui interrompt sa chasse à l’antilope pour exécuter une danse de paix rituelle de chef de tribu. Le duo met au point un substitut technologique (avec des cailloux et des feuilles de palmier), et conçoit un prototype décent. Coup de théâtre quand, à l’instant d’activer l’arme, Bruce la pointe sur Clark pour le faire régresser davantage, après avoir décidé de retourner seul dans le présent en construisant sa propre machine à voyager dans le temps (pour être tout à fait honnête, il y avait différentes variétés de feuilles de palmier à l’époque).

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L’arme se déclenche, et c’est là que Krypto (le super-chien), parti retrouver son maître dans les confins de l’espace-temps, s’interpose. Dans un accès de rage, Superman, qui comprend la supercherie, projette Bruce dans le rayon, causant une évolution inverse du héros qui retourne au stade de Bruce Wayne au crâne normal beaucoup moins rigolo. Promettant à son ami qu’il est redevenu lui même, et caressant l’idée d’entamer une petite thérapie une fois rentré, le héros modifie la machine pour rendre à Clark et Krypto leurs apparences normales. Après une émouvante danse rituelle d’adieux, le héros en bleu repart dans le présent avec son ami sous le bras, méditant sur la leçon de toute cette aventure : tricher à Pokémon, c’est mal (non ? C’est pas ça, j’ai mal compris ?).

C’est après cet étrange épisode que s’achève le numéro. Plein de sagesse et riche d’enseignements (?), celui-ci nous apprend surtout qu’il n’aura pas fallu attendre Batman V Superman pour voir le chevalier noir et l’homme d’acier en découdre au fil de l’histoire. Un moment de lecture rare, qui expose la majesté et l’attrait intemporel de voir ces deux facettes du bien s’affronter, comme ce fut le cas dans tant d’immenses récits du silver age encore bouleversants aujourd’hui. Tenez, celui où ils se jettent des cailloux par exemple. Ou, oh, celui où Clark se transforme en monstre vert moche et développe des pouvoirs électriques. Ou encore celui là, là, avec les…

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Corentin

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