Bizarro Facts #1 : Citizen Wayne

BATARANGS ET BOUTONS DE ROSE

The Batman Chronicles #21 (2000)

« Citizen Wayne » par Brian Michael Bendis (auteur) et Michael Gaydos (artiste)

 

Bizarro Fact n°1 : Je ne suis pas fier de vous présenter cette chronique qui, je l’espère, ne vous plaira pas.

Je me rappelle encore de ce matin du 2 août (1), deux faits importants avaient éveillé ma curiosité alors que celle-ci oscillait avec patriotisme entre un combat de judo et un match de basket. Premièrement, Batman au cinéma venait officiellement de dépasser les 300 millions de dollars de recette (le film en ayant coûté un peu moins). Pas étonnant que la Warner Bros rentre dans ses frais avec la fin de la trilogie Nolan, me direz-vous… oui, sauf que The Dark Knight Rises était le dernier à sortir, parmi la liste des cinq blockbusters de 2012 à disposer d’un budget dépassant les 200 millions de dollars. Le pari était donc bien plus risqué qu’il n’y paraissait.

Deuxièmement, la revue de cinéma Sight & Sound (publiée par le British Film Institute) venait d’annoncer son nouveau palmarès des dix meilleurs films de tous les temps. Je vous vois venir et je vous arrête tout de suite : TDKR ne figure nulle part. Non, la surprise venait du fait qu’après cinquante ans d’hégémonie, Citizen Kane d’Orson Welles n’était plus le numéro un (2).

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Le rapport entre ces deux mondes ne vient évidemment pas du fait que le créateur de Batman, Bob Kane, porte le même nom de famille que le personnage de Welles. La véritable relation, bien plus artistique, se résume en deux mots : Citizen Wayne.

En 2000, Brian Michael Bendis et Michael Gaydos reprennent la trame de Citizen Kane afin de nous offrir ces six magnifiques pages en noir et blanc publiées dans le vingt-et-unième numéro de The Batman Chronicles. Un simple one-shot donc, produit par des artistes extérieurs à la maison DC ; l’occasion justement de proposer un regard inédit sur une icône, voire d’intellectualiser les tenants et les aboutissants de son existence même.

L’une des raisons qui, à mon sens, explique le génie de cette idée, demande un petit travail d’analyse. Sortez vos crayons et prenez un exemple au hasard : le Joker (bon ok, ce n’est pas tout à fait du hasard). Etudié sous un certain angle, on remarque que ce super vilain bien connu de l’univers Batman transpire la référence cinématographique. Regardez L’homme qui rit de Paul Leni (3) et vous verrez dans ce héros joué par Conrad Veidt (photo ci-dessus) la première représentation picturale – et clairement anachronique – du Joker. Ajoutez les nombreuses références au cinéma comique – et principalement aux films des Marx Brothers – et vous obtenez donc un personnage dont les sources originelles transcendent les mediums, et viennent s’ancrer dans un imaginaire déjà formellement établi. Mais quid de Bruce Wayne ?

Pour une analogie parfaite, il faudrait l’associer à un héros riche, solitaire, mystérieux ; un homme à l’enfance bouleversée dont le destin finit par embraser les foules ; un protagoniste fascinant, loin de la perfection, avec son lot d’ennemis et de mauvais choix.  Quelqu’un comme Charles Foster Kane, finalement. Vous le voyez bien, il n’y avait pas meilleure analogie.

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Mais venons-en au fait. L’histoire commence bien entendu par la mort de Bruce Foster Wayne, et par ce fameux mot ultime soufflé sur son lit de mort : « Rosebud » (Bouton de rose). Dans la foulée des funérailles, on charge le journaliste Clark Kent d’enquêter et de recueillir le plus d’informations possibles sur le sulfureux millionnaire. Son investigation l’amènera à rencontrer les personnages les plus importants de la vie de l’homme chauve-souris : Selina Kyle en danseuse dévastée, Dick Grayson en président de Wayne Enterprises, James Gordon en pensionnaire de maison de retraite, le Joker à l’étonnant silence de glace. Mais c’est bien entendu lors de la sixième et dernière page que notre journaliste croise le chemin d’Alfred Pennyworth. Le seul à réellement connaître le sens de ce mot si obsédant…

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L’intrigue originale du film est transposée à merveille, comme si une page de plus aurait été superflue. Le graphisme emprunte au noir et blanc des années 40, et utilise un jeu de lumières reflétant magistralement les affres de Gotham City. Les situations sont efficaces et parfaitement tournées, chaque personnage nous décrivant, par des mots, des larmes ou du silence, le Bruce Wayne si complexe que l’on connaît. C’est évidemment cette case finale qui vient ajouter la dernière pièce à l’édifice, la plus significative ; celle qui dévoile le secret des cinq pages précédentes, mais aussi et surtout des dizaines de milliers de pages écrites par le passé, ou qui restent encore à écrire.

Par respect pour ceux qui n’ont jamais eu le plaisir de poser les yeux sur ce petit bijou, je ne peux évidemment pas faire de spoiler en vous exposant la nature réelle de ce Rosebud. Au début de sa carrière, Batman fut très vite surnommé « le plus grand détective du monde ». La question est de savoir si vous êtes capables de rivaliser.


Notes :

(1) Cette date expliquera donc la vétusté des propos qui suivent.
(2) Détrôné par Vertigo d’Alfred Hitchcock.
(3) Film muet de 1928, inspiré du roman de Victor Hugo.
 
 

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Bathom-04
11 années il y a

J’aimerai tellement le trouver , mais j’imagine que cet article se fait rare ^^ merci ! tres bonne critique !

Nathko
11 années il y a

J’adore cette chronique! Vivement les prochaines :) Merkel, tu es la caution intellectuelle de ce site XD

Nathko
11 années il y a
Répondre à  Merck-El

Oula mais il est là dedans? Je dois l’avoir quelques part il me semble alors…je voir ça xD

Berengere
Invité
Berengere
11 années il y a

Ca paraît pas quand on te connaît, mais tu as un vrai talent. Continu comme ca !

Baccano
11 années il y a

Un vrai plaisir de lecture!

DanseDuMildiou
Invité
DanseDuMildiou
11 années il y a

Ca y est, j’ai lu ta chronique, et comme dirait un certain « Steph » : « bravo, félicitations » !

DarkChap
DarkChap
10 années il y a

J’ai lu le comic book en question, franchement, au-delà de l’aspect visuel, c’est pas une merveille.
J’ai pas de problème avec le rapprochement ou avec l’idée de son gimmick. Le problème, c’est que dans l’exécution, rien n’est particulièrement bien pensé, Bendis ne fait qu’adapter le film à l’univers et ça ne serait être plus plat ou pour la conclusion, mal pensé (et incroyablement prévisible).

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