DC Spotlight #2 – Twilight

Après avoir joué la sécurité le mois dernier avec Batman, il est temps de s’attaquer à une verve un peu plus obscure et pour l’occasion direction 1990, pour découvrir Twilight. Rassurez-vous, il ne sera pas question, ici, de vampire scintillant, ni de bel éphèbe torse nu et encore moins de triangle amoureux. Twilight donc, de Howard Chaykin et José Luis Garcia Lopez est une œuvre publiée en trois chapitre au format ‘prestige’ par DC Comics. Après des années 80 qui ont vu le monde des super-héros bousculé avec éclat par des Watchmen et autres The Dark Knight Returns, les années 90 s’apprêtent à être une décennie mouvementée et que beaucoup aimeraient oublier dans le monde des comics mainstream. La mode du moment est, en tout cas, à la noirceur, au cynisme et aux anti-héros. À ce moment de son histoire, DC Comics essaie donc toujours de capitaliser sur le succès des chefs-d’œuvre cités plus haut en proposant des récits remettant quelques personnages obscurs au goût du jour. Ainsi, l’éditeur a, cette fois, en tête de s’attaquer aux héros cosmiques qui ont fait le bonheur de quelques lecteurs durant le Silver Age. Seulement voilà, années 90 oblige, il est temps d’oublier le fun, la légèreté et la folie de cette époque pour approcher cet univers sous un angle moderne.

Pour le coup, c’est donc à Howard Chaykin que revient l’honneur de se mettre au travail avec une grande liberté. Ça tombe bien, ce dernier ayant un côté transgressif assumé, il va s’en donner à cœur joie. Chaykin n’est pas vraiment le type d’auteur qui passe inaperçu et qui a pour habitude de livrer des œuvres bien sages et carrées. Certes, le scénariste a travaillé durant sa carrière pour DC, comme pour Marvel sur des séries plutôt grand public mais il est aussi et surtout le créateur d’une satire enragée comme American Flagg ou d’une œuvre très explicite mêlant violence et sexe comme Black Kiss. Vous l’aurez compris, le voir débarquer sur Twilight, pour apporter un côté plus mature et déviant à des héros du Silver Age, n’a donc rien d’innocent pour DC.

Même si Chaykin a la double casquette d’auteur/artiste, il est cette fois accompagné par José Luis Garcia Lopez sur la partie graphique. L’espagnol est loin d’être un débutant au moment d’attaquer cette œuvre et, au contraire, s’affirme comme une valeur sûre chez DC puisqu’il a déjà eu l’honneur d’illustrer la trinité dans les séries Batman, Superman et Wonder Woman. Très productif tout au long des années 80, Garcia Lopez se fera plus rare par la suite mais il livre ici une de ses productions les plus inspirées.


Comme l’indique son titre, l’humanité est au crépuscule de son existence au début de Twilight. Les humains sont sortis victorieux d’un conflit intergalactique pendant que, sur Terre, la guerre entre les « Hommes » d’un côté et les machines et le monde animal, qui a lui-aussi largement évolué (imaginez la planète des singes…) fait rage. Tout ça touche pourtant à son terme alors que le leader de la rébellion animale est assassiné. Entre désinformation par la presse et xénophobie envers les nouvelles races animales et les machines qui sont parquées dans des ghettos, c’est un tournant qui se dessine sur une planète qui ne semble plus être le futur de l’humanité. En effet, tandis que quelques humains demeurent sur Terre, la grande partie des « élites » se trouve dans des stations spatiales. Au milieu de cette situation, la découverte d’une espèce capable d’apporter l’immortalité aux Hommes et la naissance d’une nouvelle divinité (une femme qui entre en contact avec cette espèce) entraînent un grand bouleversement dans l’ordre établi.

Malgré la présence de personnages de l’écurie DC, c’est bien ailleurs que l’auteur va puiser son inspiration. L’équation de départ est donc simple : prenez un peu de Terminator, ajoutez-y une pincée de Planète de Singes et une petite touche de Star Wars (si Star Wars avait été écrit sous amphéts…) pour le côté opératique et poussez les compteurs du cynisme au maximum et vous aurez un petit aperçu de Twilight. Chaykin semble en effet avoir abordé sa création en y mettant toutes les références qui l’ont fait fantasmer, plus jeune, dans la S-F. Tout ça aurait donc pu être un joyeux bordel, et soyons honnête c’est d’ailleurs parfois le cas, néanmoins sur la durée, l’univers mis en place prend forme et fait sens.

Au moment de la sortie de Twilight, les personnages pré-existants qui apparaissent ici sont plus ou moins oubliés depuis longtemps par la majeure partie des lecteurs. À l’origine, on pouvait suivre leurs aventures principalement dans des revues comme Mystery in Space, Tales of The Unexpected ou encore Showcase. Les Tommy Tomorrow, Star Rover, Star Hawkins ou encore Manhunter 2070 étaient donc principalement des personnages plus ou moins populaires dans une phase de transition entre le Golden Age et le Silver Age. En tout cas, inutile de dire qu’aucun d’entre eux ne dispose de l’aura d’un Adam Strange. Savoir ce qu’étaient les personnages à la base n’a de toute façon pas beaucoup d’intérêt tant l’auteur va les détruire pour mieux les reconstruire, comme s’il s’agissait de les transformer maintenant que le Comics Code Authority, et les limitations imposées par celui-ci durant des décennies, est de l’histoire ancienne. Ainsi Tommy Tomorrow et ses Planeteers passent, par exemple, de défenseurs de la galaxie à armée fasciste et sans limites sous la plume de l’auteur. Les autres personnages subissent tous, eux-aussi, des changements plus ou moins importants mais Chaykin va globalement prendre un malin plaisir à ajouter une couche de déviance dans leurs caractérisations.

Anybody who expects gratitude from a cat is a real asshole.

Vous l’aurez compris, c’est dans un grand chaos que nous plonge Chaykin aussi bien dans l’histoire que dans sa construction, puisque l’auteur semble bien décidé à mélanger tous les plus grands concepts de la S-F au sein d’une même œuvre. Le procédé aurait pu être casse-gueule et pourtant l’ensemble tient fièrement la route alors que Twilight propose un univers dystopique, cohérent et gigantesque. On suit donc l’évolution du chef fasciste Tommy Tomorrow et de sa police galactique, les Planeteers, mais aussi les journalistes Star Rovers ou encore le chasseur de prime Star Hawkins. Il y a donc beaucoup de personnages ici et pourtant aucun d’entre eux n’est réellement le héros véritable du récit. L’auteur utilise chacun d’entre eux pour représenter des archétypes forts sans chercher à embellir les choses. Chacun des personnages intervenants dans le déroulement de l’histoire a une part de responsabilité dans la situation désastreuse qui est représentée. Comme toute bonne œuvre de science-fiction qui se respecte, Chaykin utilise finalement ce postulat pour nous parler de notre société, de notre histoire et de la condition humaine.

Ce qui frappe d’abord, c’est qu’en terme d’introduction à un univers, il s’agit ici d’un modèle du genre. Le premier des trois grands chapitres qui constituent Twilight met en place tous les enjeux et les personnages importants mais le fait au sein de l’action sans perdre de temps dans de longue planches introductives. L’ensemble est d’ailleurs construit pour servir l’univers immense imaginé par Chaykin. On commence sur Terre dans les ghettos réservés aux animaux et aux machines pour atteindre petit à petit l’espace, à mesure que les enjeux du récit explosent. Ainsi le rythme est haletant et tout s’enchaîne de façon extrêmement organique. Par le même procédé, l’auteur parvient à créer une mythologie qui s’éloigne de celle de l’univers DC sans pour autant s’attarder sur celle-ci en détail. On a alors quelques brides d’informations sur le passé et sur ce qui a amené à cette situation mais jamais Chaykin n’abuse de retours en arrière et il se contente alors d’avancer avec ses personnages vers un futur de plus en plus incertain. L’auteur ne choisit pas le procédé habituel mettant en avant l’évolution puis la chute d’une civilisation et commence directement par sa chute pour s’amuser, avec la rage qui lui est propre, avec le chaos qu’il a lui-même mis en place.

Twilight propose bien un récit ancré dans l’épique et assume pleinement ce statut jusqu’au bout. Néanmoins, là aussi, la série se démarque du genre en jouant constamment avec les attentes des lecteurs liées à ce genre d’histoire. Il ne faut donc pas s’attendre à dans de grandes séquences de guerre et d’action, les quelques morceaux de bravoure qui viennent généralement conclure chaque chapitre sont, au final, très brefs. Ici, l’essentiel des enjeux se révèlent dans les dialogues et par l’intermédiaire de l’évolution des relations entre les personnages, ainsi que par l’ampleur que prend la situation de départ, qui devient rapidement hors de contrôle et qui n’est, pourtant, le fait que de quelques personnages à l’égo surdimensionné et qui n’hésitent pas à mettre en péril la race humaine dans son intégralité pour satisfaire leurs envies. Malgré tout, nous sommes bien plongés dans un space opera avec Twilight. Entre évolution de l’espèce humaine, menaces permanentes de guerre intergalactique, introduction de toutes les règles et de nouveaux codes moraux et politiques régissant l’univers, les ingrédients sont tous là. Pourtant, même là, le scénariste infuse une personnalité étrange à l’ensemble et construit son récit sans réellement chercher à procurer un quelconque plaisir instantané pour le lecteur mais plutôt en le laissant avec des questionnements sur la place de l’humanité dans l’univers et sur son évolution mais aussi sur le rôle de la religion, sur la manipulation politique ainsi que sur la désinformation de masse.

Finalement, en tournant en ridicule toutes les grandes institutions qui dominent nos sociétés, Chaykin dresse un portrait peu glorieux de la condition humaine. On trouve alors dans Twilight un leader militaire fasciste et lâche devenu héros de guerre grâce à la presse qui considère que la vérité n’est pas faite pour tout le monde ou encore une divinité, qui l’est devenue par accident, vénérée sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, si ce n’est que la plupart des gens ont besoin d’un modèle à suivre pour avancer. C’est bien là un des thèmes majeurs abordés par l’auteur à travers tous les enjeux et tous les personnages qui parcourent son récit. Les vrais héros, les vrais modèles et les idéaux sont morts depuis longtemps et dans ce futur, les seules figures héroïques sont celles fabriqués de toute pièce via le mensonge et la manipulation. En définitive, les bad guys et les anti-héros ont gagné, non pas par la force mais bien parce que tout le monde les a laissé faire en regardant ailleurs.

Au-delà de tous les conflits qu’a connu l’humanité et que Chaykin recrée de façon assez juste au sein de son petit univers, c’est quand il nous parle des failles de l’humanité au plus profond qu’il se fait le plus cynique et désabusé mais aussi le plus efficace et inspiré. Ici, alors que certains ont atteint un statut quasi-divin en trompant littéralement la mort, plus le temps passe et plus on retourne pourtant à une certaine forme de barbarie dans le comportement des personnages. Un d’entre eux en vient même à parler de « Plague of Immortality » (littéralement le fléau de l’immortalité). Entre les lignes, Chaykin nous fait donc comprendre que nous ne sommes peut-être pas une espèce faite pour durer éternellement. L’auteur pousse d’ailleurs le vice jusqu’au bout. Alors que tous les personnages humains apparaissant ici sont au choix des traîtres, des lâches ou des ordures totales, il faut se tourner vers le personnage d’un robot pour apercevoir les quelques rares petits grains d’innocence et d’humanité du récit. Cependant même si on croise énormément de personnages cyniques et désabusés dans Twilight, il ne s’agit pas pour autant d’une œuvre non maîtrisée, qui ressemblerait à une sorte de cri de révolte adolescent. Là où aujourd’hui beaucoup d’auteurs se laisseraient aller à du référentiel facile, Chaykin, lui, choisit de créer un univers neuf et cohérent à partir de différents éléments du DC Universe, sans chercher à faire des clins d’œil complices aux lecteurs. Il en ressort alors l’impression de lire quelque chose qui n’appartient même pas à l’univers DC. Une œuvre, certes qui puise son inspiration à droite à gauche mais qui finit par tenir debout seule et à la logique interne irréprochable.

Je le disais plus haut, Howard Chaykin n’était pas tout seul à la tête de Twlight et Jose Luis Garcia Lopez participe largement à faire du titre une lecture qui vaut le détour. L’artiste espagnol apparaît, en effet, extrêmement à l’aise dans l’exercice. Avec un style maîtrisé mais, là aussi, bourré de références, l’artiste crée un univers qui semble se tourner autant vers la S-F flashy d’un Flash Gordon que vers des univers post-apo bien connus. Certains designs et choix visuels rappellent par exemple beaucoup des créations comme Hokuto no Ken. Malgré cette abondance de référence, qui ne vient pas uniquement des comics américains donc, il parvient à maintenir une unité graphique sur l’ensemble des trois chapitres, sans pour autant hésiter à partir dans toutes les directions. L’artiste n’oublie pas non plus les passages obligés du Space Opera en créant quelques uns des vaisseaux les plus inspirés que j’ai vu depuis longtemps. Le résultat final en devient très marquant visuellement et chaque page semble travaillée dans le détail, ce qui finit de poser une ambiance et une atmosphère mémorable sur l’intégralité du titre. Les couleurs de Steve Oliff passent également très bien, encore aujourd’hui, là où beaucoup de comics de l’époque apparaissent un peu datés.

It seemed like an awfully anticlimatic entrance for a messiah

Seulement voilà, Twilight a beau être à mon sens une réussite, il faut bien avouer que le récit n’a pas spécialement marqué son époque comme a pu le faire un Watchmen par exemple. Les raisons de ce manque d’impact sur le monde du comics, malgré l’ambition démesurée de la création de Chaykin sont, sans doute, très nombreuses et certaines échappant à toute logique. Il faut quand même bien avouer que le scénariste n’a pas créé une œuvre facile à digérer. D’abord, la série marque l’esprit par l’absence d’un personnage agissant réellement comme le centre moral du récit et qui aiderait certainement le lecteur à s’identifier à quelqu’un et à s’immerger un peu plus dans tout ça. De plus, il s’agit  tout de même d’un produit symptomatique de son époque et dans lequel les idéaux et les valeurs si chères aux Golden et Silver Ages sont explosées sous nos yeux pour créer une œuvre désespérée et complètement tarée. Les personnages et concepts étranges utilisés au service de récits optimistes et solaires quelques décennies plus tôt sont maintenant des parangons de nihilisme. Même si l’œuvre se veut foncièrement libre, elle respecte donc soigneusement la plupart des « codes » de l’époque dans laquelle elle s’inscrit jusqu’à en devenir certainement détestable pour certains. En conséquence, Twilight bascule aussi parfois légèrement dans la caricature. Là, où les héros ou plutôt les anti-héros sont représentés avec pleins de nuances, le vilain majeur du récit a tout du parfait dictateur amoral et sans aucune once d’humanité. L’auteur échoue alors à nous présenter un personnage intéressant de ce côté. Là, où les plus grands bad guys de l’histoire sont tous des personnages complexes avec un aspect sur lequel on peut s’identifier, même de façon un peu perverse, ici il s’agit juste d’une création extrêmement unidimensionelle.

S’il faut identifier d’autres raisons de l’échec relatif du titre, il faut certainement s’arrêter sur son roster de personnages largement oubliés à l’époque et qui sont, en plus sur le papier, très marqué  « Golden / Silver Age » à une époque qui rejette ces ères. Ajoutons à cela un auteur qui, malgré son talent, n’a jamais eu l’aura d’un Miller ou d’un Moore pour vendre du papier sur son simple nom ainsi que certains choix esthétiques et thématiques très forts mais qui ont de quoi diviser. Néanmoins l’œuvre vaut largement le détour sur beaucoup d’aspects et il est regrettable que le temps n’ait pas permis à Twilight de gagner ses lettres de noblesse. La vision du monde de Chaykin n’est peut-être pas si loin de la réalité dans la représentation qu’il fait des grandes figures politiques et religieuses et des enjeux qui sous-tendent tous les conflits de notre histoire. Ainsi, encore aujourd’hui et donc plus de 25 ans plus tard, Twilight apparaît comme une œuvre pleine de vie et de rage et à la portée symbolique évidente.

Enfin, s’il vous faudra certainement de la patience pour trouver la série dans son format de publication « Prestige » d’origine, vous pourrez par contre découvrir tout ça assez facilement dans son édition collectée puisque le titre a bénéficié d’une jolie réédition en 2014. Pour les lecteurs VF par contre, il faudra certainement oublier tout espoir de lire ça un jour, à moins de vous mettre à la langue de Shakespeare au plus vite.

En conclusion, parce qu’il faut bien conclure, Twilight est donc le projet d’un homme en colère et qui porte un regard extrêmement désabusé sur l’humanité et son évolution. En partant de quasiment rien, même s’il utilise des personnages obscures du Silver Age, Chaykin est parvenu à créer une histoire à la portée universelle en 150 petites pages. L’univers imaginé par l’auteur est très loin de ce que propose habituellement DC Comics mais apparaît sans limite en terme de potentiel et exploite à merveille les plus grands thèmes de la science-fiction pour livrer une vision sombre et désespérée du monde. On pardonnera alors les quelques défauts et les choix esthétiques, qui ne passeront pas pour tout le monde, pour se concentrer sur le foisonnement d’idées et de concepts qui parcourent ce Twilight enragé qui porte décidément bien son nom et qui gagne surtout à plus de reconnaissance.

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crazy-el
crazy-el
8 années il y a

J’adore ton développement pour nous faire apprécier cette oeuvre, oublié en effet.  »En définitive, les bad guys et les anti-héros ont gagné, non pas par la force mais bien parce que tout le monde les a laissé faire en regardant ailleurs. » Pas à dire, il est un visionnaire. J’ai l’impression qu’il suit l’actualité de nos jours.

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