Off My Mind #23 – À la rescousse d’All Star Batman and Robin The Boy Wonder

Les Off My Mind, vous connaissez : un rédacteur qui écrit ce qui lui sort de la tête sur un sujet qui lui tient à cœur. En ce moment nous nous concentrons sur le personnage de Robin, j’ai donc cherché un sujet qui pouvait être intéressant, en dehors d’une déclaration d’amour envers mon pitchoune d’amour. Et au fil des discussions, je me suis souvenue de nombreux échanges effectués au fil des ans : All Star Batman and Robin The Boy Wonder. En général, je me fais lyncher pour aimer ce titre et pour vouloir le défendre. Alors voilà, je dis STOP ! STOP au bashing de cette oeuvre qui même si elle peut être dérangeante peut tout à fait plaire et présenter un intérêt pour des lecteurs.

Ce titre, j’en ai entendu tellement parler que je n’osais pas vraiment le lire en premier lieu. « C’est pas Batman », « C’est trop violent », « Frank Miller va trop loin », « C’est de la baston sans intérêt » ou encore tout simplement « On ne peut pas aimer, c’est n’importe quoi cette histoire ». Mais du coup, entendre tellement d’avis négatif m’a poussé à le lire. Et au final, j’ai aimé, beaucoup même. Ah, je crois qu’on a perdu beaucoup de lecteurs de l’article là déjà ! Non mais c’est vrai quoi, au début, je me suis demandé dans quoi je m’étais embarquée, mais non c’était très chouette jusqu’à la fin.

Batman petit agneau devient le grand méchant loup

On a l’habitude de suivre les aventures soit d’un Batman un peu rigolo qui danse en boîte avec un Robin léger (enfin pour certains), ou d’un Batman qui respecte un code, qui prend soin de ses protégés. Or ici, on a droit à un Batman pas tellement droit dans ses bottes, très violent, qui cède à ses pulsions, qui prend pitié d’un jeune orphelin mais va le maltraiter et le laisser complètement en plan. En fait, Frank Miller repart un peu à zéro avec une version encore plus agressive et plus extrême que dans The Dark Knight Returns. Alors déjà que les fans se sont sentis ébranlés par l’oeuvre dernièrement citée, il faut imaginer leur état bien des années plus tard quand il remet ça, en pire. Personnellement, cela me fait plutôt bien rire car ce sont des œuvres que j’aime beaucoup, aussi bien l’une que l’autre.

Frank Miller travaille un Batman violent, qui a souffert et trop perdu dans la vie. C’est un Batman égoïste qui ne fait les choses que pour lui, à sa manière, le reste il s’en tape un peu le coquillart. En gros c’est un vilain Batman, le bon gros grumpy Batman, même si c’est vrai qu’il va très loin. Mais après tout, pourquoi pas. Et puis pourquoi autant taper sur cette version ? Il n’y a pas à dire que c’est inacceptable, c’est juste l’oeuvre d’un auteur, il n’a pas dit que c’était la seule et vraie version du personnage hein (elle dit ça alors qu’elle critique Cullen Bunn pour son nouveau Lobo ?).

T’façon, c’est Miller et Lee, c’est pour le fric

Mais mais mais … Et bien oui, c’est un argument que j’ai vu traîner. Sans rire, dès qu’une équipe de grands noms se forme, c’est forcément pour le fric, forcément car DC Comics va mal, car ils sont en train de se casser la binette et qu’il faut rebooster les ventes. Sauf que, les gens se braquent encore plus. Une équipe alpha aux manettes pour une histoire complètement aberrante, ça ne plaît pas. MAIS… attention à ce que je vais dire… L’équipe fonctionne ! Bon, vous avez compris que j’aime bien l’écriture de Frank Miller, mais je n’aime pas Jim Lee, enfin son travail en général.

C’est un artiste qui pour moi peut livrer de beaux crayonnés, comme des planches tout à fait plates et dénuées de charme. Sauf que sur All Star Batman and Robin The Boy Wonder, j’aime son travail. Bon il est accompagné par Scott Williams à l’encrage et Alex Sinclair à la couleur, mais les expressions sont super bien travaillées, l’ambiance transpire bien des dessins. Il n’y a qu’à voir Black Canary dans le bar (pas sur les quais hein bande de coquin(e)s). On peut aussi remarquer les expressions assez spéciales et tragiques sur le visage de Dick Grayson qui deviendra The Boy Wonder après avoir sacrément morflé.

S.O.S Enfance en détresse

Je crois que l’un des points sur lesquels je peux m’accorder avec les détracteurs de cette histoire, c’est le traitement de Dick Grayson. Non pas par l’équipe créative en tant que telle, mais pas Batman lui-même. Le cogner, le laisser manger un rat… Ce n’est pas dans les habitudes que l’on a de la relation Batman/Dick avant qu’il devienne Robin. Mais pourtant cela suit très bien la logique de l’auteur. Pour une fois, on ne peut pas reprocher à Miller de ne pas aller au bout de ses idées, c’est peut-être bien ça qui dérange au fond. Pour une fois un auteur va jusqu’au bout et ne s’arrête pas en chemin en se disant « oh non je ne peux pas faire ça, c’est trop », lui il saute à pieds joints dans le n’importe quoi, la violence, la sexualité, les femmes, le craignos.

Du coup le traitement de Dick en a refroidi beaucoup (moi on m’a forcé à manger des poulets et veaux pourtant personne n’est venu à ma rescousse ahem). Je trouve ça compréhensible, mais pourtant, cette violence exercée à son encontre m’a séduite. Comme dit plus haut ça suit la logique de l’auteur et la nouvelle essence de Batman. Oui c’est choquant de voir un jeune garçon maltraité comme ça, c’est vrai, mais c’est une histoire différente, un elseworld.

Maintenant, c’est peut-être ça au fond qui divise : l’elseworld. C’est un All-Star, une histoire qui n’a rien à voir avec la continuité, qui revisite les origines des personnages. Alors sur le fond, pourquoi on reprendrait encore les mêmes histoires ? Non ! Le but, reprendre les bases mais les détourner et en faire un récit original et différent. En ça, All-Star Batman and Robin The Boy Wonder respecte les consignes, même si dans l’exécution cela ne plaît pas. Mais moi j’aime ce titre, j’aime l’audace de cette écriture, les relations entre les personnages. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à y jeter un œil. Qu’il vous plaise ou non, c’est tout de même à découvrir. Maintenant, s’il vous révulse ou vous donne la nausée, merci de ne pas taper l’auteure de ce Off My Mind, qui s’apprête à partir en courant très loin, sans connexion internet, histoire d’éviter les petites fessées. Allez, zou !