« Damian, c’est ainsi que la pop culture fonctionne. Les personnages vont et viennent, réactulisés et revisités. Mais tant que tu les as aimés, que tu t’en souviens et continues de les apprécier… tes héros ou tes héroïnes existeront toujours.' » – Batman
- Scénario : Derek Fridolfs – Dessins et couleurs : Dustin NGuyen – Couverture : Dustin NGuyen
- Urban Comics – DC Deluxe – Little Gotham – 4 décembre 2015 – 312 pages – 28€
Nouveau venu dans la collection DC Deluxe de l’éditeur français Urban Comics, ce bel ouvrage nous expose au concept de Little Gotham qui a déjà rencontré un franc succès en VO. Le principe est dans un premier temps visuel, puisque l’artiste Dustin NGuyen reprend tout les personnages de l’univers DC dans un style « chibi » – comprendre mignon, avec des personnages au rendu un peu enfantin, petits corps et grosses têtes – intégralement fait aux crayons et à l’aquarelle, dans un style léger donc, et une écriture à thème, puisque chaque chapitre est l’occasion de revenir sur une période de fête. La lecture vous rendra-t-elle de bonne humeur ?
Contenu : Batman Lil’ Gotham #1-12
Difficile de savoir s’il faut commencer par l’aspect scénario ou par l’aspect artistique ; c’est peut-être ce dernier qui vous mettra la puce à l’oreille en apercevant la couverture de l’ouvrage (une très belle édition d’ailleurs, comme on aime qu’Urban Comics en fasse). Alors ne passons pas par quatre chemin : juste pour les dessins, Little Gotham vaut déjà son pesant de cacahouètes. Et si vous avez quelque chose à redire contre cette expression, je l’assume. Le travail de Dustin NGuyen sur la série est réellement exemplaire, car même si les personnages sont « simplifiés », ils sont tous reconnaissables et effectivement, ont tous une touche de « mignon », même ceux qui sont le plus affreux comme Joker ou Clayface. L’utilisation de l’aquarelle pour la colorisation donne un cachet unique à l’ensemble, et les planches restent très détaillées à de nombreux moments, et profitent également de très belles mises en page. Il n’y a franchement rien à critiquer de ce point de vue là, sauf si à la base vous n’êtes pas réceptif de ce style. Dans ce cas, il vaudra mieux passer votre chemin.
La lecture de Little Gotham peut se faire à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, si on se concentre uniquement sur les histoires et leur relation aux fêtes (Noël, Halloween, les vacances d’été), certaines seront peut-être plus réussies que d’autre, mais l’auteur arrive à chaque fois à intégrer correctement ces thématiques et à créer des histoires cohérentes avec ses personnages, avec des idées parfois délirantes, comme le Pingouin qui veut faire une marche des dindes pour Thanksgiving, ou la façon dont Joker veut fêter la Fête Nationale. Le tout se lit avec grand plaisir, puisque les rebondissements sont nombreux même si chaque histoire est assez courte, les situations sont très souvent drôles, et les vannent fusent un peu partout, et ce grâce au personnage de Damian Wayne, assez central dans la série, qui use et abuse de son impertinence pour enchaîner les vannes. Comique de situation, répliques qui font mouche, jeux de mots et humour absurde, le tout a de quoi vous redonner le sourire très rapidement. Mais de par la brièveté des histoires, et le fait qu’elles soient indépendantes, peut-être que la lecture s’appréciera plutôt en plusieurs fois au lieu de tout s’enchaîner d’un coup (c’est en tout cas le ressenti que j’en ai).
Dans un second temps, on voit que Little Gotham est également une lettre d’amour de la part de ses auteurs à ce qui fait la richesse du DC Universe dans son ensemble, et au travail personnel de Dustin NGuyen également ; cela peut se voir de façon flagrante ou à plusieurs détails. Déjà, de nombreuses scènes sont un moment rêvé pour faire le plein de clins d’oeil, avec des personnages plus ou moins connus qui font des apparitions éclairs, comme Klarion, Desaad… et pour vous donner une idée, la 3ème page du premier numéro est déjà un chef d’oeuvre dans l’exercice. Pour Halloween, on peut voir une bande d’enfants déguisée en Justice League, à côté d’un Darkseid qui flâne sur un banc, ainsi qu’un papa Jay Garrick qui donne la main à son gamin déguisé en Barry Allen : du fan-service tout en tendresse. Dans le choix des costumes également, qui sont tous pré-New 52, et dans le fait que NGuyen utilise des personnages de son run fait avec Paul Dini, on ressent aussi les influences de l’artiste sur les histoires proposées.
Enfin, les propos qui sont exposés peuvent se lire à plusieurs niveaux ; on ressent plusieurs fois des commentaires sur la façon dont les personnages sont utilisés dans l’industrie, et le chapitre sur la Comic-Con est à ce titre exemplaire, Derek Fridolfs se moquant gentiment de tous les travers liés à ce genre d’évènements, et je vous renvoie à la citation que j’ai mise en début d’article pour illustrer l’intelligence du propos. Derek nous parle aussi de l’importance des fêtes pour retrouver ceux qui nous sont proches, et il y a une omni-présence de bons sentiments, qui est assez justement écrite pour devenir réellement touchante, et pas simplement faire dans la guimauve. Les réunions de famille pour la fête des mères et des pères sont de purs moments de tendresse qui fera chavirer même le plus dur des coeurs. Et en définitive, Little Gotham est un ouvrage qui fait sourire, qui attendrit, et qui donne généreusement dans le fan-service. Peut-être que les lecteurs un peu plus profanes risquent de passer à côté de certaines friandises, mais ceux-là auront tout le temps d’aller parfaire leurs connaissances avant de revenir à cette lecture pour voir ce qu’ils ont manqué.
Little Gotham, c’est l’ouvrage dont on n’a pas envie de dire du mal, tant il se montre généreux dans tous les sens du termes : la partie artistique est magnifique et fourmille de clins d’oeils dans ses planches, les histoires sont amusantes comme tout et les choix opérés par les auteurs démontrent d’un amour pour le DCU et offrent également plusieurs niveaux de lecture. Une série qui plaira donc aux enfants comme aux plus grands, aux débutants comme aux initiés ; la seule chose que je conseillerai, c’est peut-être de savourer les chapitres petit à petit, l’oeuvre n’étant pas, à mon avis, destinée à se lire d’une seule traite. Mais ce qui est sûr : c’est que c’est à lire. En ces périodes de fête, vous tenez là un cadeau idéal pour faire plaisir et/ou découvrir.
Merci pour cette petite review qui va bien puisque je pense que c’est le prochain que je vais prendre, j’ai était assez gâté ce Noël en comics « sérieux » et je pense qu’un peu d’enfantillages et se légèreté ne ferait pas de mal vu la fin d’année plutôt vilaine qu’on a eu!!