Review VO – The Sheriff Of Babylon #1

The Sheriff of Babylon #1
Harley
Les points positifs :
  • Le cadre réaliste au service de la fiction
  • Les personnages irakiens qui font plus que de la figuration
  • L’atmosphère violente qui imprègne chaque page…
Les points négatifs :
  • …et qui pourrait donc rendre la lecture difficile pour certains.
  • Une narration parfois maladroite.

« I HAVE NO MORE DAUGHTERS. » – Nassir


  • Scénario : Tom King – Dessins et colorisation : Mitch Gerads – Couverture : John Paul Leon.

Découvert par les fans de DC Comics sur des séries comme Grayson et The Omega Men, Tom King revient, cette fois, avec un projet beaucoup plus personnel avec The Sheriff of Babylon. Pour ses débuts chez Vertigo, l’auteur prend donc le partie de livrer un récit s’inspirant de ce qu’il a vécu sur le terrain en Irak à l’époque où il travaillait pour la CIA. Pour ce faire, il est accompagné de l’artiste Mitch Gerads qui semble se spécialiser, au fil de sa carrière, sur ce genre de récit politico-militaire. Une équipe alléchante donc pour ce nouveau titre mais avec une histoire de ce genre, les pièges sont nombreux, d’autant plus que chaque chapitre de la série est soumis au contrôle de la CIA avant publication. Néanmoins, après lecture de ce premier numéro, les craintes laissent place à l’envie de découvrir la suite le plus vite possible.

Dix mois après la chute de Bagdad, les troupes américaines occupent encore le terrain pour entrainer des forces de police Irakiennes en les aidant à reprendre le contrôle du pays. Quand un de ces Irakien est retrouvé mort, cette situation chaotique le devient plus encore et trois individus vont voir leur destin lié par cet événement. Voilà le postulat de départ de The Sheriff of Babylon, et forcément en s’appuyant sur sa propre expérience sur le terrain, c’est bien une oeuvre profondément encrée dans le réel que nous offre le scénariste de Grayson. Malgré le réalisme des situations dans lesquelles nous plonge l’histoire, The Sheriff of Babylon n’est pas pour autant un brûlot politique et c’est peut-être tant mieux. Tom King attaque au contraire chaque situation en se gardant bien d’apporter des jugements moraux envers les actions de ses personnages. Ainsi le cadre dans lequel ils évoluent est certainement très proche que ce que l’auteur a vu sur place durant son service en Irak mais ne vient jamais parasiter l’oeuvre de fiction qui nous est présentée ici, ni l’évolution des personnages.

Même si ce premier chapitre nous parle de la situation chaotique bien réel d’un pays lui aussi bien réel, Tom King n’hésite pas à emprunter aux grandes figures classiques des oeuvres noires pour nourrir son récit. On retrouve alors en surface des archétypes bien connus (le flic borderline, la femme fatale…) mais le scénariste ne pousse jamais les compteurs trop loin et échappe ainsi aux clichés. Ces archétypes sont finalement très vite mis à mal et viennent, au contraire, servir une caractérisation très intelligente des personnages. Les trois protagonistes principaux sont alors rapidement définis aussi bien par leurs actions directes, que par ce que ces actes sous-entendent. Encore une fois, tout cela fonctionne aussi bien car Tom King refuse tout diktat et préfère faire la proposition au lecteur d’entrer dans son oeuvre pour en tirer ce qu’il veut. De plus, il est à noter que l’auteur traite les personnages irakiens avec le même soin que les américains et évite de tomber dans la caricature comme c’est si souvent le cas avec ce genre d’histoire.

L’autre point fort de l’oeuvre réside dans son ambiance aride et dans la violence latente qui parcoure ces vingts pages. Certes, on trouve à plusieurs reprises des explosions de violence très directes, ici, mais la force de Tom King est de ne jamais relâcher la pression, même dans les passages les plus communs. Il s’installe donc une sensation de malaise au fil de la lecture et la menace de la violence devient un élément aussi important que la violence elle-même, ce qui participe à créer une ambiance pesante qui règne sur tout le récit. L’auteur utilise, en plus, les codes du genre de façon intelligente et n’hésite pas à jouer avec les attentes du lecteur en partant de situation plus ou moins familière, à l’image de la scène d’introduction de Christopher un des personnages principaux, pour créer le choc.

Néanmoins, la perfection, ça n’existe pas ou en tout cas c’est bien rare et ce premier épisode souffre donc de quelques défauts. The Sheriff of Babylon tombe, en effet, dans la catégorie des oeuvres qui seront, certainement, bien plus facile d’accès en étant lu dans leur intégralité mais, en l’état, ce chapitre met en place quelques éléments pas toujours très clairs. En se voulant cryptique, King fait parfois preuve de maladresse et rend certaines scènes difficiles à aborder. Même si tout devrait devenir plus clair en lisant la suite, ces petits passages viennent donc gêner l’implication du lecteur dans le récit. Malgré tout, ça semble bien maigre face aux nombreuses qualités de l’ensemble et une fois passé ce petit détail, il faut bien reconnaître qu’il se dégage une impression de maîtrise à tous les niveaux à la découverte de ce numéro.

En parlant de maîtrise justement, il est difficile d’ignorer le rôle majeur de Mitch Gerads dans la réussite globale de ce premier numéro. L’artiste réalise un travail discret mais efficace en ce qui concerne la représentation des personnages principaux. Sans forcer le trait, il créé un langage corporel différent pour chacun d’eux, qui vient appuyer la caractérisation de Tom King. De plus, l’utilisation de couleurs tantôt chaudes, tantôt froides en fonction des actions qu’il dépeint apporte une plus value indéniable à l’ensemble. Evidemment, le procédé n’est pas révolutionnaire mais souligne l’implication de Gerads sur l’oeuvre et participe à créer une atmosphère qui sert pleinement la narration. En définitive, et à l’imagine de son découpage tout en sobriété, l’artiste ne tombe jamais dans le grotesque et la surenchère, même lorsque le script lui demande d’illustrer frontalement la violence de cet univers.

Finalement, dès ce premier chapitre, on ressent un vrai désir de la part de l’auteur de témoigner d’une situation dans un pays qui se cherche une nouvelle identité et dans lequel la paranoïa, la violence et le chaos dominent. Cependant, en livrant un script fin, refusant tout diktat, et en traitant ses personnages avec soin, Tom King est parvenu à créer une introduction puissante et qui doit sa réussite aussi bien à son cadre réaliste, qu’au pouvoir de la fiction qu’elle développe.

En passant par les liens affiliés BDfugue/FNAC/autres présents sur le site, DCPlanet.fr reçoit une faible commission. Qu’importe le montant de votre panier, vous nous aidez ainsi gratuitement à payer l’hébergement, modules, et autres investissements pour ce projet.

n00dle

n00dle

DC Comics : L'Encyclopédie (mise à jour et augmentée) / Edition augmentée

DC Comics : L'Encyclopédie (mise à jour et augmentée) / Edition augmentée

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

À lire aussi

Shazam : La Rage des Dieux [DVD]

Shazam : La Rage des Dieux [DVD]

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

Rejoignez la discussion

S’abonner
Notification pour
guest
1 Commentaire
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Ares
Invité
Ares
8 années il y a

Intéressant de voir qu’en ce moment chez Vertigo, il y a beaucoup de (très) bonnes séries, alors que c’est globalement « le contraire » (pas qu’il n’y ait que des mauvaises séries, mais il y en a beaucoup de séries médiocres :/) chez la maison mère.

DC Universe FRA

Rejoignez la première et la plus grande communauté non officielle DC Comics Francophone et participez aux discussions Comics, Films, Séries TV, Jeux Vidéos de l’Univers DC sur notre Forum et serveur Discord.

superman
1
0
Rejoignez la discussion!x