Review VO – Justice League Beyond : Konstriction

Les points positifs : Les références aux séries animées Une intrigue prenante Dustin Nguyen au dessin… Les points négatifs : … mais pas à son meilleur Peut être perçu comme un comics Justice League de série B

« It’s nice to see you again Superman. It’s been years. » – Amanda Waller

• Scénario : Dustin Nguyen, Derek Fridolfs – Dessin : Dustin Nguyen, Eric Nguyen, James Brouwer, Ben Caldwell – Couleur : Randy Mayor

• DC Comics – Justice League Beyond : Konstriction – 28 Mai 2013 – 176 pages – 16.99 $ – TP – Collectionne : Batman Beyond Unlimited #1-10

L’univers de Bruce Timm continue encore de s’étendre aujourd’hui, caché aux yeux de certains, l’univers de Batman Beyond n’a marqué les sollicitations de DC qu’en septembre dernier avec l’arrivée de sa série régulière écrite par un certain Dan Jurgens, dont on a tous forcément entendu parler, en bien comme en mal. Batman n’est pas le seul personnage de cet univers à s’être développé. La ligue a, elle aussi, tenté de mener ce combat vers la reconnaissance des lecteurs. Et ce combat a commencé avec ce premier arc appelé Konstriction.

C’est avec une allure de comics indépendant que la série a évolué, soutenue majoritairement par Dustin Nguyen qui gagnera en notoriété, accompagné de Derek Fridolfs. Ensemble, ils vont donner une suite directe à la série animée Batman Beyond. Comme on a déjà pu le voir dans les récits précédents, Terry connaît la Justice League, il est par ailleurs invité à plusieurs reprises et on sent un certain désir d’en faire partie. Seul Bruce, avec son caractère d’éternel solitaire, l’en empêche. Évidemment, Terry finit par céder à la tentation. La ligue compte donc un membre supplémentaire, mais c’est à ce moment là qu’une menace imposante se révèle, Kobra, un groupe terroriste, depuis toujours opposé à une organisation qu’il a infiltré, Cadmus, ainsi que la ligue. Un synopsis assez étrange, et qui semble classique à première vue. Oui, mais non.

Tout d’abord, première grande qualité de l’histoire, un rapport incessant aux séries animées de Bruce Timm. Rien de plus fidèle, une utilisation des tous les éléments laissés après la fin de Justice League Unlimited et de Batman Beyond. On retrouve la ligue avec la même composition d’équipe avec un membre supplémentaire que l’on a déjà vu dans le second album Batman Beyond, Micron. Une sorte de « Atom Beyond ». Les événements passés dans les deux derniers épisodes de Batman Beyond, où la ligue du futur fait face à Starro, semble avoir marqué Superman, tout comme il a pu être marqué par sa dernière rencontre avec Darkseid. Seul défaut par rapport à cette fidélité, pourtant bien maîtrisée, on peut plutôt parler d’une déception, puisqu’il s’agit du caractère d’Amanda Waller qui s’est adoucit. Il y a bien une explication dans les dialogues avec la ligue, seulement, je suis dans l’idée que c’est un personnage qui ne peut pas changer comme ça. Il a dû se passer quelque chose. Ou il aurait dû. D’autant plus que l’on se situe un certain temps avant l’épisode « Epilogue » de la première saison de Justice League Unlimited (oui, pour ce qui est des séries de l’univers animée DC, je suis le fan du genre pointilleux et très énervant). Ce n’est au final que peu dérangeant, puisqu’elle n’intervient que peu.

Ce que l’on pourrait reprocher d’un point de vu général à cet album, ce serait toute cette action, et ses enjeux d’une ampleur immense, seulement, la mise en scène fait que l’on ne s’en rend pas vraiment compte. On ne ressent pas ce que l’on peut ressentir lors d’un événement. Oui, car l’histoire en elle même vaut Darkseid War en terme d’enjeu, seulement, les planches sont divisées dans une mise en page très fermée, et souvent aux plans ou trop proches ou trop éloignés. Il aurait fallu une splash page ou deux, certainement pour prendre aux tripes lors du climax. On peut bien comprendre l’absence du côté spectaculaire, par le nombre assez impressionnant de personnages traités dans ce récit. D’Adam Strange, à Mister Miracle en passant par Amanda Waller et Orion, sans parler des membres de la ligue et de la relation Bruce Wayne/Superman.

Les planches sont signées Dustin Nguyen que j’ai eu de la peine à reconnaître malgré le style qu’on lui connaît. Son style habituellement reconnaissable ne l’est pas ici. La raison majeure en est la colorisation plus classique de ses planches. Loin des couleurs lisses, laissant parfois une impression d’un dessin en deux dimensions, la partie graphique impose une certaine neutralité dans l’approche, même si l’on peut reconnaître, par certains visages, et en particulier celui de Barda, l’auteur de ces pages. Peu de choses à reprocher, si ce n’est que le style global de l’univers Beyond reste le même, et neutre. Un peu comme un mur sans peinture, absolument neutre. Après, l’on peut voir ce style comme une volonté de se rapprocher de l’univers animé. C’est un point de vue qui peut se défendre, mais pourquoi, dans ce cas, ne pas entièrement l’assumer et l’approfondir ? Dans un cas, comme dans un autre, c’est un certain problème, une sensation de démarche incertaine, voir inachevée. Mais, comme diraient certains « Ne boudons pas notre plaisir », et profitons de cette extension de notre univers de notre enfance qui nous est offert de manière très fidèle, et ce malgré ces quelques défauts de mise en scène.

Par ailleurs, l’album se conclut sur trois courtes histoires traitant des origines de certains personnages, qui sont Warhawk, Aquagirl et Barda. Et cette fois-ci, dessinés par trois dessinateurs différents et aux style distincts. On retrouve donc Eric Nguyen au style proche de Dustin, mais aux traits moins précis, voire moins confiant. On ressent comme une hésitation. La colorisation est identique à celle que l’on connaît de Dustin Nguyen, ce qui est assez étrange à la vue des remarques faites plus tôt. Les deux autres dessinateurs ont eux aussi leur style plus ou moins personnel se rapprochant plus de la bande dessinée française que du comic book américain général. Ce qui est loin d’être un défaut.

Des origines appréciables, de personnages que l’on ne connait pas, pour ce qui est d’Aquagirl en particulier. Et que l’on pensait connaitre, particulièrement Warhawk qui est un véritable choc pour le regard d’enfant que j’avais à la vue des premières pages relatant le passé de la ligue et un événement complètement inédit.

En résumé, Justice League Beyond : Konstriction est impressionnant par son histoire , montre une fidélité incroyable aux séries précédentes, ce qui lui permet de traiter du passé sans se soucier des connaissances du lecteur qui diffère d’un lecteur à un autre, et de commencer avec un univers déjà construit et de nombreux éléments à exploiter, ce que les auteurs ont su utiliser avec brio. Seulement, l’empreinte artistique, venant de Dustin Nguyen, est un peu décevante par rapport à la couverture qu’il livre et les planches intérieures. Même si son travail est très bon, il laisse l’impression que l’identité graphique de l’univers se referme sur lui-même pour tenter de plaire à un public plus vaste.