Les points positifs :
Les points négatifs :
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« I would have been playing strip poker on my Amiga. » – Alice
- Scénario : Lauren Beukes, Dalve Halvorsen – Dessins : Ryan Kelly – Couleurs : Eva de la Cruz – Couverture : Bill Sienkiewizc
- Vertigo Comics – Survivors’ Club – 7 octobre 2015 – 24 pages – 2,99$
Il y a quelques années maintenant que Vertigo Comics s’est remis à publier de l’horreur. Appliqué en diverses formes sur diverses séries, le genre a donné du bon et du moins bon, sans réussir à imposer les publications de l’éditeur au rang qu’on lui connaissait. Force est de le constater : Survivors’ Club semble prendre le même chemin. Scénarisé par Lauren Beukes et Dale Halvorsen avec Ryan Kelly aux dessins, cette nouvelle série du catalogue indé de DC Comics part sur un postulat d’horreur habituel, teinté de références et empruntes d’un feeling « à l’ancienne ». Le numéro est bon, mais la série semble s’arrêter à cette ambition (est ce que c’est déjà pas mal ? Mettons que c’est déjà pas mal).
L’histoire s’ouvre sur plusieurs personnages, convoqués à une date et un lieu précis sans plus d’explications. Aucun d’eux ne se connait, mais chacun semble avoir vécu une expérience traumatisante au cours de l’année 1987. Un traumatisme enfantin qui serait, selon l’organisatrice de la réunion, le fait d’une malédiction née d’une borne d’arcade (oui), qu’elle a elle même rencontrée dans son enfance la même année. Cette construction de groupe évoque un récit à la Stephen King, avec le mythe du jeu vidéo maudit en sur-impression. Une idée qui sonne terriblement dans la veine des années ’80 et ’90, à la croisée des chemins entre Jumanji et Brainscan.
Plutôt bien écrit, le numéro est une exposition très succincte des différents personnages – chacun cache le secret de son traumatisme, aussi les scénaristes ne s’attardent que peu de temps sur chacun d’entre eux. C’est un peu le problème : si, ici, le numéro expose un événement au groupe qui servira d’élément déclencheur, on ne s’attache pas à ces personnages assemblés sans raison et qui ressemblent à un supporting cast aléatoire de n’importe quel film d’horreur. L’histoire veut aller trop vite à certains endroits, sans développer le poids des enjeux ou la dynamique que devra prendre la série. En fait, si le tout est bien écrit et emprunt de bonnes références, ce numéro n’est qu’une introduction partielle au reste de Survivors’ Club, en plus de ne faire que survoler le contexte et les règles de son histoire. Un genre de quatrième de couverture étalé sur vingt-deux pages, avec des dessins.
Parlons d’ailleurs de l’esthétique de la série. C’est plutôt joli, ou plutôt banal selon votre avis ou votre humeur. Si le flashback en Afrique du Sud s’en sort bien pour ses couleurs descendues ou son monstre de film d’horreur à mi-chemin entre le cliché littéraire et le Lovecraftien emprunté, le reste du numéro ne brille pas pour son esthétique. On ne peut pas vraiment compter ça comme un défaut, les séries Vertigo n’ayant pas pour habitude d’être des sommets de démonstration visuelle, et a fortiori, ce qu’on va rechercher dans une série d’horreur tient plus de l’ambiance que de la géométrie des traits. Ici, rien de spécial à redire, à part que c’est, encore une fois, très classique.
Survivors’ Club est un bon reflet de la politique Vertigo entre les mains de l’éditrice Shelly Bond : de bonnes séries, qui cherchent à retrouver l’originalité et la force du Vertigo des années ’90, « suggested for mature readers ». Cependant, soit parce que l’époque appelle plus de nouveauté et moins de nostalgie, ou parce que l’horreur est un ensemble complexe à élaborer, Survivors’ Club rejoint Coffin Hill et Wolfmoon dans le catalogue des bonnes idées auxquelles ne manque qu’un souffle nouveau. L’imprint sera néanmoins parvenu à devenir un refuge pour les fans de comics de genre. Restent les numéros suivants pour juger de Survivors’ Club dans son ensemble, après une introduction qui pose quelques idées intrigantes pour la suite.
J’ai peut-être mal compris, mais de ce que je retiens, l’histoire de la borne d’arcade maudite ne concerne que le personnage qui convoque les autres survivants. Je n’ai pas eu l’impression que le « monstre » rattaché au personnage en question ait été au centre des événements qui ont marqué l’année 1987 (?)
Pour ce qui est de ce premier numéro, je te rejoins sur à peu près chaque argument. Je serai même peut-être un peu plus dur. La narration sur la première partie de l’épisode est terriblement lourde. D’emblée, les auteurs surchargent leur propos d’informations et d’explications et en négligent l’essentiel, tenter d’instaurer une atmosphère singulière qui se doit de servir de cadre à ce genre de récit.
J’ai vraiment eu du mal à aller jusqu’au bout du numéro, c’était sans compter une seconde partie après ellipse qui se montre déjà plus efficace. On laisse tomber les monologues interminables et on a droit à plus de rythme dans la narration et le storytelling, des phrases plus courtes et des silences lourds de sens qui servent à mieux définir des personnages trop quelconques jusqu’ici. Une certaine forme d’angoisse et de tension commence alors à se faire sentir à travers quelques scènes succinctes faciles mais efficaces.
C’est loin d’être une réussite à mon sens, je ne sais pas si l’on se dirige vers de l’horreur ou du slasher à l’issue de l’épisode, mais cette idée de pot-pourri du genre m’intéresse assez pour laisser une chance au titre malgré des dessins fades qui n’aident vraiment pas à se mettre dans l’ambiance.
C’est aussi ce que je me suis demandé. Le trauma des autres est laissé à peu près sous silence, le seul élément « horrifique » (exception faite d’Alice) est laissé à la borne d’arcade.
D’une manière générale, je dirais que la manière de poser les enjeux est mal branlée, mais c’est la difficulté d’un numéro un qui veut trop en dire en trop peu de pages. C’aurait même pu être plus intéressant de commencer par la fin du numéro en montrant l’horreur débarquer dans la vie de chacun de ces personnages AVANT de les rassembler.
Maintenant, vu que les bases sont posées, à voir quelles ambiances et manifestations de l’horreur les scénaristes proposeront. Même si, ouais, le dessin, c’est vraiment hyper basique.