Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Quelque chose cloche. Je le sens dans mon testicule gauche, celui où un franc-maçon a planté un clou. » – Spider Jerusalem
- Scénario : Warren Ellis – Couleurs : Darick Robertson
- VERTIGO CLASSIQUES – Transmetropolitan Tome 4 – 19 Juin 2015 – 296 pages – 22,5€
Après quelques mois d’attente, Urban Comics revient avec ce quatrième tome des aventures journalistiques de ce cher Spider Jerusalem, que nous avions laissé en bien fâcheuse posture à la fin du livre précédent, alors que le nouveau président, celui que l’on surnomme le Sourire, avait durci sa politique concernant les médias et empêché la publication des articles de notre journaliste gonzo préféré là où ils l’étaient habituellement. Comment le héros va-t-il réagir ? Warren Ellis nous a-t-il livré un script aussi bon que les précédents ? La série a-t-elle encore de quoi nous étonner ? Nous allons en parler tout de suite.
Il est évident que la série figure parmi celles qui ont marqué l’histoire de la bande-dessinée américaine, tant son message est fort et tant elle fait figure de véritable claque au milieu du catalogue de DC Comics, que certains, peut-être par maladresse, qualifieraient de conservateur. Et ce tome ne fait clairement pas exception aux règles de la série. Warren Ellis est déchaîné et nous montre sous un angle toujours aussi sarcastique toute la fange dans laquelle se vautre la société de cette fameuse ville, allégorie des mégalopoles de notre monde. Tout y passe, contrôle des médias par le pouvoir politique, manipulations obscures, assassinats commandités, prostitution infantile… Le scénariste va chercher les sujets qui dérangent et parvient habilement à se renouveler, sans répéter les épisodes précédents. Évidemment, sous la plume d’un autre artiste, tout aurait pu sembler extrêmement plaintif et larmoyant, mais sachez qu’il n’en est rien.
Le ton caustique de l’auteur est toujours aussi présent, et le personnage de Spider Jerusalem est totalement en roue libre, alors que sa tâche prend un nouveau tournant. Il n’est en effet plus obligé de travailler par contrat, puisque ses publications chez Mitchell Royce ont été interdites, mais il décide de continuer, afin de partir en croisade contre le président Callaghan. L’on remarquera que Warren Ellis était bien avant-gardiste, puisque notre héros ressemble beaucoup à un blogueur, pour le coup (un bon, hein, pas un adolescent attardé qui tient un skyblog). L’humour du héros est toujours aussi trash et cinglant, et l’on se plaît à le voir toujours aussi iconoclaste. Les autres personnages ne sont pas en reste, puisque l’on en apprend un peu plus sur l’une de ses sordides assistantes, Yelena Rossini, qui était restée plutôt mystérieuse jusque là, et nous avons aussi l’occasion de croiser quelques visages familiers, comme celui de Fred Christ (que l’on ne peut pas rater, il faut bien l’avouer).
Que l’on adhère ou pas au message anarchiste de la série (on ne parle pas trop de politique, notre site est bien trop sérieux pour ça), il faut bien avouer que cette lecture nous donne matière à réfléchir, et tout cela fait de Transmetropolitan une bande dessinée à conseiller à beaucoup de monde, même aux gens les plus hermétiques aux comics, pour peu qu’ils aient le cœur bien accroché, en raison du ton quelque peu provocateur de Warren Ellis et Darick Robertson. Il est incroyable de voir à quel point la description de la société « futuriste » décrite dans ces pages est malheureusement réaliste et correspond parfaitement au monde dans lequel nous vivons, encore plus qu’au moment de la parution de la série. On est en présence d’une œuvre engagée, au ton résolument punk, et l’on sent au fil des pages une certaine montée en puissance, qui nous donne vraiment envie de découvrir la fin de l’histoire, surtout après l’énorme twist qui se produit dans ce tome, affectant clairement le statu quo du titre.
Le principal défaut de ce recueil est peut-être de contenir les épisodes qui précèdent le final dantesque de Transmetropolitan, car on n’a pas réellement de climax, en dehors d’un court face à face entre Spider Jerusalem et le Sourire, qui fait plutôt office de teaser pour l’affrontement final. Le scénariste fait monter la pression et parvient à nous mettre l’eau à la bouche. On est un peu frustré lorsque vient le moment de refermer le livre, mais ce n’est pas non plus une chose à lui reprocher, tant l’ouvrage remplit son office.
Graphiquement, ce tome est très solide et Darick Robertson nous livre une prestation très réussie, tant il parvient à dépeindre ce monde glauque et baroque qu’est celui de la ville, et rien n’est épargné, tant l’artiste a le souci du détail. C’est vraiment très agréable à regarder et l’on s’amuse beaucoup à tenter de retrouver de petits clins d’œil dans les backgrounds (en regardant bien, on peut même y trouver Popeye et sa femme Olive, rien que ça). De même, les personnages sont très expressifs, et l’on se plaît à découvrir les tronches que tire Spider Jerusalem. Le dessin est parfaitement adapté au ton de la série, et son style très marqué parvient à donner davantage d’épaisseur a une ambiance tout à fait unique, reconnaissable entre mille.
Ce quatrième tome de Transmetropolitan est une véritable réussite, à l’image des précédents, et Warren Ellis parvient habilement à faire monter la tension. Véritable pamphlet anarchiste au ton résolument Punk, le titre reste l’un des plus solides du catalogue Vertigo (bien qu’il soit issu du label Helix, je connais mes classiques, ne vous en faites pas) et de celui d’Urban Comics. Suivez donc les aventures de ce Hunter S. Thompson de papier qu’est Spider Jerusalem, vous ne le regretterez pas.
bonne review , jte rejoins totalement ! Une dinguerie que jai terminé hier soir . .. . Du coup , j’me suis payé le 5 aujourd’hui :p