Review VO – Batman #41

Les points positifs : Une idée débile…qui fonctionne L’armure bien exploitée Un discours Meta réussi D’excellentes trouvailles Dessins et colorisation comme d’hab’ Les points négatifs : Peut être parfois too much Snyder et ses monologues Le cliffhanger qui fait bien pitié

« You can’t be serious » – Harvey Bullock

• Scénario : Scott Synder Dessins : Greg Capullo – Couleurs : FCO Plascencia- Couverture : Greg Capullo
  

• DC You- Batman #41– 10 juin 2015 – 32 pages – 3,99 $

Attention, cette review comporte des spoilers pour les lecteurs VF concernant la fin de l’arc ENDGAME

Nous y sommes, voici venir l’heure du Briareros/Chappie All New Superiori Batman. Lors des révélations de son design et par la suite de son identité l’internet a littéralement explosé. La grande machine de haine de l’internet s’est lancée comme elle sait si bien le faire. On a accusé Scott Snyder de tous les maux. Déjà que la fin polémique d’Endgame avait achevée de scinder les avis des lecteurs. Le désamour de certains pour l’œuvre de notre brave Scotty remonte à plus ou moins loin dans la publication de Batman, pour beaucoup dès Death of the Family et sa fin qui avait déjà divisée, mais ici nous sommes à un tout autre niveau. On accuse le scénariste d’en avoir littéralement tellement plus rien à carrer des critiques des fanboys, d’écrire le titre ou encore d’être dans un ego-trip tel qu’il ne respecte plus rien. « Non mais c’est un scandale il a volé le design du cyborg d’Appleseed » s’écrie Kenshiro du 76. « Non mais c’est un scandales il a volé le design de Robocop et Chappie » s’insurge FanDeDurendal du 38. Sans oublier les cris et larmes de Kevin, 5 ans, quand il a cru que Bugs Bunny était devenu un grand robot bleu.

La loi c’est moi

Bien, l’heure n’est plus à la rigolade. C’est les mains tremblantes que j’ouvre le numéro. Ceci pour tomber sur un monologue intérieur Snyderien qui me donne déjà un a priori négatif. Une fois le tout lu et digéré mon envie viscérale d’écrire un article à charge s’est effacée. Oh non c’est loin d’être parfait, surtout avec un cliffhanger pareil, mais ce n’est pas la purge annoncée par les pessimistes habituels des internets.

On nous propose un récit qui assume complètement un certain côté meta, on a l’impression bien souvent que l’on brise la quatrième mur et que derrière un côté débile assumé jusqu’au bout il y a plus. Car quoi qu’on en dise avoir fait de Jim Gordon le nouveau Batman propose des opportunités extrêmement intéressantes. Un Batman formé et payé par les forces de police, mais ça ferait pas un peu Robocop tout ça ? Ce serait pas une critique d’une société fliquée aux idéaux liberticides ? S’il n’y a pas besoin d’avoir fait science po pour comprendre le sous texte il a le mérite d’être présent et de poser de vraies questions.

Un ensemble franchement solide

Des doutes de Gordon, de sa complicité avec son collègue Harvey Bullock il n’en ressort que du bon. Surtout quand le dessin de Capullo, dans ces moments intimistes se révèle brillant et rappelle aux plus nostalgiques le duo Sam and Twitch dans Spawn. On force un peu la main de Gordon, on le considère un peu comme un sauveur d’une ville en perdition sans son héros, le tout sonne juste. Sa réaction quand il découvre l’armure et la notre et il y aura pas mal de bonnes idées.

Le récit se construit sous la forme d’allers et retours présent/passé qui s’enchainent de façon fluide comme à l’habitude du scénariste. Ce dernier va d’ailleurs un peu trop abuser de son style de narration habituel. Certes le tout est introductif mais sur la construction même ça manque clairement d’audace. Peut être y en avait-il déjà trop dans le propos. Ce dernier toutefois au contraire d’avis échangé ci et là sur des forums ne me parait pas être dans la référence comme certains le prétendent. On pourra y voir de loin quelques idées reprises à Morrison, allez, je le concède.

Les scènes d’action et moments avec l’équipe de ce Batman sont dantesques. Et attendez vous à avoir une ou deux surprises bien senties. Et encore une fois, quel tour de force de la part de Capullo et FCO Plascensia qui savent vraiment donner un cachet visuel au titre quitte à décevoir les éternels détracteurs de couleurs flashy. Tout n’est pas parfait dans les dessins mais il y a plus d’envie, il y a du fond déjà et le tout est beaucoup plus lisible et agréable à l’œil que l’infâme dernier numéro d’Endgame. Et je persiste et signe sur ce point.

Il était une fin (ratée)

Un propos introductif et une présentation solide donc mais un vilain du jour franchement au rabais et sans personnalité aucune. Toujours est-il qu’on en sait désormais assez sur l’armure et qu’on est enfin prêt à voir ce vilain teasé en couverture récemment. Qui dit armure dit action (même s’il y a une subtilité) et l’utilisation des fonctionnalités de cette dernière risque bien de prendre le pas sur l’aspect purement détective de Batman. En armure il est vraisemblable que l’arc soit beaucoup plus porté sur l’action avec une approche moins subtile.

Revenons pour terminer sur ce cliffhanger indigne qui donne un goût amer à l’issue de la lecture. Pourquoi, mais que diable pourquoi ? Si ce scénariste tant décrié se met maintenant à rater ses fins y compris dans les numéros qui débutent les arcs on est mal barrés je vous dis. C’est stupide, absolument pas subtil pour un sou et c’est clairement débile. Oh tiens je marche dans un parc, oh tiens un mec sur un banc avec une barbe de 6 mois. Hum et si on jouait à un jeu. Top. Je suis un passant lambda et random je croise dans la vie un mec barbu sur un banc au crépuscule. Je lui demande s’il est :

– Un clodo en manque de villageoise.

– Clark Kent enfin Superman qui fait encore son attention whore.

– Bruce Wayne, comme ça, au pif (parce que j’ai que ça à foutre de me toucher le soir la nuit en pensant à Bruce Wayne avec une barbe de 6 mois)

– La réponse D

Lisez le numéro et si vous aviez deviné juste vous gagnez un voyage gratuit pour le parc d’attraction captain obvious, un endroit magique.

Narré de façon classique mais servant une histoire débile et assumée, imparfaite mais plutôt addictive ce numéro est une curiosité qui n’est en rien la catastrophe que certains annonçaient. Certes il est bancal, certes c’est un peu lourdingue ces monologues interminables, certes le cliffhanger est criminel. Mais le tout tient tout de même fort bien la route servi par des idées osées et bien exécutées, des références méta et des pistes de réflexion intéressantes et un vrai potentiel. Capullo rend honneur au tout et semble avoir retrouvé un peu de motivation et on apprécie la patte artistique avec cette colorisation si particulière.