Review VO – Convergence #8 : dernier numéro

Les points positifs : Les ouvertures créatives annoncées Le gros casting C’EST FINI FUCK YEAAAH !!! Les points négatifs : L’écriture à base de deus ex machina… … et de changements de comportements ultra brutaux C’est très précipité Une curieuse façon de fêter un anniversaire

« Let’s go save the multiverse ! » – Flash

• Scénarisé par : Jeff King, Scott Lobdell – Dessiné par : Eduardo Pansico, Ethan Van Sciver et autres – Couverture par : Andy Kubert et Brand Anderson

• DC Comics – Convergence #8 – 27 mai 2015 – 40 pages – $4.99

J’en entends déjà certains qui se disent, à la vue de cet article « oh nan, encore l’autre Kikoo qui va basher pendant dix paragraphes Convergence alors qu’en fait il a juste pas compris parce que c’est pas un vrai fan du DC Universe ». Et vous savez quoi ? Ces personnes ont en partie raison : je m’attaque aujourd’hui à la critique de l’ultime numéro du bulldozer Convergence, et je pense que la métaphore que j’utilise est on ne peut plus juste quant aux intentions de cet event : à savoir préparer un terrain de jeu neuf sur lequel beaucoup de choses sont possibles, et le préparer d’une façon très bourrine, qui manque et d’élégance, et de finesse. Car il va bien falloir distinguer deux choses par ici : le numéro en lui-même (qui est d’une nullité crasse, qu’on s’entende tout de suite) et l’idée éditoriale qui y est développée et dont va découler le futur du DC Universe – cette idée étant un peu plus reluisante, et empêche l’ensemble de Convergence de sombrer dans les méandres abyssales de la médiocrité made in DC. Nan parce que : vous aviez râlé contre les mois anniversaires des New 52 ? Vous aviez râlé contre le Villains Month ? Bordel, mais lisez-moi ce numéro, et vous trouverez après que même le numéro du Joker et son singe Jackanapes étaient, en fait, une bonne idée rendant hommage au personnage. Sérieusement.

J’avais reproché pendant de nombreuses semaines le manque de rythme de Convergence et la façon dont les éléments étaient tellement décompressés (ou répétitifs) qu’on avait jamais l’impression d’avancer. Ici, c’est rigolo, c’est complètement l’inverse, tout défile sans s’arrêter alors que c’est justement là qu’on aurait aimé plus d’explications. Après avoir squatté l’event pendant de trop nombreuses pages, Deimos a enfin été abattu mais dans cet acte, toute l’énergie qu’il avait accumulée des différents Time Masters qu’il avait assassinés se retrouve libérée, menaçant d’une terrible explosion qui détruirait toute la réalité. Toutes les réalités, pardon. L’heure est donc grave, et à cause désespérée, Jeff King nous propose des solutions qui nous tombent dessus, comme ça, sans trop d’explications. Mais puisqu’on nous dit que ça va marcher, c’est que ça va marcher hein. C’est de l’enchaînement de deus ex machina ce numéro : on te balance des gros retournements de situations à coups de personnages qui sortent de nulle part, qui ont comme de par hasard LA solution à tous les problèmes, et le tout avec un discours qui reste quand même super vague. Mention spéciale au changement d’attitude instantané de Brainiac qui envoie Jeff King au fleuron des dialoguistes les plus pourris que j’ai pu lire. Je vous le fais en (à peine) simplifié :

– HAHAHA je suis Brainiac, je suis méchant, je vais tous vous tuer !

– Brainiac, t’es pas censé être super intelligent ??

– Heuuuu… Ha, tiens oui. Mince. Je réfléchis. Bon bah en fait je vais être gentil et tous vous aider.

Et je caricature A PEINE, nom de dieu, je le jure. Ce numéro regorge d’instants comme ça, les personnages d’Earth 2 continuent d’agir comme de gros demeurés qui pensent qu’à foncer dans le tas (tant bien même qu’on leur explique que certaines actions sont effectuées pour le bien de tous, et parce que l’instant est complètement désespéré). En plus l’auteur essaie même par moment d’avoir une méta-écriture, en multipliant les références aux différentes Crisis de l’histoire de DC (et en faisant une référence à The Multiversity aussi, d’ailleurs, le comble), et finalement transparaît dans le discours de Telos et Brainiac la volonté éditoriale qui va mener au « re-démarrage » (mais sans reboot) du multivers DC de la façon la plus grotesque qu’on ait jamais vu. Je vous le fais en gros, Supergirl et Flash de l’époque pré-Crisis doivent retourner dans leur timeline pour subir leur funeste destin, car la première Crisis est trop puissante pour permettre à Brainiac de réparer le Multiverse (j’ai dit : je vous le fais en gros). Du coup, y a Parallax (qui veut se racheter une conscience) et le Superman pré-Flashpoint (celui qui est marié, et dont la Lois Lane vient d’accoucher) qui disent « allez, on y va aussi pour empêcher la Crisis de se faire, et sauver tout le Multiverse » – l’argument étant qu’en évitant cette Crisis de s’accomplir, tous les univers qui existaient auparavant seront donc sauvés (il n’y aura pas eu le regroupement en un seul univers) et stabilisés. Flash et ses copains s’élancent donc à travers le temps et… et la page d’avant, tout est réglé. Sans explications. Aucune. On nous dit juste « et en un instant, je peux le dire : ils l’ont fait ». Comment ? Que ? Quoi ? Et pourquoi Lois devait-elle accompagner Superman ? Etc… Alors on relit le numéro, on essaie de voir quelque chose de caché, mais non : c’est juste bête et gras, et on demande au lecteur de juste approuver l’idée, parce que ça va permettre quelque chose d’un peu mieux par après.

Ce quelque chose de mieux, et c’est vraiment le seul point positif à ce numéro, c’est l’idée éditoriale derrière l’évènement final : le Multivers DC est bel et bien présent et chacune des 52 terres qui le composent seront accessibles aux auteurs et artistes, qui pourront en faire ce qu’ils voudront (« les histoires primeront sur la continuité », on t’a entendu Ô Anti-Didionitor !). C’est quelque chose que l’on peut déjà anticiper avec les futurs titres Prez ou Bizarro, et l’idée de ces ouvertures créatives, avec un potentiel d’histoires dans plein d’univers différents : ça donne clairement envie, surtout si certaines des terres explorées pouvaient être celles vues dans The Multiversity (ou peut-être pas : laissons à Morrison ce qui appartient à Morrison). Par contre, n’allez pas vous imaginer que TOUTES les portes vont être ouvertes, car tout ne vient pas comme ça. Si un certain nombre d’univers seront accessibles, ça ne veut pas dire que votre continuité préférée le sera : en effet, ce que nous dit Convergence, c’est que tous les univers présents avant la pré-Crisis sont toujours là, qu’ils ont bien été sauvés – mais ont du coup évolué au fil du temps. De cette façon, l’ancienne Terre-2 est devenue la Earth 2 des New 52, de même que la terre de la continuité principale pré-Flashpoint est devenue la Earth 0, et ainsi de suite : une façon de dire « au revoir » une bonne fois pour toutes à ces versions des personnages et à faire accepter aux lecteurs que, depuis 2011, sur Terre 0, il y a ces personnages et puis c’est tout. Donc pour ceux qui auraient aimé revoir Renée Montoya en Question par Greg Rucka, vous pouvez recommencer à pleurer. Et je profite de cette phrase pour lister le second aspect positif du numéro : le plein de personnages, qui fera plaisir aux fans et connaisseurs de l’univers DC et qui s’amuseront à les reconnaître (bon, ça amuse deux minutes, mais pas tellement plus).

Et donc, à partir d’un point de convergence, DC se prépare à ouvrir (potentiellement) une multitude de portes, et c’est peut-être la seule chose qu’on ne pourra pas reprocher à cet event. Pour le reste, c’est une catastrophe totale. Les évènements qui ont lieu dans ce numéro soulèvent énormément de questions, et pour qui s’intéresse aux voyages dans le temps, aux univers parallèles, etc : c’est un véritable casse-tête dont personne ne viendra vous dépêtrer. Et surtout que tout s’enchaîne si rapidement, sans vraiment donner d’explications, qu’on a vraiment l’impression que l’auteur a juste trouvé un prétexte pour justifier de la situation finale, en ayant oublié son propos de départ. Oh, et tiens. Et si Deimos ne s’en était pas mêlé et qu’on en était resté à des Battle Royale entre réalités ? Je suis sûr que King n’en a même pas envisagé la possibilité ; on finit donc sur une sorte de gros happy ending, à nouveau Earth 2-centré (en vérité, je crois que la série ne s’est jamais arrêtée, elle a juste changé de nom), et même par rapport aux sollicitations d’Earth 2 : Society et à ce que j’ai pu lire ici, je commence à voir déjà des incohérences dans l’histoire. Mais je me trompe peut-être (et je n’ai pas encore lu le sneak peek). On referme donc ce numéro avec un énervement certain (parce que putain : c’était vraiment n’importe quoi. Et nul. MAIS NUL !), mais aussi un gros soulagement, parce que : c’est fini ! Dès la semaine prochaine on va pouvoir reprendre nos séries préférées, et en découvrir de nouvelles. Tout ne sera pas forcément très bien (on sait déjà à priori quels titres seront nuls) mais au moins, on n’aura plus à subir cette pseudo Crisis du pauvre, qui pourtant devait fêter l’anniversaire de Crisis on Infinite Earths. Oh, d’ailleurs c’est plein d’ironie de fêter l’anniversaire d’un event en l’annulant purement et simplement, vous ne trouvez pas ?

Après deux mois de souffrance, le supplice s’achève enfin. Pas de renouveau pour ce final, Jeff King (et l’ami Lobdell) changent néanmoins la donne avec un récit complètement précipité et surfait, où se multiplient les deus ex machina et retournements de situation improbables, avec en apothéose le sauvetage du Multiverse qui se fait entre deux cases, et sans explications. Seul point positif d’observable, c’est l’ouverture créative suggérée par la présence OFFICIELLE (parce que bon, on l’avait pas encore compris avec The Multiversity) du Multiverse, qui devrait permettre d’avoir des histoires dans d’autres univers que celui, canonique du DC You (Earth 0 quoi). Mais franchement, était-il nécessaire de subir tout ça pour en arriver là ? Ce qui est sûr, c’est que j’espère maintenant que les locaux de DC Comics vont rester bien en place, et ce le plus longtemps possible !