Review VF – Geoff Johns présente Green Lantern Tome 6 : La Rage des Red Lantern

Critique de Geoff Johns Présente Green Lantern T6 - La Rage des Red Lantern
Les points positifs :
  • Même déchu, Sinestro envoie du bois
  • Une accalmie bienvenue après Sinestro Corps War
  • Le build-up vers Blackest Night…
Les points négatifs :
  • …désamorcé par la lecture préalable de Blackest Night
  • Persos secondaires à la caractérisation faiblarde
  • Visuellement moins bluffant que d’habitude

« RRAAAARRR ! » – Atrocitus


  • Scénario : Geoff Johns – Dessin : Mike McKone, Shane Davis, Ivan Reis

Le Green Lantern-verse a tellement été traumatisé par la Sinestro Corps War (publiée en un tome 4 et un tome 5 chez Urban), qu’il lui a fallu un tome 0 plus posé pour reprendre ses esprits. On repart maintenant dans l’action avec ce tome 6, qui prépare au terrible Blackest Night tout en continuant d’agrandir le spectre des émotions et de définir la direction du moderne du Green Lantern-verse, tel qu’on le connaît à travers les New 52. Préparez-vous à l’arrivée des Red Lantern !

Contient : Green Lantern (Vol. 4) #26-28 + #36-38, Final Crisis : Rage of the Red Lanterns #1

Sinestro a été vaincu ! Celui qui était autrefois le plus grand des Green Lantern est maintenu en captivité sur Oa en attendant que les Gardiens décident de son sort, qui s’annonce d’ores et déjà funeste. Il faut dire que ses sbires et lui se sont fait un nombre conséquent d’ennemis avec les exactions commises durant la Guerre du Sinestro Corps. Est-ce que les Green Lantern exerceront leur droit à tuer, tel qu’il a été inscrit dans la première des dix nouvelles lois promulguées par les Gardiens de l’Univers ? Et à supposer qu’ils prennent cette décision, n’est-il pas possible que certains s’y opposent, mus par une morale plus sage, ou par une haine les poussant à réclamer le droit à disposer de la vie de ce scélérat ? Dans tous les cas, personne n’aimerait être à la place de Sinestro

Le calme après et avant la tempête

Après l’ampleur cataclysmique de la Sinestro Corps War, ce tome 6 semble manquer d’audace. Sa première moitié prend tout d’abord une direction plutôt intimiste, relativement dépourvue d’action, se concentrant sur l’épilogue de la guerre avec notamment la reconstruction de Coast City. Cette accalmie est bienvenue, en dépit des tics de narration chers à Geoff Johns et relativement fatigants à la longue, tels que ses sempiternels monologues intérieurs, et ses phrases qui se terminent dans un phylactère à la page suivante pour faire le lien, à l’image de ses events qui ne se terminent jamais mais empiètent sur le précédent et le suivant tandis qu’ils ballottent le lecteur de menace en menace.

Après s’être farci le Green Lantern New 52 et les cinq premiers tomes auxquels s’ajoute Blackest Night, on a un goût de réchauffé en bouche. Ces acquis empêchent notamment le lecteur d’apprécier la découverte des nouveaux corps que sont ceux des Blue Lantern et des Red Lantern. La découverte du monde paradisiaque d’Odym, ainsi que le recrutement de Phaco, ne délivrent pas ce goût d’exploration qu’on aurait pu savourer à la sortie de ces numéros. De même, le teasing opéré tout au long de ce tome 6 sur l’arrivée de Larfleeze, des Star Sapphire ou de Blackest Night (cf les symboles ‘énigmatiques’ dans les yeux du Gardien à la balafre qui n’arrête pas de magouiller sournoisement), manquent de mystère puisque, ayant déjà Blackest Night dans les pattes, on sait déjà ce qui approche et la subtilité de ces indices en prend un sérieux coup, là où les lecteurs de l’époque pouvaient vraiment être titillés et subir avec une appréhension impatiente ce build-up constant vers le plus gros event du Green Lantern-verse.

Des Red Lantern dans l’ombre de Sinestro

Concernant les Red Lantern en tant que tels, ils ne réussissent qu’imparfaitement à impressionner le lecteur. Ils sont d’une part dans l’ombre de Sinestro, dont la grandeur terrible est à peine atténuée par sa position affaiblie de captif ; et tandis que ce dernier est crucifié sur Ysmault à la merci de dizaines de Red Lanterns, même rassemblés ceux-ci ne parviennent pas à égaler le charisme de l’ancien dictateur de Korugar. Il faut dire que la généricité de ce nouveau Corps est brisée par seuls deux de ses membres : son leader, Atrocitus, ridiculisé lors de ses conversations avec Sinestro et dont la caractérisation se limite grosso modo à un profond ressentiment pour le maître du spectre jaune, et Laira, aux motivations certes plus sophistiquées, mais quasiment réduites à néant dès le moment où elle enfile l’anneau rouge, troquées contre les mots d’ordre primitifs ‘Rage. Haine. Sang.‘ Dommage.

Toujours l’éternel problème de la multiplication de ces Corps qui, s’ils ont le mérite de donner de l’ampleur au Green Lantern-verse, fondent leurs membres derrière une seule caractérisation, ce qui peine à les distinguer les uns des autres. Cette unique émotion qui les définit s’ajoute par ailleurs à un type de pouvoirs partagés, sinon par tous les porteurs d’anneaux – car il existe effectivement des subtilités distinguant l’utilisation d’un anneau bleu d’un anneau rouge par exemple – du moins par tous les porteurs d’anneaux d’un même Corps, ce qui contribue encore à les fondre dans la masse. Par opposition, la galerie de vilains du Green Lantern-verse pre-Geoff Johns marquait une différence plus sensible entre, par exemple, SinestroStar Sapphire et Black Hand, avant que leur acquisition d’un anneau et leur affiliation à un spectre émotionnel les rendent plus similaires les uns aux autres.

Le lien réussi entre Sinestro et Hal Jordan

Au rang des qualités de ce tome, outre le build-up vers Blackest Night un tantinet désamorcé lorsqu’on a déjà lu ce qui se prépare, on peut souligner la relation particulière entre Sinestro et Hal Jordan, toujours bien maîtrisée par Geoff Johns, comme il l’a montré à de nombreuses reprises, que ce soit dans les débuts de la série New 52 ou dans la Sinestro Corps War. L’auteur recourt aux flashbacks de manière classique mais efficace pour opposer les différentes évolutions des rapports entre Hal et Sinestro, passant d’une relation de maître à élève, à l’amitié, puis à la rivalité. On apprécie également le tempo plus modéré sur la première moitié, qui apparaît encore plus approprié lorsqu’on le met en perspective avec le concentré de baston que furent les deux tomes précédents. Pour ne pas emporter tout de suite le lecteur dans un maëlstrom de grosse castagne, Geoff Johns choisit judicieusement de s’attarder sur une petite intrigue autour de Laira, qui a à la fois le mérite de piocher dans le GL-verse des années nonantes, tout en préparant à son affiliation aux Red Lantern. En revanche, l’action qui revient avec l’arrivée des Red Lanterns sur la seconde moitié souffre de son côté de la comparaison avec l’intensité de la Guerre du Sinestro Corps, aussi bien par ses enjeux moindres et sa mise en scène moins spectaculaire.

Concernant les dessins, trois artistes se partagent ce tome. On tient tout d’abord Miles McKone, déjà collaborateur de Geoff Johns sur les Teen Titans, qui s’occupe des trois premiers numéros (#26-28). Il s’acquitte honorablement de sa tâche, mais débarque alors qu’on était encore émerveillé par les prouesses d’Ivans Reis sur le tome 0 de Geoff Johns Présente Green Lantern. En comparaison, ses traits ont l’air nettement plus grossiers, une impression peut-être due à un encrage pas très subtil. Le tie-in à Final Crisis – qui n’est en fait pas tellement une tie-in à Final Crisis et s’inscrit de manière totalement uniforme dans le run de Johns sur Green Lantern – est de son côté dessiné par Shane Davis. Ce dernier souffre moins de la comparaison avec le maître Reis, son seul défaut est d’abuser des gros plans sur les visages, écrasant un peu le lecteur dans une lecture cosmique qui aurait pourtant laissé espérer des planches plus aérées et inspirantes. Enfin, l’excellent Ivan Reis conclut le tome avec les numéros #36-38, mais l’impact de ses prouesses est amoindri par la maigre place qu’il occupe dans le tome, et souffre d’une colorisation plus monochrome que ce que permettait l’arc Secret Origin, dont l’action était concentrée sur Terre. Un bilan esthétique pas décevant, mais loin de l’émerveillement que peuvent susciter d’autres arcs.

Le run de Geoff Johns sur Green Lantern continue son petit bout de chemin sans grand panache. On regrette que les scènes d’action occupant la deuxième partie du tome perdent de leur impact lorsqu’on sort de Sinestro Corps War. On trouvera par ailleurs ici peu de surprises pour les lecteurs de Blackest Night ou de Green Lantern Saga, déjà familiers aux Corps des Red Lantern et des Blue Lantern, bien qu’il ne soit pas inutile d’assister à leurs naissances. Les adeptes du Green Lantern-verse auront peut-être par conséquent l’impression de lire une sorte de tome filler où chaque pas en avant est connu, et où la tension est prévenue par la prescience de ce qui s’annonce. Moins indispensable que le tome 0 si on n’est pas un fanatique du GL-verse.

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Pipadou
8 années il y a

J’étais impatient de lire ce tome pour Laira, et parce que j’ai lu les Red Lanterns N52 qui reste une excellente lecture lorsque scénarisé par Soule et quelle plaisir d’enfin lire leur première apparition et de retrouver Dexx Star, Bleez et co. Pareil pour le Pélerin et Phaco, j’ai adoré les voir débarquer et admirer Odym encore une fois. Refusant de lire Blackest Night avant la fin de ces tomes signatures, le build up marche parfaitement et je me réjouis du prochain tome afin d’entamer les Blackest Night qui prennent la poussière dans ma bibliothèque.
Je ne trouve pas les tics de Johns irritant, notamment sa manie d’avoir un monologue qui se termine sur une autre page, dans une case d’un autre personnage. On s’y fait et j’aime cet entrelacement que je considérais comme un « tic » de comics, mais apparemment c’est spécialement/uniquement Geoff qui en place autant.
Complètement d’accord concernant le problème des émotions et de la caractérisation « minimaliste », c’est accentué ici par les nombreux corps qui se rencontrent. Il y avait matière à mieux faire si on laissait autant de temps aux autres corps, qu’on en a laissé au Sinestro Corps (même si on peut relativiser la caractérisation/développement de son Corps étant donné que c’est essentiellement une guerre et puis basta). Dessins corrects mais un peu en deça des N52 (comparaison pour les Red Lantern) ou de Reis précédemment.
La deuxième moitié est trop condensée, l’action ne prend pas vraiment d’ampleur, étouffé par ce qu’il reste encore à mettre en place pour Blackest Night en peu de temps (et même fan, l’apparition successive des différents lanterns en peu de page n’est pas des plus séduisant, et je vois bien pourquoi tu n’étais pas très fan des différents Corps de Lantern TheRiddler). J’espère que l’Agent Orange aura un peu plus de place pour se développer et qu’on tombera dans une « bonne » caractérisation de Larfleeze (que j’adore).

Un tome que j’ai fortement apprécié malgré ses défauts et qui continue de m’intriguer/me rendre impatient concernant BN. Vivement la suite et fin (j’ai regardé encore une fois Emerald Knight suite à cette lecture)

Hulkoguy
Hulkoguy
8 années il y a

Je l’attendais cette review, merci riddler =)

BenJ BT
BenJ BT
8 années il y a

Je rejoins parfaitement la review. Ayant lu BN au moment de sa sortie (merci Urban …avoir publié Blackest Night avant la totalité du run de Geoff est, à mon sens, débile … surtout pour ceux qui n’y connaissait rien auparavant et qui ont donc prit BN comme un stand alone) ce tome a un peu perdu de sa saveur parce que je savais à quoi m’attendre. Aucune surprise, aucune révélation dont je ne connaissais pas l’issue …
Au final, je me dis que l’achat de ce tome a été motivé par la volonté d’avoir l’integralité du run de Geoff sur Green Lantern.

barneywinkels
barneywinkels
8 années il y a

Bonjour a tous,

J’viens de finir le tome 5 du run de Geoff, je viens donc lire la review du 6 comme toujours. Et la vous me posez un doute, parce que j’ai aussi le tome 1 de Blackest Night ( que j’ai pas encore lu ) vous me conseillez donc quoi comme marche a suivre, j’apprecie vraiment le run de Johns, et j’ai pas envie de subir une deception quelconque en plus. Continuez le run en mettant de coté Blackest Night ou pas ?

merci :)

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