Review VF – Batman Saga #35

Les points positifs : L’équipe créative de Detective Comics au top. Une bonne conclusion à Zero Year. Grayson démarre sur les chapeaux de roues ! Les points négatifs : Batgirl comme d’habitude !

Vous allez découvrir nos différents avis sur les numéros qui composent ce magazine disponible depuis le 27 mars au prix de 5 euros 60. Un numéro qui marque la fin de Zero Year dans Batman et le début de la série Grayson. Alors qui sera le plus convaincant entre le Gotham City transformé en jungle et les débuts de l’ex acolyte de Batman chez Spyral ? Sans oublier la suite de l’excellent Detective Comics, de la recherche désespérée d’un père dans Batman et Robin et de la dispensable Batgirl !

Batman #33

• Scénario : Scott Snyder – Dessins : Greg Capullo – Colorisation: Fco Plascencia

L’arc Zero Year se termine enfin dans ce numéro, qui met en scène l’affrontement final entre Batman et le Riddler. C’est un combat plus psychologique que physique qui nous est proposé et Scott Snyder parvient habilement à en faire un duel palpitant. Il est bien aidé dans cette tâche par un Greg Capullo très en forme, qui dynamise efficacement cette partie de devinettes orchestrée par Edward Nigma.

Le final est vraiment réussi, on suit à la fois le chevalier noir, qui règle le compte de son grand ennemi et Gordon, accompagné de Lucius Fox, qui soutient l’action de notre héros. On comprend bien le lien qui unit tous les personnages et la lecture est absolument trépidante. Snyder nous livre un épisode blockbusteresque, qui se conclut de façon très cinématographique, et tourne la page sur cette histoire qui restera probablement un classique de l’histoire du Caped Crusader, bien que l’on soit tout de même en présence d’un récit qui n’égale absolument pas le fameux Year One de Frank Miller.

L’ultime chapitre de Zero Year se montre enfin. Le final est-il à la hauteur des ambitions portées par Scott Snyder ? Je suis assez indécis mais c’est mon côté rabat-joie. A mon sens la conclusion n’est pas totalement à la hauteur et est un peu trop facile.

L’idée est louable de refaire une origin story pour Batman pour de potentiels nouveaux lecteurs. D’autant que le récit a bien su se démarquer du fameux Year One de Miller. Une première partie intéressante qui pose les bases, une deuxième plutôt horrifique avec le Docteur Death et pour finir cette Cité Sauvage originale. Et pourtant je trouve des choses à redire sur cette fin. Le duel entre Batman et le Riddler est bon, un jeu d’esprit bien trouvé qui a le mérite de bénéficier d’une bonne traduction. Mais tout est gâché par un Deus Ex Machina franchement sorti de nulle part. Batman s’en sort finalement grâce à la téléportation magique d’un personnage. C’est moyen. Dans l’épilogue Snyder tente quelque chose qui ne m’a pas déplu sur les origines de Bruce pour finalement achever son récit dans le classicisme absolu. Peut être que je chipote. Reste que Zero Year aura certes divisé mais on ne pourra pas renier une certaine audace (les mauvaises langues diront égotrip) et surtout une partie graphique et une colorisation somptueuses. Greg Capullo et sieur Plascencia vous êtes des génies.

Ce numéro est finalement à l’image de cet arc, inégal mais attachant, paradoxal car très original et à la fois classique et d’une beauté qui arrache la rétine. On se prépare pour Endgame maintenant ?

Detective Comics #33

• Scénario : Francis Manapul – Dessins et Colorisation : Brian Buccellato

L’arc Icarus se poursuit dans son avant-dernier numéro, qui s’avère assez riche en révélations. L’histoire est parfaitement réussie et le duo Manapul-Buccellato maîtrise le titre, en respectant sa dimension “polar”, que trop d’auteurs ont longtemps oubliée.

L’ambiance qui nous est proposée est absolument dingue et l’on se plaît à redécouvrir Gotham dans cette nouvelle version, sous les traits de Manapul. Le personnage d’Harvey Bullock a droit à beaucoup de développement, et ceux qui apprécient cet anti-héros totalement emblématique du bat-verse seront aux anges. Concernant l’intrigue principale, on en apprend davantage sur Annette Aguira, ainsi que sur la victime, sa mère, Elena. Ces informations nous mèneront vers des pistes inattendues et tout cela s’avère bien intéressant.

Detective Comics se hisse en tête des séries consacrées au chevalier noir, il faut bien admettre que c’est le titre qui colle le plus à l’idée que l’on se fait d’une histoire de Batman, qui rappelle les travaux d’un Greg Rucka, et ce n’est pas peu dire.

Avant-dernier numéro de ce premier arc, offert par cette nouvelle série Detective Comics, comme à son habitude exempte de vrais défauts. Le Batman détective, qui mène une enquête contre le crime organisé (ah… nostalgie…), dans des pages sublimes servies par un Francis Manapul qui marche sur l’eau. Une véritable mise en scène habite le récit, plongé dans une ambiance incroyable, magnifiée par la colorisation et les découpages de l’artiste.

On peine à situer où et quand se déroulent ces événements, au regard de la grande horloge de la continuité, mais la série en gagne un charme intemporel, implacable et presque à contre-courant d’autres desseins bat-versiens, plus ancrée dans l’idée du Batman que dans son actualité. Le tout est accessible, parlera aux fans du GCPD et de la Gotham City “classique”, même si celle-ci s’enrichit d’une certaine ethnicité via les différentes familles mafieuses (ce qu’on retrouvera par la suite dans la Catwoman de Genevieve Valentine).

Bref, un duo de talents sur une série qui tient toutes ses promesses, et à côté de laquelle vous auriez tort de passer (vous avez remarqué que ces reviews ressemblent de plus en plus à des comptes rendus publicitaires ? Demandez vous qui paye les serveurs de DCP après ça).

Batman & Robin #33

• Scénario : Peter J. Tomasi – Dessins : Patrick Gleason – Colorisation: John Kalisz

Robin Rises se poursuit ce mois-ci dans les pages de Batman & Robin #33. Toujours juste, parfois too much, mais écrit avec le brio habituel, le récit s’intéresse au Bat-Papa, endeuillé et brisé, après que le corps de son enfant ait été enlevé par les légions d’Apokolips.

C’est trop gros ? Pas crédible ? Hors des sphères terre-à-terre de Gotham City ? C’est probable ! Mais pareils griefs s’effacent au fil des numéros devant l’empathie développée par le scénariste et le lecteur pour ce Bruce fragilisé, parfois borderline, qui a perdu son enfant et dont on profane une fois de trop le corps sans vie. Les balourdises du récit s’effacent derrière cet amour de la série pour Bruce, Damian et la Bat-family, unie pour la première fois depuis Death of the Family derrière cette quête insensée.

Rien que pour ça, et pour cette constance de Peter Tomasi dans l’écriture depuis le début des New 52, on a envie d’oublier quelques caractérisations maladroites et un rythme qui se cherche un peu. Certaines pages sont sublimes, sincères, et on n’oublie pas l’un des Bat-suits les plus impressionnants depuis bien longtemps (n’en déplaise à l’ami Capullo).

Une série excellente, qui sort petit à petit de sa torpeur et prend la tête des séries Batman, en créant son propre événement, plus passionnant que tous les arcs hollywoodiens ou policiers (certes très bons) que l’on trouve à côté.

Encore un excellent numéro pour Batman et Robin avec la suite de l’arc Robin Rises. C’est une constante on dirait. Batman cède une nouvelle fois à la rage et à l’impulsivité quitte à se mettre toute la ligue à dos. En même temps le corps de son fiston est sur Apokolips.

L’amour du père pour le fils est une nouvelle fois retranscrit avec brio même si cette rage qui explose une fois de plus peut sembler être une redite. Et pourtant malgré ces coups d’éclats, de sang, Tomasi arrive tout de même au fil du numéro à retrouver un brin de nuance. Une bat-armure grandiose, un Batman qui semble céder pour finalement choisir la voie de la lutte. La Bat-family toujours endeuillée mais réunie dans une double page somptueuse. Que dire de ce numéro au rythme certes décousu et qui laisse parfois une impression de déjà vu mais qui annonce aussi tellement de grandes choses.

Le duo nous surprend encore par sa lucidité une grande qualité d’écriture qui surfe avec le grand guignolesque et des dessins magnifiques. Si cette série est une des préférées de bon nombre de fans il y a bien une raison. Une telle régularité dans la réussite est à féliciter. Et la suite offre bien des promesses.

Batgirl #33

• Scénario : Gail Simone – Dessins : Fernando Pasarin – Colorisation: Blond

Ce mois ci, plutôt que d’incendier une nouvelle fois la série Batgirl, pour des défauts qui restent inchangés depuis de nombreux mois, je comptais vous proposer ma recette fétiche de risotto aux cèpes. Mais, rattrapé par le printemps et la fin de la saison pour les champignons forestiers, je vais devoir vous donner mon avis sur ce numéro #33, sous la direction de la scénariste Gail Simone.

Plutôt mal rythmé, le numéro reforme en partie l’équipe des Birds of Prey, le temps d’une enquête où s’enchaînent péripéties et moments de violence, dans une ambiance très noire qui peine à s’expliquer. Ensevelie sous une surcouche de girl power pourtant louable, la série ne raconte en fait pas grand chose, sinon le cheminement psychologique de Barbara Gordon, super-héroïne dépassée dans un monde trop violent.

Sans but, sans efforts, sans chercher à aller plus loin, la scénariste se contente d’aligner arc après arc des instants d’introspection avec des récits toujours plus too much dans la brutalité et les ténèbres d’une Gotham City sans âme, comme cela pouvait être le cas dans le run d’Ann Nocenti sur la série Catwoman. A savoir : une série qui n’existe que parce que le personnage est trop important pour ne pas avoir son propre titre publié, mais derrière laquelle n’émane ni originalité, ni réelle envie de faire quelque chose de bon. Bourré de défauts, ce numéro à l’instar des autres perd en fait en intérêt par sa condition de série paumée, entre deux étales des titres Batman et Gotham City, qui n’amène rien à l’équation d’utile ou d’intéressant, et ressemble franchement à une dépression nerveuse qu’on aurait tenté de scénariser.

En somme, comme d’habitude, Batgirl, c’est pas terrible, mais l’avantage c’est que vous pouvez vous servir des pages pour emballer les champignons. Et ça, ok, j’admets, c’est bien.

Ah Batgirl ! Cette fois-ci, on retrouve une équipe façon Birds of Prey, constituée de Batgirl, Huntress et Black Canary. Malheureusement pour elle, Gail Simone signe ici un épisode qui rivalise en termes de qualité avec un épisode de la série télévisée éponyme (si vous l’aviez ratée à l’époque, dites-vous que vous ce n’est vraiment pas une grand perte).

Nous avons droit à un numéro très riche en girl power qui nous montre Batgirl qui réunit toutes les forces dont elle dispose pour aller combattre sa Némésis, Knightfall. C’est toujours aussi maladroit et l’on a droit à des combats violents et brutaux, qui n’ont que peu de sens, et l’on nous montre une Barbara Gordon prête à exploser ses adversaires à grand coups de latte. On nous dit aussi que Knightfall est très méchante et n’a rien à foutre de ses sbires, comme tout méchant de Power Rangers qui se respecte. Eh ouais, Thug Life. En plus elle se tape deux mecs en même temps (oui, c’est vraiment plus que sous-entendu dans le bouquin, les méchantes sont nymphomanes et polyandres, c’est bien connu).

Comme toujours, Batgirl est une lecture fade et décevante, qui passe à côté de tout ce qui fait de cette héroïne une pierre angulaire du Bat-verse, et c’est vraiment dommage.

Grayson #1

• Scénario : Tim Seeley, Tom King – Dessins : Mikel Janin – Colorisation: Jeromy Cox

Beau, bien dialogué, bien découpé, Grayson #1 se lance sous la plume du duo Tom King et Tim Seeley comme une rédemption, pour un personnage qui se sera beaucoup cherché. Servi par des couleurs pop et quelques trouvailles graphiques dans un style “espionnage rétro”, le numéro est fort bien illustré par l’artiste Mikel Janin, qui donne une véritable identité à ce début de série.

On retrouve une nouvelle Huntress, un Dick à l’aise dans ses chaussures d’espion-super-héros, et une intrigue de long terme qui envoie quelques promesses pour l’avenir. Cerise sur le single, l’apparition du Midnighter, un personnage à double sens pour le jeune Dick, à la fois inspiré par Batman et répondant à la condition de sex-symbol du personnage. L’échange entre les deux héros, à l’image de tout le numéro, est efficace et propose de vrais bons dialogues. On retrouve aussi une bonne dynamique dans ce début de série, et suffisamment de qualités pour rester accroché à cette nouvelle orientation, hasardeuse mais rassurante, pour un Dick Grayson qui continue encore d’évoluer.

Des fois on prend des risques et on se casse la gueule, c’est le principe des risques. Mais des fois on prend des risques et cela paye et alors quelle satisfaction ! Clairement, déposséder Dick Grayson de ses collants de Nightwing pour le transformer en agent secret infiltré chez Spyral en était un, mais le résultat est un super numéro un qui évite un par un tous les obstacles et tire la substantifique moelle du genre du film d’espion: c’est à dire le fun !

Ne croyez pas que cette série tourne complètement le dos au genre super-héroïque, puisque l’intrigue de ce numéro est bourré de petits éléments méta pour respecter l’ADN du personnage, mais pour le reste on est en plein dans l’espionnage et son monde, de l’action ultra spectaculaire, de la baston, de la trahison et du double jeu. Que du fun, je vous dis !

Coté dessin c’est très beau, Mikel Janin, nous livre de magnifiques personnages, qui jurent heureusement avec la couverture du numéro, assez vilaine. Les décors sont plutôt rares, mais superbes quand ils sont présents. L’action est bien rendue, et même l’image la plus whathefuckesque s’intègre presque naturellement.

En conclusion voilà un numéro qu’il faut absolument découvrir, beau, fun, parfois drôle et qui change agréablement en rompant avec le train train qui règne parfois sur les séries super-héroïques.