Review VF – Batman : Les Nouvelles Aventures Volume 1

Les points positifs : Une belle édition Le plaisir d’être nostalgique Idéal pour les jeunes lecteurs L’école DCAU Les points négatifs : Est-ce-que ça marche aussi bien sans la nostalgie ?

« Alfred, apportez moi ce gadget qui détecte si quelqu’un est Gueule d’Argile, un Martien ou un Robot. » – Bruce Wayne

• Scénario : Dan Slott, Ty Templeton, Gabe Soria, Vito Delsante – Dessin : Rick Burchett, Ty Templeton, Dean Haspiel – Couleur : Lee Loughridge, Zylonol

• Batman : Les Nouvelles Aventures volume 1 – 13 mars 2015 – 256 pages – 19 €  – Urban Comics

Ce mois-ci, les éditions Urban Comics accueillent un nouveau format de publication dans leur catalogue librairie. Urban Kids, une édition souple et plus petite que leur hardcovers habituels, destinée aux jeunes lecteurs et aux parents, et qui publie cette semaine le volume un de Batman : Les Nouvelles Aventures, adaptation papier du dessin animé des années ’90. 256 pages pour dix-neuf euros, un très bon rapport qualité prix, et surtout une belle occasion de replonger en enfance, à l’époque où les dessins animés DC régnaient en maître sur le dimanche matin et les après-midi pyjama-chocapic.

Le volume reprend les neuf premiers numéros de la série The Batman Adventures, publiée quelques années après l’âge d’or du DCAU (2003-2004). On retrouve au scénario un tandem composé de Dan Slott et Ty Templeton, qui appliqueront les règles à suivre dans l’écriture d’une série pour enfants, ainsi qu’un trio d’artiste (Rick Burchett, Terry Beatty et Lee Loughridge) respectant au trait près le dessin « à la Bruce Timm« , devenu une nouvelle ligne claire pour les long-métrages et adaptations de long-métrages animés chez DC Comics pendant une bonne partie des années 2000. Le tout est efficace, on retrouve la Gotham inquiétante et démesurée des dessins animés, le look des personnages de l’époque, et l’emploi de certains vilains ou alliés en écho direct au statu quo de Batman : Les Nouvelles Aventures ou d’autres figures du DCAU (comme Phantasm, qui fait un petit retour dans ce volume un).

Du point de vue de l’écriture, ce volume est plus que satisfaisant. Les épisodes s’enchaînent, unis par une vraie continuité et un statu quo original (le Pingouin élu maire de Gotham, Ra’s Al Ghul qui tente d’éliminer la rogue gallery de Bruce, etc), entrecoupés de petits hors-séries, où les scénaristes offrent une pause aux lecteurs et se donnent l’occasion de petits clins d’œil au background du justicier et de sa mythologie. Le tout facilite la lecture, surtout pour les plus petits, moins habitués à enchaîner 250 pages que les lecteurs plus âgés. Les récits sont globalement très accessibles pour un jeune lecteur (pour peu qu’il ait quelques notions), et viennent s’intercaler çà et là des fiches de personnages pour présenter les intervenants aux moins expérimentés. Pour les autres (c’est à vous que je m’adresse, papas et mamans), le tout est un véritable retour en enfance. On retrouve Tim Drake en Robin, une Harley dans son costume classique, les résolutions d’enjeux dignes du dessin animé. Parfois, on se surprend à lire certaines bulles de dialogues en imaginant les voix des doubleurs VF de l’époque, à d’autres, on n’a qu’une envie, refermer le bouquin pour filer sur le web regarder le générique (terreau d’une bat-mania encore vivace aujourd’hui).

En ce qui concerne l’univers graphique, le trait s’avère plus léger que l’ambiance parfois lourde et pesante imposée par Bruce Timm dans ses différents travaux, bien que le résultat soit tout aussi convaincant. On retrouve un style années ’30/’40 dans la panoplie de costumes, armes et véhicules employés par les gangsters, figures typiques de la mafia de film-noir, et des vilains qui renouent dans cette ambiance passée avec leur origine pulp, très stylisée et inspirée des premiers récits du Chevalier Noir. Petit bémol : le Joker, étonnamment, n’est pas une immense réussite – mais s’accorde avec un scénario qui dédramatise le psychopathe, à travers un arc inspiré directement par les récits de Paul Dini, instigateur de toute la relation Joker/Harley.

Pour en revenir brièvement au format Urban Kids, on apprécie le soin et la sobriété apportée par l’éditeur. On retrouve la composition habituel de n’importe quel de leur relié : un volume noir, logo et numéro sur la tranche, une très bonne qualité d’impression, solide et agréable à prendre en main. La couverture est magnifique, et dans les même tons et coloris que le Gotham City Girls qui accompagne cette sortie du mois de mars. Le format souple pourra décevoir certains, mais conviendra mieux à la prise en main d’un enfant. Le rapport prix/page correspond fidèlement à la politique tarifaire en vigueur chez Urban, et sachant que la série ne contiendra que deux volumes, représente un budget abordable pour une édition de cette qualité.

Cela étant dit, vient l’instant de conclure, et c’est un quasi-sans faute pour ce premier volume de Batman : Les Nouvelles Aventures. À la fois bon aux dessins et aux scénarios, l’ouvrage est un bon compromis entre le plaisir du gamin que vous étiez et celui que vos enfants sont toujours. On apprécie la retombée en enfance, de retrouver cette Gotham et ces personnages, et le soin d’Urban Comics de proposer une édition de cette qualité à côté de leurs cartonnés habituels. Du très bon boulot, dont le seul reproche serait en fait d’être trop nostalgique, en nous rappelant que le DCAU d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. We miss you, Richard Darbois.