[Review VO] Gotham By Midnight #1

Les points positifs : Ben Templesmith colle parfaitement à l’ambiance Des personnages qui s’annoncent chouettes… Creeeeepyyyyy ! Les points négatifs : … mais pas assez développés Ca prend son temps pour s’installer

« You wanted to see what it is we actually do, Rook… » – Terra

• Scénario : Ray Fawkes – Dessins, couleurs, couverture : Ben Templesmith

• DC Comics Bat-Family – Gotham By Midnight #1 – 26.11.2014 – 32 pages – 2,99$

Après les venues successives de Gotham Academy et Arkham Manor le mois dernier, voici venu le tour de la 3ème nouvelle série du Bat-verse de faire son apparition dans nos comicshops. Reposant elle aussi sur la base d’un nom populaire aux yeux du lectorat, elle souhaite néanmoins s’adresser à un public différent en proposant, comme l’a pu le faire Batman Eternal (dont la série est une sorte de spin-off via l’utilisation du personnage de Jim Corrigan) sur quelques passages, une plongée dans les recoins les plus surnaturels de Gotham City. Parce qu’on a beau être un Chevalier Noir, lorsqu’il s’agit d’affronter spectres, ectoplasmes et autres créatures des enfers, mieux vaut s’adresser à des personnes qui ont des compétences dans ce domaine là, non ?

Ce numéro d’introduction, c’est Ray Fawkes qui va nous l’écrire. Et si on pouvait émettre quelques doutes sur les qualités de l’auteur au vu de son travail sur Pandora ou Constantine, j’étais quelque peu rassuré par certains numéros très axés sur l’horrifique qu’il a pu écrire dans Batman Eternal. Je me suis dit qu’il est donc en terrain connu, et qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes… Et devinez quoi ? C’est le cas. Pour nous présenter la fine équipe, Fawkes utilise un agent des internal affairs du GCPD (l’équivalent de nos IGS), dénommé Crook, qui vient examiner, surveiller le travail effectué par Jim Corrigan et ses comparses. Histoire de voir si le budget qui passe dans cette équipe sert à quelque chose, puisque les rapports d’enquête sont incompréhensibles et qu’ils n’ont effectué aucune arrestation : c’est pas le travail de police qu’ils font ces gaillards. On se retrouve donc avec la situation, classique, de celui qui ne croit en rien au surnaturel et qui va donc être embarqué dans la première enquête de ceux qui se font appeler le Midnight Shift (l’équipe de minuit, quoi. Double-sens du titre de la série du coup, ingénieux, génie, scott snyder, et Corentin qui rage).

C’est une première enquête qui met du temps à venir puisque Fawkes prend son sens pour installer les différents protagonistes (un officier de police, Weaver, l’inspecteur Lisa Drake, le Dr. Szandor Tarr, expert scientifique, et Sister Justine, une religieuse) au sein de leur QG miteux, alors que de son côté Corrigan rencontre brièvement Batman (qui est heureusement plus un faire-valoir qu’autre chose et n’empiète pas sur le reste des protagonistes), ce qui le mènera à la première enquête dont il est question. Si Fawkes aborde un peu le passé de Lisa Drake, on en sait encore bien peu sur le reste de l’équipage, nul doute que ça viendra avec le temps. De fait, l’intrigue met un peu de temps à s’installer, car les scènes sont étirées au niveau de leur découpage, et si le ton et l’ambiance de la série sont donnés, on a encore un peu de mal vers où va aller l’orientation. Par contre, au niveau de cette ambiance, on a une montée en puissance dans les dernières pages qui est rudement bien menée ; Fawkes sait faire grimper la tension jusqu’à son climax final, et avait déjà pu me le montrer auparavant. On peut sentir l’angoisse grimper chez les différents protagonistes à mesure que l’on bascule dans un étrange des plus inquiétants et une dernière page qui fait basculer le récit dans une horreur singulière, de celle des cauchemars tordus qu’on préfère oublier. Point de débordement graphique, non. Juste une présence dont la seule vue vous glacera le sang. Et c’est bon !

Impossible non plus de saluer le travail de Ben Templesmith que j’ai personnellement découvert sur les très bons 30 Days of Night et Wormwood, titres qui baignent déjà dans une ambiance sombre et surnaturelle. L’artiste se révèle tout à fait adapté pour illustrer cette série (bien qu’Andrea Sorrentino aurait tout aussi bien convenu) et réussit à baigner ses planches dans une atmosphère qui reste poisseuse même lors de l’utilisation de couleurs chaudes. En regardant son trait d’au plus près, on a vraiment l’impression que tout est fait d’une fois et directement à l’encre, le tracé étant aux premiers abords imprécis, vague, mais réussit quand même à donner vie aux personnages, tous distinguables les un des autres, ainsi qu’aux environnements – dont certains bénéficient néanmoins du strict minimum pour être dépeints, donnant l’impression d’avoir des dessins d’enfants à certains endroits – et c’est peut être voulu et ça ajoute ce cachet inquiétant à l’histoire. Et puis vous verriez ce Batman qui ne se limite qu’à une cape, faite d’un trait de pinceau – même lui a un air fantomatique. La colorisation est également au plus juste, et dans l’ensemble les planches sont vraiment belles même si elles peuvent manque de décors. C’est moi ou certaines tâches de couleurs du fond ont l’air d’avoir été faites avec les doigts ?

On pouvait à juste titre s’inquiéter de voir Ray Fawkes débarquer tout seul sur une nouvelle série du Bat-verse, mais l’auteur sait y faire avec son équipe atypique et nous emmène (un peu trop) doucement dans une plongée vers le côté surnaturel de Gotham, avec une montée en puissance de l’angoisse jusqu’à une dernière page des plus inquiétantes. Une introduction réussie grâce au brio de Ben Templesmith qui réussit à convaincre avec son style très particulier, qui ravira les amateurs du genre. Le Midnight Shift est là, j’espère qu’il vous convaincra autant que moi ! 

Un avis supplémentaire c’est bien aussi !

Voilà, Gotham by Midnight est enfin là. Ce que l’on peut en dire pour l’instant c’est que le titre prend le temps de doucement s’installer. On se retrouve dans une configuration que l’on retrouve assez régulièrement : un entêté qui ne croit pas au surnaturel pour y être confronté au final avec cette fameuse Midnight Shift. L’équipe est atypique et chaque personnage a ses particularités. Tous les personnages ont leur histoire derrière eux et j’ai hâte d’en savoir plus sur eux, comment ils en sont arrivés là. Ray Fawkes qui s’occupe du scénario y vas à pas de loup, mais en même temps l’ambiance est clairement là. Se retrouver avec un mystère concernant deux petites filles, dans une ambiance qui se fait de plus en plus oppressante pour finir en beauté sur un cliffhanger maléfique, c’est vraiment chouette.

J’avais peur que ce soit un peu long, mais dans l’ensemble, le numéro se lit bien. Les planches de Ben Templesmith sont en adéquation avec l’ambiance qui mêle à la fois le côté polar et le côté univers sordide et sale. Dans l’ensemble je suis plutôt charmée par ce premier numéro, et j’ai vraiment envie d’aller plus loin, d’en découvrir plus sur ce premier ennemi, sur les membres de l’équipe.

– Harley