[Review TV] Gotham – S01E06 « Spirit of the Goat »

« You watch, mom. I’m gonna be somebody in this town. » – Oswald Cobblepot

• Gotham Saison 01 – Épisode : 6 – Titre : Spirit of the Goat

• Réalisé par  TJ Scott – Écrit par Ben Edlund – 27 octobre 2014

Dire que j’étais assez remonté lors de la vision du dernier épisode de Gotham serait un euphémisme, et c’est avec une certaine appréhension, non dénuée de lassitude, que je me suis lancé dans ce nouvel opus des aventures de Jim Gordon et Harvey Bullock dans la sombre ville de Gotham City. Et, ma foi, j’ai eu une plutôt bonne surprise cette semaine. Voilà, je vous ai spoilé l’appréciation générale, vous pouvez vaquer à vos occupations habituelles. Sauf si vous avez envie d’en savoir plus, que vous voulez un avis un peu plus détaillé, dans ce cas je vous invite à venir lire la suite, maintenant !

Première chose, l’épisode s’ouvre par un flashback. L’occasion pour nous de voir dix ans plus tôt un Harvey Bullock qui ressemble, sans grande surprise, au James Gordon du temps présent. Impétueux, avec un côté héroïque sur les bords, on est loin du flic cynique et désabusé qui nous est présenté à présent ; on voit bien qu’on essaie par ce biais de nous montrer à quel point la ville de Gotham et son fonctionnement réussissent à faire perdre la foi même aux policiers les plus tenaces (le compère de Bullock, Vix, ressemble pour le coup au Harvey de l’époque présente – tout n’est qu’une question d’influences ?), et si dans l’idée ça fonctionne plutôt bien, je regrette que la représentation du personnage ne soit pas un peu plus fine. Mais ce flashback reste d’assez bonne facture, avec une ambiance de thriller sombre, une mise en scène pour la victime un brin glauque, et un méchant plutôt inquiétant. On lui retrouvera d’ailleurs quelques aspects qui feront penser à une version maudite du Chevalier Noir (le masque avec les petits oreilles pointues, sa façon de se déplacer derrière les gens), dont le charisme est atténuée par sa façon répétée de scander qu’il est le « Spirit of the Goat ». Puis bon, là aussi la référence crève les yeux… Spirit of the Bat, tout ça… Le choix de la Chèvre comme totem ne manquera pas d’interpeller le jeune Bruce Wayne qui campe toujours son rôle de pré-Batman de dix piges, mais fort heureusement on ne le voit pas trop dans cet épisode. Bref, une fois sorti du flashback, on retrouve Bullock qui se retrouve face à une scène de crime qui rappelle fortement celle à laquelle il assistait dix ans plus tôt… The Spirit of the Goat is back !

Comme à son habitude, le format « freak of the week » nous expose à une enquête dont on sait que la résolution se fera rapidement. À nouveau, on nous évite le passage chez Fish Mooney pour récolter des informations (Jada Pinkett Smith est d’ailleurs absente de l’épisode, ainsi que toute mention de la Guerre des Gangs…), mais les investigations des deux inspecteurs se font très rapidement, trop rapidement, et j’aimerai bien qu’on nous offre des histoires qui arriveraient à s’étendre sur plusieurs épisodes. Bon mais pour ça, il faudrait avoir des vilains un peu plus intéressants (ou un peu mieux traités). Dans le déroulement, on avance sans grande surprise puisqu’on sait bien que tous les éléments du flashback seront utilisés. On a donc droit à la visite, dix ans plus tard, à l’ancien co-équipier de Bullock – ce qui laisse d’ailleurs un petit échange avec Gordon assez amusant. De la même façon, l’un des personnages présenté dans l’épisode ne laisse aucun doute quant au twist de l’enquête, vraiment prévisible. Et certains aspects coincent vraiment. Autant les motivations de la dite personne, je veux bien, mais quant à son modus operandi, ça reste beaucoup moins cohérent (surtout : pourquoi attendre dix ans ?). Tout ça n’empêche pas d’avoir un « freak of the week » plutôt sympa, mais – et j’ai envie de dire là aussi « comme d’habitude » – le réel intérêt se trouve à côté.

En premier lieu, on commence à s’intéresser un peu plus au personnage d’Edward Nygma, qui même s’il conserve cette façon de parler à vouloir toujours placer des « riddles » à droite à gauche, comme si le reste de la série ne manquait pas assez de finesse, nous offre une sous-intrigue pour étoffer un peu le personnage qui faisait plus office d’easter egg qu’autre chose pour le moment. Même si, en toute honnêteté, sa petite histoire n’apporte pas grand chose. Mais c’est bien de vouloir travailler le personnage un peu ! Bon, par contre la tasse avec le « ? » dessus, était-ce vraiment nécessaire ? Nan, mais vraiment ? Après ça me fait plus rigoler qu’autre chose, ce genre de petite bévue on finit par s’y attacher, parfois – surtout que c’est pas encore trop grossier à ce niveau. Les rapports entre Gordon et sa fiancée évoluent un peu mieux mais cette partie là reste toujours assez froide de mon côté, tout comme la relation avec Montoya, un personnage vraiment maltraité dans la série. Reste que l’enquête des deux agents du MCU commence à porter ses fruits (là aussi, avec un coup du sort très très gros…), et alors qu’on s’attend à voir Gordon et Bullock coffrés… Hé bah ça devient intéressant. Enfin, la dernière fois qu’on a eu un cliffhanger avec ce personnage, c’était devenu tout pourri lors de l’épisode suivant, mais là j’ai espoir que les choses se dynamisent un peu. Et elles le devraient. Par ailleurs, une petite mention comme toujours à Robin Lord Taylor qui excelle dans le rôle d’Oswald Cobblepot, même s’il se fait moins présent et que sa maman est assez antipathique, on se plait toujours à le suivre dans sa lente et difficile ascension. Je passe sous silence la scène avec Selina Kyle, parce que bon, voilà, hein, c’est pas comme s’il y avait quelque chose à en dire. Allez, si : The Dark Knight Rises.

Visuellement, l’épisode ne se dénote pas énormément des autres mais reste assez plaisant. Comme je l’ai dit, tout ce qui est lié au Spirit of the Goat rend assez bien en termes d’ambiance, le masque est relativement réussi pour rendre le méchant inquiétant, et le flashback du début est bien dynamique. On retrouve encore et toujours les plans de la ville qui font office de transition, et bon, je sais pas vous, s’ils sont toujours très charmants, on commence à s’en lasser un brin. Mais je suppose que ça fait partie du package de la série à présent. Certains décors intérieurs sont réussis, je pense à l’appartement de Maman Cobblepot. Il y a juste une scène d’action vers la fin que j’ai trouvé ratée, genre on y croit pas vraiment, on a pas l’impression de voir deux personnes se battre, ça reste trop proche de l’acting, et ça casse un peu le climax. Mais dans l’ensemble, il n’y a rien de désagréable, et ça participe au ressenti positif que j’ai eu pour cet épisode.

Allez, Gotham se rattrape cette semaine avec un épisode qui nous montre un méchant plutôt inquiétant, avec une enquête qui profite d’un twist (un peu prévisible, mais bon), mais surtout un développement des intrigues secondaires qui offre une consistance au tout. On s’attarde un peu sur Nygma, Cobblepot est toujours charismatique, et pour une fois, on a l’impression que le cliffhanger va vraiment apporter du sang neuf à la série : des rebondissements, de vrais enjeux, une vraie tension pour les personnages. J’ai envie d’y croire en tout cas. Réponse la semaine prochaine ! 

Un avis supplémentaire c’est bien aussi !

Un classique du genre policier : la vieille enquête qu’on rouvre, quand une série de crimes évoquant une affaire passée se trame à Gotham City. Sans être d’une originalité sans bornes, l’occasion est donnée de poser une véritable ambiance, et exploiter la folie inhérente à la cité – presque pour la première fois. Les décors sont somptueux, les éclairages réussis, et le monstre de la semaine bien caractérisé (malgré le fanservice trèèès appuyé). Agréable, après un épisode cinq d’un ridicule avoué. On évite de trop montrer Bruce Wayne (bien que chacune de ses apparitions soit aussi agréable qu’une fourchette dans la cuisse), on évite de donner dans le déjà vu, et on laisse aux acteurs l’occasion de s’exprimer. Une caméra intelligente laisse aux scènes le temps de se développer – mais ! Comme d’habitude, c’est du freak of the week. Là où l’occasion était donnée à la série de développer une intrigue sur du long terme, elle boucle en fin d’épisode l’ouverture vers une possible conspiration, par un quasi-easter egg sympatoche mais grossier, et qui fait un peu de peine quand on pense aux grands récits de Gotham autour du genre « société secrète » ou meurtres en séries. Du côté des points forts, si le Pingouin revenait souvent comme l’une des réussites du show, le Riddler le rejoint peu à peu dans la catégorie des personnages intéressants, ne se cantonnant plus à un caméo de 32 secondes en début d’épisodes pour exprimer quelque chose de différent. Dans les points faibles, le duo de superflics à la poursuite de Jim Gordon, aussi maladroits que stupides, des clichés de séries télés d’une fadeur abominable, et finalement l’éternel déséquilibre de Gotham : une série avec une atmosphère, une ambiance, des acteurs et du potentiel, mais trop timide pour s’assumer et restant engoncée dans les clichés de type CSI voire NCIS. Le tout reste agréable, on espère cependant avoir enfin une intrigue sur le long terme, et moins de monstres-fillers sans intérêt. Oh, et si Bruce Wayne pouvait décéder… Oui, non, ce serait bien. Vraiment.

– Corentin