Off My Mind #14 : Booster Gold et le futur (Doomed, Futures End, Crisis)

ATTENTION, cet article contient de gros spoilers sur Forever Evil, Futures End et Superman Doomed

Nous y sommes… Le voilà, le numéro de toute les convoitises. Enfin, surtout les miennes, pour ne rien vous cacher, mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Alors que j’ai quelques problèmes de stabilité temporelle et un peu de mal à vous joindre en ce moment, un peu comme notre ami Booster Gold dont je vais encore vous parler aujourd’hui, j’ai quand même réussi à me synchroniser avec votre réalité et votre timeline pour vous parler de ce numéro en large et en travers (et long aussi en fait, désolé).

D’ailleurs oui, je sais que vous espériez une review au sens plus conventionnel du terme, moi aussi. Mais la lecture de ce numéro me pousse à aller plus loin qu’à une simple énonciation de qualité et de défauts, car l’importance de ce pan d’histoire ne se situe pas ici. Tout comme la fin de Superman : Doomed, plus précisément la dernière case, m’oblige à agrandir les angles d’observation. Et comme pour faire bien les choses, après un Off My Mind sur les implications de Booster Gold dans le passé, puis un celui plus concret, sur les événements présents, à l’image de ce Booster Gold tagué du logo d’Argus, projetons nous maintenant dans ce future proche, les deux pieds dedans (même si je ne mentirais pas, les deux derniers numéros faisaient aussi ça, c’est évident, mais avec encore plus de spéculation).

Sinon, je précise tout de même qu’il vaut mieux avoir lu le numéro Booster Gold : Futures End #1 d’abord, ainsi que le numéro Superman : Doomed #2, histoire d’attaquer dans de bonnes conditions cet article, qui s’attaque à ces deux sorties incontournables de la semaine.

C’est le bordel quand même les gars…

Oui, soyons honnête, c’est quand même un grand foutoir ce que nous présentent ces numéros. Pour Booster Gold, l’intrigue commence en 1800 et se termine, je dirais donc cinq ans dans le futur, en faisant un petit détour par « il y a deux ans », et accessoirement, au 31 ème siècle (coucou la Légion), voir au delà (coucou Kamandi). Le plus intrigant ne reste finalement pas cette histoire de temporalité qu’on arrive plutôt bien à situer, mais de lieux, ou devrais-je dire, de dimensions. Car oui, il semblerait effectivement que Booster Gold ne traverse pas seulement le temps dans ce numéro, mais aussi les dimensions (et d’ailleurs, c’est une certitude). Pour ceux qui ont lu la preview, la présence de Batman dans les années 1800 a bien dû vous perdre l’esprit, mais la réponse se trouve effectivement dans ce dont je viens de parler. Si on veut. On couple ça avec la dernière page de Doomed #2 (voir planche ci-dessous), la fin de Pandora (voir la planche tout en bas de l’article), la folie autour de Multiversity, l’effervescence autour du projet Crisis (ou peu importe son nom, et j’espère qu’après tout ce bordel, on arrêtera de nous prendre pour des guignols à force d’insister là-dessus) et les séries hebdos World’s et Futures End, on réalise que tout ce joyeux bazar est connecté, que ce numéro est au centre de ce qu’on appelle le DC Universe, avec un grand U tellement cela nous parle, et tellement cela nous égare en même temps.

C’est du DC, avec la grosse patte du monstre qui griffe notre visage de sa marque de fabrique (univers parallèles, multivers, voyage dans le temps bordélique, etc). Ils nous racontent des histoires avec un grand H qui parlent de multivers et fatalement, de Crisis. Ou, plutôt, de temporalité qui se barre en cacahuète comme dans une certaine Zero Hour, bien que tout reste à prouver. Après tout, c’était aussi écrit par Jurgens, et franchement, ça y fait penser à plein nez. Oui, je suis passionné, ce qui me vaut souvent d’être taxé de « fanboy », et je parle même peut-être chinois et ce numéro de Booster Gold ainsi que la dernière page de Doomed risque de perdre beaucoup d’entre vous, autant par les débuts de réponse qu’ils apportent que par les mystères qu’ils énoncent. Mais vous aussi, vous le sentez venir ? Ce truc « énorme » qu’on nous tease depuis des mois, non ? Vous aussi, vous aimez et voulez comprendre cet univers non ? Continuons donc notre investigation, en allant un peu plus loin. Et avec un peu plus de Booster Gold donc.

On nous a menti !

Les récentes interviews de Dan Jurgens nous laissaient croire que nous aurions toutes les réponses et plus encore sur les voyages et autres perturbations temporelles concernant Booster Gold. Ouais et bien, j’ai envie de dire « poliment » qu’il s’est bien foutu de notre gueule ! On est loin de tout capter à ce qui est arrivé à Booster. Car il ne faut pas oublier que c’est de lui dont il s’agit. Il a beau s’insérer dans un univers bien plus vaste et fou que sa petite personne, il n’en reste pas moins le centre du sujet aujourd’hui. Et doublement, puisque nous n’avons pas droit à une, mais deux itérations du personnage. Du même univers mais d’une époque différente ? D’un autre univers parmi les 52 autres du Multivers ? Ou tout autre chose ? Car à la lecture de ce numéro, rien est moins sûr, et c’est là que le génie opère. Le génie ou la folie éditoriale qui frappe DC ces jours-ci, car encore une fois, je ne sais pas comment le lecteur nouveau qui n’a jamais rien lu avant les New 52 (et sur Booster Gold) va appréhender tout ça.

Le premier Booster que l’on suit, c’est celui avec son costume Argus, vu pour la première fois dans JLI (et la dernière fois, dans All-Star Western, il a ramené le bon vieux Hex dans son époque). Le second, c’est clairement celui des New 52, celui de la JLI, celui qui s’est retrouvé au Far-West et c’est celui qui est vraiment concerné par le côté « Five Years Later » du numéro, puisqu’on le retrouve aux prises avec un Brainiac plutôt déterminé. Déjà là, grosse confusion. En fait, on ne nous explique pas ce qui est arrivé à Booster ni pourquoi il est envoyé aléatoirement à travers le temps. On comprend surtout qu’il s’agit là de l’oeuvre d’une entité autre (celle qu’on aperçoit dans la dernière page de Doomed #2 ?), et que les deux Booster de ce JLI Annual (que nous revivons ici aussi dans ce numéro) sont en fait deux Booster de réalités différentes. Bonjour le bordel. Le plus rageant étant que le numéro, qui réunit tout ce beau monde ainsi que la sœur de Booster, Michelle aka Goldstar que l’on a pas revue depuis le pré-New 52 (!!!), termine sur un cliffhanger nous menant directement vers Futures et World’s End, les deux. Que les rabat-joie qui me traitent de fou quand je dis que ces deux histoires sont intrinsèquement liées et interagiront entre-elles s’excusent sur le champ ! Et à genoux ! Merci.

Des réalités à n’en plus finir et un mal de crâne au bout aussi, c’est gratos.

Bien, maintenant que nous sommes bien paumés et que nous savons que ce numéro, censé apporter des réponses, pose encore plus de questions, on peut encore passer à l’étape suivante. Bienvenue dans le paragraphe de la spéculation. Où les gros « peut-être » s’exposent en surbrillance au-dessus de chaque phrase. Qu’est-ce qu’il se passe dans l’univers DC ? Qu’est-ce que c’est que tout ce bazar, et pourquoi ? D’un côté, on a Multiversity, dont le but est relativement simple : dépeindre les 52 Terres du multivers. Le tout semble d’ailleurs relativement détaché de tout ce qui se passe ici et en ce moment de manière générale dans les New 52. L’absence de la mention sur la cover parle d’elle-même, et je crois de plus en plus à l’indépendance du titre, même si son influence ne doit surtout pas être écartée. Et de l’autre, on a la fin de Pandora, qui contextualise le « reboot » des Multivers, la fin de Doomed qui nous envoie à la tronche une fresque qui fait absolument référence à l’ancien multivers, et ce numéro de Booster Gold qui semble aller un peu plus loin encore que ces deux idées réunies, et qui attaque l’univers DC sous un autre angle.

Qu’on se comprenne bien, ce qu’il faut relever c’est que l’ancien Multivers a été rebooté par Pandora pour corriger ses imperfections en donnant sa naissance au nouveau, celui des New 52, multivers, dont l’univers « 0 » avait déjà été altéré d’un point de vue temporel, par les événements racontés dans Flashpoint. Ce qui veut dire donc, de manière assez brutale, que le multivers Pré-New 52 est le passé du Multivers des New 52, et que donc, les images et autres éléments placés ça et là dans la dernière page de Doomed et dans celle de Booster Gold ne sont pas nécessairement (mais ce n’est pas à écarter non plus) des images d’univers parallèles au sein même des New 52, mais bel et bien des images provenant du passé, de ces autres réalités temporelles qu’étaient les univers ou multivers post-Crisis et post-Infinite Crisis. L’idée pure est simple que tout est continuité de la manière la plus brute qui soit. Et on dépasse le cadre d’un JL 3000 qui fait de la rétro continuité pour s’appliquer à un univers (même si il est trop tôt pour ne pas y voir là aussi un lien quelconque).

En somme, pour éclaircir un peu ce que je raconte, on parle de temporalité : chacune des 52 réalités, rattachées au Multivers connu, appartiennent à une seule et unique temporalité, celle des New 52. Tout comme le multivers pré-Crisis était rattaché à sa propre temporalité, même chose pour le post-Crisis, et le Post-Infinite Crisis. Toutes ces itérations du Multivers ont existé dans le temps, qui s’écoule au fil des années et de nos lectures… Et l’idée du paragraphe suivant c’est que chacune des deux itérations de Booster Gold dans le numéro Futures End (pour en revenir à lui), appartiennent à une temporalité différente. Le Booster Gold « Argus » serait une version du futur de de Booster de la temporalité pré-New 52 de la Terre-0 (ou New Earth comme elle était appelée post-Crisis) et l’autre, la version connue et croisée dans les New 52 de cette même Terre-0 qui évolue donc dans cette nouvelle temporalité.

Deux Booster pour le prix d’un !

Avant de continuer, je vous rappelle qu’ici, tout n’est que spéculation, on ne peut rien faire d’autre à ce stade. Peut-être qu’on ne parle que de Multivers et que les références au pré-New 52 sont juste là pour le plaisir des lecteurs et qu’il ne faut pas chercher à se compliquer un peu plus la chose, il pourrait s’agir d’images provenant purement et simplement de plusieurs images du Multivers des New 52, et là, Multiversity nous le confirmera ou l’infirmera. Mais je ne peux m’empêcher d’y voir plus que ça. Parce que je suis passionné et complètement fou, je sais. Et que le Booster « Argus », ainsi que ses phrases, me perturbent au plus au point. Et je pense que le fait que cela soit Jurgens derrière le numéro renforce aussi cette idée. Je ne mentionnais pas Zero Hour par hasard au début de la review. Booster « Argus » dit plusieurs choses. La première, qui est assez marquante en l’état, quand il se retrouve sur Earth-4 (ce sont ses propres mots), la terre des héros de Charlton Comics (dont l’univers des Watchmen est un pastiche) est la suivante :

Rip Hunter et moi-même avons découvert le Multivers, mais…

C’est une référence directe à la fin de 52, simple clin d’œil ou réalité, prouvant ainsi son appartenance au Multivers post-Infinite-Crisis aka Multivers pré-New 52 ? À noter aussi que lors de ce passage, l’auteur va soigneusement éviter de faire croiser Blue Beetle (Ted Kord) et Booster Gold, qui vont se manquer de peu, histoire de pas révéler trop de soupçons, faut pas déconner. Plus tard, dans le numéro, Booster « Argus » rencontre sa sœur, Michelle aka Goldstar (je la mentionne plus haut). Elle porte le même costume quand, lors de sa dernière apparition dans les pré-New 52, Booster « Argus » toujours, en fait référence comme sa propre sœur et non celle du jeune Booster qui, lui, reste étonné de la voir car elle est prétendue morte. De plus, quand son frère la trouve, alors qu’il a le sentiment d’être arrivé chez lui, elle lui déclare que Métropolis est coupé du reste du monde, que rien ne peut y entrer ou en sortir, comme si la ville était mise sous cloche… Un indice de plus (qui fait aussi directement appel à Brainiac).

Et enfin, il y a cette autre phrase, que Booster « Argus » dit au jeune Booster :

Je suis une plus vieille version de toi. D’un endroit… d’un univers… que tu n’as jamais connu.

Là aussi, cela insinue beaucoup beaucoup de choses : il parle d’une réalité dont le jeune Booster n’a jamais entendu parler. Or, Booster arrive dans les New 52 comme plus ou moins aguerri (rappelez-vous, je le soupçonnais même de connaître l’ancienne temporalité du Multivers, la pré-Flashpoint), il connaît aussi Rip Hunter, on peut donc supposer que même s’il n’a pas vécu les événement d’Infinite-Crisis, il aurait pu éventuellement entendre parler du Multivers. De plus, cette phrase serait presque une auto-référence du personnage (même si je mise plus sur la coïncidence sur ce coup-là) puisque dans le pré-New 52, Booster était désigné par les siens comme le plus grand héros dont on entendra jamais parler : celui qui a restauré le multivers et sauvé le timestream à de maintes reprises, sans qu’aucun héros DC (sauf Batman, éventuellement) ne l’apprenne jamais. Toute ces références au pré-New 52 du personnage, moi ça me travaille. De plus, si l’on continue à croire la théorie que ce Booster « Argus » serait le futur Booster Gold pré-New 52, cette version se serait retrouvée à Vanishing Point et aurait été épargnée par le reboot du multivers déclenché par Pandora. Et fatalement, la mémoire du précédent univers, il la porte avec lui, puisqu’il en vient, et il aurait continué à évoluer dans cette temporalité d’une manière ou d’une autre. Le point qui me mettra le plus de doute reste cependant le remake de la scène du JLI Annual que nous avons en accéléré ici mais qui, bizarrement, ne se termine pas vraiment de la même façon, pour le Booster « Argus » en tout cas. Dans la pratique, c’est sûrement un retcon déguisé, mais dans les faits, ça entretien le mystère. Il y a un gros mic-mac dans le temps, c’est une évidence, et Booster « Argus » en est le premier affecté. Difficile de savoir si le Booster « Argus » que l’on a vu dans JLI était vraiment le même que celui de ce one-shot (c’est pour ça, entres autre, que ce numéro ne tient pas ses promesses en termes de réponse), car la scène se passe légèrement différemment. Alors que Booster « Argus » est censé expliquer au jeune Booster que Rip Hunter va sûrement l’empêcher d’agir et que Superman et Wonder Woman doivent être arrêtés (comme vu dans le JLI Annual), il va seulement commencer sa phrase pour s’arrêter en cours de route, s’écriant avec peine (visiblement) qu’il a déjà vécu ça et qu’il ne comprend pas pourquoi. Ce qui pourrait aussi vouloir dire que le Booster « Argus » vient d’une temporalité future et/ou effacée. Pour parler plus clairement, une nouvelle itération d’un Multivers qui n’aurait donc pas lieu. Rappelez-vous, Pandora se sacrifie pour empêcher le nouveau reboot dans son numéro Futures End, est-ce une coïncidence ? Un numéro dont la dernière page expose un monde de paix (visible) et dans lequel les événements de Futures End n’auraient possiblement pas lieu ?

Autant de questions et d’hypothèses qui me triturent l’esprit depuis les fameuses lectures d’aujourd’hui. Des lectures complètement folles qui font appel aux plus pures traditions DC, baignées dans des univers parallèles, des temporalités différentes (Kamandi et la Légion, aussi présent dans le numéro de Booster, font typiquement partie de cette identité de futur alternatif). Et si Pandora empêchait cette fois-ci une nouvelle crise en se sacrifiant, et donc si ce « Futures End » ne devait pas avoir lieu, comment se fait-il qu’il se dessine actuellement sous nos yeux ? Qui, cette fois-ci, influe sur les divers temporalités de l’univers DC ? Qui envoie Booster Gold « Argus » dans le temps, comme pour s’en débarrasser, pendant que Braniac torture le jeune Booster pour savoir où se situe Vanighing Point ? Tiens donc… Brainiac, Vanishing Point, la dernière page de Doomed avec ces visions de passé du DC Verse, et cet être en fond que l’on voit à peine, mais qui semble lui aussi porté la marque de Brainiac ? Et si, comme le suggère Newsarama, tel qu’il le rapporte dans cette news, cette autre entité serait le Brainiac de l’ancien univers  ? Qui aurait, soit dit en passant, capturé sous verre la ville de Metropolis de cet ancien univers (et Goldstar avec, la sœur de Booster « Argus », vous me suivez toujours ?) et trouvé le moyen de voyager à travers les différentes temporalités du DC Verse ? Ce qui arrive très clairement à notre Booster « Argus ». Est-ce que c’est grâce à Vanishing Point ? Et est-ce que Booster « Argus » va aller chercher des gens, toujours de cet ancien univers pré-New 52, comme le fameux Robin du teaser de Futures End, avec son look bien rétro, pour aider à stopper cette nouvelle menace ? La seule réponse à ces questions, c’est dans les mois à venir. Futures End, Worlds End, le projet « Crisis » ou Blood Moon, tout à de l’importance, et nous vivons, il semblerait, un petit event des familles qui risque bien de faire pâlir Forever Evil et faire trembler les murs de la réalité pour les 50 ans de Crisis of the Infinite Earth… À moins que tout ceci soit une vaste blague, mais qui a encore aussi peu de rêve et de passions pour DC pour ne plus y croire un seul instant ? Je vous le redis les amis, les prochains mois vont certainement écrire l’Histoire de DC Comics avec un grand H ! Et promis juré, les Off My Mind Booster Gold, c’était une trilogie et personnellement, j’espère que le dernier épisode sera le meilleur et le plus juste des trois !