Off My Mind #15 : A propos de séries TV

Extrêmement fort et incroyablement près

Alors cette overdose, vraie ou simplement anticipée ? Le constat que l’on peut tirer de l’abondance de projets de séries DC à la télévision, ou même plus simplement, de notre expérience passée, se résume en quelques mots : on ne vous oblige pas à regarder. Le fan de comics, qu’il réponde à la bannière DC ou Marvel, a tendance à s’emballer dès qu’une cape colorée pointe le bout de son nez devant une caméra, par obédience au support comics, il y prête une nonchalante attention, sinon un intérêt certain et pré-calculé. Mais personne – personne ! – n’a le temps, l’envie et la motivation nécessaire pour supporter autant de séries CW en simultanée (c’est prouvé scientifiquement). Alors comment faire ?

La solution est simple : regardez ce qui vous plaît. Aucune loi et aucune règle d’oblige un lecteur à regarder toutes les séries, juste parce que « c’est DC, ma patrie, ma bataille ». Personne ne lit, tous les mois, tous les titres sortant en kiosque, même les plus gros et plus fortunés complétistes. Parce que le temps, l’argent ou l’envie manque, mais aussi parce que les comics sont un loisir, une passion, mais qui doit se suffire à elle même au milieu d’autres passions partagées par vous et moi. Tenez, moi, j’aime faire du roller. Et oui. Si l’on doit admettre ne pas pouvoir lire toutes les séries que l’on voudrait, on doit aussi admettre que ce n’est pas parce qu’une adaptation sort chaque semaine qu’on est forcé et contraint de la regarder (même pour être à la page).

Triez ! Ne choisissez pas bêtement de regarder Arrow parce que « c’est mon boulot, je suis obligé » (dédicace à nos lecteurs Nantais) ou Agents of S.H.I.E.L.D. au prétexte de rattraper les deux ou trois répercussions majeures sur l’univers Marvel suscitées par la fin de saison. Dans la to-do list des programmes de qualité que chacun a à rattraper, ces deux là ne valent le coup que si vous appréciez la formule, pas la peine de vous faire violence ou de vous y mettre pour avoir une raison de troller. Fiez vous aux reviews, et allez vers ce qui vous semble être un bon programme (de la même façon que vous avez parfaitement le droit de ne pas aller voir Sin City 2. D’ailleurs, n’allez pas voir Sin City 2. S’il vous plait. C’est pas bien.).

D’autant qu’une erreur est faite par nombre de gens, consistant à dresser un bilan à un moment T de l’avenir. Or, si on peut craindre l’embouteillage des sorties en citant tous les noms de séries à venir, la vérité est que la plupart de celles ci (notamment les séries Vertigo) sont encore au stade embryonnaire. On attendra peut être un an encore avant de voir la série Supergirl, DMZ ou Scalped. Une autre vérité est que toutes ces séries n’ont pas le même nombre d’épisodes, ni la même saison de diffusion. Et pour certaines encore, les canaux eux mêmes seront des cas particuliers : Powers sur le PSN, Daredevil sur Netflix.

Et un constat plus pessimiste (encore que) est que certaines ne passeront pas le cap de la saison 1, voire du pilote. Dans cet univers cruel et sans pitié où l’audimat est roi, et le budget bourreau. Difficile d’imaginer, par exemple, que la série Supergirl fasse des étincelles sans un confort financier certain, et conditionné à des chiffres d’audiences suffisants pour justifier pareille dépense. En clair : c’est cher, donc c’est risqué. Quant aux séries déjà en cours de production, par simple obéissance aveugles aux impartiales lois des statistiques, sur les cinq projets de cette rentrée DC, on est obligé d’imaginer que l’un d’eux se prendra les pieds dans l’impitoyable tapis de la déprogrammation. Regardez les charrettes d’annulations qui se bousculent à chaque rentrée télévisuelle pour vous en convaincre. C’est un monde bien cruel que celui de la fiction !

À l’image des comics, l’univers des séries TV est un média vivant, et si nous le vivons aujourd’hui de très près parce que l’actualité s’y prête, la vérité est que la place de DC et Vertigo dans le paysage audiovisuel sera étalé, sur plusieurs saisons, voire plusieurs années, et que le tri sélectif se fera, comme par vous et moi, selon l’offre, la qualité et les moyens déployés pour répondre aux ambitions de tel ou tel projet.

Vous remarquerez d’ailleurs (je vous renvoie au travail d’énumération de Comixity dans le dernier Weekly News) la quantité de séries ou projets en rumeurs dont on a plus pipé mot depuis peu. Qu’est il donc arrivé au projet Hourman ? Ronin ? FBP ? Le Booster Gold de SyFy ? Sans oublier la longue histoire des pilotes de séries avortées qui traînent sur la toile ça et là, et qui font toujours leur petit effet en private jokes de conventions. Souvenez vous de Wonder Woman. Ou non, en fait. Oubliez la. Ca vaut mieux.

Bref, l’actualité est riche et trépidante, et l’on n’oublie parfois de prendre du recul sur l’incroyable densité à laquelle annonces et projets s’enchaînent sans se concrétiser, ou sans définir précisément leur importance, promesse ou calendrier. Les séries TV adaptées de comics sont en surcharge si l’on se lance dans un listing, un flux d’actualité ou un bilan détaillé, mais sur le papier, n’existent à l’heure actuelle que deux saisons d’Arrow et trois pilotes (dont deux leaks) pour les séries DC. En face, Agents of S.H.I.E.L.D. perd des spectateurs et The Walking Dead est délaissé par les fans du comics, fatigués d’attendre un sursaut qualitatif qui ne vient pas et peine à rattraper la remontée du comics, ramené d’entre les morts (haha) au panthéon des bonnes séries Image.

Dans les faits, une chose est sûre : ajouté à un monde des séries TV déjà riches d’excellents programmes à suivre, impossible d’imaginer tout regarder, à moins d’être chômeur ou bien mère au foyer. Ce qui disqualifie d’office la plupart d’entre nous – quoique – et m’amène à la conclusion suivante : faites le tri. Ne vous obligez pas à partager la vision de la CW, de NBC ou de la FOX si vous n’y adhérez que moyennement, car d’autres séries existent et arriveront, sur d’autres networks (AMC, SyFy) à leur tour pour densifier le panel proposé actuellement, et peut-être, vous convaincre vous, et moi aussi (au cas où mon avis vous intéresse. J’en doute. Un peu).