Showcase #29 – Action Comics : Reign of Doomsday

Ah, la Mort de Superman ! S’il est une storyline de comics qui a marqué profondément le grand public dans les années 90, c’est bien celle-ci. Le récit était certes d’un classicisme incroyable et confrontait le kryptonien à un monstre très cliché, le subtilement nommé Doomsday, qui est devenu avec le temps l’un des membres les plus reconnaissables de la rogue gallery du boy scout. Si, aujourd’hui, l’utilisation de ce personnage dans l’arc Superman Doomed est originale et efficace, sachez que l’écriture des histoires construites autour de celui qui est parvenu à « tuer » l’homme d’acier n’a pas toujours été d’un si bon niveau… En 2011, le crossover Reign of Doomsday est publié, et se présente comme un « hommage » au « Reign of the Supermen« , arc qui suivait la mort du plus grand des héros de l’écurie DC Comics. Le pitch de départ est très simple, le monstre sort de nulle part et débarque à Métropolis où il tombera sur Steel, qu’il vaincra sans problème, s’ensuit une série d’événements prévisibles, tous les « Supermen » sont vaincus sauf l’original, et l’on apprend qu’il existe des clones de Doomsday, créés par Lex Luthor (quelle surprise !) qui avait récupéré la véritable créature grâce au général Sam Lane…

L’épisode dont il est question est la conclusion de cette histoire grand-guignolesque, le « Doomslayer« , version améliorée de notre ami à la peau grise, a lancé une attaque sur Metropolis et Superman, avec l’aide de certains héros dont Steel, Supergirl et Superboy, lance une riposte, comptant arrêter le massacre. Le script est signé Paul Cornell, auteur britannique bien connu des fans hardcore de Doctor Who qui en lisent les romans et comics dérivés, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénariste est bien peu inspiré : le numéro s’ouvre sur le groupe de héros qui reste « au sol » pour affronter les clones qui sont en ville, la bataille fait rage près des docks, et l’on comprend rapidement que Superman est ailleurs, prêt à en découdre avec celui qui semble tirer les ficelles. Une intelligence artificielle demande de l’aide à Superman, qui s’empresse d’accepter, heureusement pour lui l’Eradicator possède alors le corps du Doomsday original, qui est lui sur terre, ce qui servira bien sûr le Deus Ex Machina final. (Vous me suivez toujours ?). Comme par hasard, il ne reste que peu de temps avant que le grand méchant ne mette à exécution son plan qui aurait des conséquences cataclysmiques (c’est furieusement original comme ressort narratif, non ?). Zatanna (oui, elle est présente le temps de deux cases, pour faire plaisir à mon collègue Deiimo) fait appel à l’ensemble de la Justice League, que l’on voit simplement apparaître en silhouette, pour simplifier le travail d’Axel Gimenez, commence alors le combat final…

Comme vous l’aurez deviné, ce combat se divise en deux parties, qui se déroulent simultanément. Superman, tel Sylvester Stallone à la fin d’un de ses films d’action lambda, se bat à mains nues contre le Doomslayer, alors que les membres de la ligue se chargent des clones restants. L’issue du combat est évidente, Supes, pourtant mis en difficulté, parvient à vaincre son ennemi grâce au sacrifice de l’Eradicator, qui utilise le corps du véritable Doomsday pour renvoyer notre héros sur Terre et activer une bombe pour tout faire sauter. Superman, ainsi que Supergirl et Superboy qui étaient venus le chercher, parvient à s’en tirer in extremis, frôlant l’explosion. Et quid de la ligue ? Et bien, on ne voit presque rien du combat, si ce n’est que les corps des Doomsdays sont envoyés dans un puits d’où ils ne pourront sortir. Le final, à l’image de l’ensemble de l’arc, est académique au possible, et l’histoire semble être tirée d’une mauvaise fanfic…

Et ce n’est pas fini ! Le numéro se conclut sur une magnifique scène « intimiste » qui rappelle le meilleur de la série Loïs et Clark… Notre héros dit à sa bien aimée qu’il ne supporte pas que l’on se sacrifie pour lui et émet des doutes concernant l’importance et la signification de Superman (alors qu’il vient quand même de sauver le monde hein, rappelons-le) et se demande si le fait de venir de krypton fait de lui un être exceptionnel. Celle qui était sa femme à l’époque lui répond que ce sont ses parents adoptifs qui ont fait de lui le meilleur homme sur Terre (-insérez ici tout le bla bla habituel concernant la part « humaine » de Supes-) et que ce n’est pas le nom qui fait de lui ce qu’il est… Et encore, je vous épargne les noms d’anciens tyrans bien connus qui avaient employés les termes de « Superman » (ou plutôt Übermensch, dans la langue natale du premier) et de « Man of Steel » (ou plutôt… Non, en fait je ne parle pas russe) à des fins méprisables avant que lui ne donne à ces mots une valeur positive.

Concrètement, même en 2011, on a pu voir des histoires dignes du pire des années 90, qui parviennent à faire passer la première apparition de Doomsday pour un chef-d’œuvre, et c’est sans doute ce type d’histoires qui fait la triste réputation des comics Superman de nos jours… Et pourtant, ne vous laissez pas prendre au piège, Doomsday peut-être employé d’une manière bien plus subtile et efficace, et être à l’origine de storylines qui méritent le détour, même dans le très décrié univers des New 52. Alors un seul conseil, pour bien finir l’été, lisez Superman Doomed, de préférence sur la plage, ou au bord de la piscine.