[Review VO] The Wake #10 – dernier numéro

Review The Wake #10
The Wake #10 critique
Les points positifs :
  • Sean Murphy, toujours impeccable
  • Une approche philosophique inattendue
  • Un ensemble cohérent
Les points négatifs :
  • Les explications au détriment de la narration
  • Quelques invraisemblances

« It’s all an adventure ! » – Leeward


  • Scénario : Scott Snyder Dessins : Sean Gordon Murphy – Couleurs : Matt Hollingsworth – Couverture Andrew Robinson
  • VERTIGO – The Wake #10 – 30 Juillet 2014 – 32 pages – 2.99$


Commencée en Mai 2013 (hé oui, il en passe du temps !), la maxi-série The Wake délivrée par le duo superstar de Vertigo, à savoir Scott Snyder (American Vampire…) et Sean Murphy (Punk Rock Jesus), arrive à son terme avec ce dixième numéro. Après avoir passé la moitié de l’année à suivre les mésaventures du Dr. Lee Archer puis la seconde à suivre le périple de Leeward, l’heure est venue à la conclusion, et de répondre à l’ensemble des questions soulevées pendant chacun des numéros : qui sont les Mers, ces créatures affreuses peuplant les océans ? Quel secret se cache au fond de la mer ? Scott Snyder arrivera-t-il à conclure de façon satisfaisante son histoire ? C’est ce que je vous invite à découvrir dans cette critique. Attention néanmoins. L’exercice m’impose de les éviter au mieux, mais cette critique ne pourra pas se faire dans le détail sans user de quelques spoilers – et il vous sera donc conseillé de lire cette review après avoir lu le numéro (sinon, vous pouvez passer directement à la conclusion et l’avis secondaire de ma camarade Harley).

Scott Snyder ne dispose que d’une vingtaine de pages pour boucler son affaire et cela se ressentira dès le début. Nous retrouvons Leeward que nous avions laissée dans le dernier numéro alors que les forces du gouvernement l’avaient retrouvée et fait exploser son vaisseau. Plongée dans les océans, nous avions quitté le dernier numéro sur une rencontre des plus stupéfiantes entre Leeward et un personnage que les lecteurs auront reconnu, malgré l’invraisemblance de sa présence en ces lieux. Simple hallucination (car on se rappelle que les Mers sont capables d’en provoquer à l’aide de leur venin) ? C’est ce qu’on aurait pu penser mais l’explication de cette « survie » sera révélée quelques pages plus loin, avec tout le reste également. Leeward est en effet capturée, alors qu’elle vient de refaire surface, par les forces de l’Arm (le gouvernement ultra-autoritaire/élitiste qui tente de gouverner le reste de la planète par la peur) et subit un interrogatoire un brin musclé, dans lequel elle va devoir révéler ce qu’elle a vu (ou cru voir) pendant les quelques minutes qu’elle a passées sous l’océan. L’occasion pour Snyder de nous dévoiler de façon très dense l’intégralité (ou presque) des réponses aux questions que nous pouvions nous poser. Cela est-il suffisant ? En l’occurence, Snyder réussit, au travers d’une sorte de frise historique, à replacer l’ensemble des scènes qui étaient « hors contexte » dans la première partie de la série. Ce qui a son avantage de donner une consistance certaine dans l’histoire, une cohérence à l’ensemble de ce qui a été raconté (les scènes n’étaient pas là par hasard, et avec le recul, certains éléments pouvaient même être devinés), d’autant plus que Snyder se laisse aller à des explications qui dépassent le cadre de la série, s’amusant à nous transporter sur l’origine de la vie sur Terre (ou plutôt, de notre présence sur Terre), avec quelques dérives sur l’évolution – et c’est également le rôle des Mers qui est poussé bien plus loin que leur simple apparence de créature des abysses bouffeuses de chair humaine. La raison de leur animosité envers les humains (enfin, envers certains êtres humains qui ont un certain trait de caractère – disons que ça explique pourquoi les Outliers pouvaient circuler sur les océans en toute tranquilité) trouve son explication et on comprend leur importance quant à l’histoire de la race humaine. Ils sont une sorte de clé de l’histoire, et si je pensais que le titre « The Wake » se référait au réveil du gigantesque Mer dans le quatrième numéro, ce terme définit en fait la fonction de ces êtres, qui sont censés nous tenir en éveil, et s’allient d’ailleurs à ceux qui sont éveillés, et qui affrontent les peurs liées à cet état. Oui, dit comme ça ça pourra vous sembler un peu confus, mais m’étaler plus m’obligerait à spoiler, et ça me permet de souligner également que les explications sont très denses, et que je conseille notamment une seconde lecture pour être sûr d’avoir bien tout saisi, Snyder se plaisant un peu trop à faire des formulations vagues, pas assez explicites dans son discours, pas assez claires et précises – un comble lorsqu’on le voit essayer d’avoir une posture quasi-scientifique dans son histoire.

Alors de par mon activité professionnelle (nda : je fais de la recherche en biologie), et ceux qui s’intéressent aux sciences noteront tout de même quelques grossièretés de ce point de vue là. C’est quelque chose d’assez difficile à cerner car on pourra toujours répondre « oui, mais c’est que de la SF, c’est pas grave » auquel cas je répondrais par l’affirmative. Sauf que si Snyder fait ses recherches au point de mentionner des molécules réellement existantes pour expliquer son intrigue, il pourrait également faire l’effort pour qu’un point de vue physiologique le tout se tienne. Pour ceux qui ont lu, le passage de la fonction des larmes ne fait pas grand sens – notamment parce que la généralité énoncée par rapport aux larmes est fausse et que leur rôle est clairement connu, mais au delà de ça (attention, je vais spoiler un peu), même sans s’y connaître à fond en biologie, ça ne tient pas du tout. Comprenez, que les larmes sont censées contenir un principe actif qui va dégommer des molécules impliquées dans les phénomènes mis en jeu pour le maintien de la mémoire. Les larmes donc. Produite au niveau des yeux. Qui roulent sur les joues. Et qui vont agir sur des molécules exprimées… dans le cerveau ? Sauf si l’auteur indiquait que la mémoire se trouve dans la peau (mais c’est juste le titre d’un film d’action moyen), vous voyez bien que ce n’est pas très cohérent. Je ne dis pas crédible, attention, je suis bien conscient d’être dans une fiction. Mais ce n’est pas cohérent. Et on retrouve ce genre de bizarreries à deux-trois autres endroits dans le récit. Il y a une scène qui implique la Lune qui est vraiment ahurissant, mais lorsque le personnage principal s’étonne de ce qui est dit, on lui répond « Don’t ask ». Une bonne façon pour Snyder de ne pas se perdre dans quelque chose qu’il n’aurait de toute façon pas réussi à expliquer. On reste dans le flou, mais ça permet de se concentrer sur le récit. Puis bon, avec ce qui arrive juste après, je peux vous garantir que normalement les conséquences devraient être catastrophiques, mais non. On privilégie un message plutôt philosophique avec une fin relativement ouverte pour laisser espérer une suite aux aventures de Leeward même si, les choses étant ce qu’elles sont, je ne trouve pas de fil conducteur qui pourrait me donner envie de replonger dans ce monde.

Autrement, j’ai trouvé l’aspect « fonctionnel » des Mers plutôt bien trouvé, et la relation qu’entretiennent ces créatures avec une partie de la population enlève l’aura horrifique qui les entourait. J’aimerais quand même bien avoir quelques explications sur la présences des Mers géants, hein, d’où ils sortent. Snyder utilise également quelques métaphores très bien trouvées, en jouant sur le mot « échelle » et la représentation d’une double-hélice d’ADN qui sert en fait d’échelle évolutive (ou comment jouer avec des concepts super sexy de science dans un comics !), mais quand on arrive à la fin, on se rend compte, au vu du chemin parcouru, qu’on est très loin, mais vraiment très loin de ce qui faisait la force du récit dans sa première partie. Aurais-je préféré continuer dans l’ambiance claustrophobe et horrifique des 5 premiers chapitres ? Peut-être, parce que c’était rudement efficace. Et qu’ici, si on peut être content de trouver un certain lot d’explications, en terme d’histoire, il ne se passe pas tellement de choses. Pour faire simple (et c’est pas du spoil, hein) : Leeward échappe aux méchants. Et j’ai du mal également à comprendre la réaction de ceux qu’on appellera les « Survivants ». Les Mers sont en bon contact avec eux pour une certaine raison, et leur action à la fin du récit est, je trouve, en désaccord avec la raison de leur bonne entente (à l’inverse de Leeward, qui a une réaction complètement opposée, et limite plus logique). S’il y a encore tellement de choses à explorer, affronter sur Terre, pourquoi *SPOILER* choisir de la quitter ? Est-ce vraiment pas défi et envie d’aller vers l’inconnu, ou simplement par lâcheté ?Mystère…

Concernant la qualité graphique, je pourrais résumer tout simplement en disant : Sean Murphy. Et vous savez quoi ? C’est ce que je vais faire.

Non, je plaisante, mais je crains qu’il n’y ait pas grand chose à rajouter. Le trait de l’auteur, pour peu qu’on y soit sensible, est toujours autant maîtrisé. Murphy revient sur des scènes qui s’étaient déroulées auparavant et les reprend à la perfection. La fresque historique et explicative se lit avec une fluidité exemplaire (ce sont plutôt les textes de Snyder qui obligent à la relecture), la mise en page est maîtrisée. Alors si je puis me permettre, je trouvais que ça manquait un peu de spectaculaire dans l’ensemble (le numéro est assez calme, au final) et qu’on avait pu avoir droit auparavant à des scènes vraiment impressionnantes, et pour un final, j’aurais bien aimé en retrouver. Pour autant, je ne boude pas mon plaisir face à ces traits on ne peut plus appréciables, aidés par une colorisation toujours bien choisie pour le ton. Concernant l’ensemble, j’ai aussi un faible néanmoins pour la première partie de The Wake – mais que voulez-vous, c’est mon amour pour les récits horrifiques qui s’expriment. Reste que le changement de ton du récit a su être suivi par Murphy et qu’on ne peut que être d’accord avec le récent Eisner Award qui lui a été attribué !

The Wake nous a, au fil de son récit, pris un peu à contre courant. Alors qu’on démarrait sur quelque chose plein de tension, un huit-clos horrifique très présent, on s’en est progressivement éloigné pour aller dans un récit d’aventure post-apocalyptique, et finir avec cette conclusion qui s’envole dans des questions un brin métaphysiques, en s’interrogeant sur les origines de la vie, le dépassement de soi, etc. Si le « Wake » en question prend tout son sens dans ces vingt pages, on pourra déplorer que l’histoire s’en trouve trop ralentie, la faute à des explications nécessaires, mais qui prennent beaucoup de place. Mais ne boudons pas notre plaisir, le tout est visuellement réussi, grâce à un Sean Murphy qu’on ne peut vraiment qu’apprécier. The Wake était une série fort plaisante, qui aura eu le mérite de sortir des sentiers battus, et qu’on aime ou pas cette conclusion, on ne pourra certainement pas lui reprocher de ne pas avoir pris de risques ! 

UN DEUXIÈME AVIS C’EST BIEN AUSSI !!

The Wake est une série qui pousse pas mal à la réflexion. Nous avons découvert dans cette mini-série deux parties spécifiques, et chaque numéro apportait son lot de mystère. Ici nous avons enfin le dernier numéro, celui qui livre tous les secrets, même si je ne peux pas dire qu’il résout toutes les questions. Nous savons enfin qui sont les Mers et quel est leur but, et si l’on m’avait donné même encore 100 pistes de plus je pense que je ne serai pas parvenue à cette conclusion. Les discussions que l’on découvre sont surprenantes, et pourraient presque nous pousser à la réflexion sur notre propre histoire. Ce récit a quelque chose de magique et à la fois quelque chose de bien réel. Comme si les peurs de Scott Snyder et Sean Murphy qui se traduisent dans ce dernier numéro trouvaient écho en nous lors de la lecture. Cela peut vous paraître un peu compliqué, mais c’est mon ressenti après cette lecture de The Wake #10. Les lecteurs pourront peut être mieux comprendre. Maintenant il est vrai que le rythme assez soutenu et l’avalanche d’Histoire du numéro peut faire décrocher ou s’emmêler les pinceaux, avec un sentiment de confusion exacerbé par les planches particulières de Sean Murphy qui nous fait nous balader pour avoir le récit dans le bon ordre parfois, mais la conclusion n’en est pas mois étonnante et particulière. Honnêtement, j’aimerais retrouver encore Leeward pour ses nouvelles aventures qui s’annoncent épiques et connaître ce qu’il advient vraiment de ce monde. Je reste un peu sur ma faim avec l’impression d’avoir lu une introduction puissante menant vers une nouvelle orientation de titre. Mais malheureusement c’est fini, l’équipe a fini de raconter son histoire et nous laisse en plan avec une reflexion personnelle sur le passé et les souvenirs. Quand on dit que toutes les bonnes choses ont une fin….

– Harley

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2 Commentaires
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CaptainMasked
9 années il y a

Une très bonne série en général donc. Hâte de sa sortie VF.
Merci pour les reviews !

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