Review VF – Brother Lono

Critique de Brother Lono
Les points positifs :
  • Atmosphère sale et poussiéreuse
  • Trash
  • Lisible sans connaître la série-mère
Les points négatifs :
  • Outrageusement trash
  • Pas si inspiré
  • Les mêmes ingrédients que 100 Bullets ?

« Le Diable est notre sauveur. » – Père Manny


  • Scénario : Brian Azzarello Dessin : Eduardo Risso
  • VERTIGO CLASSIQUES – Brother Lono – 04 Juillet 2014 – 184 pages – 17.50€

Spin-off de la célèbre série 100 Bullets créée par Brian Azzarello et Eduardo Risso (dont vous pouvez retrouver une interview faite maison sous ce lien), Brother Lono est une mini-série de huit numéros qui s’est achevée en février dernier. Basé sur le terrifiant Lono introduit dans les pages de la série-mère, Brother Lono s’adresse également à ceux que le nombre de numéros de 100 Bullets refroidit, puisque l’intrigue en est totalement déconnectée. Malgré ça, la comparaison avec le chef-d’œuvre d’Azzarello et Eduardo Risso est inévitable, aussi la question sera la suivante : est-ce aussi bon que 100 Bullets ? Saluons au passage donc la rapidité d’Urban, qui publie un volume collectant ces huit numéros trois mois seulement après la parution du tpb équivalent en vo !

Suite aux événements de 100 BulletsLono s’est retiré dans un monastère reculé, en bordure d’un village isolé dans le sud des États-Unis. Auprès du Père Manny, qui s’occupe des orphelins de la région, il cherche la rédemption, tentant de contenir la violence et la cruauté qui bouillonnent en lui. Hélas, sa quête de paix sera rapidement troublée, puisque le village de son exil semble être le noyau d’un trafic de drogues contrôlé par les mystérieux Jumeaux. Comme si ça ne suffisait pas, la DEA (Drug Enforcement Administration) décide de mettre un terme aux activités criminelles de ces barons de la drogue.

Les amateurs de 100 Bullets se sentiront en terrain connu : on retrouve des gangsters, des jurons, de la violence, une direction réaliste, des familles miséreuses, des bars miteux, des gens sales, gros et mauvais, du sexe, etc. Seul le parfum de complot et de thriller est absent. L’intrigue croise plusieurs intérêts, d’un côté le Père Manny désireux d’épargner la violence alentour aux orphelins dont il a la charge, d’un autre l’agent fédérale infiltrée sous couverture d’une nonne, d’un autre le roitelet du crime local qui tente de redonner du plomb à ses affaires, et enfin, au milieu de ce feu croisé, Lono, en lutte avec lui-même. Ces enjeux partagés sont maîtrisés par Azzarello, on retrouve ses préoccupations sociales dans la misère de ces gamins abandonnés qui terminent dans le crime faute d’alternative, comme on le sent à l’aise à la direction de gangsters sans pitié.

Et quitte à être sans pitié, ils ne font pas vraiment dans la dentelle, car Azzarrello n’hésite pas à monter de nombreuses scènes de torture assez dures. Elles laisseront probablement de marbre les lecteurs désabusés que vous êtes, mais la surenchère de violence paraît parfois exagérée. On peut penser à cette scène où les protagonistes sirotent un verre en bavardant au premier plan, tandis qu’au second des gamins maltraitent un chien jusqu’à le tuer. Et c’est présenté absolument sans humour, ce qui aurait aidé à faire passer la pilule (on pense à Preacher qui fait également fort dans le trash et le cynique, mais l’humour noir justifie tout, comme disait Saint Augustin). Azzarrello tente probablement de dépeindre avec réalisme la malveillance dont sont capables les êtres humains. L’auteur n’est même pas animé par des motivations cyniques, en témoigne le personnage au centre de cette histoire, Lono, en quête de repentir et d’absolution. Mais en dépit de ses intentions louables, certaines pages frôlent la limite du supportable.

Cette surenchère de gore et de cruauté crisse contre le ton réaliste de Brother Lono, un ton qu’on pourrait trouver mieux installé dans 100 BulletsAzzarrello se montre d’ailleurs moins inspiré dans les dialogues, semblant sans cesse à la recherche de punch-lines pompeuses du type « Un homme qui a cru pouvoir entuber la vie, mais qui a appris de la pire des manières que… la vie ne perd jamais. Mais c’est quoi la vie ? Des réussites ? Des échecs ? Des désirs ? La mort ? [Notez, il a bien dit : la vie, est-ce que c’est la mort ?] C’est pour ça qu’on vit ? » La quête d’effets est trop sensible, le sens est assez vague, bref c’est pas très réussi, et des passages du même acabit foisonnent tout au long des pages, comme si Azzarrello s’appliquait à reproduire l’atmosphère de ses succès d’antan. Possible que ça continue à faire mouche auprès de certains lecteurs, mais d’autres pourront y trouver une nuance désagréable de réchauffé, d’artificiel.

Enfin, malgré la brièveté du récit, on pourra être surpris par sa complexité, peut-être mécaniquement gonflée par une narration volontairement obscure. Dans tous les cas, et c’était déjà le cas pour 100 Bullets, une deuxième lecture apporte une clarté bienvenue, c’est plus confortable de démarrer l’histoire en replaçant automatiquement les personnages. Ces quelques défauts viennent sans doute mitiger le succès garanti d’avance par les ingrédients déjà utilisés dans 100 Bullets, mais ne les gâche pas complètement. Faut dire que l’ambiance reste plus réaliste que dans la majorité des autres séries, les personnages sont attachants en dépit d’un développement un peu chiche, l’intrigue se fend d’un twist inattendu, et on ne se lasse toujours pas des dessins d’Eduardo Risso, qui se marient avec le style d’Azzarrello mieux qu’avec aucun autre scénariste.

Avec Brother Lono, on s’enfilera  un dessert sympathique à la série 100 Bullets qui reprend beaucoup des ingrédients qui faisaient son succès. On déplore la violence parfois excessive par rapport à l’approche réaliste d’Azzarrello, chez qui l’on devine vaguement un sentiment de réchauffé, de routine peut-être, que l’intrigue inédite, déconnectée de la série mère, ne parvient pas seule à balancer. Le bilan en fait un titre Vertigo sympathique mais pas indispensable.

En passant par les liens affiliés BDfugue/FNAC/autres présents sur le site, DCPlanet.fr reçoit une faible commission. Qu’importe le montant de votre panier, vous nous aidez ainsi gratuitement à payer l’hébergement, modules, et autres investissements pour ce projet.

TheRiddler

TheRiddler

DC COMICS : L'ENCYCLOPEDIE ILLUSTREE

DC COMICS : L'ENCYCLOPEDIE ILLUSTREE

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

À lire aussi

Shazam : La Rage des Dieux [DVD]

Shazam : La Rage des Dieux [DVD]

amazon
Voir l'offre
Patientez... Nous cherchons le prix de ce produit sur d'autres sites

Rejoignez la discussion

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

5 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
WingEternal
WingEternal
9 années il y a

Bonjour tout le monde, je suis nouveau sur le site et j’en suis très heureux.
Pour un fan de comics comme moi ce n’est que du plaisir de pouvoir discuter de l’actualité et de suivre ce qui passe chez DC/Vertigo.
Pour en revenir à l’histoire, je pense que cet ouvrage est surtout destiné aux fans de la série 100 bullets.La violence pourrait exacerber bon nombre de nouveaux lecteurs qui ne connaissaient pas cette série surtout les plus jeunes, c’est bien dommage.

swamp bat
swamp bat
9 années il y a

Sa peut se lire sans avoir 100 bullets ?

WingEternal
WingEternal
9 années il y a

On n’ a pas besoin de lire 100 bullets pour comprendre mais il y aura sans doute des comparaisons avec 100 bullets donc les nouveaux lecteurs ne comprendront pas tout

DC Universe FRA

Rejoignez la première et la plus grande communauté non officielle DC Comics Francophone et participez aux discussions Comics, Films, Séries TV, Jeux Vidéos de l’Univers DC sur notre Forum et serveur Discord.

superman
5
0
Rejoignez la discussion!x