Showcase #21 – Forever People #3

Peut-être l’avez-vous remarqué, mais, récemment, à plusieurs reprises, les représentantes de la gente féminine du staff se sont emparées de la rubrique Showcase. Ces incursions sont inquiétantes, annoncent-elles un putsch prochain, où Harley Huntress et MadAsAHatter prendraient le contrôle du site ? Vont-elles mettre fin au diktat de Nathko et Edge ? Est-ce que la sœur se tournerait contre le frère, l’amie contre l’ami, la femme… contre le mari ? Que nous réserve le futur, où la survie de tout un système patriarcal est menacée de fin ? C’est rongé par l’angoisse, lecteur, que je m’acquitte de la responsabilité de rédiger le Showcase de cette semaine, tout en craignant que ce fut le dernier, avant que la rubrique ne passe définitivement sous le joug parfumé de nos collègues aux longs cheveux. Sauvez-nous !

Une intro dramatique pour un comics guère plus joyeux avec le troisième numéro de la légendaire série Forever People complètement créée par le « King » Jack Kirby. Cette série profite d’une double actualité puisque d’un côté DC vient de lancer la série Infinity-Man and the Forever People (dont vous pouvez retrouver la review du premier numéro sous ce lien), et de l’autre nous venons d’apprendre qu’Urban s’apprêtait à republier l’intégrale du Fourth World de Jack Kirby dès cette fin d’année, soit les séries Forever People, Mister Miracle, Superman’s Pal Jimmy Olsen et New Gods. Ce numéro est par ailleurs sorti en juin/juillet 1971, il y a 33 ans, soit l’âge du Christ ! Une coïncidence de plus et on tombe en plein complot reptilien, je vous le dis ! Plus sérieusement, on avait vaguement lancé une thématique ‘série annulée’ pour ce mois-ci, et il se trouve que l’annulation de Forever People dissimule une histoire amusante puisqu’il s’agissait pour DC, et plus précisément Carmine Infantino, d’inciter, par l’annulation de cette série peu vendeuse, Jack Kirby à se consacrer à Kamandi, la série du King qui se vendait le mieux dans les seventies.

Mais je vous avais dit que ce comics n’était guère joyeux et perdu dans mes élucubrations j’ai oublié de vous expliquer en quoi il n’était guère joyeux ! Il signe en réalité la première apparition de l’affreux Glorious Godfrey, à la voix suave capable de rallier les foules à ses opinions, aussi terribles soient-elles. Le personnage a joué un rôle important durant l’event Legends après Crisis on Infinite Earths, dans lequel il soulevait la population contre les super-héros. À travers ce personnage charismatique, Jack Kirby dévoile sa méfiance à l’égard des beaux-parleurs cherchant à ensorceler les foules. Par ses origines juives, le King se souvient douloureusement des crimes d’un autre grand rhéteur : Adolf Hitler. Le point Godwin n’est pas atteint par facilité, puisque le numéro s’ouvre carrément sur une citation du dictateur ! Et le numéro assène de nombreuses critiques virulentes vis-à-vis du totalitarisme : effacement de l’individu au profit de l’idéal, rafles, pouvoir de vie ou de mort dans les mains arbitraires d’une minorité, ou encore des ‘Camps of the Damned‘ dirigés par le malveillant Desaad rappelant les sinistres camps de concentration des nazis. Rien de très gai, quoi !

Dans ce numéro, les Forever People auront fort à faire pour protéger la Terre de l’emprise dictatoriale de Glorious Godfrey, en réalité le pion d’un plus grand mal encore qui apparaît sur la fin du numéro. Beautiful Dreamer, Vykin The Black, Mark Moonrider, Serifan et Big Bear ont pour première tâche de sauver leur ami Donnie des griffes d’un des Justifiers, un des hommes à la solde de l’affreux Glorious Godfrey, arborant sa dévotion à travers un casque dissimulant son visage …en même temps que son statut d’individu ? Le Justifier n’hésite pas à se suicider dans une vaine tentative d’emporter dans la tombe les Forever People, soulignant l’effroyable dévotion qu’il porte pour Glorious Godfrey. Les Forever People s’empressent auprès de ce dictateur en herbe afin de mettre personnellement un terme à cette folie furieuse.

Une fois à proximité du QG de Godfrey, ils troquent leur travail d’équipe contre la quasi-omnipotence de l’Infinity-Man, qui ne devrait avoir aucun mal à abattre Godfrey. Hélas, si Godfrey n’aurait opposé aucune difficulté à l’invincible Infinity-Man, peut-on en dire autant de Darkseid, le Maître de l’Holocauste ? Et c’est le Seigneur d’Apokolips en personne qui vainc Infinity-Man, rappelant par la même occasion les Forever People qui sont vaincus à leur tour, et sans difficulté, par Desaad, le cruel vassal de Darkseid. Desaad les emporte ensuite inanimés vers un camp de torture de son invention, concluant ainsi le numéro sur une note bien pessimiste.

Aussi, si vous vous attendiez à une bonne dose d’aventure, d’amitié et d’espoir avec ces cinq sympathiques compères, vous risquez d’être déçu par le ton étonnamment sombre de ce numéro, mais il offre en compensation des citations mémorables à vous donner des frissons dans le dos, à l’image de celle-ci :