Review VF – Batman Le Chevalier Noir Tome 3 : Folie Furieuse

Critique de Batman Le Chevalier Noir Tome 3 - Gregg Hurwitz
Les points positifs :
  • Très dark
  • De rares touches d’humour
  • L’Annual en déssert
Les points négatifs :
  • Une romance peu crédible
  • Inutilement violent
  • Même recette que le tome précédent

« L’approche discrète me semble toute indiquée… OU PAS. » – Batman


  • Scénario : Gregg Hurwitz Dessins : Ethan Van Sciver, Szymon Kudranski – Couleurs : Kissin Téresso-Kholorist – Couverture : Alex Maleev

Troisième tome de la série Batman : The Dark Knight – vous savez, celle lancée au début des New 52 en plus de BatmanDetective ComicsBatman & Robin  (et Legends of the Dark Knight en titre Beyond) et qui sert surtout à nous rappeler que Batman, ça se vend peu importe la qualité. Après un premier arc peu convaincant mené par le souvent mauvais Paul Jenkins (Les Tourments de Double-Face), c’est Gregg Hurwitz (La Splendeur du Pingouin)  qui prit le relais en lançant un arc centré sur l’Épouvantail. Si c’était bien ? Les avis divergeaient. Beaucoup de violence et de sang, comme dans cette scène finale où Batman se vidait de son sang en pluie au-dessus de Gotham pour sauver ses habitants. Et un syndrome de Stockholm qui se réveillait de manière assez fortuite chez une jeune otage de l’Épouvantail qui se prenait de pitié pour ce pauvre gentil et mignon Épouvantail, oui. Non, à y réfléchir, on trouvait nombre de tares dans ce deuxième tome. À voir si ce troisième persiste dans cette direction exagérément sombre ou s’il a de quoi faire regretter l’annulation récente de la série.

Des disparitions surviennent à Gotham. Des gens de tout milieu, de toute ethnie, de tout âge se volatilisent sans qu’on comprenne pourquoi ni comment. Vue l’ampleur des méfaits, les soupçons de Batman se portent tout naturellement sur le Pingouin, et sa fortune considérable. Mais bien vite il s’avère que le malfrat derrière ces disparitions inhabituelles n’est autre que le vil Chapelier Fou, qui fait ici son grand retour dans les New 52 au centre d’une intrigue. Partagé entre sa lutte contre le crime et son amour pour une pianiste ukrainienne, le Croisé Encapé aura fort à faire pour mettre fin aux agissements répréhensibles du Chapelier Fou.

Comme pour l’Épouvantail dans l’arc précédent, c’est l’occasion pour Gregg Hurwitz de réécrire les origines du Chapelier Fou. On a droit à une légère variante de l’enfance malheureuse, qui parvient de justesse à renouveler le schéma traditionnel des origines de vilain. L’allure du Chapelier Fou a également été altérée. Adieu l’air fantaisiste qu’on pouvait lui trouver autrefois, là il respire une folie franchement inquiétante, avec ses yeux globuleux divergents, ses dents cassés et sa peau abîmée. Sa propension à la violence étonnera ceux qui ne se souviennent de lui que dans Batman TAS, puisqu’ici il n’hésite pas à tuer ses acolytes pour un oui, pour un non. Une manière d’accentuer sa démence peut-être, mais cette agressivité imprévisible aurait été plus typique d’un autre vilain pas très connu de Batman (le Joker, si vous voyez qui c’est), et le rapprochement arrache des soupirs.

Quant à Batman, ah, il a de quoi agacer. Entre la sale habitude qu’il a d’appeler Alfred ‘Penny-One’ lorsqu’il est en mission, et certaines répliques d’un manque d’intelligence effarant comme celle que vous retrouverez en en-tête ci-dessus, c’est pas fameux. Gregg Hurwitz tente louablement de nous faire croire à la romance que Bruce tisse avec la pianiste ukrainienne Natalya Trusevich, introduite dans le tome précédent. Mais le lecteur n’est pas berné, on sait comment ce genre d’histoire finit généralement. Aussi c’est un peu agaçant lorsqu’il nous sert le refrain de ‘Certes. Mais elle était différente, vous et moi le savons bien.‘, allant jusqu’à inciter Bruce Wayne à dévoiler sa double-vie à son love interest du moment.

Ceci dit la demoiselle joue une rôle déclencheur près de la fin du récit, amenant Batman dans ses retranchements ce qui est toujours assez rigolo pour le lecteur. Dommage que Gregg Hurwitz trouve intelligent de le pousser quasiment au meurtre (!), emporté qu’il est dans ses efforts de convaincre le lecteur de l’importance de la greluche ukrainienne pour Bruce Wayne. En découle un déferlement de violence qui réjouira les fans de Frank Miller, mais qui fatigue toute une part du lectorat depuis de nombreuses années. Le problème, c’est que pris au second degré, on pourrait apprécier, mais Gregg Hurwitz, malgré une petite poignée de touches d’humour réussies, tient à tout prix à nous convaincre du sérieux de la situation, et du risque réel chez Batman qu’il en vienne à tuer le Chapelier Fou. Ça permet à Alfred de lui dire : ‘Ce n’est pas vous. Vous ne faites pas ça. Vous n’agissez pas ainsi. Sinon ce sera incontestable : vous ne serez pas différent d’eux.‘ Soit le vieux discours entendu cent fois du tuer-pas tuer. Rah.

Visuellement, c’est assez réjouissant. Ethan Van Sciver prend le relais sur David Finch sans trop souffrir de la comparaison, et ses portraits du Chapelier sont particulièrement réussis. On pourra râler lorsqu’il dessine les muscles de Bruce Wayne à torse-nu comme des blocs de ciment, mais pour le reste ses planches sont vraiment jolies, avec de nombreux détails, sans pour autant négliger les émotions des visages. Le tout est de plus allègrement mis en valeur par la superbe colorisation de Hi-Fi Design qui s’adapte à la situation, privilégiant tantôt des tons bariolés, tantôt des tons pâles et effacés, comme durant les flashbacks. Enfin, Ethan Van Sciver a souvent recours a des découpages originaux, justifiés par les nombreuses séquences psychédéliques amenées par le Chapelier Fou, qui sont toutes époustouflantes.

En revanche, la scission en milieu de volume, lorsque Szymon Kudranski (La Splendeur du PingouinSpawn) reprend le pinceau, se fait trop sentir, tant les deux artistes ont un style franchement différent. Ethan Van Sciver apprécie le relief, les détails et les couleurs par milliers, Kudranski est un adepte du minimalisme et des jeux de clair-obscur qui y confinent à l’obsession. Le même coloriste soutient les deux bonhommes, et on sent qu’il est moins à l’aise pour passer après Kudranski, utilisant des tons fluo qui se marient mal aux planches sombres de l’artiste. De plus Kudranski n’accomplit pas son meilleur travail sur ces deux numéros #19 et 20, par rapport à La Splendeur du Pingouin par exemple. Vraiment regrettable en conclusion qu’Ethan Van Sciver n’ait pas assuré l’arc dans son entièreté, ce qui lui aurait donné dans la foulée plus d’unité.

En épilogue, on a droit à un Annual déconnecté de l’intrigue principale, dans lequel l’Épouvantail, le Chapelier Fou et le Pingouin ont été invités par une mystérieuse personne dans une maison délabrée sans qu’ils comprennent ce qu’ils doivent y faire. Ça permet de conclure le volume sur une note moins glauque que la fin de l’arc du Chapelier Fou. On retrouve à nouveau aux dessins de cet Annual ce cher Kudranski, aussi vous devinez que les planches de leur côté n’ont rien de très gai, mais le ton n’est pas trop sombre.

Rien de subtil par ici. Beaucoup de clichés, et surtout quelques mauvais clichés, alourdissent une lecture moyenne, partagée entre un aspect ‘sans prise de tête pif paf Batman casse du vilain’ et un désir de crédibilité maladroit, qu’on voit à travers une romance évidemment sans avenir bêtement mise au devant de la scène et une dose de violence déplacée aussi bien du côté du Chapelier Fou que de Batman. On ne recommandera qu’aux amateurs d’un Batman névrosé, sombre et violent.

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TheRiddler

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16 Commentaires
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jihem
jihem
9 années il y a

« le souvent mauvais Jenkins »… j’ai failli
m’étouffer et avoir une attaque en même temps

jihem
jihem
9 années il y a
Répondre à  TheRiddler

hellblazer ( sean phillips ou charlie adlard), sentry( jae lee et divers), hinumans (jae lee), peter parker: spider-man( mark buckingham) wolverine origin (kubert)

Julien
Administrateur
9 années il y a
Répondre à  jihem

Après, comme d’hab, c’est l’avis de Riddler (et pas du site) sur Jenkins. Une review étant avant tout un avis personnel…

ArnoKikoo
9 années il y a
Répondre à  TheRiddler

J’ai pas lu ce qu’il a fait sur Hellblazer mais je peux confirmer que Origin c’est très très bien !

TheNicoloss
TheNicoloss
9 années il y a

Étonnant de la part d’Urban de sortir une série aussi mauvaise alors que, à côté tout le monde attend des trucs comme Flash, Earth 2 ou encore All-Star Western.

Julien
Administrateur
9 années il y a
Répondre à  TheNicoloss

Urban termine juste la publication du récit qui n’était pas si mauvais que ça au début quand il y avait David Finch. Plus qu’un tome et c’est terminé !

Joke
9 années il y a

Le premier tome de la saga était plutôt coolz, le 2e j’ai psa du tout adhéré, super mal construit, mal fichu, mal ficelé. . . .Le 3e n’a pas l’air beaucoup mieux, dommage :s

pioupiou
pioupiou
9 années il y a

Ayant les 2 autres tomes, je prend donc celui-ci et le dernier.

Bathom-04
9 années il y a

Je le place dans les lectures plaisantes ! Pas excellent, mais loin d’être catastrophique ! J’aime toujours lire les origines des personnages, et j’ai bien saisis les intentions du chapelier ! Certes un peu trop violent, mais en même temps le chapelier manque un peu de prestance, je l’ai jamais vraiment trouvé effrayant…La au moins il fait peur ! Après je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde ! Gros bonus pour les dessins de Van sciver !

CapedCrusader
CapedCrusader
9 années il y a
Répondre à  Bathom-04

Complètement d’accord pour les dessins de Van Sciver ! C’est moi, ou si son Batman ressemble assez à celui de Brian Bolland, celui de The Killing Joke :) ?

Biggy
9 années il y a

Vraiment une plaie à lire. Par contre la couv est d’Alex Maleev^^ Erreur dans les crédits, on le voit sur la couverture au début de l’annual.

Apola
Invité
Apola
9 années il y a

Batman parle de ses orteils trop serrés dans ses bottes, de son logiciel Bat-fouineur, appelle Alfred Penny-One, rate sa sortie du bureau de Gordon…

Les dessins sont immonde, la colorisation est beaucoup trop vive pour du batman, Van Sciver sur du GL, du Sp ou du Flash c’est bien mais sur Batman ça manque de lumière pour qu’il puisse s’y épanouir! En plus les proportions sont déguelasse.

Non sérieux, on retire les blagues ratées, on fait dessiner Rocafort et on a un tome de Batman correct

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