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« Il t’aimait. Tu pourrais au moins… »
- Scénario : Bill Willingham – Dessin : Mark Buckingham, Mike Allred, Peter Gross et David Han – Couleurs : Laura Allred et Lee Loughridge – Couverture : James Jean
- Vertigo Classiques – Fables tome 13 – 11 avril 2014 – 176 pages – 17,50€
La guerre face à l’Adversaire est terminée ! Une guerre éclair magnifiquement orchestrée par nos Fables. Mais le prix à payer pour cette réussite est lourd, très lourd. De nombreux Fables sont tombés au combat lors d’actes de bravoure, dont le chef de file : Charmant. Le prince se sacrifie pour mettre un point d’honneur à la victoire ! Mais alors que le deuil devrait laisser place à la joie, l’amnistie offerte à Geppetto est difficile à digérer pour les Fables, et d’autres morts s’annoncent. Pire encore, un nouveau mal semble se présenter…
La grande bataille qui opposait les Fables au puissant empire de l’Adversaire est enfin terminée. S’ouvre alors pour chacun d’eux une ère d’accalmie et de deuil durant laquelle la communauté fabuleuse se rappelle les héros tombés pour eux. Au même moment, alors que Mowgly s’aventure en terres hostiles pour le compte de Bigby, un mal très ancien se réveille au cœur des Royaumes désormais libérés. (Contenu : US Fables #76-82)
Le précédent volume s’était refermé sur un coup de tonnerre ! Les Fables avaient remporté la guerre, mais pour découvrir que les hautes instances offraient à Geppetto l’armistice lui permettant d’effacer tous ses crimes passés et ainsi venir s’installer parmi ceux qu’il avait malmené toutes ces années. Et le premier chapitre de ce volume treize montre que si les Fables sont obligés d’accepter l’armistice, rien ne les oblige à accepter l’ancien tyran. Notons que ce chapitre est dessiné par l’excellentissime Mike Allred !
Puis vient « L’âge des Ténèbres », saga en cinq parties. Rien que le titre nous montre clairement que ce n’est pas le bonheur et la joie qui attendent les Fables alors qu’ils auraient parfaitement le droit d’y croire. On aurait pu penser que tout allait s’arranger pour eux, mais ils ne vont aller que de désillusion en désillusion. Il y a forcément une période de deuil, période obligatoire avec toutes les pertes dans les rangs des Fables mais le deuil n’a pas le temps de s’installer que déjà un nouveau mal se réveille au cœur des Royaumes. Une menace sombre, noire et n’ayant pas la soif de conquête, mais l’envie d’annihilation des Fables ! À la différence de Geppetto, dont nous avons attendu pendant longtemps l’identité, qui était déjà en place au début de l’histoire, là nous assistons à l’arrivée de ce méchant, et on le connaît dès le début. C’est une autre méthode de travail pour Bill Willingham. Il va nous montrer comment ce nouvel ennemi va œuvrer pour s’installer dans notre monde. Et cela commence maintenant avec la destruction des sylves. On va se retrouver avec tous les Fables au même endroit, à savoir la Ferme, et personnellement je trouve que c’est une excellente idée. Un seul lieu c’est toujours mieux que deux à défendre, et cela va ouvrir des portes à de nouvelles histoires.
Je dois bien avouer que ce nouvel ennemi m’intrigue. Si Geppetto s’imposait par la grandeur de son armée et l’intelligence de son organisation, ce nouvel ennemi nous effraie par sa puissance, sa noirceur et sa cruauté. Et dès ces premiers chapitres on comprend bien que les Fables sont vraiment mal barrés. On est en droit de se demander si cette nouvelle menace n’arrive pas trop vite même si elle est très intelligemment introduite. Mais elle fait quand même passer Geppetto pour un petit joueur, ce qui casse un peu le prestige du précédent tome et gâche l’effet ressenti lorsqu’ils gagnaient la bataille.
Outre cette nouvelle menace, la communauté des Fables va vivre un nouveau drame, avec une nouvelle mort dans leur rang. Une disparition qui va bouleverser la plupart de nos héros, tant il était un être aimé et apprécié. Ce décès est l’occasion pour Willingham de nous offrir des scènes d’émotions assez intenses, très émouvantes. Et mine de rien, je me rends compte que je m’étais attaché à ce petit personnage. On réalise alors le travail formidable de Bill Willingham. On s’éprend de tous ses personnages. On vit et on vibre avec eux ! L’auteur a su créer un univers riche dans lequel on replonge toujours avec joie. On arrive à s’identifier aux personnages, à éprouver une très forte empathie pour eux alors que ce sont des personnages de contes. Cependant, ils traversent les mêmes épreuves que nous.
Une fin de guerre douloureuse, un nouvel ennemi encore plus puissant et œuvrant dans notre monde où il a déjà causé plus de dégâts que Geppetto, une nouvelle perte qui va laisser des marques indélébiles. Après un gros arc, les auteurs ont tendances à laisser retomber un peu l’action et les émotions. Ce n’est pas du tout le chemin pris par Bill Willignham. Les Fables n’ont pas le temps de panser leurs plaies, de pleurer leurs morts, ni de reconstruire car déjà une nouvelle menace est là, et gronde encore plus fort que la précédente.
Graphiquement, il n’y a rien à dire, c’est du très grand Mark Buckingham. C’est beau, c’est en adéquation totale avec le récit. Une magnifique symbiose entre l’auteur et son dessinateur. Les scènes de recueillements sont pleines d’émotions, on est nous-même frappé par le chagrin. Rajoutons un Mike Allred toujours aussi merveilleux, un Peter Gross dans la droite lignée de Buckingham et ne retirons qu’un David Han absolument immonde…
Bref, j’avais peur d’un volume d’après-guerre, trop larmoyant, trop mou qui allait nous conduire sur deux ou trois tomes en roues libres, où l’auteur nous aurait offert des histoires de secondes zones pour faire un peu souffler ses personnages. Que nenni ! Nous voilà déjà embarqué pour une nouvelle aventure, qui s’annonce bien plus sombre que la précédente ! Vite la suite !