Review VF – Ex Machina Tome 2

Review Ex Machina Tome 2
Review Ex Machina Tome 2
Les points positifs :
  • L’aspect politique toujours passionnant
  • Les réflexions de Brian Vaughan
  • Le côté super-héros se développe dans le bon sens
Les points négatifs :
  • Il manque toujours un fil conducteur
  • Tony Harris, c’est beau mais ça ne me touche pas

« … si ces putains d’amateurs laissaient mes inspecteurs faire leur travail. »


  • Scénario : Brian K. Vaughan – Dessins : Tony Harris et Chris Sprousse – Couleurs : JD Mettler – Couverture : Tony Harris
  • VERTIGO ESSENTIELS – Ex Machina tome 2 – 25 avril 2014 – 296pages – 22,50€

Le premier tome d’Ex Machina ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Cela ne m’avait pas déplu non plus d’ailleurs. L’idée de base est plutôt intéressante, un ancien super-héros qui raccroche ses ailes pour devenir maire de New York, sans aucune étiquette politique. Il n’agit qu’en fonction du ressenti de chacun, se fichant de savoir si cela convient aux démocrates ou aux républicains. Il suit ses propres idées, souvent novatrices, et tout un tas de personnages sympathiques et intéressants gravitent autour de lui. Mais le souci vient de deux choses. Les relents de super-héros qui ponctuent le récit et l’absence, hormis sa carrière politique en trame de fond, de fil conducteur. On assiste à différentes histoires sans lien les unes avec les autres.

Ancien super-héros et actuel maire de New York, Mitchell Hundred se serait bien passé de la fonction de juré. Personne n’a oublié l’époque où il était encore La Grande Machine, et il n’est pas toujours heureux d’aller déterrer les souvenirs du passé. Pendant ce temps, le reste de son équipe doit faire face à l’arrivée en ville d’un nouveau justicier. (Contenu : Ex Machina #12-20 et Ex Machina Special #1 et 2)

ExMachina#2

Ce tome deux ne déroge pas à la règle. Quatre nouvelles histoires nous sont proposées. Elles se suivent chronologiquement mais toujours sans aucun lien entre elles. Brian K. Vaughan continue de proposer de nouvelles situations à notre maire Mitchell Hundred dans lequelles il va devoir offrir ses solutions. Des solutions pas toujours au goût de ses propres collaborateurs. Son passé de super-héros revient par flash-back à chaque nouvelle situation, pour mieux nous aider à comprendre sa façon de penser. Toujours pas de fil rouge conducteur donc, mais un homme qui continue de se construire politiquement et publiquement sans masque !

Au programme du jour un ancien ami de Mitchell Hundred se rappelle à ses bons souvenirs, vêtu d’une armure comme celle qu’il portait jadis, alors que le maire participe à un procès comme juré accompagné d’un psychopathe persuadé de souffrir du même mal que lui. Ce dernier va le forcer à utiliser ses pouvoirs pour le soigner, prétextant que le corps humain est une machine. Et dire que notre maire accepte de participer à ce procès pour montrer qu’il se soucie de la justice, il aurait peut-être dû s’abstenir, bien qu’il n’ait pas vraiment eu le choix. Et cela est encore plus vrai lorsqu’il comprend qu’il œuvre dans un procès où une femme se plaint d’avoir eu de la « merde » dans son assiette… Comme souvent depuis son début, cette série utilise une histoire pour mettre en lumière un pan du passé de notre héros ou alors pour mettre en avant les personnages qui gravitent autour de lui. Nous comprenons ici que les amis de Mitchell, ceux qui sont vraiment proche, n’hésitent pas à mettre leur vie en danger, malgré les difficultés qu’il peut y avoir entre eux, pour le protéger. Sous ses allures « je-m’en-foutiste » le maire Hundred est un personnage fédérateur. Et cela se sent depuis longtemps, il arrive à attirer ses opposés et ses contraires. Et les gens qui l’entourent lui sont fidèles, même si cette fidélité peut-être dangereuse.

La seconde histoire est l’occasion pour le maire Hundred de nous présenter sa mère. Personnage atypique, il en convient. Elle va lui faire des révélations surprenantes et déstabilisantes sur son passé, qui vont néanmoins l’aider à agir différemment dans l’avenir. Toujours intéressant d’en savoir un peu plus sur le héros de l’histoire qu’on lit. Cependant cela sert plus de teaser pour la suite. Car si la mère du maire s’avère être assez particulière, nul doute que le véritable nœud du problème dans la vie de Mitchell c’est son père, même s’il était encore enfant au moment de sa mort. Le passé des personnages est toujours important, et Vaughan s’intéresse pour la première fois à celui de Mitchell, et pour cela, les flashbacks sur sa vie de super-héros ne comptent pas car ils sont trop récents. Ce ne sont pas ceux-là qui l’ont forgé. Et même si l’auteur ne fait que gratter en surface, il donne un peu de profondeur au héros.

Puis, le terrorisme se représente à New York, ramenant avec lui les horreurs du 11 septembre. Une attaque lors d’une manifestation pacifique et c’est l’administration du maire qui est frappée en plein cœur. L’occasion pour la commissaire Angotti et le maire de faire équipe pour traquer le terroriste. La commissaire lui demande même d’utiliser ses pouvoirs. Histoire mêlant terrorisme, religion et droits civiques. Mitchell est un personnage qui est rattaché au terrorisme. Il est devenu célèbre et aimé en empêchant le second avion de frapper le World Trade Center. On pourrait presque dire qu’il est « né » grâce ou à cause du terrorisme, c’est au choix. Épisode passionnant par les réflexions que nous propose Brian Vaughan. On se rend vite compte que Mitchell n’a pas complètement rangé son costume de super-héros. Il est toujours prêt à le ressortir pour venger une amie, ou combattre le terrorisme, alors lorsque les deux occasions se présentent, cela ne fait pas un pli. Il est amusant de découvrir qu’en temps de crise ce sont ses « détracteurs » qui l’aident et ses collaborateurs qui ne le suivent pas. Comme à chaque fois que quelque chose de grave se présente, notre maire Mitchell n’hésite jamais à prendre des décisions plus que limites au niveaux des droits fondamentaux. Et il va devoir s’opposer à son bras droit : David Willie.

Ce qui est intéressant dans cette histoire ce n’est pas tellement Mitchell, mais plus les réactions des gens lambda. Des réactions sans doute inspirées par l’expérience, le vécu et la vision de l’auteur. On assiste, suite à cette attaque, et comme bien souvent dans la réalité, à une poussée de xénophobie. La cible de l’Américain moyen est sans la moindre réflexion persuadé que l’ennemi est de confession musulmane, et dans la tête des gens tout étranger devient adepte de l’Islam et donc une cible à abattre. Triste et navrante vision, mais est-elle si loin de la vérité? Dans n’importe quelle série télé, n’importe quel comics, n’importe quel film, n’importe quel livre, lorsqu’un attentat terroriste se produit, la haine irréfléchie et la peur de l’autre que chacun cache explose aux yeux de tous. Et cela conduit toujours au drame, ce qui sera le cas ici. Vaughan nous offre sa vision des choses mais aussi sa solution en nous plongeant dans les arcanes du pouvoir. Il fait prendre de bonnes décisions à Hundred, même si ce dernier les exprime maladroitement. Dommage néanmoins qu’il nous démontre une fois que le maire a un ego démesuré en ramenant cet attentat, comme tout ce qui arrive dans sa ville, à lui…

ExMachina#21

La dernière histoire se passe lors d’une émission de radio avec le maire. On peut même appeler cela un guet-apens. L’animateur veut uniquement savoir si le maire serait partisan de la peine de mort pour une personne comme Ben Laden. Cela déclenche alors un grand flashback chez Mitchell Hundred qui se remémore la première fois qu’il s’est posé cette question face à un ennemi possédant le même pouvoir de communication que lui, mais avec les animaux. Si les pouvoirs de Mitchell Hundred restent, personnellement, un mystère, ceux de son adversaire le sont encore davantage. Ou peut-être est-ce abracadabrantesque. J’hésite. Toujours est-il que si je me fiche un peu de ce combat, Vaughan nous montre une autre facette de Mitchell Hundred. On découvre un personnage plus extrémiste dans ses décisions, où la morale n’est pas toujours un passage obligé avant de passer à l’acte. En même temps c’est un super-héros, qui irait lui dire quelque chose? Ces hommes là sont au dessus des lois. Et je réalise que le maire reste un super-héros dans son esprit! Cela se remarque à ses prises de décisions, il se fiche de savoir si ça plaira, si c’est possible ou si ses collaborateurs sont d’accord. Seul compte le résultat, au détriment des moyens et des gens.

Des histoires assez passionnantes, il faut bien reconnaître. À travers ces différentes situations, Brian K. Vaughan se permet d’aborder beaucoup de sujets, tous plus variés et de mettre son personnage de Mitchell Hundred dans l’embarras en le forçant à prendre des décisions pas toujours évidentes. Dans le précédent tome, la réflexion la plus importante portait sur l’homosexualité. Cette fois-ci c’est sur l’atteinte des libertés face au terrorisme. Brian K. Vaughan se demande clairement si face au terrorisme, pour protéger les citoyens, les hommes de pouvoirs ont le droit de porter atteinte aux libertés fondamentales de l’être humain. Est-ce que ce « viol » des libertés est un facteur pour contrer le terrorisme ou au contraire un accélérateur dans la montée de la peur ? Formidable plongée dans l’envers du décor de la politique, où l’on se rend compte que si la population peut mettre un poids énorme sur les épaules de ses élus, de par leurs attentes, leurs mécontentements, un autre poids se rajoute : celui des responsabilités.

Interrogation également sur la peine de mort, à double sens même, mais aussi une réflexion du point de vue d’un super-héros. Il peut arriver, avec tous les pouvoirs qu’ils ont, qu’un super-héros décide de faire justice lui-même, de se dire que la mort est la seule solution qui s’offre à lui pour se débarrasser d’un ennemi. Mais qu’est ce qui lui donne le droit de prendre cette décision ? Est-il toujours un héros suite à un tel acte ? Cela dit qu’est ce qui différencie l’horreur de l’acte qu’il soit commis par un terroriste, par un super-héros ou par un homme agissant sous couvert de la loi? Parce que cela résulte d’un jugement, le fait de donner la mort devient juste? A chacun son point de vue là dessus.

Review Ex Machina Tome 2

Beaucoup d’autres pistes de réflexions nous sont offertes par Vaughan, qui utilise à merveille ces réflexions pour faire évoluer son personnage et pour nous montrer que malgré ses pouvoirs il ne reste qu’un homme comme vous et moi après tout. Quoique pas tout à fait comme nous… Son passage sous la cape de super-héros lui a retiré, à mon sens, un certains sens moral, il arrive à prendre de graves décisions sans avoir un temps de recul avant de trancher, ce qui est plutôt dangereux. La part de politique (toujours aussi passionnante et prenante) s’équilibre un peu plus avec la part de super-héroïque (qui commence à montrer pas mal de signes d’intérêts). Les deux vies du héros semblent influer à part égale sur le personnage. L’un l’ayant formater dans son passé pour l’aider à agir de façon particulière face aux crises dans le présent. A savoir maintenant ce que cela va donner dans le futur. Si je trouvais ce personnage un peu quelconque dans le premier volume, ces nouvelles histoires, ces nouvelles informations, ces nouveaux points de vue me font penser qu’il n’est peut-être pas si bon que ça. Et personnellement il ne m’inspire aucune confiance, pire je le trouve même dangereux.

Côté dessin, je me suis fait petit à petit aux traits de Tony Harris. Je m’acclimate cependant toujours difficilement aux visages de ses personnages. Des yeux qui partent trop souvent dans tous les sens. À côté de cela, c’est vraiment très joli, très beau. Les scènes, les décors sont précis, riches en détails et correspondent parfaitement aux histoires auxquelles ils se prêtent. Les couleurs de JD Mettler sont absolument parfaites et donnent un rendu vraiment sympa à regarder. Elles mettent en valeur les personnages, les lieux, les objets.

Bref, toujours rien d’exceptionnel avec ce deuxième tome d’Ex Machina, mais Brian K. Vaughan nous offre des histoires intelligentes et captivantes. Des histoires où l’on va plonger et nous laisser aller à nous interroger nous aussi sur les thèmes que nous propose l’auteur. Mine de rien Brian K. Vaughan continue de faire avancer Mitchell Hundred sur la route tortueuse et piégeuse de la politique, et force est de constater, malgré une absence totale d’expérience dans ce milieu, qu’il ne s’en sort pas si mal. Pas si mal certes, mais pas si bien non plus. Car si je trouve qu’il a une réactivité assez impressionnante et rafraîchissante, il a aussi des méthodes et des avis dangereux et ne mettant pas en confiance. Au final rien d’exceptionnel mais un personnage fascinant qui me fait me poser des questions, beaucoup de questions. 

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4 Commentaires
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nekofurioso
9 années il y a

Merci pour cette critique, nos avis divergent sur certains points, mais elle est très intéressante et constructive. Sinon Tony harris ça ne te touche pas ? Mais qu’est-ce qu’il te faut ? Il manquerait plus que tu dises que Terry Dodson dessine mal les femmes…

Sasahara
Sasahara
9 années il y a

Je trouve cette série superbe tant pour le scénario que pour le dessin.
Tony Harris a un dessin très propre, très clair, et son point fort c’est vraiment les expressions des visages, ce qui est appréciable dans une histoire aussi pleine de dialogues.

Quand à Dodson, je suis fan autant de sa Wonder Woman inégalable que de ses X-Women (lisez le dernier numéro de X-men Universe!) et de sa Black Cat dans Spider-Man aussi !

Ce n’est pas une question de boobs, ses héroines sont tout simplement belles, sublimes même. Ce n’est pas très réaliste, ces comics ou toutes les filles sont super-canons, mais ça fait rêver !

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