Review VF – Editions Noir et Blanc – 75 ans de Batman

Il y a soixante-quinze ans, Bill Finger et Bob Kane donnaient naissance à Batman, justicier protecteur de Gotham. Pour un tel événement, Urban Comics a décidé de gâter ses lecteurs en fêtant dignement l’événement. L’éditeur de DC Comics en France propose donc à ses lecteurs, en tirage ultra limité (trois mille exemplaires), en grand format et en noir et blanc cinq œuvres qui ont marqué la carrière de Batman. Nous vous proposons donc dès aujourd’hui, de découvrir nos avis sur ces ouvrages qui fêtent les 75 ans de Batman.

Au programme donc, Batman Année Un de Frank Miller et David Mazzuchelli, Batman Amère Victoire de Jeph Loeb et Tim Sale, Batman The Dark Knight Returns de Frank Miller, Batman Silence de Jeph Loeb et Jim Lee sans oublier Batman La Cour des Hiboux/La Nuit des Hiboux de Scott Snyder et Greg Capullo.

BATMAN : AMÈRE VICTOIRE

• Scénario : Jeph Loeb – Dessins : Tim Sale

N’hésitez pas à lire notre review complète du récit Amère Victoire pour en savoir plus

Tout juste un an après « l’affaire Holiday », Gotham City est de nouveau le théâtre d’une véritable guerre ! Guerre entre les familles mafieuses et les « patients » de l’asile d’Arkham.

Si tous étaient convaincus de la double identité d’Alberto Falcone en tant que tueur du nom d’Holiday, une nouvelle vague de meurtres jette le doute sur sa culpabilité. Pour restaurer l’ordre à Gotham, Batman aura besoin de toute l’aide possible, tant il va être dépassé. Voire même,  de prendre sous son aile un nouveau partenaire, Dick Grayson ! Jeph Loeb et Tim Sale nous racontent, la naissance de Robin premier du nom ! Après l’arrestation d’Holiday, un nouveau meurtrier, un tueur de policiers, va prendre sa place à Gotham. Bonnes ou mauvaises, les victimes s’accumulent au rythme de une tous les mois, comme pour Un Long Halloween, les jours de fêtes. Seul point commun, des jeux du pendu sont laissés par le meurtrier, gribouillés sur des feuilles issues des dossiers de l’ancien procureur Harvey Dent, alias Double Face.

Petit mot sur cette édition collector en noir et blanc. Force est de constater, du moins pour moi, que cette version ne fait absolument pas honneur aux dessins de Tim Sale. Pire, elle mettrait même en lumière certains petits défauts sur certains dessins, comme l’aspect limite repoussant de certains visages. Étonnant également d’avoir autant de cases qui se retrouvent avec un voile gris…

Bref, Amère Victoire est un classique qui se doit d’être lu. Jeph Loeb nous offre une enquête noire et intelligente. Par contre, quitte à choisir, la version couleur est fortement préférée pour ma part ! Plus jolie et moins chère. Si vous êtes collectionneur, c’est une autre histoire.

L’histoire, tout le monde commence à la connaître, un an après les meurtres d’Holiday, qui a vu Alberto Falcone mis hors d’état de nuire par Batman, une nouvelle vague de meurtre au modus operandi semblable sème le doute… Mais le véritable intérêt de cette nouvelle édition pour les 75 ans de Batman, c’est le noir et blanc, et pour être honnête je ne voyais pas l’intérêt à l’annonce… Et je ne le vois pas plus maintenant. Car on a l’impression que ce n’est pas une édition qui reprend des dessins encrés avant colorisation, non, les couleurs semblent juste effacée. Et je ne suis pas sûr que le procédé convienne vraiment aux dessin de Tim Sale, car cela fait franchement ressortir la laideur de certains visages un peu ratés.

En plus cela fait disparaître aussi les décors et les pages deviennent donc très vides, à tel point que certaines pages m’ont fait penser à ces dessins que l’on imprime pour que les enfants les colorient ! Certaines pages un peu grisées semblent plus réussies mais s’éloignent vraiment du concept original… L’intérêt artistique est discutable, pour ma part j’aurais préféré quelque chose qui mette un peu en valeur le travail des dessinateurs, avec des crayonnés ou des encrages, mais je ne n’adhère pas réellement au noir et blanc tout seul. Ça n’est donc pas une réussite, si vous avez l’édition originale, passez votre chemin, sinon achetez la version couleur pour 5 euros de moins ! L’unique intérêt de cette édition limitée est de l’ordre de la collectionnite aiguë….

BATMAN : LA COUR DES HIBOUX/LA NUIT DES HIBOUX

• Scénario : Scott Snyder – Dessins : Greg Capullo

Scott Snyder a eu la bonne idée, selon moi, de lancer ce relaunch avec un nouvel ennemi pour Batman. La cour des Hiboux ! Rien que le nom est extraordinaire, les hiboux chassent les chauves-souris ! Et faire de cette cour une vieille légende urbaine de Gotham est bien pensé aussi. Mais gare à ceux qui justement ne la prennent que pour une simple comptine pour enfants ! La cour des Hiboux est un ennemi tentaculaire et implacable tissant sa toile dans l’ombre, et contrôlant la destinée de Gotham depuis des siècles et des siècles. Et la cour n’aime pas que d’autres tentent à gérer Gotham. Des gens comme Bruce Wayne, comme Lincoln March et bien d’autres…

Aux dessins Greg Capullo est une évidence. Il est évident que ce type est né pour dessiner Batman. C’est sombre et pourtant tellement détaillé. Ambiance oppressante au plus haut point. un formidable jeu sur les ombres. Et ce merveilleux travail est encore davantage mis en lumière avec cette édition en noir et blanc qui rend vraiment hommage au travail magnifique de cet artiste. Encore plus de détails, encore plus de force et de puissance se dégagent de ses personnages.

Bref, je dois avouer que si l’idée de base avec la Cour des Hiboux m’emballe au plus haut point, je dois bien avouer qu’après un an de publication, je m’attendais à une fin autrement plus vibrante, poignante et pesante sur notre justicier, je dois avouer que cette deuxième lecture fut fortement plaisante grâce à  la redécouverte des dessins de Greg Capullo, presque sublimés en noir et blanc.

Redécouvrir cette oeuvre, qui est à mon avis l’un des tous meilleurs récits de la période “new 52” en noir et blanc n’est pas indispensable mais cela se révèle plutôt intéressant. Le graphisme de Greg Capullo s’apprécie parfaitement lorsqu’on le prive de sa colorisation et l’on prête plus facilement attention à des détails qui avaient pu nous échapper à la première lecture de l’édition classique des deux arcs qui nous sont ici proposés. Notons aussi la présence des back-ups signés Rafael Alburquerque qui valent eux aussi le coup dœil Le style résolument gothique des deux hommes sied particulièrement bien au choix d’Urban Comics et aligner les 39 euros demandés pour ce tome collector n’est pas une mauvaise idée, si toutefois vous ne faites pas partie de la bande de haters de Scott Snyder qui rôde actuellement sur le net.

BATMAN : SILENCE

• Scénario : Jeph Loeb – Dessins : Jim Lee

N’hésitez pas à lire notre review complète du récit Batman Silence pour en savoir plus

Bon, commençons par le petit côté amusant : Jim Lee !! Je dois bien avouer, je me suis fourvoyé. Ces planches de Jim Lee me font faire mon mea culpa, c’est un génie ! On en prend plein les yeux… Nan ! Ce n’est pas crédible hein ? Sérieusement la lecture de cette saga ne me fera donc pas changer d’avis sur le dessinateur. Tous les hommes qu’il dessine sont bodybuildés, avec pectoraux prédominants, mentons saillants et regards de tueur. Et ses femmes sont toutes des mannequins avec les mensurations de Barbie, la taille fine et la poitrine généreuse. C’est un style de dessin trop irréaliste par rapport à la réalité, trop loin de ce que j’apprécie. Mais cette édition en noir et blanc me plaît davantage que l’édition couleur. Je trouve que les expressions de ses personnages en ressortent renforcées. La colère de Batman, la folie du Joker, la malice de Catwoman… Je trouve également l’effet bimbo et mister univers moins flagrant en noir et blanc, donnant presque du charme aux dessins. Mais rajoute une impression de brouillon trop souvent.

Une enquête rythmée, Jeph Loeb ne nous laisse pas une minute de répit ! Action, action, action ! Toujours un nouvel indice qui tombe, toujours une piste à suivre, toujours un nouvel ennemi à affronter, toujours un allié à trouver. Mais qui utilise ainsi les ennemis et les amis de Batman et même de Bruce, avec le docteur Elliott, qui est assez malin pour réussir à faire participer le Joker ? Jeph Loeb est passé maître, comme dans Un Long Halloween ou encore Amère Victoire, à nous emmener sur de fausses pistes. Et Batman Silence ne va pas déroger à la règle. Les responsables potentiels vont être légion jusqu’à la surprenante fin !  Bien que bancale…

Bref, Batman Silence est une histoire qui se laisse lire, malgré Jim Lee. On sent que c’est vraiment le côté action qui est mis en avant. Plein de personnages mais souvent là comme prétextes sans réelle logique. Cependant cette édition en noir et blanc à l’avantage de, me, rendre les dessins moins douloureux, pouvant même me faire apprécier son travail par moment. Mais là où on y gagne sur les personnages, on y perd beaucoup dans le fait de ce qui étaient des détails en couleur deviennent brouillon et difficiles à discerner en noir et blanc.

Revisiter une oeuvre en noir et blanc, ça se justifie par l’envergure de son artiste, et Jim Lee n’en manque pas. Privées de couleurs, ses planches gagnent en pureté, donnent un effet de retour à l’essentiel, ou les effets 3D générés par la colorisation résolument moderne qu’on y retrouvait ont disparu. Silence a également l’avantage d’offrir une belle galerie de personnages, autant d’occasions de les redécouvrir en noir et blanc. Comme dans l’oeuvre originale, les plus belles cases du volume apparaissent à l’occasion des fameux flashbacks, où Jim Lee passe à l’aquarelle pour marquer le changement d’époque. Hélas, la disparition des couleurs a également ses défauts, certains gros plans sont difficiles à démêler dans les tonnes de détails que Jim Lee chérit. De même, certains personnages très colorés, au hasard Superman, perdent un peu d’aura une fois ramené en nuances de gris. Heureusement c’est Batman et non Superman qui est au premier plan dans la majeure partie du récit, et le manque se fait nettement moins ressentir sur le Chevalier Noir.

Ceux qui reprochent au style de Jim Lee un côté too much, des corps trop bodybuildés et de la démesure partout seront peut-être moins embêtés dans cette version noir et blanc, plus simple, plus primitive. Le travail de l’artiste profite d’une redécouverte sensible une fois privé de sa colorisation. Subsistent quelques dommages collatéraux, là où la colo aidait à discerner les détails.

BATMAN : THE DARK KNIGHT RETURNS

• Scénario et Dessins : Frank Miller

N’hésitez pas à lire notre review complète du récit The Dark Knight Returns pour en savoir plus

Ceux qui disent que ce tome est une arnaque se plantent lourdement, bien que la colorisation de Lynn Varley apporte beaucoup à l’oeuvre originale notamment en ce qui concerne le personnage de Carrie Kelley, qui se démarquait des ténèbres de Gotham dans son costume de Robin. Le style de Frank Miller, brut à souhait, est rendu encore plus impressionnant dans cette édition qui rend son Batman encore plus imposant (et on se demandait vraiment si c’était possible) et nous livre une version “à la Sin City” de ce graphic novel de légende. L’encrage de Klaus Janson correspond parfaitement au dessin de Miller, et s’apprécie totalement dans cette version de The Dark Knight Returns qui est probablement le seul tome indispensable du lot, parmi les 5 albums proposés par Urban Comics.

Le fameux tome de l’arnaque… qui n’en est pas une. Objectivement, si on voit de l’intérêt aux quatre autres récits proposés en noir et blanc par Urban, Dark Knight Returns suscitera le même. Peut-être plus, parce que le Batman massif et sombre de Frank Miller en impose encore davantage lorsqu’il se retrouve ‘réduit’ à une silhouette noire sur fond blanc. La colorisation originale était toute dans la retenue, garnissant les planches du duo de choc Miller – Janson de teintes presque fânées, quoiqu’appropriées. De là à utiliser la formule ‘on n’y perd pas grand-chose’, il n’y a qu’un pas, même si l’aura de gaieté qu’apportait Carrie Kelley en pâtit un peu. Le style de Frank Miller étant déjà brut, sec, primitif et sauvage, lui ôter sa couleur rajoute encore à cet effet. Probablement la plus intéressante de ces cinq sorties vu l’impact monumental qu’il a eu sur les comics.

BATMAN : ANNEE UN

• Scénario : Frank Miller – Dessins : David Mazzuchelli

N’hésitez pas à lire notre review complète du récit Batman Année Un pour en savoir plus

Sur les cinq sorties sélectionnées pour fêter avec une édition collector les 75 ans de Batman, deux sont signées Frank Miller, c’est dire si le bonhomme a marqué les esprits avec son travail sur la chauve-souris ! Year One, c’est l’origin story parfaite. Les couleurs originales étant très sombres, la différence ne se fait pas ressentir de manière trop profonde une fois le récit transformé en noir et blanc. C’est à double tranchant : on ne perd pas grand-chose, mais d’un autre côté certains trouveront moins intéressants, vu qu’on ne redécouvre pas complètement l’oeuvre. Ceci dit là où Silence étalait des scènes parfois confuses sans les couleurs pour trancher les objets, Year One , dans le style épuré de Mazzuchelli, ne perd jamais en clarté. Des cinq sorties, Year One est probablement celle où le noir et blanc s’installe avec le plus de naturel.

Batman Année Un c’est l’arrivée du Batman et de Gordon dans les rues de Gotham ! Bruce Wayne revient dans SA ville, Gotham, qu’il avait quittée il y a douze  ans. Complètement transformé, comme sortant de sa chrysalide, entraîné, confiant, avec une simple idée fixe en tête. James Gordon vient prendre son nouveau poste de policier au commissariat de Gotham. Et comme le titre l’indique, l’histoire se déroule sur un an. Autre grand point fort de Batman Année Un, les dessins de David Mazzucchelli. Ses planches sont justes somptueuses, un régal pour nos yeux, et cette version en noir et blanc n’enlève rien à la qualité de ses dessins mais n’apporte rien non plus en fait. Cela reste plaisant à regarder mais on ne redécouvre pas l’oeuvre. C’est joli. Juste jolie. Bref c’est culte, c’est immanquable et c’est un plaisir de replonger dedans avec cette version collector.