[Review VO] Trinity of Sin : Pandora Vol. 1 : The Curse

Les points positifs : Un début prometteur Daniel Sempere aux dessins Les points négatifs : Le potentiel gâché Le côté tie-in agaçant Pas de réelle direction prise Des incohérences

« That was the day I destroyed the world. » – Pandora

• Scénario : Ray Fawkes, Geoff Johns – Dessins : Daniel Sempere, Francis Portela, Vicente Cifuentes, Zander Cannon, Patrick Zircher, Carlos D’Anda, Ethan Van Sciver, Ivan Reis, Joe Prado, Kenneth Rocafort, Gene Ha – Couleurs : Hi-Fi, Gabe Eltaeb, Blond, Rod Reis, Art Lyon – Couverture : Ryan Sook

• DC Comics New 52 – Trinity of Sin : Pandora Vol. 1 : The Curse – Contient : Trinity of Sin : Pandora #1-6 – 19 Mars 2014 – 144 pages – 14,99$

Attention, cette review contient de nombreux SPOILERS sur Trinity War et le début de Forever Evil. Lecteurs VF en particulier, soyez très prudents à la lecture de cet article ! 

Personnage mystérieux étant responsable de la fusion des trois timelines DC, Wildstorm et Vertigo et de la création des New 52, Pandora s’était montrée très énigmatique dès Septembre 2011 en posant en guest-star dans chacun des #1 sortis à cette époque, puis en créant l’attente au travers de back-ups dans Justice League #6 puis dans le comic spécial FCBD. Des apparitions qui auront même poussé à l’époque le grand Nathko à réaliser un dossier sur le personnage. Quelques temps plus tard, une série consacrée au personnage voit le jour et sert de prologue à l’event qui-n’en-était-pas-tellement-un Trinity War. Ce sont les 6 premiers numéros de cette série que nous découvrons enfin dans ce premier TPB, et je vous spoile tout de suite le résultat : c’est une catastrophe.

En fait, la lecture de ce TPB m’a profondément agacé et il m’est presque difficile de savoir par où commencer tellement il y a des choses qui ne vont pas. Il y a déjà la façon dont ont été collectés les petits back-ups dont je parlais en introduction. Le premier présente une scène où Pandora est déjà en possession de sa boîte, et n’arrive pas à l’ouvrir, même à coup de flingue – apparaît le Wizard qui lui annonce que le Council of Eternity s’était trompé sur son compte lorsqu’ils l’avaient condamné à errer sans fin sur Terre et contempler les ravages qu’elle a causés en ouvrant, il y a fort longtemps, la dite boîte. Seulement voilà, le second back-up nous présente Pandora qui n’est pas encore en possession de la boîte, et qui essaie de la récupérer. On en est à peine à dix pages qu’on s’aperçoit qu’un simple réarrangement aurait permis d’avoir quelque chose de chronologique et qui se suive bien. Encore à présent, je n’arrive pas à comprendre cette (absence de) logique. Mais rassurez-vous, ce n’est pas terminé.

Nous commençons ensuite véritablement avec les débuts de la série, écrits par Ray Fawkes et illustrés par Daniel Sempere, avec un premier numéro qui nous décrit les origines de Pandora, comment elle est tombée sur la boîte il y a 10 000 ans, que son ouverture a apporté le Mal sur Terre (au travers des Seven Deadly Sins), et après avoir pleuré des siècles, comment elle a décidé de prendre les devants pour aller affronter ce qu’elle a libéré. Un petit programme enthousiasmant, mais sitôt arrivé au second chapitre, on nous parle d’un mort, de Superman, Pandora rencontre un trio de vilains liés avec Vandal Savage. Interrogations, aurais-je loupé un bout d’histoire ? Non, continuons. Paf, nouveau chapitre, nous avons deux Justice Leagues en train de s’en mettre plein la figure, sans qu’on ne sache d’où elles sortent, 20 pages plus tard, Pandora se retrouve sur un monde dévasté, puis on comprend que la Boîte était en fait un portail dimensionnel, et ainsi de suite… Vous n’y comprenez rien ? C’est normal, Trinity of Sin : Pandora est une série « tie-in », sans identité propre. D’abord prologue puis tie-in à Trinity War, puis tie-in à Forever Evil, la série n’a jamais pu exister par elle même, et si l’event Trinity War peut très bien se lire sans les tie-ins, l’inverse n’est hélas pas possible. On passe du coq à l’âne toutes les 20 pages et la lecture est affreuse pour qui ne sait pas qu’il y a tout un event à côté. C’était quelque chose que je n’avais pas relevé lorsque je lisais la série en single, puisqu’en suivant l’event en même temps, les tie-ins me semblaient plutôt sympathiques. Mais dans ce format, ce n’est même pas la peine. D’autant plus que ça permet de relever un autre défaut à la série : son personnage principal (ouh, que c’est rude, alors que je l’avais tellement encensée). Pandora est un personnage unilatéral, qui n’a qu’une seule idée en tête : être expiée de sa faute. Toujours la même idée en tête, quoi qu’il se passe, très bornée, ce qui la rend à la longue agaçante. D’autant plus qu’elle est censée avoir l’expérience de dix millénaires pour partir à sa quête. Mais elle continue à faire bourde sur bourde, à faire toujours les mauvais choix, et à être complètement dépassée par les évènements – tout le monde a l’air bien plus au courant de ce qu’il se passe qu’elle. Un comble lorsqu’à côté on nous montre qu’elle a été formée à tous les types d’arts martiaux, de magie, de maniements d’armes…

Alors peut-être que ce côté « Les malheurs de Sophie » est intrinsèque au personnage et à sa malédiction, mais j’ai quand même du mal à le croire. Et tant qu’on parle de malédiction, abordons (encore) un autre point fâcheux. Toute cette histoire de boîte, qui ne tient pas debout. Je ne sais pas ce que DC a essayé de faire (sûrement un coup de l’Anti-Didionitor…) mais l’essai d’imbriquer des éléments de mythologie réelle pour Pandora n’était pas mauvaise. Mais tout ce qui se rapporte à la boîte n’a pas de sens. On nous dit d’abord que seul un être au coeur pur ou sombre peut ouvrir la boîte. Puis en fait, c’est seulement un habitant d’Earth 3 qui peut l’ouvrir. Et la boîte était de toute façon prédestinée à accueillir le Crime Syndicate. Alors qu’en fait la boîte a été trouvée il y a 10 000 ans dans une forêt paumée. Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi Pandora a-t-elle pu l’ouvrir (encore que cette question est intéressante sur la nature de notre héroïne) ? Et cette lutte contre les Seven Deadly Sins alors ? Bah on ne sait pas trop ce qu’elle vient faire là. Le scénario est au final un fourre-tout de plusieurs éléments qui pourraient donner une histoire intéressante s’il y avait un fil conducteur, mais Fawkes se perd, et ne sait pas trop où aller, tant la série est déchirée de toutes parts par les events et crossovers auxquels elle est rattachée. On aurait par ailleurs aimé que l’implication de Pandora dans la création des New 52 soit faite, mais c’est à peine mentionné… au tout début, dans les back-ups. Ha. Et ces back-ups, revenons-y. Ray Fawkes a même pas dû être fichu de les lire puisque les scènes qui y sont représentées (la sanction par le Council, et l’apparition du Wizard), et qui sont ensuite ré-utilisées dans la série… ne sont pas les mêmes. J’entends par là qu’il y a un jeu des sept erreurs à faire. Je vous disais plus haut que Pandora essayait d’ouvrir la boîte avec un flingue lorsque le Wizard apparaît. Quelques pages plus loin, c’est en fait après avoir échappée à un Deadly Sin que ça se produit. Et il y a encore d’autres incohérences comme ça qui achèvent de saper la lecture.

Au niveau de la partie artistique, il y a également deux poids deux mesures. Les premiers numéros étaient l’oeuvre de Sampere et de ce côté là, si les planches ne sont pas des plus transcendantes, j’ai quand même trouvé qu’un charme se dégageait, notamment du personnage principal dont j’apprécie beaucoup le chara-design. La colorisation est assez quelconque la plupart du temps sauf lorsque les Deadly Sins apparaissent, ou encore lorsque Fawkes décide d’imposer des trips tentaculaires étranges à son héroïne, en quel cas nous avons droit à des explosions de couleurs vives à s’en décoller les rétines, mais ce n’est pas forcément désagréable ; disons, un peu surprenant. Le second artiste en charge de la série est Francis Portela et force est de constater qu’il souffre de la comparaison avec le précédent, même si ce dernier ne brillait pas des masses. Le vrai problème de Portela, ce sont les visages, et ça ne pardonne vraiment pas. Il y a certains passages où les têtes des protagonistes ne ressemblent plus à grand chose, et ça en devient encore plus gênant. Reste que l’immortalité de Pandora (ou de Vandal Savage) amènent les artistes à quelques effets gores bienvenus pour une série quand même censée être « Dark », et qui amènent un peu de fun.

Grosse déception donc pour ce TPB, mais on pouvait s’y attendre (mais moi, j’y croyais au début !). Si le côté tie-in ne dérange pas lorsqu’on lit ces numéros dans l’event auxquels ils sont rattachés, la lecture seule est impossible, et fait ressortir d’autant plus les défauts de caractérisation et d’incohérences qui parsèment le récit. Un récit qui n’arrive d’ailleurs pas à se trouver et qui achèvera de vous perdre très certainement avant la fin de votre lecture. Et j’ai bien l’impression qu’avec le second Volume et « Blight », ça sera encore pire…