Test – The Wolf Among US : Episode 3 – A Crooked Mile

Les points positifs : Plus de choix, plus de conséquences Caractérisation améliorée Récit adulte et sans concessions Nouveaux personnages mémorables Sur console ça rame moins Le final, grandiose Les points négatifs : 2 mois pour la suite Certaines références réservées aux lecteurs

« Glen will not remember that »

• Scénario : Pierre Shorette – Développeur : Telltale – Couleur : Telltale

• PC/PS3/360/Mac – 8 avril 2014 – 4,99 euros – dématérialisé uniquement

L’épisode 2 de The Wolf Among Us se concluait sur un cliffhanger imprévisible et particulièrement malsain. La première partie de la review est garantie sans spoilers ainsi que la conclusion mais il est désormais impossible de parler du jeu sans évoquer les détails liés à l’intrigue des deux premiers épisodes. Si vous n’avez pas fait ces deux premiers épisodes lisez les deux  paragraphes suivants, la conclusion et fuyez jouer à ce titre, toujours uniquement en anglais sous-titré anglais. Pour les autres aucun spoiler à proprement parler sur l’épisode 3 ne sera divulgué si vous faites les épisodes à la suite.

L’épisode 3 reprend immédiatement après la fin du précédent, unité de temps et de lieu, avec un Bigby passablement enragé. S’en suit une possibilité d’approche pour raconter le fétichisme dégoûtant du désormais suspect numéro un à la première intéressée. Cette dernière est en plein discours émotion à des funérailles. Dès ce moment là, plusieurs approches sont possibles et c’est ce qui sera la plus grande force de cet épisode dans la droite lignée du second. Un élément fort perturbateur viendra gâcher la cérémonie et là encore pendant une phase d’action on sera tiraillé sur comment agir. L’enquêteur en nous, le shérif le vrai, aura les nerfs mis à rude épreuve devant tant de choix et de possibilités. L’idée est que nous avons deux heures (dans le jeu) pour trouver une sorcière et trois lieux à visiter dans l’ordre que nous souhaitons, sachant qu’il sera impossible d’en visiter plus de deux. La pression est donc là d’autant plus qu’une intrigue à la Game of  Thrones déjà présente dans les premiers tomes de Fables arrive pour couronner le tout. Quelqu’un veut prendre les commandes et avec un roi Cole toujours aussi absent il aura toutes les opportunités devant lui.

N’hésitant pas à briser le quatrième mur lorsque le jeu se joue de nous, tout dans cet épisode nous mène à un presque sans faute. On visite de nouveaux lieux, les références à l’univers de Fables sont assez importantes et le lecteur du comics aura un certain avantage lors de petits easter eggs. Qui plus est la caractérisation est encore meilleure qu’avant, tout sonne juste et cohérent sans le moindre boulet à l’horizon. S’il y a finalement beaucoup de dialogues et peu d’interactions, les choix ont leur importance. L’ambiance film noir avec un shérif qui peut être soit un parfait enfoiré ou quelqu’un de conciliant est là. Cet aspect illusoire d’un temps limité pour résoudre l’enquête est aussi très grisant et stressant, c’est simple on ne décroche pas une seule seconde de l’épisode. Et que dire du final absolument dingue sublimé encore une fois par la mise en scène et des musiques très années 80 qui plaisent tant à votre serviteur. Cette scène d’action dantesque nous opposant à pas moins de trois « ennemis » dont une nouvelle venue est d’une telle intensité qu’on a bien du mal, une fois l’orage passé, à se dire que c’est fini. On appréciera par la même occasion que l’épisode soit plus long que son prédécesseur.

Passons aux spoils, je le répète si vous n’avez pas fait les deux premiers épisodes il est temps de sauter à la conclusion. Ainsi Ichabod Crane et son Snow White fétiche est au centre de l’intrigue. Mais tout paraît trop gros. Si deux filles sont déjà mortes et qu’il aime à ce point Blanche Neige pour donner du glamour à des prostituées histoire de faire ses affaires rien ne dit qu’il est autre chose qu’un fétichiste manipulé. Le dégoût de Blanche en apprenant la nouvelle est assez compréhensif et fort bien joué, Blanche qui durant tout l’épisode est un peu la voix de la raison même si j’ai aimé entrer en contradiction avec cette dernière. Crane à la fin de l’épisode 2 casse le miroir qui aurait permis de retrouver sa trace et vole une pièce de celui-ci, on ne peut donc le retrouver de cette façon. Il faut enquêter à l’ancienne, choisir ses lieux sachant qu’à 2 heures du matin Crane aura un rendez vous avec une sorcière freelance. Celle qui lui fournit ce glamour illégal lui permettant d’assouvir ses fantasmes cradingues.

C’est le moment que choisi Bluebeard pour venir faire son Lannister car il est bourré d’argent et on sent qu’il veut prendre la place de Crane plus que tout. Il est identique au comics quand il s’agit de fomenter des intrigues. C’est le fameux moment des trois choix pré-cités dans la partie sans spoilers. Aller chez Dee et Dum (vous comprendrez pourquoi), au bar de Holly ou dans l’appartement de Crane. J’ai choisi ces deux dernières options. L’heure tourne à chaque fois. Je m’arrête là pour l’intrigue. Sachant qu’évidemment on se rend plus ou moins vite compte qu’Ichabod Crane a plus l’air d’un détraqué sexuel que d’un tueur en série. Et des références à un certain Crooked Man ne sont pas là pour nous éloigner de cette idée. Au final on est quand même dans l’épisode d’enquête parfait et rien que pour cette fin mémorable avec du sang, des larmes et un nouveau personnage barré à souhait on veut sauter sur la suite. Quand je parlais plus tôt de briser le quatrième mur et même de rire un peu de la méthode telltale. Chez Holly on rencontre un Glen un peu shooté et bourré, quoiqu’on lui raconte il s’effondre et le jeu nous affiche un merveilleux ‘Glen will not remember that ». C’est extrêmement bien vu, marrant et ça fait du bien dans un récit aussi tendu.

Au final ce troisième épisode dépasse toutes nos attentes. Tout est réussi, sa narration, ses musiques, sa caractérisation, ses choix, ses dialogues. Si on aurait aimé plus d’exploration et de phases de simili point and click, l’avalanche de dialogues et les conséquences de ces derniers font qu’on ne se sent pas si bridé, d’autant plus que c’est bien plus varié. Et la fin restera dans les mémoires, plus que ça, il est brillant, brutal et sans concessions. Le meilleur épisode à ce jour et aussi l’un des plus denses. L’ambiance est toujours aussi pesante malgré des couleurs toujours aussi flashy. Anglophones, ne passez plus à côté de ce bijou car ce qu’est en train de faire Telltale est grand. En plus cet épisode rame beaucoup moins sur console pour l’avoir vu tourner sur mon PC et sur ma PS3.