[Review VO] WE3 New Edition

We3 - New Edition
Les points positifs :
  • L’art de Frank Quitely
  • La mise en scène
  • Un récit choc !
  • Les bonus en fin d’ouvrage
Les points négatifs :
  • A ne pas mettre entre toutes les mains
  • Un peu court

« Home. » 


  • Scénario : Grant Morrison  – Dessins : Frank Quitely –  Couverture : Frank Quitely 
  • VERTIGO – WE3 New Edition – Contient : WE3 #1-3 – 19 Février 2014 – 144 pages – 14,99$


Si je vous dis Grant Morrison et Frank Quitely, bon nombre d’entre vous pensera immédiatement à All-Star Superman. Un automatisme qu’on ne pourra très certainement pas vous reprocher tant l’oeuvre pré-citée a connu un immense succès critique et commercial. D’autres penseront également à la série Batman & Robin qui était parue dans la période pré-New 52 « Batman Reborn », et on les comprendra également ! Pourtant, et j’étais le premier à l’ignorer, les deux hommes ont également collaboré ensemble, bien avant les deux ouvrages dont je parlais avant, sur une mini-série parue chez Vertigo intitulée We3 et publiée entre Octobre 2004 et Mars 2005 ; il y a presque dix ans, hé oui, ça ne nous rajeunit pas. Aujourd’hui, grâce à la réédition de cet ouvrage (qui est en fait une édition en softcover de la Deluxe Edition sortie quelques années plus tôt), je vous propose de nous attarder sur un récit atypique et particulièrement intriguant.

Venons-en au sujet principal. Que sont les We3 ? Pour faire le plus simple possible, il s’agit simplement d’un groupe de trois animaux (un chien, un chat, et un lapin) qui ont été modifiés en machines de guerre redoutables par l’armée américaine. Des animaux dont on ne reconnaîtra plus que la tête (et encore) puisque le reste de leur corps est enfermé dans un exosquelette qui leur sert à la fois d’armure et leur donne vitesse, agilité, force, et puissance de destruction effroyable. Ces animaux peuvent légèrement communiquer entre eux, le chien s’appelant 1, le chat et le lapin 3. Mais à l’aide des couvertures des 3 numéros de cette mini-série, vous découvrirez les véritables noms qui avaient été donnés à ces compagnons Ô combien mignons mais réellement très dangereux. Les We3, en revanche, s’ils démontrent leur efficacité au début de notre histoire, ne sont en fait qu’un prototype d’animaux de guerre parmi d’autres ; et lorsque la phase de test est arrêtée et que les animaux doivent être sacrifiés, celle qui s’est occupée d’eux jusque là, le docteur Roseanne Berry, décide de les laisser s’échapper. S’ensuit une incroyable course-poursuite alors que l’armée essaye d’arrêter ces bêtes devenues monstres par leur création, alors que les We3 essaient, de leur côté, de retrouver leur « maison »…

Une histoire qui pourra sembler simpliste mais qui arrivera à vous séduire à force de caractérisation. Hé oui, car même avec des animaux, Morrison arrive à poser des caractères bien trempés à 12 et 3. Le chat, par exemple, est hyper agressif alors que le chien essaiera toujours de raisonner les autres, d’aider ceux en difficulté, voire de faire confiance à un être humain croisé sur son passage. Car oui, ami des animaux, si le récit est rude et nous parle de la condition animale, il ne sombre pas dans la facilité qui voudrait que tous les humains ne sont que des monstres sans considérations pour les êtres qui lui sont, en quelque sorte, inférieurs. Certes, les méchants sont réellement méchants – encore que, les motivations ne sont pas aussi tranchées qu’elles n’en ont l’air, mais ça et là nous rencontrerons des personnages plus tendres et qui arriveront à se prendre d’affection pour nos personnages principaux. Il est en effet assez difficile d’avoir de l’empathie pour les We3 tout au long de l’histoire car nous les voyons quand même commettre des horreurs. Certes, ils sont en situation de danger, et certes ils ont été programmés pour réagir de la sorte dans les situations difficiles, mais Morrison nous rappelle à plusieurs reprises que non, un lapin avec des roquettes qui lui sortent des pattes, ce n’est pas si mignon que cela. Et de ce fait, nous sommes transportés par la complexité de ce qui nous est conté ; où se situe la limite entre les « gentils » et les « méchants » ? Qui est le plus cruel, de l’homme, de l’animal, de la machine ? Les rebondissements se suivent, et s’ils ne sont pas si nombreux, c’est que l’action ne s’arrête pas, jusqu’à la toute fin. Je laisserai au lecteur l’appréciation de la conclusion de l’histoire, qui, même si elle m’a semblée être une fin heureuse, n’a pas réussi à m’apaiser vraiment, à cause de tout ce que j’avais lu/vu avant. On a quand même le sentiment que l’ensemble est un peu trop court et aurait mérité un peu plus de traitement, tant au niveau de l’histoire que des personnages. Et je dis ça alors que cette édition comprend 10 pages rajoutées par rapport à la première version de We3 !

L’autre point fort de We3, et assurément ce qui vous fera le plus vivre cette aventure, ce sont les dessins de Frank Quitely, ainsi que sa mise en scène, son découpage. Chaque partie de l’ouvrage aura droit à ses moments d’anthologie, de ces pages que vous regardez pendant 5 minutes, et que vous n’arrivez pas à quitter des yeux tellement l’artiste arrive à vous en envoyer plein les yeux. En premier lieu, j’ai envie de prévenir de suite que le récit est extrêmement violent. Et quand je dis extrêmement, ce n’est vraiment pas pour plaisanter. Et lorsque la première scène gore arrive, ça vous surprendra – on ne s’attend pas à ça en démarrant la lecture – et par après certaines séquences seront de véritables morceaux de boucherie. Des membres découpés, tête arrachées, tripailles… quand on vous dit que les We3 sont des machines à tuer, on vous le fait comprendre visuellement. Ne montrez donc pas ce livre à des personnes trop jeunes ou sensibles ! L’autre point marquant est donc la mise en page de Quitely, qui regorge d’ingéniosité. Ce dernier s’est amusé à plusieurs reprises à présenter une même action, telle que nous la ressentirions et aussi telle que la ressentent les animaux, qui n’ont dans l’idée pas la même perception du temps. On se retrouve donc avec des images pleines ou dedans s’incrustent plein de petites cases qui découpent (sans jeu de mots) l’action, une par une, et ça accentue notamment le côté horrifique des scènes de boucherie dont je parlais avant. L’artiste s’est également amusé à jouer sur l’orientation de ses cases et à les représenter avec un effet de relief, comme si les personnages évoluaient sur plusieurs plans tout au long des cases dans lesquelles il se trouve ; c’est assez bluffant, tout comme certains effets de 3D qui sont donnés par les centaines de projectiles tirés par les armes à feux de nos guerriers à poils et pattes ; il y a eu beaucoup de recherche pour que l’ouvrage soit quelque chose de très fort visuellement, et qu’on ne s’y trompe pas : c’est réussi ! On notera également une très longue séquences où Quitely dépeint l’échappée des We3 simplement par des écrans de caméras de surveillance. Un procédé qui a beau être muet, délivre toute sa force dans son découpage. We3 est donc un ouvrage qui s’apprécie également visuellement, car outre ces quelques exemples, le reste est également très beau, le rendu des animaux est toujours bien réalisé et l’action reste lisible tout du long. Mais, et je le répète, l’ultra-violence qui parsème cet ouvrage pourra empêcher ou gêner la lecture de certains.

Enfin, je voudrais également faire un commentaire sur les pages de « bonus » présentes à la fin du livre qui apportent un véritable commentaire sur la façon dont ont été créés les personnages, mais également les fameuses scènes au découpage si particulier dont je vous ai parlé avant. Avec les commentaires de Morrison à l’appui, c’est un véritable petit making-of qui s’offre à nous, et on se surprend à ensuite aller rechercher les scènes décrites pour pouvoir comparer le travail tel qu’il l’avait été pensé, puis réalisé. S’ajoutent à cela quelques sketches et des couvertures variantes, le genre de bonus bienvenu. Compte tenu du format de l’édition et de son petit prix, j’ai trouvé que cette dernière partie constituait une réelle plus-value à l’ouvrage !

Difficile de ne pas être sensible à We3. Un récit au demeurant simpliste mais qui nous entraîne dans un sillage perturbant, car Morisson et Quitely jouent avec nos nerfs, et notamment sur notre capacité à encaisser des images brutes, chocs, extrêmement violentes. Mais la force se joue également dans la subtilité d’un scénario qui aurait, tout de même, mérité un traitement un peu plus en longueur. Je reste néanmoins très satisfait de cette lecture, avec en prime les pages de bonus à la fin, qui offrent un petit making-of du récit, qui sont franchement bienvenues ! Si vous n’avez pas peur d’être trop sensibles, alors We3 devrait vous apporter quelque chose de très prenant ! N’hésitez pas ! 

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mavhoc
10 années il y a

Un récit excellent ! Une oeuvre d’une grande beauté et d’une grande force. Techniquement c’est tout aussi nickel. Comme le dit la review, on est pas non plus face à un manichéisme, les « méchants » n’ont d’autres buts que d’éviter que des soldats (humains) meurent à la guerre, quitte à sacrifier une petite poignet d’animaux domestiques pour cela (combien sont abandonnés chaque années sur les routes déjà ?).
Par contre, on parle d’une dizaine de pages en plus, s’agit il uniquement des bonus de fin d’ouvrages ou, serait il possible, que ça soit une version longue avec 10 pages de récit en plus ? <3

Arnonaud
10 années il y a

J’ai le récit dans la version française d’Urban (Nou3) et c’est vrai que c’est vraiment un bon comics. L’un des meilleurs que j’ai lu parmis ceux écrits par Morrison, et sûrement le plus accessible.

Sasahara
Sasahara
10 années il y a

plutôt étrange de faire de la pub pour la VO alors que l’album est dispo chez Urban depuis 2 ans !?
Une bonne histoire mais qui ne m’a pas convaincu à 100%, il y a des trucs moins réussis, comme toute la séquence muette réalisée à partir des cameras de videosurveillance, opaque voire illisible. Mais la fin est émouvante, à défaut d’être crédible , ce qui est à souligner pour un scénario de Morrison ! Bref j’ai bien aimé mais je regrette que l’édition Urban soit sur papier mat. Mais de là à le racheter en VO !

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