[Review VO] Detective Comics Vol. 1 : Faces of Death

Les points positifs : Detective Comics #1 Tony S. Daniel aux dessins C’est brutal et violent Les points négatifs : La seconde partie du volume Tony S. Daniel au scénario

« He’s the worst kind of killer. One with no true pattern. » – Batman

• Scénario : Tony S. Daniel – Dessins : Tony S. Daniel
  

• DC COMICS – Detective Comics Vol. 1 : Faces of Death – Contient : Detective Comics #1-#7 – 6 Juin 2012 – 176 pages – 22,99$

Si on remonte un peu dans le temps, Septembre 2011, alors que les New 52 faisaient leur apparition, Batman se voyait doté de quatre séries à son nom : la série Batman de Snyder et Capullo, Batman & Robin de Tomasi et Gleason, Batman : The Dark Knight de Jenkins et Finch et enfin la série au titre historique Detective Comics écrite et dessinée par Tony S. Daniel. Si la série a connu des débuts houleux (vous le verrez par la suite), elle est actuellement entre les (bonnes) mains de Layman et Fabok et se prépare à accueillir son numéro #27, un numéro anniversaire pour les raisons que vous connaissez. À cette occasion, et puisque Detective Comics n’a pas eu droit à une sortie en album chez Urban Comics, je vous propose de revenir sur ce premier volume de la série (bon et en fait c’est surtout qu’on a du retard à rattraper !).

Gotham City. La ville où personne ne vous dira jamais qu’il y fait bon vivre. Batman arpente les rues, à la poursuite de sa némésis, Joker. Après une course-poursuite un peu tendue, il arrivera à lui mettre la main dessus, et ce afin de le renvoyer à Arkham où il a sa place. Problème, c’est que Batman n’a pas eu trop de problèmes à le stopper cette fois. Se pourrait-il que Joker se soit laissé délibérément enfermer ? Mais pour quelle raison ? Batman ne le découvrira que trop tard. L’introduction de ce volume, Detective Comics #1, donne le ton de la série. On nage dans une version très sombre et très violente (mais vraiment TRÈS violente : voir Joker égorger un homme avec ses dents avant de s’acharner sur lui à coups de couteaux – au bout d’à peine 3 pages de lecture) de Batman, avec un Joker littéralement effrayant, dont la folie est cachée par la barbarie de ses actes. Batman lui en impose, tout en muscles et en mâchoire serrée, magnifié par la patte de Tony S. Daniel qui livre un travail haut de gamme. Il n’y a qu’à observer cette double page où Batman court sur les toits de Gotham City pour être bluffé par la qualité de ses traits, que ce soit au niveau des personnages et des décors. Ajoutons à cela le travail de colorisation de Tomeu Morey qui colle parfaitement à l’ambiance de la série. Au niveau du scénario, cette entrée en scène est donc très musclée, sans temps mort et pleine d’action (malgré le titre « Detective » qui pouvait laisser présager d’autre chose) et relativement bien écrit, si on enlève quelques répliques un peu faciles qui laissent, hélas, présager de la suite. Non parce que Joker qui s’exclame : « No reason we all can’t smile and be happy for such a rare occasion, we should share a laugh… » (Joker, rire, joyeux, sourire), voilà c’est pas très fin et même un peu lourd. Pour autant, le numéro se conclut par le traitement que subit le Joker, là aussi très cru, sur une page pleine magnifique, dont la suite ne se fera pas avec Daniel mais bien chez Snyder et Capullo pour Death of the Family.

Exit donc le Joker, l’histoire continuera avec Dollmaker, 3ème du nom, créé par Daniel et Ryan Winn. Pour faire simple, et sans vouloir en révéler trop pour ceux qui n’auraient pas encore lu l’histoire, Dollmaker est le fils d’un psychopathe cannibale particulièrement doué en chirurgie, portant un masque fait à partir des restes de peau de son défunt père, et qui porte une attention particulièrement malsaine à la création de « poupées » à base de patchowrks de peau et d’organes – bref, c’est dégoûtant. Il est aidé par sa petite « famille » de freaks, avec une infirmière à la poitrine fort imposante, une sorte de bouffon ultra agile et… un singe à cymbales. Oui. On ne peut pas toujours avoir de bonnes idées. Dollmaker fera prisonnier James Gordon pour des raisons bien particulières et Batman se démènera pour le sauver (de façon assez bourrine en fonçant dans le tas) quitte à être exposé dans un combat de marionnettes géantes assez guignolesque. Vous aurez remarqué à ce stade que l’histoire peut paraître un brin nawak, et je ne vous donnerai pas tort. Tony S. Daniel est en effet bien meilleur aux dessins qu’au scénario ; on retrouve pas mal d’indices qui ne seront pas exploités par après et dont on se demande alors pourquoi ils ont été montrés, des réactions de certains personnages (Olivia) qu’on ne s’explique pas et une résolution de l’arc expédiée à la va-vite.

Mais ce n’est pas sans compter sur la suite qui hélas, continuera de descendre. La fin de l’arc de Dollmaker permet en effet d’introduire le prochain villain de l’arc en la présence de Penguin, qui s’apprête à inaugurer son Iceber Lounge flambant neuf, et qui a fait appel à une bande de vilains de seconde zone pour les inciter à placer leur argent dans son coffre-fort. La journaliste Charlotte Rivers, accessoirement compagne actuelle de Bruce Wayne, ira fouiller dans les affaires du Penguin, sans se douter que ce dernier profite de l’aide d’une personne qui lui est fortement reliée. Je n’en dirais pas plus, parce que l’histoire dans l’ensemble, n’est pas forcément mauvaise, mais ne vous intéressera pas. On ne voit pas trop où veut en venir Daniel et à vrai dire, au bout de deux numéros, on s’en fiche pas mal, l’ensemble est assez décousu, les personnages ne sont pas très bien caractérisés et les liens qui les unissent apparaissent à l’arrache. Il y a aussi un problème avec le premier numéro de cet arc qui est très court et cassé par une sorte d’interlude dessinée par Szimon Kudranski qui n’a absolument aucun rapport avec le reste et euh voilà : qu’est-ce que ça fout là ?? Déjà qu’on a du mal à rentrer dans l’histoire, si en plus on vient t’empêcher de t’y accrocher, c’est vraiment pas cool. Et c’est sans compter sur certaines lignes de dialogues ou cases de pensées franchement risibles. Et puis, comme je l’ai dit un peu plus tôt, le côté « Detective » est quasi absent de cette seconde partie. La façon d’enquêter de Batman est à peine montrée, le personnage étant un peu plus occupé à donner des grosses tatanes à tout va qu’à réellement réfléchir. C’est vraiment aux antipodes des dessins qui, jusqu’au bout, se révèlent être un véritable plaisir pour les yeux, même si Batman a cette tendance à avoir cette expression à base de sourcils froncés et mâchoire serrée qui peut prendre une tournure comique à force d’être omniprésente.

Commençant en trombe avec un #1 fabuleux, Detective Comics continue sur un chemin dont la beauté visuelle est inversement proportionnelle à la qualité scénaristique. Alors l’achat en vaut-il le coup ? Si vos attentes ne sont pas trop élevées et que de beaux dessins vous suffisent, vous pouvez franchir le pas, d’autant que le volume est maintenant disponible en format souple, donc moins cher. Si la qualité des histoires est primordiale et que vous ne voulez que quelque chose du niveau de la Cour des Hiboux (par exemple), alors vous pouvez passer votre chemin sans regrets.