Review VF – Superman Anthologie

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Les points positifs:
  • Intérêt encyclopédique
  • Commentaires pertinents
  • Beaucoup d’histoires…
Les points négatifs:
  • …mais brèves
  • Niveau un peu inégal

« Comment leur dire, maintenant, qu’ils doivent se suffire à eux-mêmes… ? » – Superman


  • Collectionne des histoires provenant de : Action Comics #1-2, Superman #17, Superman #53, Action Comics #242, Superman #141, Superman #149, Superman #247, Action Comics #544, Superman #400, Superman V2 #11, Action Comics #622, Action Comics #775, Mythology : the DC Comics art of Alex Ross, Action Comics #900, Action Comics #0

Non, une anthologie DC ne suffisait pas. Non, l‘Homme d’Acier, ça ne lui suffit pas. Môssieur a besoin d’avoir une anthologie rien que pour lui (ou serait-ce ses fans?). Quoi qu’il en soit, après les anthologies Jack Kirby et DC (regroupant des aventures célèbres de Superman, Wonder Woman, Batman et Green Lantern), Clark Kent a droit à son propre recueil de récits fondateurs chez Urban. Reprenant le même système utilisé pour les deux anthologies précédemment citées, Urban a ainsi rassemblé des histoires de l’Homme d’Acier éparpillées de 1938 à 2012, chacune introduite par une brève explication, qui pose le contexte historique et joignant une petite biographie des auteurs. L’occasion de s’instruire tout en s’amusant, pour singer les slogans publicitaires.

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Le premier constat à faire est le suivant : Superman a bien changé. Du boy-scout naïf au martyr de l’humanité, il aura passé par maints stades au fil des parutions. De fait, chaque histoire est empreinte de l’air de son époque. Tantôt des références au nazisme amenant à un manifeste pour la paix, tantôt des clins d’œil à la guerre froide, tantôt des audaces scientifiques abracadabrantes amenant l’Homme d’Acier à voyager dans le temps grâce à des théories improbables… chaque scénario est à sa manière le véhicule d’une mentalité, et c’est amusant, touchant, de se replonger dans ces vestiges d’un autre temps, lié à notre époque à travers ce personne emblématique. De fait, il n’y a pas que le ton de ses aventures qui s’adapte au public, il y a aussi l’Homme d’Acier lui-même. D’abord uniquement capable de sauter, il devient peu à peu de plus en plus puissant, se découvrant toujours de nouveaux pouvoirs (voler, souffle glacial, …), comme de nouvelles faiblesses (kryptonite).

Le choix des histoires intervient ici, fait de manière judicieuse puisque les éditeurs ont presque toujours choisi des récits qui apportaient des éléments cruciaux à la continuité des parutions. Autrement dit, pour chacun des épisodes présentés, il y aura eu un « avant cet épisode » et un « après cet épisode ». Inutile de dire que pour le Action Comics #1, il y aura eu un « avant » où Superman n’existait pas et un « après » où Superman existait. En revanche on peut souligner en plus de cette lapalissade que cette toute première aventure de l’Homme d’Acier réunit déjà de nombreux éléments devenus récurrents par la suite : son job au Daily Planet, son amour pour l’ambitieuse journaliste Loïs Lane, son invulnérabilité aux balles, etc. Citons, à titre d’exemples d’épisodes-clés, les fois où l’on apprend pour la première fois les origines précises de Superman (Superman #53), ou la toute première rencontre avec l’horrible Brainiac (Action Comics #242), ou, pire encore, l’histoire où l’on apprend comment d’un simple extra-terrestre Brainiac se métamorphose en super-ordinateur mi-machine mi-être vivant, tel qu’il l’est aujourd’hui (Action Comics #544). Le suspense est d’ailleurs à son comble lorsque, à la fin de cet Action Comics #544, Superman est laissé à la merci d’un Brainiac quasiment omnipotent. Quant aux histoires qui n’ont pas apporté de modifications notables à la continuité de l’Univers de Superman, elles gardent toujours un intérêt historique ou culturel. Que ce soit l’occasion de voir Frank Miller (!) aux dessins dans le Superman #400, ou de (re)découvrir le méchant complètement déjanté qu’est Mr Mxyzptlk (Superman V2 #11), dans tous les cas une raison précise justifie la présence du numéro dans ce recueil, et Urban se charge de l’expliquer dans un avant-propos instructif. Un beau travail !

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Mais qu’en est-il de la qualité de tous ces fragments de vie virtuelle de Clark Kent ? Eh bien, comme pour toute compilation, le niveau est variable, mais globalement assez bon. Il n’est guère difficile de deviner pourquoi : une franchise aussi vendeuse que Superman était rarement mise dans les mains d’incapables de la part des éditeurs de DC Comics. Aussi, lorsqu’on y lit de vieilles histoires ringardes de Superman, il s’agit en réalité d’EXCELLENTES vieilles histoires ringardes de Superman. Plaisanteries à part, autant des répliques comme « On décanille ! Je vais montrer à cette greluche qu’on ne se moque pas de Butch Matson ! » sonnent drôle à nos oreilles modernes, tout comme l’étrange habitude qu’avaient les gens de l’époque à commenter à voix haute chacune de leurs actions, autant tous ces éléments insufflent un vent de nostalgie sur nos cœurs de lecteurs du XXIe siècle, habitués à des histoires dures, sombres et moralement ambiguës, éprouvantes. La naïveté bon-enfant propre aux débuts de Superman prendra ainsi soit un aspect ringard, soit un aspect pur et innocent, qu’on regrette dans les aventures des super-héros modernes où ce ne sont plus les méchants qui ramassent, mais à l’inverse, pour Dieu sait quelle raison perverse, les icônes tant adulées qu’on traîne dans la boue et qu’on éprouve.

D’accord, ça a aussi son côté tragique, les accès de fragilité des héros. Et c’est intéressant d’observer qu’au fur et à mesure que le temps fait son effet, notre Homme d’Acier devient à la fois plus puissant mais également plus fragile, émotionnellement comme physiquement, tandis que ses ennemis ne cessent de se faire plus balèzes. La transformation de Brainiac l’illustre bien, montrant la nécessité d’adapter les méchants à Superman, tandis que  ce dernier s’adapte à notre époque et à ses attentes. On appuiera ces derniers propos en soulignant la perte de valeurs qui caractérisent le début de ce XXIe siècle. Même sans prendre de positions, il paraît évident que face à la perte de crédibilité d’une Église essuyant scandales sur scandales, face à la décrépitude des cultures face à la mondialisation, la jeunesse qui s’éveille manque cruellement de repères. Les super-héros ont de leur côté gardé leur rôle de « guides moraux », incarnant la justice et une vision de l’Homme idéal. Mais puisque l’Homme d’aujourd’hui cherche ses marques, puisqu’il se perd entre les notions de bien et de mal, les super-héros suivent le mouvement. D’où les nombreuses oppositions entre Batman et Superman qui se sont multipliées ces dernières années. La plus célèbre est bien évidemment celle de Frank Miller dans The Dark Knight Returns, mais cette anthologie en donne également un exemple sous la plume de Chip Kidd et le pinceau d’Alex Ross (Kingdom Come). Dans ledit épisode, Batman se retrouve contraint d’utiliser le pistolet à kryptonite que Superman lui-même lui avait confié au préalable dans le cas où il serait primordial de le neutraliser. En abattant Superman, Batman s’oppose à l’incarnation du bien, et pourtant comment pourrait-il mieux témoigner de son amitié à Clark Kent qu’en l’empêchant de trahir son idéal ? En général, Batman et Superman incarnent tous deux une conception du bien différente, chacune tiraillant notre société occidentale et, de manière projetée, l’Univers DC. Un autre exemple de cette « réflexion sur le bien et le mal » qui caractérise les comics modernes ainsi que le « malaise » de notre monde actuel est l’histoire qui oppose Superman aux nouveaux super-héros auto-baptisés « L’Élite » (Action Comics #775). Ces derniers n’hésitent pas à avoir recours au meurtre, afin de, entre autres avantages, prévenir la récidive. Cette aventure, une des meilleures du recueil, a notamment bénéficié d’une adaptation en film d’animation en Juin 2012. La question fondamentale qui repose derrière cette aventure est celle du respect absolu de la vie : est-ce légitime de tuer des assassins pour les empêcher d’ôter des vies à l’avenir ? Et lorsque Batman se prend la tête à se demander s’il faut ou non liquider le Joker, c’est encore le même refrain…

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En somme, le grand intérêt de cette anthologie n’est peut-être pas la force de ses scénarios ou la beauté de ses dessins de manière générale. Le « vieux style » a un air maladroit, mais charmera en suscitant des sourires nostalgiques. Et plus on se rapproche de 2013, plus les épisodes ressemblent à ce qu’on attend vraiment d’eux, à savoir le reflet de notre propre temps. Mises en parallèles, ces différentes aventures offrent également une vision globale ambiguë et troublante d’un Superman plus lié à l’humanité qu’on ne l’aurait pensé, et ce grâce au lectorat toujours en mutation. Quant aux préambules d’Urban, clairs, concis et indispensables, ils proposent un éclairage toujours pertinent pour mieux comprendre les épreuves de Superman. Si on osait prendre le risque d’avancer quelque chose de sérieux, on pourrait dire que cette Superman Anthologie nous en apprend plus sur l’Homme que sur l’Homme d’Acier. Mais n’est-ce pas une évidence, au fond ?

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n00dle
10 années il y a

Très belle review !

DarkChap
DarkChap
10 années il y a

Pas de mention dans la review des merveilles que sont Death of Superman, Return to Krypton et Must There Be a Superman? Voilà pourtant les meilleures histoires de la collection (j’adore aussi #775 cela dit).
Dommage qu’Urban ressente le besoin de mettre dans cette anthologie du Modern qui mérite/a déjà sa propre collection car il restait des tonnes de perles du Silver à rééditer : « Superman Red/Superman Blue », « The Last Days of Superman », « The Girl in Superman’s Past », « The Showdown between Luthor and Superman », « The Sweetheart that Superman Forgot » etc…

zeppeli
10 années il y a

Il est clair que ce volume est bien efficace si l’on veut avoir une vision globale de Superman et comprendre tout ce qu’il représente. Je trouve le choix des histoires plutôt pertinent, même si on a parfois du mal à accepter l’absence de certains de nos passages favoris de l’histoire du kryptonien.

Baccano
10 années il y a

Mais c’est qu’elle est bien belle cette review! Je vais sans doute craquer pour cette anthologie du coup… j’espère que t’es content de toi! xD

anarchynpp
Invité
anarchynpp
10 années il y a

Cette Anthologie à l’air juste… :o

Sinon super review ;)

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