Les points positifs:
Le point négatif:
|
« Tel le courroux de Dieu, il va s’abattre sur la ville… »
- Scénario : Frank Miller – Dessin: Klauss Janson
- DC PREMIUM – The Dark Knight Returns – 9 Novembre 2012 – 240 pages – 28 €
1986, Frank Miller approche la trentaine et prend peur à l’idée de devenir plus vieux que le héros de son enfance, Batman, et a alors l’idée d’un récit qui mettrait en scène le caped crusader à la fin de sa carrière. L’idée sera acceptée par DC et en résultera alors la mini-série en quatre parties dont nous allons parler : The Dark Knight Returns.
Bruce Wayne a cessé d’être Batman il y a dix ans déjà, suite à la mort de Jason Todd, second Robin (qui mourra d’ailleurs quelques temps plus tard dans la continuité principale) et vit péniblement sa vie de milliardaire, qui semble le déprimer. Gotham a changé : La galerie habituelle de némésis de la chauve-souris est enfermée à Arkham, mais la ville ne semble pas vraiment plus sûre qu’auparavant : le gang des mutants fait rage et s’impose dans l’ombre. Bruce ne voit pas leurs actes d’un bon œil et décide de reprendre du service pour sauver sa ville et retrouve, à travers l’identité du chevalier noir, la « joie de vivre ».
Cet album confrontera Batman à différents ennemis, nouveaux ou ancien, et s’achève sur un combat final épique, contre un autre super-héros emblématique de DC (Je ne suis pas certain d’avoir évité le spoiler, sur le coup.) à la portée symbolique forte. Frank Miller nous présente dans cette œuvre un Batman résolu, bien plus extrême qu’à l’accoutumée, durci par le passé, qui n’hésite pas à infliger de sérieuses blessures à ses adversaires, peut-être par plaisir sadique, comme le laissent deviner les cases de narration interne que Miller multiplie dans l’ensemble de l’histoire, nous laissant accès aux pensées de Batman, de façon constante. Toutefois, la violence du justicier est contrebalancée par la présence d’un nouveau -ou plutôt d’une nouvelle- Robin, qui permet à Bruce de ne pas être trop aigri et se crée alors une relation de confiance entre les deux personnages. Cette nouvelle incarnation du « jeune prodige » est l’un des points forts de l’histoire et permet d’adoucir le récit, qui aurait pu sombrer dans une ambiance résolument plus noire.( Littéralement, le costume de Carrie apportant de la couleur aux pages de Miller.)
Récit classique, qui donne une nouvelle vision de Batman à l’époque et redéfinit sa « relation » avec le Joker, The Dark Knight Returns est aussi une satire de la société et des médias, comme le montre l’omniprésence des shows télévisés et journaux d’informations qui rythment les différents épisodes de la mini-série. Miller dénonce l’inaction du gouvernement et lui oppose la figure du Batman, toujours prêt à en découdre pour défendre ses idéaux. Lorsque l’on connait aujourd’hui la pensée de l’auteur (qui vous est familière si vous avez eu Holy Terror entre les mains…) il est possible d’émettre des doutes quant à la validité de ses arguments, mais tout cela se laisse lire sans avoir l’impression d’assister à un discours de propagande politique, ne vous inquiétez pas.
Graphiquement, le travail de Miller est magnifique et sublimé par l’encrage de Klaus Janson et la couleur de Lynn Varley, et l’œuvre n’a pas pris une ride, contrairement à son héros. L’édition que nous propose Urban Comics est à la hauteur de nos attentes, avec de nombreux bonus (une trentaine de pages.) dont des crayonnés, des scripts et des travaux préparatoires, ce qui en fait un ouvrage très complet, d’autant plus que la première édition est livrée avec l’adaptation animée de la première partie de ce TDKR en Dvd et Blu-Ray.
Si l’on ne devait retenir que quelques histoires de Batman, celle-ci ferait probablement partie du haut de la liste. Il s’agit incontestablement d’un récit qui a redéfini le personnage du chevalier noir et il est impensable pour tout fan du personnage de passer à côté de ce chef-d’œuvre. Lisez-le, relisez-le, vous ne le regretterez jamais.
Je fais sans doute partie de ceux qui sont totalement rebuté par le message politique de cette oeuvre, que je trouve surestimée, et de loin.
Déjà, je trouve que le découpage en case et tout ces passages « télévisuels », même si cela donne un côté très original à l’oeuvre, est vraiment pénible à la lecture. Quand je voyais s’étaler des écrans de télé sur toute une page, j’avais déjà envie de tourner la page. Ce découpage devient lourd et pesant, sans parler de la justesse des dessins qui passe du juste bon au horrible d’une page à l’autre, mais ceci est un jugement très personnel, j’en conviens.
Ensuite, au delà du message politique, je trouve la caractérisation des personnages médiocre. Que cela soit Superman ou Batman lui-même, je les trouve hors de propos. Caricaturé et déplaisant.
Je comprend l’intérêt et l’engouement de faire un Batman aigri et plus endurci que jamais. Mais je trouve ici que Miller en fait trop (là où il sera bien plus modéré dans Year One deux ans plus tard, et là où il fera bien pire hélas, avec The Dark Knight Strikes Again, en 2001).
Ce qui plait aux gens dans ce personnage et finalement tout ce que je déteste. On est à mille lieux de ce qu’est sensé représenté le Chevalier Noir, à mes yeux. Beaucoup trop violent et dérangé, beaucoup trop dure, beaucoup trop « beaucoup trop ». Là où Miller voit juste, c’est que ces attributs, font, de manière raisonnable, partie du caractère de Batman. Mais il les extrapolent, et je trouve que ça ne fonctionne pas.
Mais le personnage que je trouve vraiment raté pour le coup, c’est Superman. Il présente ici un Clark Kent suiveur et totalement aveuglé par son gouvernement. Cela n’a aucun sens. Clark Kent est un journaliste avant gardiste qui n’hésite pas à critiquer la politique de son pays et il serait plus du genre à se rebeller contre l’injustice plutôt que de fermer les yeux. On a vu toute sortes de caractérisation de ce personnage à travers les âges, mais je trouve qu’ici on tombe dans ses pires travers. Même si la fin, je dois l’admettre, renoue un peu mieux avec l’idée d’un personnage plus juste et dont le poids de l’ambiguité lui pèse.
Le Joker est cependant une réussite, je dois l’admettre. Mais comment le rendre plus fou qu’il ne l’a déjà été ailleurs ? Là dessus, pas de truc trop « out of caracter ». Et une conclusion pour le personnage qui sonne bien malgré tout le reste.
Il y a aussi le cas de Carrie. Personnage que je trouve absolument pas crédible pour deux sous. Je n’y crois pas une seule seconde. Comment d’ailleurs peut-elle avoir de l’admiration pour ce vieux Batman, complètement taré, violent et juste effrayant. C’est une gamine de 13 ans qui certes n’a pas froid aux yeux, m’enfin faut pas non plus déconner. Les Robins ont rarement été convaincant dans leur premiers pas, mais ici je trouve qu’on touche le graal. Sans parler de ses talents d’acrobates sortie de nulle part.
Bref, pour moi, sans vouloir non plus enfoncer des portes ouvertes, je pense que cette BD, sans être un ratage complet, ne mérite pas sa place d’oeuvre majeure. Oui, elle est sortit dans une autre époque, un autre contexte, les américains en avaient certainement besoin, mais aujourd’hui, je la trouve juste froide et insultante. Elle a permis de sortir Miller de l’ombre et à lui de nous faire cette excellent Year One (qui pour moi, est vraiment la seule oeuvre à avoir bien établit les bases des Batman de l’age moderne). Mais au delà de ça, son contenu est loin d’arriver à la cheville de bon nombre d’autres titres.
Ceci n’est que mon avis, bien évidemment, et non une vérité absolu !
« Une œuvre froide et insultante » ? T’y vas un peu fort. Pour le Superman, Miller joue sur son image de boyscout, et je ne le vois pas vraiment comme un pion du gouvernement, la fin montre plutôt le contraire, il ne ferme pas les yeux, il agit simplement pour défendre le monde (et les états-unis) à sa façon, radicalement différente de celle de Batman. Certes, le Batman de Miller est plutôt extrême, mais c’est comme ça qu’on l’apprécie chez cet auteur, quand il ne sombre pas trop dans l’excès (faut pas déconner, c’est pas All-Star Batman & Robin, TDKR.)
Super article !
A quand une review sur le 2nd tome de knightwall ?
Question de point de vue Zeppeli. J’y vais peut-être un peu fort il est vrai, cependant, j’ai tellement été déçu à la lecture de ce titre qu’on m’a souvent vendu comme justement une oeuvre majeure. Moi, j’ai juste été franchement frustré par cette caractérisation. Alors oui, c’est pas All-Star Batman & Robin, nous sommes d’accord… Ni même TDK Strikes Again… Mais ce n’est pas pour autant que j’ai réussi à accrocher. Ca ne fait pas le poids face à Year One.
Salut à tous,
Ce Batman, avec le temps, a créé deux mouvements « Les pro-TDKR » et ces détracteurs. Une preuve, de mon humble avis, que TDKR est bien ce que l’on entend : UNE OEUVRE CULTE. Ce comics a du caractère, donc pas de surprise quand aux réactions des lecteurs! Objectivement, Miller tape dans le mille :)… En effet, les leçons de morales que font certains sur la violence de cet oeuvre ferait bien rire un habitant du Mexique en proie au Cartel devenu les dirigeant du pays, ils en sont à 8 morts par jour là-bas! Des enfants de 6 ans touche à la cocaïne pour s’en sortir! Quand un état dérape autant, c’est une utopie de croire que le problème va se régler dans la joie et la bonne humeur. Les gouvernements qui ferme les yeux… par peur et par corruption, les cartels s’arrête en pleine route pour déposer des têtes coupées, que tout le monde aura la joie de voir en allant travailler,… Nicolas Sarkozy, n’ a pas envoyé de soldat pour « sauver » Florence Cassez (toujours emprisonné), si Florence Cassez était recouverte de Pétrole, peut-être qui l’aurait fait…
Le Mexique n’est qu’un exemple parmi tant d’autres malheureusement.
Donc Frank Miller vise juste et pour justifier ces propos, il met Gotham City au main de gens complètement barré. Je lis que Batman est dérangé et violent mais que penser des Mutants?
Et puis tout le monde est un fou dans ce monde, sinon il n’y aurait pas 1/3 de la planète dans la misère, 1% qui partage ce que devrait ce partager ces 1/3 de la planète.
Et puis, ce n’est qu’une fiction! J’en veux autant aux gens qui trouveront tout ce qu’ils peuvent pour descendre cet oeuvre que ceux qui l’idolâtre trop (Stephen King « Le plus grand comics de tous les temps »). Il n’y a pas de « plus grand oeuvre de tous les temps », cela est propre à chacun.
Dire que le dessins est mal fait… mais regardez les crayonnées,etc… Que l’on aime pas oui, mais Miller est un sacré dessinateur! La façon de raconter l’histoire est très bien faite et compliqué à mettre en place, ce n’est pas donné à tout le monde d’écrire de façon aussi complexe. Après, c’est une affaire de goût.
Enfin rappel que TDKSA, est une provocation de Miller suite aux réactions extrême de son récit, il est donc à prendre au 1000ème degrès.
Bon week-end!!
Freytaw -> Je comprends que tu préfères Year One, qui colle beaucoup plus au personnage de Batman tel qu’on le connait actuellement, mais TDKR mérite son statut d’œuvre culte, même si oui elle est parfois surestimée.(Mais c’est le cas aussi de beaucoup d’autres comics, pensons à ce cher Alan Moore…)
Dekkers -> J’ai du mal à cautionner ton analogie avec le Mexique, mais soit, le message que veut faire passer Miller est probablement la chose la plus dérangeante de cette mini-série, quand on connait maintenant la pensée « politique » du bonhomme qui est un peu extrémiste sur les bords.
Selon moi TDKR et Year One sont nés du même moule et on y retrouve quasiment les mêmes ingrédients. Miller instaure un climat politico-social particuliers faisant qu’une figure va en (re)naître.
C’est en ça que le Batman de Miller est fascinant car il s’inscrit comme une figure réellement humaine qui peut prendre place dans notre monde réel dans des sociétés similaires. A chaque situation chaos, une figure fait face et se donne les moyens de lutter contre l’injustice. Miller joue la carte du héros des temps modernes qui peut être une personne lambda, toute la force de Batman, le fait qu’il soit aussi humain que nous et que ses motivations se retrouvent plus ou moins en chacun de nous.
C’est en ça qu’il est puissant, aussi extrémiste soit-il dans ses méthodes, le monde d’aujourd’hui ne permet pas nécessairement de faire peur et juste de péter un bras à quelqu’un pour qu’il se calme et réfléchisse à sa situation. Sans pour autant passer dans l’art létal, il sait se montrer très persuasif en démontrant une violence peu recommandable et peu collante à l’image que l’on peut se faire des super-héros. Que ce soit dans Year One ou TDKR (Surtout TDKR) Batman est plus que jamais un anti-héros, le résultat de quelqu’un qui était au mauvais endroit et au mauvais moment. Ses faiblesses nous rappellent les nôtres, ses forces nous rappellent les nôtres et ses interrogations de même.
Son combat est-il légitime ? Qui est-il réellement pour prétendre faire justice alors qu’il faut s’en remettre aux autorités compétentes ? Il n’est ni plus ni moins qu’un opprimé de plus par le système (ce même système dénoncé dans les deux oeuvres de par sa corruption dans Year One et son inactivité et incompétence à prendre de véritables décisions aussi dures peuvent-elles être pour ramener un semblant d’ordre et d’air frais dans ce chaos pourri).
Batman n’est-il en fait qu’un terroriste se cachant sous une cape et une figure de justicier alors qu’il veut faire régner la tyrannie du bien ? Non, c’est bien plus que cela et c’en est même le parfait inverse. Si on peut le considérer comme un terroriste (comme très bien illustré dans l’oeuvre Superman Red Son) il n’en demeure pas moins quelqu’un qui respecte la vie, qui connaît sa valeur et qui sait faire des concessions. Batman est intelligent et pas aveuglé par une naïveté infantile comme peut l’être Superman le boyscout qui veut sauver le monde à tout instant. Miller met très bien en image cette représentation, mais pour en savoir davantage sur cette dualité et cette opposition de méthode entre le Superman et le Batman je vous invite surtout à lire Kingdom Come qui pousse cette opposition au paroxysme.
Tout ça pour dire que de TDKR à Year One il y’a peu de différences car l’enjeu est le même, l’illustration d’un héros qui naît de la crasse et de la boue d’un système oppressant reste la même avec une psychologie du personnage très bien poussée et mettant clairement en avant son syndrome du héros amenant Bruce Wayne à penser que seul lui peut le faire, seul lui en est capable (chose très bien mise en scène dans The Dark Knight Rises de Christopher Nolan d’ailleurs).
Year One et TDKR sont clairement des réussites et ce en tout point. Que ce soit dans la narration, le travail sur les personnages, le rythme, la critique sociétaire couillue et la mise en avant du rôle des médias dans notre société (TDKR), bien loin devant l’immondice que représente The Dark Knight Strikes Again…. Ah Miller, on lui avait dit de ne pas associer boulot et coucherie. Il n’en n’a fait qu’à sa tête.
Je ne vais pas nier le côté culte de cette BD. Ca serait ridicule. Cependant, je vois les comparaisons entre TDKR et Year One de Lelouch. Tu n’as certes pas tord sur le climat politique, les messages qui passent et autre. Cependant, là où je trouve la lecture de Year One très subtile et juste, celle de TDKR est caricaturale et bourrine (toute proportion gardée, encore une fois, c’est pas sa suite).
J’aime les anti-héros, j’aime que Batman ne soit pas « propre », j’aime que Superman soit « boyscout ». Mais j’aime surtout quand les personnages sont complexes et ont plusieurs facettes. Ici, ça se limite à des côtés noir ou blanc, parfois « gris », tout ça pour faire passer un message politique qui est loin d’être manichéen. Alors bien sur, je sais aussi lire entre les lignes, et je vois très bien ce que Miller essaye de faire, mais je n’approuve pas la forme. Vraiment pas.
Il y a des manières plus crédibles de faire passer des messages, d’ailleurs, il y arrive très bien dans Year One ! Ce qui me gêne vraiment encore une fois, c’est l’extrapolation de la caractérisation. C’est pas par purisme où je ne sais quoi, mais pour moi, une oeuvre qui se veut faire passer un message sérieux se doit de rester dans des proportions réalistes. Ici, on s’en éloigne trop du réalisme. Et ayant lu Year One avant (c’est peut-être là mon tord), je ne m’attendais vraiment pas à ça. D’où la déception.
Je suis totalement d’accord avec Lelouch, le Batman de TDKR est le même que celui de Year One, quelques dizaines d’ années plus tard. C’est une évolution logique du personnage, Miller a d’ailleurs inscrit ces deux œuvres dans la même continuité.
Je pense que c’est une question de vécu. Chacun verra en TDKR des leçons en fonction de sa vie et ses propres influences personnelles. Ce qui est « beau », dans chaque commentaire (sur ce site, car sur d’autres cela part vite en injures), j’ai l’impression que chacun touche une vérité. Est-ce que l’on doit faire une oeuvre aussi sombre et violente pour passer des messages?! Je doute qu’il n’y ai q’une seule bonne réponse! De mon côté, j’insiste sur le faite que, pour justifier ces propos, Miller plonge Gotham dans une ambiance type Mexique. Je la « cautionne » car on peut très bien imaginer Batman partir au Mexique pour libérer la Française et commencer à montrer au Cartel que la roue va tourner.(Aujourd’hui la puissance de ces derniers me fait réellement peur, ils ont une volonté d’acier, n’ont que faire du monde qui les entoure (la nature comprise) et n’ont pas l’intention de se limiter au Mexique et ses alentours.Je prends en compte aussi le faite, que ce peuple a surement du être délaissé par ce monde justement et que le résultat ne pouvait aboutir qu’à une montée des cartel. En potassant le sujet, vous pourrez vous rendre compte de la gravité de la situation, trop long à expliquer ici)
Très bonne review j’espère vraiment ne pas être gêné par le message de Miller pendant la lecture.
Je ne veux pas me faire frapper mais je n’ai pas trouvé extraordinaire ce comics. Le nouveau Robin est pour moi nul à ch*** et j’ai trouvé que certains chapitres allaient à la facilité mais il y a des passages vraiment cultes comme batman vs superman ou batman vs le le joker