Off My Mind #47 – Batman, le 49.3 d’une Justice League terrorisée

Zappant frénétiquement d’une chaîne à l’autre dans le but de découvrir un programme de qualité malheureusement inexistant, je me suis un soir retrouvé par le plus grand des hasards sur la chaîne « Public Sénat ». C’est à ce moment précis que les piles de la télécommande ont décidé de me lâcher. Remarquez qu’il y a tout de même pire, surtout lorsque l’on sait qu’à quelques pressions prêt du doigt, j’aurais pu soit me retrouver devant les Anges, soit devant TPMP. Néanmoins, alors que l’ordre du jour à l’assemblée nationale était un certain 49.3, j’ai vite réalisé que les élus et moi avions le même objectif, nous endormir, ce qui a fini par arriver.

Je me garderai bien ici de vous conter la totalité de mon rêve, ce dernier comprenant entre autre, Detective Chimp et votre rédacteur jetant des fléchettes sur Felicity, Black Canary chantant Moskau de Dschinghis Khan et un Robin peinturluré en jaune et manquant de tuer Hal Jordan (ça s’est réellement arrivé sous la plume de Miller malheureusement). Non, aujourd’hui, nous nous concentrerons uniquement sur un Batman proposant un 49.3 à l’assemblée internationale de la Justice League.

Alors, que nous dit cet article ?
« Le premier ministre peut, après délibération du conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la Sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent. Le premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session. »

Comme vous la savez, Batman a une certaine tendance à ne pas  laisser la démocratie l’emporter en matière décisionnelle que ce soit au sein de notre groupe de héros ou dans sa propre ville. Sans tomber dans la dictature pure et simple, il est possible de voir dans sa façon de gérer Gotham une sorte de « fascisme d’extrême gauche », s’accentuant avec le temps. Ainsi, dans Kingdom Come, la ville est sous le contrôle d’une armée de robots qui obéissent uniquement à ses ordres mais qui ont avant tout pour but de laisser les citoyens honnêtes en paix.

Batman fait passer ses mesures en force et ne laisse rien n’y personne l’en empêcher, surtout dans la Ligue. Néanmoins, il est possible de voir au fil des aventures, nos combattants pour la justice se réunir pour voter sur les orientations de la plus grande association mondiale de héros . Dans ces cas là, le but de la réunion est généralement de déterminer si la solution proposée par Bruce Wayne pour résoudre les différents problèmes (et il en propose toujours) est finalement la plus adaptée, le vote se terminant souvent après de houleux débats par une approbation des actions du chevalier noir. Ainsi, pour étayer mon propos et aller plus loin dans le raisonnement, nous allons nous concentrer sur un des comics majeurs des années 2000, La Tour de Babel, l’exception qui confirme la règle.

Depuis ce court arc scénaristique de JLA que constitue La Tour de Babel, il est admis que Batman a un plan pour défaire chacun de ses petits camarades justiciers. Pour résumer rapidement le pitch, lesdits plans vont tomber entre de mauvaises mains et nos héros vont passer à deux doigts d’une mort certaine. Réalisant que le chevalier noir est allé trop loin « cette fois ci », ce dernier va se retrouver exclu de la Ligue. C’est le « cette fois ci » qu’il est intéressant d’analyser dans le cas présent. En effet, l’histoire a démontré que par rapport aux décisions extrêmes du Bat de Gotham, les camps sont généralement les mêmes, bien qu’il existe des exceptions.

Nous avons premièrement la Team pro Batman :
– Martian Manhunter étant télépathe est pouvant de ce fait se mettre à la place de Bruce, il finit la plupart du temps par comprendre ses motivations et par conséquent, valide ses actions.
– Flash, quelques soient ses itérations, se range toujours du coté du chevalier noir. Dans la tour de Babel, Wally comprend que laisser des Dieux sans garde-fou est une folie et plus tard, dans Identity Crisis, Wally malgré son amitié avec Oliver, s’opposera fermement au lavage de cerveau de Batman, considérant que ce dernier est, malgré ses prises de position extrêmes, le plus apte à avoir un raisonnement cohérent.

Vient ensuite la Team Modérée de la Trinité :
– Superman et Wonder Woman sont à la fois les portes paroles de la Justice League mais aussi les médiateurs entre les différents membres la composant de part leur statut de héros iconiques faisant l’unanimité. De ce fait, sauf cas extrême, ils se contentent généralement de modérer le Bat de Gotham afin qu’il ne franchisse pas la ligne. Ainsi, n’étant la plupart du temps pas totalement d’accord avec lui, ils ne rentrent jamais en conflit avec lui bien qu’il ne manquent pas de lui montrer leur désapprobation.

Ensuite viennent les « opposants » classiques, quoi que ce terme soit un peu fort :
– À de nombreuses reprises, bien que les deux héros s’apprécient il n’est pas rare qu’Aquaman et Batman entrent en conflit direct (ce qui n’est pas propre au chevalier noir soit dit en passant). En effet, en plus de défendre les intérêts de son peuple, il est normal qu’un Atlante considéré comme le pouvoir décisionnel suprême et unique sous la surface, soit légèrement irrité de voir une fois le monde des hommes gagné, un simple humain lui donner des ordres, se moquant qui plus est complètement de ce qu’il puisse penser.

– Le Facteur X. Alors qu’est ce que le Facteur X ? En ouvrant l’œil, vous vous rendrez compte lors des différents votes de la Justice League, d’un héros aléatoire servant à légitimer le fait qu’il y a quand même des membres opposés à la dictature gothamite. Appelez le comme vous voulez : Plastic Man dans La Tour de Babel, Hawkman, Green Arrow etc…

Par ailleurs, lors des votes, il est possible de les voir se ranger derrière Batman, sans parler de Kyle Rayner votant contre son expulsion dans la Tour de Babel.  

Après analyse, à l’unique exception de la Tour de Babel, la majorité permettant de s’opposer aux décisions arbitraires de Bruce n’est jamais atteinte. De ce fait, Batman est ainsi capable de faire passer ce qu’il souhaite à l’exception de décisions pouvant affecter l’intégrité de la Ligue. Mais plus que cela, pour continuer le parallèle, la seule fois où la majorité a été atteinte, le vote concernait son éviction. De plus, un échec de 49.3 entraînant la démission du gouvernement, un vote visant à rejeter une proposition de Batman finit exactement de la même manière : le départ de ce dernier, comprenant qu’il n’a plus la main mise sur la Ligue. Sachant cela, pareillement qu’en politique, le vote d’une motion de censure contre le chevalier noir peut être fait à la fois pour empêcher une de ses actions mais aussi pour entraîner son départ de l’équipe. En partant de ce postulat, comprenant la menace d’un départ du détective à chaque nouveau vote, les autres membres notamment Superman et Wonder Woman se sentent obligés de ne pas s’opposer à ses décisions, l’ayant regretté amèrement par le passé. Ainsi, Batman s’assure d’une domination totale par la terreur au sein de la Ligue. Parmi les exemples les plus marquant :

La Markovie et les Outsiders
En 1983, la Ligue vote contre l’intervention de Bruce en  Markovie, celui-ci voulant sauver Lucius Fox qui a été enlevé. Résultat : Batman quitte la JLA et forme les Outsiders.

One Punch
Batman utilise la Justice League International pour aller sauver le héros Némésis en URSS. Résultat : Guy Gardner se prend une droite et exceptionnellement, Martian Manhunter s’oppose violemment à notre héros, conduisant ce dernier à quitter la JLI.

Belle sortie si je puis me permettre. Ainsi, que ce soit par l’intermédiaire du vote qu’il sait être en sa faveur dans 99% des cas, ayant déjà gagné la majorité soit par conviction soit par la terreur, Batman s’assure d’une approbation par la Ligue de la quasi-totalité de ses actions même si celles ci dérangent.

Journal de Blue. 7 décembre 2016. Earth Prime
Succession de 49.3 fructueux mais gouvernement en panique. Ce soir, un premier ministre a démissionné à l’Elysée. Je l’ai déjà vécu, je sais ce que ça signifie, nous nous y dirigeons depuis des mois. Dans 137 jours, une nouvelle Crisis éclatera dans le Multiverse.

Merci à tous de m’avoir suivi, lisez la Tour de Babel, lisez des comics, et comme le disait un grand homme, faites pas les fous, faites pas les folles et prenez soin du Rock’n’Roll ! À une prochaine fois !