Review VF – Justice

Urban Comics aime Alex Ross – comme tout le monde. Ross est une légende, Ross est un génie. On peut s’en servir pour exposer sur l’art des super-héros, illustrer les couvertures des anthologies, sortir des bouquins Art Of exceptionnellement utiles, un messie du trait qui conjugue peinture, photographie et dessin de BD et l’un des principaux contributeurs modernes (ou « récents) à l’iconographie DC Comics tant son style parvient à capturer la majesté et la grandeur de ces figures statuesques aux costumes kitsch toute en grandiloquences et en postures rétro’. Justice apparaît donc d’emblée comme l’objet suivant que les complétistes se procureront d’emblée, la rareté des récits en intérieurs de l’artiste étant d’autant plus rares qu’il officie ici également à l’écriture.

On ne s’étonnera donc pas d’y retrouver son goût pour certains personnages, et sa représentation du DCU bien à lui. Une propension naturelle pour les images réalistes (qui pousse sa peinture à cette teinte photographique immédiatement palpable) amène le bonhomme à utiliser un monde lui aussi plus vrai que nature, qui va chercher à soulever des enjeux plus ou moins géopolitiques, tout en restant dans l’hyperbole des super-héros divins que sont ceux de la Justice League. Vue à travers les yeux de Luthor dans sa première partie, la BD retrace l’idéal de ce génie à demi-fou dont l’idéal d’un monde où l’Homme ne pourrait plus compter que sur lui si on le privait de la béquille systématique du super-héros. Un thème récurent chez le personnage, qui met en place un contexte intéressant en posant par exemple la question de : pourquoi les héros costumés n’ont jamais cherché à utiliser leurs pouvoirs pour améliorer le destin de pays ou communautés du tiers-monde (en ne répondant jamais à cette question ensuite, parce que, héhé, s’en branle du tiers monde, nous on tape les aliens, leulz).

Review VF - Justice 18

Le scénario se présente en effet comme le plan de Luthor de fédérer autour de lui les meilleurs des super-vilains pour empêcher une apocalypse probable, que les héros de la Ligue ne seraient pas de taille à empêcher. On retrouve une partie de l’iconographie de Kingdom Come dans ces pages, depuis les costumes jusqu’à l’utilisation de certains gimmicks ou deus ex machina déjà utilisés dans le récit de Waid (mention spéciale au Captain Marvel, dont le dessinateur semble apparemment hyper fan). Pas super original, le script va donc suivre le schéma d’un épisode « normal » d’un dessin animé Justice League, avec une première défaite, une reformation puis une grosse latte finale parce que le bien, tu peux pas test, t’as beau essayer, il te haggar toi et ta bande de chneks, deal with it. C’est néanmoins dans la passion que mettent Ross et Krueger à l’élaboration de leurs idées qui rend le tout très agréable à lire, comme si le moindre ressort le plus neuneu et prévisible devenait subitement crédible, et que le poids mis sur les enjeux (pêle mêle, des morts, des l’apocalypse et des identités secrètes qui giclent de partout), quoi que dérisoire dans une brève mini-série, allait en définitive être réellement assumé.

La force des peintures de Ross est pour beaucoup dans cet effet, le talent du bonhomme pour les scènes de combat en particulier donnant beaucoup plus de corps à un scénario plutôt simple. La posture réaliste de l’artiste ajoute en plus à certains vilains ou concepts moins faciles à développer (comme le Toyman ou Captain Cold) une saveur nouvelle. Le bouquin est hyper généreux avec le DCU, à l’image d’un Kingdom ComeRoss prend plaisir aux scènes de foules où se bousculent un nombre impressionnant de héros, principaux comme secondaires. Au delà d’avoir le style qui colle à DC Comics, le peintre a aussi pour lui d’être un authentique fan de ses personnages, et utilise en dessin ou à l’écrit toute une panoplie d’idées tirées de BD plus anciennes – quitte à paumer son lecteur en route sur l’utilisation de références ou de personnages bien moins connus. Justice est un véritable crossover, qui contrairement au dernier segment de Icones assume à fond son idée de menace de groupe et de bastons tempétueuses entre semi-divinités. Hey, y a même la Doom Patrol, c’est pas le swag ultime du jambon beurre ça ? Si ? Bah voilà, qu’est ce que je te disais.

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Cependant, si Justice reste un indispensable que ce soit pour votre collection ou votre amour du style peint, le bouquin n’est pas exempt de défauts. Il oublie assez vite en chemin son problème d’identités secrètes, manque une fois encore de répondre à ce qui semble apparaître dans le premier tiers comme un problème de fond sur le rôle des héros dans une Terre d’êtres humains, et se perd à un ou deux moments dans sa narration foisonnante et ses dizaines de héros. Sans ça, il reste un modèle de petit crossover ou d’arc de la Justice League très efficace (et beau), c’est de la frappe, c’est très bon, vous avez le droit de l’acheter, d’acheter Kingdom Come et Icones entre autres bouquins anthologiques, tant pis, vous partirez en vacances en hiver. Puis qu’est ce que le pognon, quand on y pense.

Justice League : Justice (ou comme certains aiment à l’appeler : Justice), douze très bons numéros sur une aventure random de la League où se bousculent tous les poncifs, et quelques idées. La force du volume ne réside pas dans son originalité ou le déploiement parfois laborieux de ses retournements de situations, mais dans sa capacité à croire en ce qu’il fait et à le faire de la manière la plus agréable à l’oeil qui soit : un vrai gros Alex Ross + DC Comics, peut-être même le plus accessible et le plus complet (si on admet que Kingdom Come est un exercice de style géant). Bonnes vacances et bonnes lectures, et hey, admettez, elles sont pas mortelles les armures Metal Men de la Ligue, sérieux ?

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Corentin

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DarkChap
DarkChap
6 années il y a

Bonne review pour un bon comic book mais s’agissant du visuel, je pense qu’il est important de préciser que les compos ne sont pas d’Alex Ross. C’est Doug Braithwaite qui s’est occupé des dessins, Alex Ross ne s’occupant de la peinture.

Leur collaboration mérite d’autant plus d’être soulignée que le résultat est exceptionnel et à mon sens plus dynamique et plus détaillé que le travail solo de Ross.

jihem
jihem
6 années il y a
Répondre à  DarkChap

Oui je le signale dans ma modeste contribution… Braithwaite est souvent oublié dans les reviews ou page marchande… À vérifier mais je crois que même sur le site Urban il est absent

ArnoKikoo
6 années il y a
Répondre à  jihem

Mais pas sur la couverture, heureusement :)

DarkChap
DarkChap
6 années il y a
Répondre à  ArnoKikoo

Fort heureusement en effet, Alex Ross n’est pas Bob Kane. ^^

vinreel
vinreel
6 années il y a

Un superbe pavé pour « seulement » 35 euros. C’est un excellent investissement, même si la lecture est compliqué étant donné le poids et la dimension de l’objet. A manier avec précaution, même si cela parait solide et que c’est imprimé en France.

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