Review VF – Wonder Woman, Dieux et Mortels Tome 1

Si bien longtemps aucune publication Urban autre que issue des New 52, et l’année dernière son Anthologie, n’ont rendue hommage à l’Amazone, ces derniers mois, ce ne sont pas moins de deux publications majeures de Wonder Woman que l’éditeur français de DC nous propose à quelques semaines de la sortie de son premier film live-action solo. Et la publication qui a atterri entre mes mains et qui nous intéresse aujourd’hui  est Wonder Woman Dieux et Mortels tome 1, longtemps teasé par l’éditeur comme un George Pérez Présente Wonder Woman. Vous l’aurez compris ce récit est surtout connu comme le récit de Pérez, d’ailleurs ce dernier explique dans la préface, comment la charge de reconstruire l’identité de la partie féminine de la Justice League lui a incombé après la mythique Crisis On Infinite Earths.

Il explique même que si des grandes stars se sont bousculées sur Superman ou Batman, visiblement pas grand monde ne se sentait inspiré par Wonder Woman et heureusement, celui ci a levé le doigt et proposé sa vision de l’héroïne. Une vision que nous avions d’ailleurs commencé à découvrir dans l’Anthologie citée plus haut, où le premier épisode était donné à découvrir et avait fortement éveillé mon appétit. C’est donc une version plus traditionnelle, mais aussi plus proche de celle que nous connaissons aujourd’hui qui nous est donné à découvrir, dans un récit ou l’influence de l’Olympe se fait plus que fortement ressentir.

En effet longtemps, Diana n’aura plus été que lointainement Amazone, sans lien avec ses sœurs et sans pouvoirs même pendant un temps, plus localisée dans la jungle urbaine que dans le panthéon grec. Pérez prend donc le contre-pied de tout cela puisque la Diana qu’il nous conte est une Diana née de l’argile et du désir ardent de sa mère Hippolyte de retrouver l’enfant qui lui avait été arraché lors d’une précédente incarnation avant celle que les Déesses Hestia, Héra, Athéna, Aphrodite et Déméter lui ont offerte en créant les Amazones avec les âmes de femmes mortes brutalement de la main de l’homme, et parée de toutes les qualités par les déesses qui se sont penchées sur son berceau.

« Enfin, Hippolyte l’honorera du nom d’une guerrière grande et sacrée ! Son nom sera Diana ! »

Ares commence alors à vouloir prendre le pouvoir sur l’Olympe en déchaînant la violence latente de l’humanité, une championne représentant le reste du panthéon divin doit alors être trouvé parmi les Amazones pour le contrer et c’est sans surprise l’enfant chérie de l’Ile du Paradis qui triomphera des épreuves et devra prendre le chemin du monde des hommes pour déjouer les plans du Dieu de la Guerre. Elle trouvera des alliés dans ce monde en les personnes de Julia Kapatelis et sa fille Vanessa, le Lieutenant Etta Candy (version bien plus moderne et plus indépendante de l’ancienne alliée de Wonder Woman) et le Colonel Steve Trevor pilote de l’Air Force et le deuxième homme à avoir mis le pied sur l’Ile des Amazones.

Mais même la victoire acquise, il faut gérer la façon un peu étrange de Zeus de montrer sa reconnaissance, pacifier ce monde imparfait et faire découvrir la philosophie de son peuple à des humains pas toujours enclin à suivre la voie d’Eiréné.

Ce qui est plaisant dans ce récit c’est que Pérez prend tout son temps pour installer le background avant même l’apparition de Diana et permet donc de donner une vraie profondeur à l’univers de la série. L’Olympe et ses intrigues de palais sont bien restituées elles aussi et les personnages secondaires (Etta Candy, Steve Trevor, les Kapatelis…) vivent leurs vie même lorsque l’Amazone est chez elle, permettant de mieux s’attacher à eux. Un bémol à propos de Trevor, il n’a pas vraiment l’importance que j’espérais et apparaît donc un peu en retrait et subissant des événements qui le dépasse. Ceci dit il est le porteur d’un secret qui débouchera sur une révélation surprenante.

Ce qui m’a vraiment plu aussi c’est comment le récit aborde des sujets lourds sans avoir l’air d’y toucher, donnant encore plus de poids au propos féministe, voire humaniste. Le viol est abordé dès la création des Amazones avec l’invasion de Themyscira par les hommes d’Heracles sans même que le mot soit prononcé ou même après la victoire contre Ares quand Zeus veut « honorer » Diana pour la féliciter. Une belle façon d’aborder la culture du viol par l’exemple… Ou l’absurde au choix.

Le seul petit bémol que je pourrait soulever est une légère naïveté, surement due au propos. Si certaines thématiques lourdes sont présentes, on vient d’en parler, j’ai parfois trouvé que les plus légères étaient parfois traitée avec naïveté. C’est peut être une impression donnée par Diana qui toute héroïne qu’elle est, n’en reste pas moins une jeune femme qui débarque dans un monde dont elle ne maîtrise pas les us et coutumes. Ceci dit on retrouve parfois ce défaut chez Etta Candy et Steve Trevor par exemple, moins chez le Professeur Kapatelis et sa fille. Je reprocherait aussi l’intégration qui fait parfois un peu tache des event extérieur comme Legends ou Millenium, avec l’affaire du faux Pan qui parait totalement artificielle et donc fait très tache dans l’histoire ! Mais cela ne remet absolument pas en cause la qualité du récit.

Coté dessin, c’est très classique pour l’époque (on est à la fin des années 80)., Néanmoins du classicisme pour un récit qui parle de mythologie ce n’est pas complètement incohérent. Mais c’est du beau classique ! Des décors variés et soignés, des visages expressifs. Le tout dans une colorisation discrète et pas tape à l’œil pour un sous.

Une bonne histoire, des beaux dessins, un récit dans le plus pur respect de ce qu’est Wonder Woman. Une refondation salutaire qui remet la mythologie et le féminisme au centre de la série. S’ajoutent de bonnes idées, comme l’épisode constitué d’écrits des différents protagonistes. Une excellente lecture qui s’impose comme un passage obligé en ce qui concerne Wonder Woman en VF. Un bon moment de comics !