Review VF – Suicide Squad Tome 4 : Entre les Murs

La publication par Urban Comics de la Suicide Squad (ou « Escadron Suicide », avec Balle Mortelle, Amanda Murale et le Roi Requin), période New 52, se poursuit. La série en est à ce moment de l’univers partagé (et c’est important) du Crime Syndicate, pendant Forever Evil. Panique et fatras à Belle Reve dans un joyeux bordel en miroir concret de l’esprit hasardeux du scénariste Matt Kindt, qui occupe les deux tiers de ce volume avec un arc plus ou moins centré sur l’affrontement d’O.M.A.C. et des derniers restes d’une Squad qui cherche à se reformer. Grosse bagarre, multiples rebondissements, entrées et sorties de nombreux personnages, un nombre assez conséquents de détours et de cliffs de fin pour une histoire somme toute assez basique, mais qui ne manque pas de deux trois effets réussis.

Dès le premier numéro, ce qui apparaît comme une évidence au fil des pages est déjà là : Kindt ne sait pas s’il a envie ou non. D’un côté, le scénariste cherche à re-cimenter les personnages, avec une utilisation méga-abusive de flashbacks explicatifs pour chacun d’entre eux (Deadshot et Harley ont droit à leur propre numéro dans le cadre du Villains Month, et pour ceux qui ne connaîtraient pas je vais moi aussi me confondre en explications de trucs du passé que tout le monde sait à peu près : en cadre du mois de septembre de chaque année, DC avait pendant les New 52 l’habitude de préparer un mois thématique aux numéros spéciaux, et celui là présentait un single dédié aux différents vilains de son univers en remplacement des séries classiques. Retour à la critique imminent), ce qui a un certain aspect positif. D’abord, il s’en sert pour se réapproprier les bases, et puis ça devient trop permissif et gonflant quand le moindre second couteau dans un bord de case a le droit à trois pages sur son passé et ses origines – une maladresse de dosage entre compression et décompression, le récit prenant de véritables pauses en plein milieu de l’action pour te raconter comment King Shark a été créé.

« Tire moi. » – Harley Quinn (voilà)

Ce qu’on appelle un problème de rythme, qui est loin d’être isolé puisque l’auteur ne sait honnêtement pas gérer son planning de money shots de papier. Tout pète, explose, le scénario fait intervenir trop de personnages (quelque part, en voulant bien faire), et ne laisse pas assez de place à chacun. Seuls James Jr., assez justement écrit dans son personnage de Dexter de contrefaçon, et Deadshot arrivent à isoler un ou deux dialogues qui ne soit pas pollué par ce manque de direction. Il y a deux trois idées, et là où il est plaisant de voir autant de branches du DCU se croiser pour la bonne cause, l’impression de tartiner est palpable et s’ajoute à un certain côté hyper premier degré qui ne sied pas à l’ambiance générale – tout est trop. En particulier l’écriture de Harley, qui va complètement passer sur le côté cartoon et fan favorite du personnage pour en faire une femme fatale intrigant tous les personnages masculins, une version qui ne plaît toujours pas aux fans de l’idée classique de l’héroïne, moi le premier.

Cela étant dit, Kindt récupère en définitive les lauriers sur les trois scénaristes présents à l’écriture, puisque l’ennuie embraye ensuite quand Sean Ryan reprend le dessus. Quoi que l’écriture cherche à renouer avec le côté politicard et crasses d’agences en sous main pour le gouvernement Américain, l’envie de coller à cette origine (noble, celle du père fondateur Ostrander) amène une comparaison difficile. C’est pire si on regarde du côté des dessins, où les artistes (qui ne cessent de changer) fournissent un taff extrêmement minime – souvent franchement moche – et accentuent les défauts d’un arc pas passionnant, qui dénote trop du précédent (beaucoup beaucoup trop), et embarque une nouvelle fois l’équipe dans une routine qu’on a l’impression d’avoir déjà lue vingt-cinq fois. Le volume s’achève sur la micro-performance Amanda Waller en solo, pour ceux qui voudraient en avoir plus sur la version fitness du personnage (levez la main, passez à la caisse et enjoy, ça n’a de toutes façons aucune retombée).

Dans l’ensemble donc, un tome qui pose plein de questions. D’abord, sur l’utilité de poursuivre la série Suicide Squad avec si peu d’envie ou d’ambitions côté auteurs et scénaristes, ou même côté éditeur, le relais permanent entre les dessinateurs étant généralement une marque de série en roue libre dont personne n’a l’air de s’occuper et qui se permet un peu tout et n’importe quoi. Côté édition française, on peut aussi se demander si Urban n’a pas envie d’aller vite pour en finir avec cette série, dans des volumes de plus en plus épais et qui se préoccupent de moins en moins de boucler à un moment crucial. Comme si, au final, personne n’en voulait, mais hé, y a un film qui sort ou est sorti, on ne peut malheureusement pas faire l’impasse dessus, alors essayons juste de rester discrets.

Difficile de jeter la pierre à l’éditeur, qui a fait l’effort d’aller chercher les bonnes choses de la Skwad des origines, et refuse manifestement d’abandonner pour les quelques uns qui seraient vraiment au taquet sur ce genre de séries. Dans l’ensemble, on a donc le droit de dire que c’est cool, et d’espérer que ça se vende pour financer des projets un peu moins évidents. Maintenant, en tant que BD, si tout ce qui suit n’a pas toujours été aussi permissif ou mauvais, on peut statuer sur le fait que ça fait assez longtemps que le concept n’a pas fourni de véritable immanquable, et ce tome ne déroge pas (du tout) à cette triste règle, qu’Hollywood n’aura fait que valider.

Donc la Suicide Squad, c’est cool et ça pourrait chaque fois être bien, mais finalement à part pour les vrais fans hardcores ou trop complétistes, ce tome 4 ne fait qu’empiler une série de trucs que tout le monde a envie d’oublier, dans un recueil qui ne redore aucun blason. Parfois cool, souvent nul, gonflé à l’adrénaline et au DCU, la série est (ou était) dans le creux de la vague, le fond des back issues ou on continue de publier tant qu’il reste des lecteurs abonnés et que ça se décline sur d’autres supports. Sortie morose, mais allez, au moins c’est fini – en attendant le Rebirth.

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Corentin

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BaronVendredi
BaronVendredi
7 années il y a

J’avais commencé en anglais et pensais continuer en français mais les review me refroidissent pas mal quand meme, on va pas se mentir.

Et j’ai encore plein de trucs à acheter donc bon hé hé

Sasahara
Sasahara
7 années il y a

Je l’ai lu et c’est assez mauvais; comme dans le tome précédent ça part dans tous les sens, on dirait vraiment que le scénario est improvisé au jour le jour, sans plan défini, et ça ne mène effectivement nulle part ! (A la fin Waller se fait taper sur les doigts à Washington, mais tout recommence comme avant ?!)
Je crois qu’on peut se contenter du tome 1 de cette série …à la rigueur le 2, et puis basta !

ArnoKikoo
7 années il y a
Répondre à  Sasahara

En fait ce qui est dommage c’est que le Suicide Squad #30 de Sean Ryan est clairement un préambule pour la New Suicide Squad. Effectivement l’équipe est re-montée, mais Waller a beaucoup moins de pouvoir, et dans la série ensuite tu as de multiples conflits par rapport au commandement de l’équipe. Urban aurait mieux fait de conclure avec le #29 pour que ça donne un semblant de véritable fin.

Pour le reste sinon c’est clair que c’est vraiment pas terrible, je pensais lire une review beaucoup plus corrosive de la part de mon Corentin ^^ puis les numéros du Villains Month, j’avais pas souvenir à l’époque mais bordel que c’était nul en fait…

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