Review VF – Checkmate Tome 2

Après un premier tome sorti à l’automne dernier, Urban Comics nous propose de poursuivre l’aventure Chekmate avec ce second tome qui comprend la seconde moitié de cette série sortie dans la période post-Inifinite Crisis. On y retrouve Greg Rucka sur la majorité du tome (ce qui a son importance), alors que l’organisation secrète fait face à de plus en plus d’ennemis extérieurs – mais intérieurs également. Regardons tout ça d’un peu plus près.

L’un des points forts du titre sous l’écriture de Greg Rucka est, depuis le début, l’attention que l’auteur apporte pour tisser les liens entre les différents membres de l’organisation, qui sont intimement liés à leurs valeurs et morales. Rucka ouvre cet ouvrage avec un rappel sur la romance établie entre Sasha Bordeaux et Mister Terrific – une romance assez bien écrite puisqu’elle aura toute son importance par la suite. C’est notamment la difficulté d’exercer les responsabilités lorsque les sentiments viennent s’y mêler qui est démontrée. Mais on tient là une écriture assez crédible, et surtout un couple auquel on arrive à s’attacher sans se forcer.

Les relations, donc, sont au centre ensuite de la première partie de l’ouvrage puisque si Checkmate est une organisation qui répond à l’ONU, il y a bien entendu une personne qui souhaite en tirer profit pour les US uniquement : Amanda Waller. La « Chute du Mur » est par ailleurs assez explicite et honnêtement, le sort de cette dernière est vraiment attendu tant ses machinations et son jusqu’au boutisme la rendent de plus en plus détestable. Le jeu de dupes qu’elle installe pour faire valoir ses intérêts a d’importantes répercussions sur les autres membres de l’organisation, et si vous avez comme moi un peu de sens moral ou d’éthique, alors vous souffrirez de voir certaines conséquences.

« Tout problème a une solution, monsieur l’ambassadeur. » – Amanda Waller

Dans un second temps, et après un interlude (réussi) consacré au personnage de Mademoiselle Marie, Rucka passe des conflits internes aux conflits externes, avec le retour de l’organisation Kobra et la reprise d’une storyline entamée dans le premier tome. Et ce qui est fort intéressant ici, outre l’intervention en guest de membres de la Justice League, c’est que Kobra a vraiment des allures de grande organisation terroriste, dans le sens qu’on ressent une menace. Il faut dire que les récentes lectures où j’ai pu voir cette organisation les faisait passer pour des méchants de série B à la Power Rangers, et l’aspect qui est dégagé ici est tout autre. On sent par ailleurs dans la montée de la tension et la violence des affrontements que Rucka est sur le point culminant de son run, et on ne sera donc pas surpris de retrouver un autre scénariste après la conclusion de cert arc.

C’est Bruce Jones qui reprend en effet les commandes et… c’est une jolie catastrophe. D’une part car on tombe dans une direction qui n’a plus rien à voir, grosse série Z avec de gigantesques monstres qui sortent de nulle part, et Checkmate qui a développé son propre super-soldat capable de faire un peu tout et n’importe quoi. D’autre part car mis à part quelques caméos, en vérité on ne voit même plus les membres de Checkmate qu’on avait pu suivre auparavant. Il en résulte un énorme décalage dans l’ambiance du titre, dans le rapport que le lecteur entretient aux personnages (i.e. : il disparaît) et la sensation d’un terrible gâchis pour conclure ce titre. Je ne sais pas comment ça s’est passé à l’époque de la publication mais je ne serai pas surpris que les ventes du titre suite au passage de Bruce Jones se soient écroulées.

Autre point important, ce sont les dessins, qui n’ont jamais énormément brillé dans le premier tome. C’est une constante que l’on retrouve ici car si l’ensemble reste regardable, on ne sera jamais véritablement émerveillé par les planches ou la mise en scène des artistes employés. Et sur la fin de toute façon vu que ça vire au n’importe quoi, on se fiche un peu de toute façon d’à quoi ça ressemble. In fine je me suis retrouvé un poil déçu par ce second tome de Checkmate ; clairement l’ouvrage offre quelque chose à ceux qui recherchent des récits d’espionnage ou de contre-terrorisme faisant appel à la recherche de l’univers DC. Et propose quelques développements de personnages intéressants. Mais je trouve que la lecture a du mal à s’apprécier en dehors de son contexte et que les tenants et aboutissants sont à peine perceptibles à présent. Je dois bien avouer que le dernier acte de ce titre m’a aussi profondément attristé par sa chute de qualité. L’ensemble reste néanmoins une lecture intéressante d’une époque où DC a su proposer des titres variés avec des personnages plus que secondaires en tête d’affiche (et sur une durée de 31 numéros, on ne peut que souligner la chose).

Tensions internes et externes pour Checkmate dans son second et dernier volume, avec un attachement certains à conclure des histoires entamées dans le premier. La lecture reste agréable et si vous avez le premier, vous devriez être assez contents de ce que propose Greg Rucka. En revanche, je préfère vous prévenir, le changement d’auteur entraîne une chute de qualité brutale pour le titre, et de terminer ainsi pourrait bien vous laisser un goût amer en refermant l’ouvrage. A bon entendeur !