C’est la guerre dans ce numéro d’Injustice Ground Zero, qui voit s’affronter les deux factions à coups de lasers et de véhicules futuristes, dans un déluge de combats pas toujours très lisibles. Cette fois-ci, on semble avoir quitté l’ambiance jeu de combat pour quelque-chose d’un peu plus blockbusteresque dans l’esprit. L’action est un peu confuse et on ne suit, au final, qu’Harley Quinn au milieu de tout ce joyeux bordel. Le numéro reste anecdotique, et seule la fin de l’épisode apporte un élément “nouveau” qui fera, à coup sûr, évoluer le statu quo. Je ne vous révèle pas le cliffhanger, mais sachez qu’il vaut le coup d’oeil, même si les fans du jeu ne seront pas du tout surpris. Injustice nous livre donc un chapitre un peu décevant, sauvé par ses graphismes corrects et son ambiance radicale, mais je vous conseille d’attendre la suite.

L’aventure se poursuit et malgré le ton enfantin, les rebondissements n’ont eu aucun effet sur le lecteur que je suis. On se plaira, comme depuis le premier numéro à retrouver quelques personnages, comme ici Firestorm, ou Darkseid, quelques rencontres originales. Les dialogues fonctionnent toujours aussi bien par l’utilisation du ton le léger, et d’une écriture la plus simpliste pour s’adresser au plus jeune public, avec la démarche d’appuyer le ton décalé parfaitement associé aux situations surprenantes. Et ce n’est là tout ce qu’on peut retenir. Comme prévu, l’effet s’estompe de plus en plus. Toutefois, la lecture au format relié pourrait très facilement contrer cette lassitude inscrite dans un rythme de parution ne concordant pas avec la durée des lectures et le manque d’intérêt se faisant ressentir mois après mois.

C’était cool un moment, mais Russell était manifestement plus loquace dans le futurisme politicien que sur l’archéologie sociétale (en 2017, toi aussi, achète un glossaire des synonymes et brille en société), avec le même mélange d’humour absurde à moitié efficace et un propos sur le libéralisme et la consommation qui peine (genre, grave) à se renouveler. On a même le sentiment que l’auteur part de plus en plus loin dans des trucs qui manquent de structure ou de pertinence, avec tout un encart sur la vie des bêtes qui ne fera pas oublier la douleur des orphelins de Prez ni la redondance des projets de revival de licences de ce type. Après une première vague séduisante, le reboot Hanna-Barbera tend à s’essouffler là où pas mal de séries du DC Proper gagnent en vigueur au fil du temps – preuve que comme entre les séries TV et les dessins animés, DC n’aime pas être au milieu de la balance.

Aquaman est assurément l’un des tout meilleurs titres de la gamme rebirth. J’en suis absolument persuadé, et ce n’est pas ce numéro qui me fera dire le contraire. Notre ami Arthur Curry est ici en train de gérer une situation de crise particulièrement délicate, alors que les autorités ne le soutiennent pas vraiment. C’est toujours bien écrit et le titre a toujours une dimension politique particulièrement intéressante. Le scénario est plutôt malin et la caractérisation du protagoniste est efficace et profonde. On ne peut que s’attacher aux aventures de l’atlante, qui fait clairement partie des personnages les plus cools de l’histoire des comics et n’a rien d’un clown en pyjama orange. Le graphisme est solide et l’on ne peut qu’apprécier la direction artistique de la série.

La montée en tension s’achève dans ce numéro pour laisser place à un premier affrontement, brutal, entre Batman et Bane, qui a pris des allures autrement plus massives et monstrueuses sous le trait de Finch que ce que Mikel Janin nous avait dépeint auparavant. Mais n’allez pas croire que ça ne lui aille pas, bien au contraire, et la masse de muscles est réellement impressionnante et rend maintenant justice à l’autre particularité du personnage de Bane. Pour parachever son portrait, King explore dans ce même numéro le parallèle entre les destins de Bruce Wayne et Bane, avec une mise en scène qui allie les comparaisons et les différences entre les deux personnages. Après nous l’avoir montré suicidaire, c’est un Bruce à demi-fou qui ne s’est jamais remis, au sens propre, de la disparition de sa mère. Mais il est intéressant, surtout dans la construction du récit, de voir comment des prises en charge et un cheminement différent ont abouti à l’avènement d’un monstre – chacun dans une orientation différente évidemment – et comment les deux légendes vivantes étaient forcément amenées à se rencontrer. Je reste toujours satisfait de l’écriture de King, exceptée sur la fin, d’une part par le monologue de Bane lorsqu’il fait allusion aux autres ennemis de Batman pour s’en démarquer, et que je trouve un peu trop « écrit » pour s’accorder à l’action. Et d’autre part pour le retournement de situation qui, là aussi, me paraît trop facile même s’il n’est pas tout à fait illogique. Et si l’avancement global de l’intrigue n’est pas bien grand à la fin de ce numéro, on n’en reste pas moins avec une lecture efficace, frontale, et qui explore ses personnages sans se contenter de les mettre en scène. 

Nouvel épisode de Cyborg, qui vit des aventures confuses et bordéliques, remplies de rats qui agressent les foules et de demoiselles cybernétiques. Le scénario est anecdotique et l’on peine à  s’attacher au héros. On ne comprend pas vraiment où l’auteur veut en venir, tant il vient nous coller de nouveaux personnages désignés façon années 90, sans tenter de faire ne serait-ce qu’un petit effort pour les caractériser. Cependant, c’est très beau et l’on en vient à se demander pourquoi on fait travailler un artiste de talent sur un titre aussi mauvais.

Enfin fini ! Cette torture aura été longue et on peut, ce mois-ci, dire adieu à la pire mini-série qu’il m’ait été donné de lire. On se trouve cette fois au paroxysme de la série Z en terme d’écriture. Hawkman est tellement bad-ass, que blessé à de multiples reprises, le héros ne renonce jamais et se retrouve toujours derrière l’ennemi avec une punch-line cliché avant de l’attaquer. Comme prévu notre suprême deus ex machina opère, et outre l’écriture du super-héros face au thème du sacrifice dans une situation (pas si désespérée) et des dessins qui resteront toujours à la limite du correct – en ce qui concerne ce numéro – on notera un énorme problème d’équilibrage des forces. Un problème qui pourrait s’expliquer dans une adaptation, dans un jeu vidéo, mais ce défaut est encore bien plus grave. On se trouvait, le numéro précédent, face à un Despero dans sa forme parfaite se tenant devant un Hawkman sans Senzu. Gros déséquilibre, surtout si on considère que ce Hawkman est aussi utile que Yajirobe. Arrive alors notre deus ex machina. Les forces se rééquilibrent et promettent une affrontement dont le ressort n’est pas si évident. Je vous invite à relire le titre de la mini-série. Mais de manière, pour le coup logique, notre arme secrète appelle d’autres armes secrètes du même gabarit. Death of Hawkman n’est donc pas envisageable. Et je vois ce petit paradoxe du suicide sans raison.

Tout comme cette tentative d’explication, ce numéro est un joyeux bordel. Un rejet de matières prédigérées où les quelques infimes morceaux encore intéressants sont à trier. Et vu l’allure que dégage ce titre, rien ne nous invite à nous approcher de cet amas d’immondices. Et si vous voulez le plus gros défaut du numéro : il s’agit d’une fin ouverte.

J’attendais avec impatience la sortie de ce nouveau numéro de Green Arrow puisqu’Oliver va enfin retrouver Arsenal après toutes ces années. Le récit jongle entre des flashbacks sur la façon dont Roy Harper est devenu le sidekick d’Ollie et le présent où le jeune héros tente de sauver une réserve indienne dans laquelle il a grandi. Ben Percy préserve bien le mystère sur cette partie de son passé et on termine le numéro qu’avec l’envie de lire la suite pour obtenir des réponses. Il est aussi plaisant d’avoir Arsenal au centre d’une histoire et de voir le duo à nouveau ensemble, l’auteur continuant d’exploiter l’Arrowverse à sa juste valeur, c’est à dire sans tout piquer à Batman. Aux dessins, c’est cette fois Eleonora Carlini qui s’y colle, comme pour le reste de cet arc, et même si l’on s’est habitué à mieux sur le titre (Schmidt et Ferreyra posant la barre très haut), l’artiste nous livre un travail tout à fait honorable avec de bonnes ambiances, mais des visages assez quelconques.

Dans l’opération Rebirth il ne sera pas forcément un mal de rappeler les grandes lignes des vilains principaux d’un univers. Ici, ce récit en one-shot nous offre l’ensemble de la vie de Volthoom, le Premier Lantern, qui aura à payer sa découverte fortuite du spectre émotionnel et la création des anneaux de pouvoirs. Une épopée longue durée qui n’évite pas quelques redites (Sam Humphries ayant toujours les même soucis d’écriture) mais qui offre une belle plongée dans le fardeau et la lente agonie de son personnage principal. La mise au point était plutôt bienvenue compte tenu de l’arc précédent, par contre la fin annonce une toute autre histoire pour les prochains numéros, et j’espère alors qu’il ne faudra pas attendre de trop pour retrouver Volthoom. Par contre artistiquement, l’apport du coloriste d’Alex Sollazzo apporte énormément aux planches de Robson Rocha et l’ensemble des planches est vraiment agréable à regarder.

Un numéro composite s’offre cette fois-ci pour Harley Quinn avec une intro de 3 pages située 150 ans dans le futur dont on peine à comprendre l’utilité, et une intrigue principale qui fait un retour à la SF délurée déjà vue dans la mini-série avec Power Girl (et ce n’est pas pour rien qu’Atlee, déjà présente dans le titre Starfire des mêmes auteurs, est là). Harley s’occupe de faire découvrir son monde à l’assaillant alien et… c’est verbeux, ennuyeux à mort, et je ne comprends pas l’intérêt d’une telle histoire ; d’autant plus qu’on se farcit le même genre de délires (avec des blagues de « fesses » franchement lourdes) depuis des mois en continus, et plus que jamais il serait temps de changer d’équipe créative (on en est quand même à plus de 50 numéros en comptant les deux ongoings, les numéros spéciaux et les mini-séries…). Manque de bol, on nous prépare le retour d’Harley Sinn, également antagoniste d’une mini-série… Enfin bref, je suppose que les nouveaux venus pourraient être tentés mais je vous conseillerai plutôt de passer votre chemin, d’autant plus que la partie artistique est partagée en 3 avec quelques transitions véritablement hasardeuses. Gardez votre temps – et votre argent – pour un autre titre, conseil d’ami.

Un peu de cohérence de suivi se trame chez l’ami Hitch, quoi qu’on ait une énième fois l’impression de lire un même arc ininterrompu depuis ses débuts sur JLA. Si DC doit commencer à se poser des questions sur la pertinence de laisser le bonhomme au commande de leur (deuxième) plus grosse série, celle-ci ne manque pas de jolis effets, et sur un cliff’ qui rappelle un truc laissé plus ou moins en suspend dans le passé récent du big blue guy. L’impression de menace est là, les découpages mettent une ou deux scènes en avant, mais le sentiment d’une série d’équipe bâclée, foutoir et qui recycle à mort ne s’arrête pas, même aussi longtemps après le premier numéro. Bref c’est malheureux, mais on en finit par regretter Johns le forceur, et espérer que comme à une autre époque DC puisse reproduire en masse des clones de Justice League pour alimenter l’espoir de kiffer à plus de 25%.

C’est l’heure de la conclusion de Midnighter & Apollo, où les deux héros vont devoir en finir avec Neron ou rester bloqué en enfer à jamais. Ce dernier numéro est à la hauteur de ses prédécesseurs, les dessins sont très efficaces, en particulier une page nous offrant l’un des plus beaux baisers de ces dernières années, les dialogues sont intelligents et la petite touche de violence rend le tout encore meilleur. Orlando profite aussi de cette fin pour répondre à des questions posées au long de la mini-série, l’une sur l’éthique des méthodes de Midnighter et l’autre sur la symbolique du pseudonyme d’Apollo. Cependant, la mise en scène est ici moins fantaisiste que d’habitude et je trouve les fins toujours plus molles que le reste du récit. On pourrait très bien lui reprocher également la quasi-absence de répercussions, mais cette aventure a tout de même été l’une des meilleures du DC récent et j’espère revoir ce duo ailleurs.