Review VF – Batman & Robin Tome 7 : Le Retour de Robin

Ce septième et dernier tome de Batman et Robin nous prouve une fois pour toute pourquoi elle a très justement été encensée comme une des meilleures séries des New 52. Les fans francophones découvrent enfin (après près d’un an et demi d’attente) la fin de la série de Gleason et Tomasi dans un final retentissant et émouvant. Avec en bonus l’Annual #3 et un Secret Origins.

De l’épique et de l’émotion

Alors oui, on s’y attendait, mais on a tous un peu eu cette tête en lisant le numéro 37 de Batman et Robin. Pour vous rafraîchir la mémoire, dans le tome précédent, Ra’s Al-Ghul avait volé la dépouille de son petit-fils Damian dans l’espoir de le ressusciter grâce à un éclat de cristal venant d’Apokolips. Un bataillon venu de cette même planète parvient à soustraire le sarcophage spécial contenant Robin et l’éclat du cristal. Batman, contre l’avis de la Ligue de Justice enfile son costume de Hellbat (chauve-souris de l’enfer) et se rend sur Apokolips, la planète de son ennemi juré Darkseid.

Dans ces cinq derniers numéros, nous suivons la bataille que mène Batman contre Kalibak, le fils de Darkseid, pour récupérer son fils bien-aimé. Combat dans lequel le joindront, sur l’injonction du fidèle Alfred (qui est d’ailleurs bien badass dans ce numéro), la Bat-famille (à l’exception de Nightwing… qui est probablement toujours censé être mort au vu de la timeline), à savoir Batgirl et deux anciens Robins : Jason Todd alias Red Hood et Tim Drake aka Red Robin. Et ils sont super-vénères… Tout cela donne une bataille épique pour regagner Damian. Jusqu’au dernier moment, on a l’impression que c’est peine perdue mais la Bat-équipe de choc arrive à ses fins et parvient à ramener Damian sur Terre et Bruce lui redonne la vie grâce au cristal.

« Oh mon dieu, il a vraiment réussi. » – Batgirl

Passé la minute émotion, très bien décrite, on repasse dans le feu de l’action : Damian, suite à son contact avec le cristal, semble avoir développé des pouvoirs semblables à ceux de Superman. Chaque jour, il en découvre un nouveau et ses alliés s’inquiètent de comment il va les gérer. Batman fait appel à la Ligue de Justice pour aider à sonder le puits apparemment infini des pouvoirs de son fils. La série se finit de manière ouverte, les pessimistes pourront dire en queue de poisson car elle ne fait qu’établir un nouveau statu-quo : Robin est à nouveau Damian Wayne, qui continue de veiller sur Gotham au côté de son père. Je préfère penser qu’elle nous permet d’imaginer les aventures qu’ils auront… et de se désoler qu’on aurait bien voulu 12 numéros de plus.

Dans tous les cas, ces cinq derniers numéros sont tous très bons. Que ce soit au niveau de la caractérisation, du scénario ou du côté esthétique. J’aime bien l’univers d’Apokolips et ça fait plaisir qu’il soit mis en avant encore une fois. Le scénario pousse Batman dans ses derniers retranchements, montrant sa volonté infaillible et sa foi en lui-même (et ses tendances suicidaires), mais aussi resserre la solidarité de la Bat-famille qui, après les évènements de Deuil de la Famille, s’était étiolée. À présent, ils sont tous derrière Bruce pour l’aider à ramener leur ami.

Une équipe artistique qui se surpasse

Si le style de dessins me déplaisait grandement lors des premiers numéros de la série, je suis désormais totalement accroc au travail de Gleason, Gray et Kalisz qui dessinent la plupart des planches et des couvertures de la série régulière. Honnêtement, leur style est unique, ils ont trouvé leur équilibre, le découpage est parfait… c’est une de mes équipes favorites de tous les temps. Même Kubert qui dessine le numéro Robin Rises : Alpha #1 ferait pâle figure en comparaison. Plus sérieusement, je trouve son trait plus fin et régulier mais le découpage est moins dynamique.

Gleason nous avait déjà montré par le passé qu’il maîtrisait à la perfection les épisodes muets et il nous confirme cela lors du numéro 40, avec une scène qui rappelle celle où il montre Bruce ayant de la peine à se faire à l’absence de Damian dans Requiem. Il nous offre aussi de très belles planches pleine page qui nous prouvent son talent à la composition et à la mise en scène. Bref, vous l’aurez compris… je suis fan.

Un Annual lunaire

Le troisième et dernier Annual de cette série nous emmène dans l’espace, tout d’abord au sein de la Watchtower, le satellite de la Ligue de Justice puis carrément sur la Lune. En effet, Damian a remarqué une activité suspecte sur le satellite naturel de la Terre et lui et Batman décident de s’y rendre pour vérifier. Ils ne s’attendaient pas à devoir livrer une bataille pour empêcher une invasion extra-terrestre de notre planète ! En tant que fan d’espace, de science-fiction et de Doctor Who, autant vous dire que cet épisode, malgré son histoire relativement peu originale m’a tout de suite plu.

Les dessins de Juan José Ryp se prêtent bien à cet épisode spatial. Son talent pour les décors et pour dessiner les créatures étranges sont mis à bonne contribution, le tout souligné par la coloration brillante de Sonia Oback. Je suis personnellement moins fan de ce style – un peu trop travaillé, je trouve – que celui de la série ordinaire, mais c’est une question de goût.

En bref, cet Annual #3 est fort sympathique, avec action, suspense et moments comiques, le tout emballé dans un style léché. Agréable à lire, sans se prendre la tête.

Et pour finir : un Secret Origins qui revient en arrière

Et pour conclure ce dernier tome de Batman et Robin – et avant la galerie de croquis qui valent vraiment le coup d’oeil – nous pourrons lire le Secret Origins #4 qui revient au moment où Bruce Wayne a disparu dans le temps. Plus précisément, il se concentre sur le laps de temps entre la disparition de ce dernier et le moment où Dick Grayson endosse le costume de son mentor aux côtés de Damian pour protéger Gotham en l’absence de Bruce.

Cela permet à Tomasi, à travers les paroles d’Alfred, de décrire à sa façon les origines de Damian, comment il a été conçu et élevé et la manière dont il vit l’absence de son père (il va sans dire, très mal). Le fidèle majordome enjoint Grayson à l’aider à canaliser la rage de Damian et de protéger le garçon de lui-même. On assiste ainsi à la création d’un nouveau Dynamic Duo, celui de Dick et Damian, décrit dans la série Batman and Robin par Grant Morrison et Frank Quitely (publiée entre 2009 et 2011).

Aux dessins, nous trouvons Ian Bertram, dont les dessins ne sont pas sans me rappeler ceux de l’auteur français Joann Sfar, surtout avec l’encrage de Dave Stewart et Steve Wands. La coloration est aussi de Sonia Oback qui livre un travail très différent de l’Annual, ce qui fait montre de sa flexibilité et son talent. Le style n’est pas celui qu’on voit habituellement dans le comics mainstream et cela peut déconcerter au début, mais c’est précisément la place de numéros hors séries régulières comme celui-ci de faire la place à quelque chose de différent. D’autre part, je trouve que l’illustration de couverture choisie par Urban pour ce numéro, dessinée par Cliff Chiang chéri est également très réussie (il s’agit en réalité d’une couverture alternative de Robin Rises : Alpha #1).

En bref, Batman et Robin, après les longueurs du tome 6, se termine avec panache et nous confirme dans notre certitude que c’est une des séries qui a marqué les New 52. L’équipe créative est à bloc sur ces cinq derniers numéros épiques et émouvants. L’Annual #3 et le Secret Origins #4 sont également de bonne qualité, même si je ne peux m’empêcher de préférer la série régulière.