Review VO – Justice League of America #1

Les points positifs : Ivan Reis dépote ! Un numéro équilibré Une équipe désordonnée… Les points négatifs : … et qui reste toujours improbable Sentiment de tomber sur un remake de JLI

« Time to show them they’re heard. » – Vixen

• Scénario : Steve Orlando – Dessins : Ivan Reis, Joe Prado – Couverture : Ivan Reis – Couleurs : Marcelo Mailolo

• DC Comics – Justice League of America #1 – 22 février 2017 – 32 pages – 2.99$

Le nouveau titre post-event qui pointe le bout de son nez sans grande justification se dévoile avec son premier numéro. Le numéro Rebirth ne dévoilait pas assez, et n’avait pour intérêt que de réunir l’équipe. Après quoi une certaine crainte de tomber de nouveau dans ces conflits au sein d’une équipe composée de personnages issus de contextes bien différents, de se retrouver de  nouveau dans cette optique de l’envie de surfer de nouveau sur un succès aux allures de Justice League International (rappelez vous les New 52 !).

Justice League of America, il est loin le temps où le titre était un achat obligatoire chaque mois, titre phare, traîné jusque dans les titres les plus oubliés, l’éditeur n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne le fait de ramener la ligue d’Amérique sur le devant de la scène. Et pour se relever, pas d’entrée en grandes pompes mais un retour de ce fond touché avec une équipe très originale. Steve Orlando, ce scénariste que beaucoup voient comme prometteur, le nouveau Geoff Johns, mais après ce premier numéro le ressenti est mitigé. On se trouve avec ce numéro dans une sorte de mise au point, où ces apprentis justiciers, et nouveaux héros trouvent leur équilibre entre caractérisation propre à chaque personnage, et ce nouveau titre de défenseur de la bonne cause. On pensera surtout à Lobo où son intégration à l’équipe reste difficilement compréhensible hormis le fait de vouloir ramener le personnage après l’horrible Lobo New 52.

Steve Orlando se tourne avec ce numéro sur les premières relations entre personnages, leurs difficultés à remplir ce rôle de super-héros comme cela peut être le cas pour Atom ou Ray. D’un autre côté, il y a le cas Killer Frost. Où la tueuse en série cherche la rédemption. Un fois accepté le fait que Killer Frost puisse atteindre cette pensée et cette détermination en ce qui concerne de se racheter une conduite. N’ayant pas pu faire cela progressivement faute de temps et d’un événement dispensable, Steve Orlando fait interagir les personnages entre eux – ça peut vous paraître ridicule, mais beaucoup de scénaristes semblent oublier à quel point cette évidence est importante dans une série mettant en scène une équipe. Des personnages qui ont eux même du mal à savoir comment aborder tel ou tel autre personnage, comme on a pu le voir dans le numéro Rebirth avec les tensions entre Lobo et Ray. Le scénariste fait tout ce qui n’a pas été fait dans Justice League, c’est à dire une vie de super-héros en dehors des actions héroïques. Et c’est bien là le gros point fort de ce premier numéro.

En dehors de cette organisation étrange qui laisse plus penser à un nouveau Batman and the Outsiders, plutôt qu’à un véritable Justice League of America, ce numéro est parfaitement classique et dans le bon sens du terme. On se retrouve avec un univers qui se tient, des personnages fidèles à eux mêmes des apprentis indécis, et de très bons dialogues. Les personnages ne parlent pas d’éléments dont on se fiche (mention spéciale à Titans qui excelle dans ce domaine). Il y a toujours un but dans le discours. Black Canary qui tient parfaitement le rôle de mentor avec Batman, Lobo qui est le comic relief. Des éléments qui découlent vers l’apparition d’une menace et un cliffhanger, évidemment. Mais un cliffhanger qui ne se limite pas à l’arrivée d’une menace, mais qui se tient vis-à-vis de l’esprit que Orlando veut donner au titre. Et même si on se trouve avec des thèmes rappelant, avec la composition originale, Justice League International, il n’y a pas à dire, ça marche.

Ivan Reis retrouve un niveau incroyable. Les splash-page sont époustouflantes, les détails… on se trouve, malgré un décor très sombre, avec un numéro très beau. Un milieu sombre bien moins nuancé que Blackest Night, mais des personnages magnifiques. On regrettera en ce qui concerne la (les ?) menace(s) un design ou drôle ou assez ridicule. Cela ne tient qu’à moi, mais ces yeux sous forme de billes blanches données à Batman sont perturbantes. A la fois celles-ci le déshumanisent mais on perd ce jeu des formes ou exagérées ou réduites à une forme fixe du regard de Batman. Ivan Reis reste encore aujourd’hui un gage de qualité, et on peut être heureux de le voir sur cette nouvelle Justice League of America.

Au final, Justice League of America #1 est un numéro presque parfait. Il est encore difficile de dire s’il s’agit bien là du titre qu’on attendait, un certain scepticisme s’étant emparé de moi en ce qui concerne la Justice League post-2011. Une fois cette réserve disparue après les prochains numéros, on peut bien espérer quelque chose de très intéressant dans les mois à venir. Cependant, on peut déjà voir Justice League of America comme le manifeste d’un mouvement anti-New 52 de la part de l’éditeur.