Review VF – Superman & Wonder Woman Tome 3 : Révélations

Les points positifs : Une intrigue pas trop mal ficelée Les couvertures de Paquette Le caméo de Barrack Obama Les points négatifs : Le titre disait Superman ET Wonder Woman, non ? Carrément trop d’uppercuts Un super-couple qui ne parvient pas à trouver d’équilibre entre la niaiserie et les disputes

« Je ne suis plus sûr de t’aimer. »  – Superman à Diana.

• Scénario : Peter J. Tomasi, Keith Champagne, K. Perkins, Sholly Fisch – Dessins : Doug Mahnke, Paulo Siqueira, Ardian Syaf, Tom Derenick, Marco Santucci, Chriscross, Ken Lashley, Matthew Clark – Encrage : Jaime Mendoza, Ray McCarthy, Jonathan Glapion, Marc Deering, Sean Parsons, Mark Irwin, Scett Hanna, Johnny Desjardins, Tom Derenik, Jordi Tarragona, Michel Lacombe- Couleur: Hi-Fi, Wil Quintana, Ulises Arreaola, Tomeu Morey, Beth Sothelo, Leonardo Olea, Peter Pantazis, Jessica Kholinne
  

• Urban Comics – DC Renaissance – Superman & Wonder Woman tome 3 : Révélations – 02 décembre 2016 – 232 pages – 19 € – Contient: : DC Sneak Peek Superman/Wonder Woman #1, Superman/Wonder Woman #18-24 + Annual #2

On retrouve le super-couple formé de Superman et Wonder Woman pour un antépénultième tome. L’histoire reste dans ce qui a été vu dans les deux tomes précédents et qui fait de ce hardcover n°3 une autre BD « sympa mais sans plus ». Voyons ensemble pourquoi.

Une histoire de super-héros sans surprises

Les six numéros contenus dans ce tome 3 forment une histoire suivie qui reste dans l’esprit science-fiction qui colle souvent à l’univers de Superman. Ce dernier – au centre de ce récit, même si le titre est censé inclure Wonder Woman également – a perdu ses pouvoirs (à lire dans Action Comics), ou du moins une partie d’entre eux et est affaibli (en gros c’est une version adulte de Super Boy, l’ascenseur émotionnel en prime). Ce qui le lui plaît pas du tout, d’autant plus que Diana et d’autres de ses amis tentent de l’aider et le protéger, parfois au péril de leurs vies. On rappelle aussi que Lois Lane a dévoilé l’identité de Superman au monde entier dans un de ses articles, mettant tous ceux qui lui sont chers en péril.

On se retrouve ainsi dans le maelstrom moral et émotionnel si cher aux comics américains : « Dois-je continuer à être un héros alors que je suis plus faible/blessé ? Et comment ?» En bon personnage stéréotypé qu’il est, le Superman de cette série va repousser Diana qui elle, va trahir sa confiance dans l’espoir de l’aider, même contre sa volonté. Autre aspect de l’histoire sans surprises : un grand méchant à la vie anormalement longue (je vous laisse deviner lequel – petit indice, ce n’est pas Ra’s Al-Guhl) a créé des abominations, enlevés les proches de Clark Kent et prévoit de… dominer le monde (original, n’est-ce pas ?), ce qui force Wonder Woman et Superman à faire équipe avec un de leurs ennemis : le Parasite (du jamais vu, je vous dit).

La narration est elle aussi classique, faisant usage d’un dispositif bien connu aujourd’hui : la narration elliptique. En effet, le récit commence in medias raes, avec Superman faisant irruption dans la tour de la Ligue de Justice et se jetant dans une navette programmée pour voler au centre du soleil. Ensuite, on en apprend plus sur ce qui l’a amené dans cette situation. Au cours du récit, on revient à ce passage et c’est là que Superman balance le pavé dans la marre : il veut mettre en hiatus sa relation avec Wonder Woman. Cette dernière a vraiment le rôle dans cette histoire : elle lui court après et lui sauve la vie dans les pires situations, mais, comme auparavant, elle a « menti par omission », fait apparemment disqualifiant aux yeux de Môssieur Superman. Mais bref, on n’est pas là pour une thérapie de couples mais pour parler comics, alors penchons-nous un peu sur l’aspect graphique de cet ouvrage.

Violence omniprésente

J’ai l’impression que cette série est une des victimes de la mode de montrer toujours plus de violence qui se répand dans les médias actuels. Je ne dis pas que les comics (ou les films, les séries ou autres) devraient être en mode bisounours à tout bout de champ, loin de là. J’aime beaucoup voir des scènes d’actions bien faites (et c’est la plupart du temps le cas dans cette série). Par contre, que les personnages se balancent des pains une case sur deux, ça me dérange un peu.

D’autant plus que Superman et Wonder Woman (même si celle de cette série est bien plus inspirée par la déesse de la guerre inventée par Azzarello que l’ambassadrice de la paix présente dans d’autres titres) ne sont pas des personnages qui – à ce que j’en ai lu – sont des partisans de la violence pour la violence. Voir Batman passer à tabac un ennemi pour l’intimider, on y est habitué. Mais que les deux autres le fassent, ça choque un poil. Cela pourrait être expliqué que Superman n’étant pas en pleine possession de ses pouvoirs, il doit redoubler d’efforts pour s’assurer le respect de ses ennemis… il n’empêche que ça me déplaît.

Une qualité graphique très inégale

Vous l’aurez remarqué si vous avez jeté un oeil aux crédits de ce tome : l’équipe créative est importante. Non seulement Tomasi est épaulé par de nombreux autres scénaristes (ce qui expliquerait aussi pourquoi, alors qu’il fait du bon travail sur son autre série Batman & Robin, l’écriture de Superman & Wonder Woman est aussi plate), mais Doug Mahnke, qui dessine la plupart des cases du numéro, doit faire la place à une pléiade d’autres artistes. Si vous avez lu mes reviews des autres titres où il officie aussi (comme Batman, Batman & Robin Eternal, …), je n’apprécie que moyennement le style de Mahnke. Mais là, j’ai beaucoup de peine avec son Superman et surtout, sa Wonder Woman. Je trouve qu’elle a un visage trop commun, presque grossier… et personnellement, son costume ne me plaît pas. Je trouve que celle dans l’Annual #2 est bien plus jolie. Par contre, les scènes d’actions sont très bien rendues et le découpage horizontal y contribue (je pense en particulier à l’affrontement entre nos héros et la Suicide Squad). Il y a aussi de très belles double-pages au cours du tome mais, dans l’ensemble, la qualité n’est pas du tout constante. J’apprécie bien le travail de Santucci que je trouve beau et poétique, à contre-courant de ce qu’on a déjà vu et revu dans la BD américaine. La coloration est, quant à elle, toujours assez bien réussie, de même pour l’encrage, sauf dans l’Annual où, à certains moments, il est bien trop prononcé à mon goût.

Un Annual sympathique

Parlons-en de l’Annual #2 : il est agréable à lire, même s’il ne comporte pas non plus de surprises ou de twists inattendus. Il se concentre sur la relation entre Wonder Woman et Superman (on parle alors un peu plus de l’Amazone, ce qui n’est pas désagréable) et comment elle a évolué jusqu’à se désagréger. On apprend que Clark voulait demander Diana en mariage mais qu’il n’a jamais su trouver le bon moment. Cet Annual équilibre assez bien les scènes d’actions et celles de dialogues, qui permettent de donner un ton plus émotionnel et personnel au récit. Dommage que la série régulière ne parvienne pas à faire de même. Marco Santucci nous livre plusieurs planches particulièrement bien réalisées, dont une double-page qui flatte l’oeil propre en ordre, comme on dit chez moi.

Bref, à mon avis cette série est victime de la politique de publication qui a fait tant de mal aux titres des New 52 : des choix éditoriaux pas assumés, des idées qui ont du potentiel mais qu’on a pas le temps ou pas les moyens de réaliser et de très (trop) grandes équipes créatives sur un seul titre. C’est, entre autres, ces problèmes qui gangrènent la série Superman & Wonder Woman au sujet desquels, à mon avis, on pourrait raconter beaucoup plus que des disputes de couples à coup de répliques mièvres ou des histoires sans aucune originalité. Cela n’empêche pas de passer un bon moment en lisant ce tome, si l’on ignore tout le potentiel gâché qui se cache derrière ce récit.