Review VF – Fairest Tome 5

Critique de Fairest Tome 5
Les points positifs :
  • Le propos sur les apparences maîtrisé
  • Russ Braun aux dessins
  • Andrew Dalhouse sans Brett Booth
Les points négatifs :
  • Plus un Hors-Série Fables qu’un tome de Fairest
  • Partie graphique du numéro #27

« Pour moi ? Oh merci Goupil ! » – Mme Chat à Goupil lui tendant une carte postale


  • Scénario : Marc Buckingham, Bill Willingham – Dessin : Russ Braun, Meghan Hetrick – Couleurs : Andrew Dalhouse, Lee Loughridge – Couvertures : Adam Hughes – Rassemble Fairest #27-33
  • Urban Comics – Vertigo Classiques – Fairest Tome 5 – 5 février 2016 – 160 pages – 15€

Bojack Horseman est une série d’animation satyrique sortie en 2014 dans laquelle des animaux humanisés et des Hommes vivent en harmonie dans un 21ème siècle comparable au nôtre. La série traite avant tout de dépression, d’apparence et de rapport au monde en suivant la vie de plusieurs personnages inadaptés sociaux et profondément seuls. Ce dernier acte de Fairest (#27-33) reprend ici ces mêmes thématiques, les enrobant d’un onirisme propre à la saga dont l’intelligence a été de la part de Willingham, de laisser pour la première fois le soin à Buckingham, son dessinateur, d’écrire le scénario d’une série qu’il affectionne. En effet, qui de plus légitime dans le monde du 9ème art, pour traiter du thème de l’apparence (de façon plus que sympathique dans le cas présent) ?

L’action de « Clamour for Glamour » prend place à la Ferme des Animaux, fortement agitée par des Fables au bord de la rébellion. L’auteur choisit ici de traiter d’un problème laissé en suspend depuis la moitié de la série principale. En effet, Le Prince autrefois maire de Fableville s’était fait élire en grande partie grâce à sa promesse d’offrir des trompes l’œil à toutes les Fables ne possédant pas de forme humaine afin que celles-ci puissent visiter le monde extérieur duquel elles étaient coupées. Néanmoins, cette promesse n’ayant jamais été réalisée et ne pouvant l’être du fait du manque de magie nécessaire à la création de cette montagne de trompe l’œil, Rose Rouge et les sorciers du 13ème étages vont devoir trouver une solution. De ce fait, pour palier au problème, va être organisée une loterie géante à l’issue de laquelle cinq gagnants seront désignés. Là où Buckingham aurait pu jouer sur le suspense de l’annonce des résultats, il préfère mettre à l’honneur l’être humain, le récit se concentrant sur la personnalité et les motivations de chacun des cinq futurs gagnants. Introduits pour la plupart dans ce tome, ces derniers ont le mérite d’être à la fois tous développés et attachants. Unis par une hantise de leur apparence, les héros, pour la majorité plus ou moins déprimés par leur condition et leur impuissance, amènent le lecteur à vouloir en savoir plus sur eux et par conséquent à vouloir tout autant qu’eux, que le sort leur soit favorable.

Les histoires, toutes biens écrites, ne se valent néanmoins pas toujours, Buckingham donnant plus d’importance à certains héros et notamment à Mr Hibou et sa femme. Cette dernière, nourrissant depuis peu une profonde tristesse du fait de l’interdiction de visiter le monde des Hommes dont elle rêve depuis des années au travers de sa collection de cartes postales, va voir son mari rivaliser d’ingéniosité afin de dissiper son marasme intérieur. Or, même si les héros sont présentés comme vainqueurs dès le début du tome, la partie ne va pas être si simple, certaines autres Fables se révélant plus que sournoises dans l’espoir de la récompense en jeu, et particulièrement une d’entre elle, Mr Tournesol. Celui-ci décidant de voler les sortilèges, la première partie du récit dépeint en parallèle l’enquête policière menée par Clara, s’avérant intéressante à suivre quoiqu’un peu brève. A noter que l’enquête permet, en plus d’apporter une touche poétique plus que plaisante au récit, d’étendre l’univers de Fables en présentant des zones de la Ferme encore inconnues.

Alors que la loterie va avoir lieu, Goupil, renard possédant un trompe l’œil et instigateur de la révolte malgré lui, vit mal la solitude. Bien entendu, comme à son habitude, sans gêne, il décide d’aller déclarer sa flamme à Blanche Neige endeuillée, espérant profiter de la position de faiblesse de cette dernière. Cette attitude, en plus d’entrainer un crochet du droit de la part de la princesse que même Mickey O’Neil envierait (+1 pour ceux qui ont la référence), conduira la jeune Blossom à jeter le malotru à plusieurs miles de la Ferme, dans une grange appartenant à deux rednecks aggressifs envers une jeune femme, Megan, de leur famille et croyant encore au prince charmant. Cette partie contrebalance la tristesse des événements se passant en parallèle à la Ferme. En effet, les situations et les dialogues sont biens écrits et emplis d’humour, faisant au fil des péripéties évoluer le renard au contact de Megan avec laquelle il décidera de fuir afin d’éviter la vie misérable à laquelle celle-ci semble être destinée. « Semble » seulement.

Je m’autorise ici un spoiler afin de développer le propos sur les apparences, servant de fil conducteur à ce tome. Par la magie du deus ex machina, Megan va vite se retrouver enceinte et accoucher au bout d’une semaine d’une petite fille dotée d’une queue de renard. De ce fait, en plus de faire évoluer Goupil en le responsabilisant de par sa condition de père récemment acquise, la question de l’apparence de la petite fille va être source de débat. Les parents sont ainsi très vite partagés entre leur volonté d’apporter une vie normale à l’enfant, la trouvant juste légèrement différente mais ne pouvant néanmoins faire autrement que de la marginaliser, la pensant incompatible avec le monde des humains même en cachant ses caractéristiques surnaturelles. De plus, deuxième révélation, il s’avère que les propos durs lancés à Megan par les deux rednecks -ceux qui avaient poussé cette dernière à partir- n’étaient qu’une mise en scène un peu gauche, destinée à empêcher la jeune femme de se douter de la fête d’anniversaire organisée pour elle. Ainsi, Buckingham use de la double énonciation, donnant une leçon sur les apparences à la fois au lecteur mais aussi aux personnages. Néanmoins, il faut ici préciser que cette fin assez sympathique pourra rebuter certains lecteurs de par son côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».

Le fait que Buckingham signe le scénario implique que, devant se concentrer sur les dessins de la saga principale, il ne peut pas, pour une fois, assurer la partie graphique de ce tome et laisse la charge à son ami Russ Braun, connu notamment pour la série The Boys, de la réaliser. Les dessins sont donc évidemment une franche réussite, le dessinateur arrivant à s’approprier avec brio l’univers de la saga. Cependant, le premier numéro quoique assez joli, est en-deçà des autres du fait que, reprenant des scènes déjà vues dans les tomes précédents, l’artiste peine à imposer son style, essayant de fusionner ceux de Buckingham et de Medina. De même, Lee Loughridge à la colorisation, présent uniquement sur un seul numéro, ne semble pas vraiment inspiré du fait de son travail éreintant sur Fables, les couleurs même jolies, étant parfois un peu fades. Pour le reste, Lee Loughridge laisse sa place à Andrew Dalhouse – « Titans #1» – qui, contrairement à sa collaboration avec Brett Booth, forme avec Russ Braun un très bon duo.

Fairest se conclut d’une belle manière, laissant au dessinateur de la saga principale le loisir de développer un propos sur les apparences et le rapport que nous avons avec celles-ci. Difficile, par ailleurs, de ne pas relever que le récit ne correspond pas exactement à ce qu’un tome de Fairest est censé proposer. En effet, aucune aventure de « princesses » de l’univers de Fables n’est présente ici et les seules héroïnes de sang bleu visibles n’apparaissent uniquement qu’en de rares occasions –contrairement au tome « Les Belles et la Bête » sorti en tant que hors-série. Buckingham, en plus d’inviter le lecteur à un récit bien écrit et riche en poésie sait comment s’entourer. Russ Braun réussit à s’approprier un univers riche et retranscrit parfaitement l’onirisme inhérent à la série –cela doit d’ailleurs lui apporter une note de légèreté et de poésie appréciable à force de travailler avec Garth Ennis. Pour conclure, lisez Fairest, lisez des comics et laissez-vous tenter par Vertigo ! (Ah… oui… Foncez voir Bojack Horseman aussi)

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